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Joug

Le joug est une pièce de bois permettant d'atteler deux animaux de trait en exploitant au mieux leur force de traction.

Char à bœufs avec un joug (en Inde)
Deux bœufs portant un joug.

Le joug s'emploie généralement avec des bovins, parfois des chevaux, et se place sur la tête ou sur le garrot. Il est le plus souvent double afin d'atteler ensemble une paire de bœufs pour labourer ou tirer un chariot.

Beaucoup d'outils agricoles sont faits pour être attelés à l'aide d'un joug. On rencontre encore au Moyen-Orient des attelages asymétriques âne-chameau ou âne-vache par exemple quand un paysan est trop pauvre pour posséder deux animaux identiques

Dans certaines régions de France, le joug était surmonté d'un surjoug, parfois richement décoré et muni de cloches (dans le Midi toulousain et le Gers).

Histoire

À priori, les premières traces de ce type d'attelage seraient attestées en Mésopotamie et en Égypte entre 3500 AC et 3000 AC et également au Proche-Orient, mais plus spécifiquement, le joug de cornes limité aux seuls animaux à cornes (bœufs, buffles, zébus)[1]. Dans la mythologie grecque, Athéna enseigna aux Hommes l'art de fabriquer et d'utiliser les jougs[2].

En France

Le joug devient courant à partir des XIe et XIIe siècles[3].

L'utilisation du joug aux XVIIe et XVIIIe siècles est généralisée sur l'ensemble du territoire français, hormis quelques régions situées au nord de la Loire (Bassin parisien, Normandie, Nord) qui utilisent déjà les chevaux de trait. Les progrès dans les techniques d'élevage permettent l'amélioration des caractéristiques de ces chevaux, contribuant ainsi à leur diffusion, toujours au détriment de la traction bovine[4].

L'utilisation du joug s'amenuise progressivement suivant les régions et les moyens financiers des exploitants du milieu du XIXe siècle jusqu'aux années 1930 (au profit des équidés). Son utilisation est réactivée temporairement pendant la Première Guerre mondiale face à la pénurie de chevaux de trait. Il devient un outil marginal entre 1950 et 1960 avec l'arrivée massive des tracteurs dans les campagnes (disparition de la traction animale de manière générale).

Les rares productions et/ou utilisations actuelles relèvent surtout du patrimoine ou de l'activité touristique[5] bien que de plus en plus de micro-exploitations reviennent à son utilisation pour des raisons économiques ou écologiques.

Dans le monde

Jeune fille hollandaise (photographie de Ludovic-Georges Hamon).

Le joug est encore utilisé dans certains pays.

Typologie

Il peut être en érable, tilleul, orme, hêtre ou encore frêne. Il existe différents types de jougs en fonction de l'usage qui en est fait. Certains jougs sont composés de deux parties réunies par une cheville, on peut donc séparer les deux bêtes sans avoir à les dételer complètement.

Joug de corne

Le joug de corne est aussi appelé joug de tête. Il peut être positionné sur le front (joug de front) ou sur la nuque (joug de nuque), c'est-à-dire devant ou derrière les cornes. Il est exclusivement utilisé avec les animaux à cornes (bœufs, buffles...)

La plupart du temps, il est constitué d'une grande barre de bois transversale, généralement monoxyle. Deux encoches arrondies permettent le positionnement des animaux : un joug est la plupart du temps adapté spécifiquement pour une bête (adaptation du joug à la morphologie de l'animal). Des sangles de cuir permettent de maintenir le joug en position par rapport aux cornes de l'animal. La partie centrale du joug permet d'attacher l'élément à tracter (traineau ou char à roues, araire, traineau à dépiquer...)

La fixation peut se faire également de différentes manières :

  • ouverture circulaire au centre du joug ;
  • anneau suspendu au joug ;
  • trou pour loger une attelle.

Le jouguet désigne un joug à une seule tête. Il est utilisé alors avec un attelage de type brancard.

Joug de garrot

Le joug de garrot est également appelé joug d'épaule. Plus largement répandu, il est réputé être plus aisé d'utilisation et la tête de l'animal reste plus libre.

Il est utilisé pour les mulets et les ânes, plus rarement pour les bœufs puisque moins efficace que le joug frontal.

Utilisation

Les éléments[6]

  • Amblet (suivant régions) : anneau unissant le joug au timon. Pièce supportant toute la tension lors de la traction[7] ;
  • atteloire (ou attelloire) : tige ou cheville bloquant le timon dans le joug[8] ;
  • court-bouton (ou courbeton) : cheville de bois ou de métal qui maintient le joug au timon ou le joug à l'amblet[9] ;
  • chapeau ou coussinet : pièce rembourrée permettant de ne pas blesser l'animal lors de la traction ;
  • coiffe ou têtière : berceau dans le joug, partie en contact avec l'animal ;
  • jointures : lanières de cuir pour fixer le joug aux cornes de l'animal.

Le joug peut, en effet, soit avoir un orifice central recevant le timon[10], soit présenter un anneau de corde ou bois (l'amblet) attaché au joug lui-même[11].

Décorations

Le corps en bois du joug est parfois décoré par taille dans le bois (sur le modèle des bâtons de berger[12]).

Dans quelques rares zones géographiques (Gers, vallées garonnaises, vallée de Lourdes[13])…, le joug est surmonté d'un surjoug ou clocher de joug. C'est un objet en bois tourné, de forme allongée, sculpté et travaillé à la main, placé au centre et au-dessus du joug. Sa fonction était d'équilibrer et d'optimiser la position de l'animal, elle était aussi décorative et distinguait le propriétaire de l'attelage.

Sens figuré

Joug se dit aussi d'une relation de domination vécue entre personnes. C'est la définition 3 du Larousse : « Chez les Romains, javelot attaché horizontalement sur deux autres fichés en terre, et sous lequel le vainqueur faisait passer, en signe de soumission, les chefs et les soldats de l'armée vaincue » (appelées aussi fourches caudines). Un autre exemple existe avec le joug d'expiation du Tigillum Sororium lié au combat des Horaces et des Curiaces et au meurtre de sa sœur par Horace.

Mais dans l'Évangile, Jésus dit : « Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger. » (Mt 11,28-30). On interprète souvent de nos jours cette phrase comme un appel à une forme de soumission, alors que, de son temps, dans une société agricole, tout le monde comprenait que c'était une proposition de partage de nos taches et de nos fardeaux. C'est ainsi qu'on peut donc entendre le mot « conjugal », dérivé de joug : un appel à partager, en couple, les joies et les peines.

Galerie

Notes et références

  1. Sigaut François in Jougs, contre jougs, 1993, p. 1.
  2. « Le joug, le zeugme et le yoga | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  3. Dictionnaire du monde rural, 1997, p. 995.
  4. Laubrie, Edouard de in Jougs, contre jougs, 1993, p. 8.
  5. notées en 1993 par Christian Hongrois en Vendée lors d'un travail ethnographique.
  6. Edouard de Laubrie.
  7. Dictionnaire du monde rural, 1997, p. 72.
  8. Dictionnaire du monde rural, 1997, p. 120.
  9. Dictionnaire du monde rural, 1997, p. 541.
  10. Joug avec orifice central sur la base Joconde.
  11. Yvon Adolphe : Dessin d'un joug ; Site Internet Joconde.
  12. Fiche descriptive d'un joug.
  13. Laubrie, Edouard de in Jougs, contre jougs, p. 14.

Annexes

Bibliographie

  • Trochet Jean-René (dir.), Jougs, contre jougs, cent jougs des provinces de France, Ecomusée de Savigny-le-Temple, Savigny-le-Temple, 1993 (ISBN 2-908686-03-1)
  • Dechambe Henri (dir.) ; Fillieux, Gaston (dir.) : Bibliothèque de travail, no 297, Histoire de l'attelage, Cannes : Bibliothèque de travail, 1955
    Publication issue de la pédagogie Freinet.
  • Lachiver Marcel, Dictionnaire du monde rural, les mots du passé, Fayard, 1997 (ISBN 2-213-59587-9)
  • Trochet Jean-René : Catalogue des collections agricoles, araires, Paris : Éditions de la réunion des musées nationaux (Ministère de la culture, MNATP), 1987 (ISBN 2-7118-2-066-1) p. 187-191
  • Jean-Brunhes Delamarre, Mariel : L’homme et la charrue à travers le monde (avec André-Georges Haudricourt), Paris, Gallimard, 1955 (prix Olivier de Serres, Sciences sociales) ; réédition : Lyon, La Manufacture, 1986 ; Tournai, La Renaissance du Livre, 2000

Articles connexes

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