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Joseph Krohm

Joseph Hyacinthe Isidore Krohm, né le à Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais) et mort le à Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime), dit « Chevalier Krohm », est un marin français.

Joseph Krohm
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Officier de marine

Il est fils de Pierre François Joseph Krom (1741-1810), chirurgien de marine et de Jeanne Boisson.

Il est le petit-fils de Joseph Krohm, nĂ© Ă  Augsbourg en Bavière vers 1710, Premier Sergent au RĂ©giment suisse de Karrer. 

Avant la RĂ©volution

Il est mousse dans la marine royale en 1778. Dès son premier combat contre une division britannique, il est blessé à la tête. Il est ensuite volontaire sur la frégate l’Engageante en 1780 puis sur les vaisseaux le Saint Michel et l’Illustre. Il participe à la campagne de Suffren dans l’océan Indien et assiste à presque tous ses combats. Il est blessé lors du siège de Trincomalé puis deux fois à Gondelour.

Après la guerre d’indépendance américaine, il est volontaire sur la frégate la Pomone et s’illustre lors de la prise à l’abordage d’un pirate dans le port de Vitulo (1787) ; il y est de nouveau blessé deux fois et promu à l’issue de la bataille sous-lieutenant par le chef d’escadre Saint-Félix.

La RĂ©volution

Il sert sur différentes corvettes et avisos au début de la Révolution. Il est promu lieutenant de vaisseau en février 1793 pour commander la frégate la Charente. Capitaine de vaisseau dès 1794, il reçoit le commandement du vaisseau le Timoléon au sein de l’escadre du contre-amiral Martin croisant en Méditerranée. Lors de la bataille du Cap Noli (1795) le Timoléon est l’un des vaisseaux les plus engagés et combat pendant six heures ; toutefois Krohm y est encore blessé assez sérieusement ; il est contraint de quitter l’escadre après cette bataille et parvient à regagner Toulon avec son vaisseau mal-en-point.

En 1801, il commande l’Ulysse, vaisseau acheté à l’Espagne et convoie des troupes à deux reprises jusqu’à Saint-Domingue. Il commande le Vengeur (118 canons), l’un des fleurons de la marine française en 1804.

L’Empire

Le Patriote - 1813 (artiste inconnu)

Fin 1805, il commande le Patriote (74 canons) dans l’escadre Willaumez initialement envoyĂ©e comme diversion vers Sainte-HĂ©lène et les Antilles. Cette opĂ©ration, comme les autres campagnes de course lancĂ©es au mĂŞme moment (escadres du contre-amiral Leissègues, du capitaine Zacharie Allemand, division du capitaine Lhermitte vise Ă  contraindre la Royal Navy de dĂ©tacher un certain nombre de bâtiments de la dĂ©fense de la Manche afin de dĂ©gager l’accès du Royaume-Uni pour les troupes massĂ©es Ă  Boulogne. Toutefois les retards dans la prĂ©paration feront que ces escadres ne partiront qu’après l’abandon du projet d’invasion. L’escadre Willaumez est dispersĂ©e par un ouragan dans la zone des Antilles dans la nuit du 18 au . Ses bâtiments endommagĂ©s et isolĂ©s sont aussitĂ´t poursuivis et attaquĂ©s par une division britannique : deux vaisseaux et une frĂ©gate sont perdus. Le chevalier Krohm rĂ©ussit Ă  rejoindre la Chesapeake oĂą il parvient Ă  rĂ©parer son vaisseau. Toutefois, le Patriote demeure bloquĂ© par le blocus britannique des cĂ´tes amĂ©ricaines et ne rĂ©ussit Ă  s’échapper et Ă  rejoindre l’île-d'Aix qu’en dĂ©cembre 1807, en sauvant un navire anglais. La narration de ces faits figure sur un tableau de 1813 : "Le vaisseau LE PATRIOTE, de 74 canons, capitaine Krohm, parti de la Chesapeack le et  arrivĂ© en rade Ă  l’isle d’Aix le , rencontre dans sa courte traversĂ©e et après avoir Ă©prouvĂ© de bien mauvais temps, le navire anglais "La ProspĂ©ritĂ©", capitaine Anderson, se rendant d'Irlande Ă  New-York, ayant Ă  bord 45 personnes d'Ă©quipage et passagers Ă  400 lieues des cĂ´tes, dĂ©montĂ© de son gouvernail, sans voiles ni mats et n'ayant plus que pour trois jours de vivres; depuis onze jours errant au grĂ© des vagues et sans espoir de  salut. La mer Ă©tait si grosse et le temps si mauvais qu'il n'a fallu rien moins que le dĂ©sir de sauver des malheureux pour dĂ©cider le capitaine Krohm Ă  faire mettre ses embarcations Ă  la mer; il y est heureusement parvenu et a rendu la vie Ă  45 malheureux".  

Il commande la Ville de Varsovie (80 canons) brièvement à Rochefort en 1808 mais doit quitter ses fonctions en raison de ses anciennes blessures dont les conséquences continuent à le handicaper.

Il est quelques mois plus tard désigné comme membre du conseil de guerre devant juger quatre capitaines de vaisseau à la suite du désastre de l’attaque par des brûlots britanniques de la flotte rassemblée en rade de l’île-d'Aix sous le commandement du vice-amiral Allemand. Le ministre Decrès manipule le conseil en souhaitant que des têtes tombent tout en empêchant que la responsabilité d’Allemand ne soit mise en cause. Le Chevalier Krohm s’oppose d’abord à ce que Laffon, ancien capitaine du vaisseau du Calcutta, ne soit condamné et met en cause explicitement la responsabilité d’Allemand. Il manque une voix pour établir une majorité décidant la condamnation à mort de Lafon et le contre-amiral Bedout, président du conseil de guerre, appliquant à la lettre les ordres du ministre, fait pression sur Krohm toute la nuit jusqu’à ce qu’il révise son vote. Lafon sera fusillé le lendemain matin. Krohm adressera dans les jours qui suivent à l’avocat des accusés, Faure, copie de son vote initial et un document affirmant qu’il a été contraint de voter la condamnation à mort contre sa conscience. Decrès ne pardonnera jamais à Krohm sa résistance et ne lui confiera plus aucun commandement ni promotion jusqu’à la fin de l’Empire, y compris pendant les Cent-Jours.

Ce n’est que lors de première Restauration qu’il reçoit de nouveau un commandement, le vaisseau de 110 canons, le Duc d’Angoulême. Comme beaucoup de ses pairs, il est mis en retraite en 1816.

Bilan

Monument Krohm au cimetière de Rochefort (Charente-Maritime)

Sept blessures, pour la plupart assez graves, font de Joseph Krohm le capitaine de vaisseau le plus blessé de sa génération.

Krohm ne se pardonnera jamais le rôle qu’on lui a fait jouer lors du conseil de guerre de Rochefort et en gardera une grande amertume.

Le chevalier Krohm était franc-maçon: il apparaît dans la liste des membres de la Loge l'Union de Lorient qui comptait de nombreux capitaines de vaisseau et officiers de marine sur ses colonnes.

Il est inhumé au cimetière de Rochefort (Charente-Maritime). Sur le monument l'inscription :

« A la mĂ©moire du capitaine de vaisseau KROHM, officier de la LĂ©gion d’Honneur, chevalier de Saint-Louis. Brave parmi les braves, se distingua dans dix combats. Sa vie militaire rĂ©unit les plus beaux faits d’armes. Couvert de blessures. Le mourut Ă  l’âge de 56 ans Â» 

Au même endroit son inhumés, ses fils :

« Mr. Hubert KROHM, officier d’administration de la Marine, chevalier de la LĂ©gion d’Honneur. Administrateur du Bureau de Bienfaisance. DĂ©cĂ©dĂ© le Ă  73 ans Â».

« Marie LĂ©on de Saint Victor KROHM, Capitaine de cavalerie, chevalier de la LĂ©gion d’Honneur. NĂ© le . DĂ©cĂ©dĂ© le  Â» 

Bibliographie

  • H.E. Jenkins, Histoire de la Marine française, Mac Donald and Jane’s, Londres, 1973 ; Albin Michel, Paris, 1977 pour la traduction française.
  • Julien Lafon, Histoire des brĂ»lots de l’île d’Aix, Paris, 1867.
  • Danielle et Bernard Quintin, Dictionnaire des capitaines de vaisseau de NapolĂ©on, S.P.M. Paris, 2003.
  • Jules Silvestre, Les BrĂ»lots anglais en rade de l’île d’Aix, Arthur Savaète, Paris, 1912.
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, 2003, p. 278-279
  • Documents d'Archives : SHD, Mar. BB4 283 et 284 (affaire de l’île d’Aix)
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