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Joseph-Armand Bombardier

Joseph-Armand Bombardier, né le à Valcourt (Québec) et mort le à Sherbrooke, est un inventeur autodidacte, un industriel et un homme d'affaires québécois, qui a fondé la société Bombardier. Il est également le concepteur de la motoneige moderne.

Joseph-Armand Bombardier
Description de cette image, également commentée ci-après
Joseph-Armand Bombardier au volant d'un véhicule militaire canadien, fabriqué par son entreprise, en mars 1943.
Naissance
Valcourt
Décès
Sherbrooke
Nationalité Drapeau du Canada Canadien
Pays de résidence Drapeau du Canada Canada
Profession
Activité principale
Production d'Autoneige, motoneige et tracteur Muskeg
Distinctions
Ascendants
Alfred Bombardier
Anna Gravel
Conjoint
Yvonne Labrecque (1909-1990)[1]

Biographie

Contexte familial et jeunesse

Joseph-Armand Bombardier, né le à Valcourt, est l'aîné d'une famille de huit enfants. Sa mère, Anna Gravel, et son père, Alfred Bombardier, vivent de l'agriculture puis sont propriétaires d'un magasin général[2] - [3].

Joseph-Armand montre durant son adolescence un penchant imaginatif et crĂ©atif ainsi que des connaissances techniques. Il fait son entrĂ©e au sĂ©minaire Charles-BorromĂ©e de Sherbrooke, en , Ă  l’âge de 14 ans. Son père l’encourage Ă  devenir prĂŞtre mais le jeune homme persiste Ă  modifier et Ă  crĂ©er de nouveaux projets techniques, notamment un mini-canon fonctionnel ainsi qu'un premier engin Ă  ski motorisĂ© Ă  l’âge de 15 ans[4]. Lors d’un de ses retours du sĂ©minaire, son père finit par reconnaĂ®tre ses capacitĂ©s de mĂ©canicien et l’envoie, en 1924, apprendre le mĂ©tier dans le garage Gosselin de Stukely-Sud[5]. Il part ensuite Ă  MontrĂ©al oĂą il travaille comme mĂ©canicien et poursuit le soir des cours de mĂ©canique et d'Ă©lectricitĂ© Ă  la compagnie Ford[6]. En 1926, Ă  l’âge de 19 ans, il ouvre son premier garage Ă  Valcourt grâce Ă  un prĂŞt financier consenti par son père[4]. Il rĂ©investira ses petits profits qu'il tirera de l'exploitation de son garage dans le dĂ©veloppement de ses inventions.

DĂ©veloppement de l'autoneige

Autoneige Bombardier B-12 de série R

Dans les années 1930, les routes du Québec n’étaient pas déneigées, ce qui isolait ainsi les communautés rurales. Les déplacements étaient lents et difficiles, surtout lors de tempêtes et vents violents. Ce problème pousse alors des inventeurs, comme Joseph-Adalbert Landry de Mont-Joli, à réaliser des prototypes de véhicules pouvant se déplacer et rouler sur la neige. Landry présente alors son prototype, qui est une voiture Ford T équipée de patins à l'avant à la place des roues et d’une chenille souple à l'arrière[7], au salon de l’automobile de Montréal en 1924.

Au cours des années 1929 à 1934, aidé de ses frères, Joseph Bombardier laisse aller son imagination, essaie diverses formules, procède par essais et erreurs, tâtonne. Son but est de construire un petit véhicule léger pour une ou deux personnes[6].

En 1934, Joseph-Armand Bombardier décide de s’investir dans un nouveau prototype après le décès de son fils Yvon, car il n’avait pas pu l’amener en urgence à l’hôpital à cause des routes bloquées par la neige[4]. C'est un moment charnière dans sa vie, car, dorénavant, il aura comme objectif de mettre au point non pas un véhicule léger mais une autoneige d'une grande robustesse qui pourrait parfaitement remplacer les automobiles durant la saison froide[6]. Ses premiers modèles sont fabriqués sur mesure, puis deviennent des variations d’un produit, pour ensuite devenir des produits standardisés. Ses premiers véhicules sont destinés à de riches clients et aux professionnels, comme les médecins auxquels l’invention sera précieuse pour visiter leurs clients. Par la suite, il crée des modèles plus abordables[8].

Le , deux ans après la mort de son fils, il fait enregistrer son premier brevet et commence la production de son nouveau véhicule. Ensuite, il crée son premier engin, le B7 (B pour Bombardier et 7 pour sept passagers) doté du barbotin-chenille. Cette technologie est une chenille avec un engrenage recouvert de caoutchouc entraînant les roues arrière de l'engin. Puis, c’est ce système de traction partiellement en caoutchouc qui rend tous les véhicules de Bombardier beaucoup plus efficaces sur la neige, grâce à son adhérence, que tous les autres véhicules à chenilles de métal fabriqués à l’époque. Le B7 eut un grand succès. Huit engins trouvèrent preneurs en 1936, douze en 1937, cinquante en 1939, et on prévoyait des ventes accrues en 1940[6]. En 1939, l’usine de Valcourt ne suffit plus à répondre à la demande. Bombardier décide de construire une nouvelle usine, avec une capacité de production de 200 véhicules par année. Celle-ci sera inaugurée le sous le nom de « L’Auto-Neige Bombardier Limitée »[9].

En cherchant à perfectionner le B7, il remarque l’accumulation de neige dans les roues arrière. Donc, en 1940, il commercialise une nouvelle version du B7 avec des roues pleines. Ensuite, en 1941, Bombardier met au point l’autoneige B12, qui pouvait transporter jusqu’à douze passagers. Ce modèle a une carrosserie d'un profil plus allongé, lui donnant une allure plus aérodynamique[10]. Puis, le B12 devient la base de ses futurs modèles, par exemple le C18.

Seconde Guerre mondiale

Les demandes grandissantes de véhicules civils seront freinées par la Seconde Guerre mondiale, ainsi que par les mesures de rationnement mises en place par le gouvernement canadien. La survie de l'entreprise est alors menacée mais le ministère des Munitions et des Approvisionnements demande alors à Bombardier de réaliser des modèles de véhicules de transport sur terrains enneigés pour les Forces canadiennes, qui pourraient, par exemple, être déployés en Norvège. Le B12 servira de base pour la conception de ces véhicules militaires[9].

Cette contribution de véhicules spécialement adaptés à divers types de terrain lui permet de développer plusieurs brevets[11]. Les Forces armées canadiennes passant dès lors une grande commande dans des délais très restreints, Bombardier est confronté à un nouveau problème puisque l’usine de Valcourt est trop petite pour satisfaire cette demande. Au lieu d'agrandir celle-ci, il fait appel à la sous-traitance, mettant à contribution la presque totalité des garages et petites usines mécaniques de la région de Valcourt, ainsi que d'autres usines à Montréal, dont la firme Farand et Delorme. Joseph-Armand déménagera à Montréal afin de superviser la production[6]. Pendant cette période, l’usine de Valcourt, tout en produisant des pièces détachées pour remplir le contrat gouvernemental, fabrique un certain nombre d'autoneiges civiles[9].

Après-guerre et motoneige

Après la guerre, le B12 connait une grande popularité. Il est utilisé dans plusieurs domaines, pour toutes sortes d’usages. Cependant, le gouvernement québécois finit par généraliser le déneigement des chemins ruraux et J.-Armand Bombardier doit élargir son entreprise. Il la diversifie en fabriquant des véhicules tous-terrains. Le Muskeg, véhicule créé pour l’industrie forestière et minière, en est un exemple.

Insatisfait des fournisseurs de chenilles en caoutchouc, Bombardier commence Ă  fabriquer ses propres chenilles. Ceci rend possible la production de petites motoneiges pour une ou deux personnes lorsque des petits moteurs fiables et lĂ©gers Ă  quatre temps apparaissent dans les annĂ©es 1950[12]. Son fils Germain participe aussi Ă  la conception et l’élaboration de ces vĂ©hicules. Le premier modèle fabriquĂ© en sĂ©rie sort en 1959. Il est construit en acier et a un châssis d’une seule pièce. Sa transmission est manuelle, le moteur lĂ©ger est Ă  quatre temps et les skis sont en bois. Sa vitesse maximale est de 25 milles par heure (40 km/h)[12]. Durant les annĂ©es suivantes, Bombardier apporte plusieurs modifications Ă  ces modèles.

Après le décès de Joseph-Armand Bombardier en 1964, l’entreprise Bombardier Inc. se développe pour devenir une des multinationales les plus influentes dans l’industrie.

Vie privée

Le , Joseph-Armand Ă©pouse Yvonne Labrecque. Le couple aura six enfants.

Décès

Joseph-Armand Bombardier meurt le , des suites d'un cancer de l'estomac. Il est inhumé dans le cimetière de Valcourt.

Honneurs

Hommages

  • Fondation J. Armand Bombardier - organisme philanthropique crĂ©Ă© en 1965, par sa veuve. Sa mission est de « perpĂ©tuer l’œuvre humanitaire de Joseph-Armand Bombardier et de contribuer Ă  la rĂ©alisation de la responsabilitĂ© sociale de Bombardier Â»[15];
  • Le , Joseph-Armand Bombardier a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© Personnage historique national[16] par le gouvernement du Canada. Les personnages historiques nationaux sont ceux qui, « par leurs paroles et leurs gestes, ont apportĂ© une contribution unique et durable Ă  l’histoire du Canada Â» et « revĂŞtent une importance historique nationale »[17] ;
  • Maison Joseph-Armand-Bombardier - Monument historique - Loi sur les biens culturels - CitĂ©e le [5];
  • La ville de MontrĂ©al nomme un boulevard le boulevard Armand-Bombardier et la ligne d'autobus 44 de la SociĂ©tĂ© de transport de MontrĂ©al est nommĂ©e Armand-Bombardier[18] ;
  • Il existe une rue J.-A.-Bombardier Ă  Valcourt, village de sa naissance. On relève, dans la banque de donnĂ©es de la Commission de toponymie du QuĂ©bec, plus d'une vingtaine d'autres voies publiques (rues, avenues, chemins) au QuĂ©bec honorant sa mĂ©moire, ayant l'une ou l'autre des graphies suivantes : Joseph-Armand Bombardier, J.-A.-Bombardier, Armand-Bombardier, Bombardier). Parmi les villes concernĂ©es, mentionnons Anjou (MontrĂ©al), Racine, Val d'Or, Gatineau, Granby, LĂ©vis, QuĂ©bec, Terrebonne, Sainte-Julie, Brossard, Saint-LĂ©onard (MontrĂ©al), Laval, Mirabel et Sherbrooke[19] ;
  • Le , le musĂ©e J. Armand Bombardier est inaugurĂ© en son honneur dans son village natal de Valcourt. FermĂ© en 2016 pour rĂ©novation et agrandissement, il a rouvert l'annĂ©e suivante et porte dĂ©sormais le nom de MusĂ©e de l'ingĂ©niositĂ© J. Armand Bombardier[20] ;
  • En 1987, l'UniversitĂ© de Sherbrooke fait la dĂ©nomination du Pavillon J.-Armand-Bombardier qui abrite la facultĂ© de gĂ©nie ;
  • Le , deux timbres reprĂ©sentant des vĂ©hicules de Joseph-Armand Bombardier sont Ă©mis par Postes Canada ;
  • Le , le gouvernement du Canada a Ă©mis un timbre-poste en l'honneur de Joseph-Armand Bombardier ;
  • Le a eu lieu l'inauguration du pavillon Joseph-Armand Bombardier qui abrite l'École polytechnique de MontrĂ©al et l'UniversitĂ© de MontrĂ©al ; un bâtiment de 16 250 m2 (175 000 pi2) pour la recherche et le dĂ©veloppement ;
  • Le , l'autoroute 55 devient l'autoroute Joseph-Armand-Bombardier ;
  • Un parc public de MontrĂ©al, situĂ© sur le boulevard Armand-Bombardier, dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, porte Ă©galement son nom[21].

Notes et références

  1. « Yvonne Bombardier (née Labrecque) », My Heritage, (consulté le ).
  2. « Bombardier, Joseph-Armand », sur L'Encyclopédie canadienne (consulté le ).
  3. « Généalogie », sur Musée J. Armand Bombardier (consulté le ).
  4. R. Lacasse, Joseph-Armand Bombardier, Le rêve d’un inventeur, Montréal (Québec), Libre expression, , p. 233.
  5. « Maison Joseph-Armand-Bombardier », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec
  6. Jacques Nantel, « Joseph-Armand Bombardier et les précurseurs du Québec Inc. », sur Fondation Lionel-Groulx,
  7. L. Bover, « La motoneige au fil des mots : faits d’hivers québécois », Québec français, no 76,‎ , p. 84-85.
  8. (en) C. De Bresson et J. Lampel, « Bombardier’s Mass Production of the Snowmobile : The Canadian Exception? », Scientia Canadensis: Canadian Journal of the History of Science, Technology and Medicine, vol. 9, no 2,‎ , p. 133-149.
  9. Musée J. Armand Bombardier, « Musée Bombardier », 1997-2015 (consulté le ).
  10. Marc H. Choko, P. Bourassa et G. Baril, Le design au Québec, Montréal, Éditions de l’Homme, , p. 381.
  11. Roy, J. (réalisateur), Choquette, F. et Proulx, D. (2002) 100 Québécois qui ont fait le XXe siècle : Les bâtisseurs. Épisode : Joseph-Armand Bombardier. [DVD]. L’Office national du film du Canada (ONF). Eurêka! Productions. Durée : 51 minutes
  12. Fondation J. Armand Bombardier et Bombardier Inc., Ski-doo : Tant qu’il y aura des hivers…, , 100 p., p. 10 -18.
  13. (en) « Companions (liste officielle) », Canadian Business Hall of Fame, (consulté le ).
  14. (en) « J. Armand Bombardier », sur www.cbhf.ca, Canadian Business Hall of Fame, (consulté le ).
  15. « Fondation J. Armand Bombardier - Mission, vision et objectifs » (consulté le )
  16. « Personnage historique national de Joseph-Armand Bombardier »
  17. « Annuaire des désignations patrimoniales fédérales »
  18. « Du rêve à l'empire : De nombreux hommages posthumes », La Tribune,‎ , S6 (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Bombardier », Banque de données, Commission de toponymie du Québec, (consulté le ).
  20. « Musée de l'ingéniosité J. Armand Bombardier - À propos » (consulté le )
  21. « Parc Armand-Bombardier », sur www.toponymie.gouv.qc.ca (consulté le ).

Bibliographie

Ouvrages, articles

  • Élise Bouthillier et Sylvain Croteau (ill. Gabrielle Pleau), Joseph-Armand Bombardier, QuĂ©bec, Le Dauphin blanc, coll. « Qui Ă©tait… », (1re Ă©d. 2014), 70 p. (ISBN 978-2-89788-097-2)
  • MusĂ©e de l'ingĂ©niositĂ© J. Armand Bombardier, « Biographie », sur museebombardier.com, MusĂ©e de l'ingĂ©niositĂ© J. Armand Bombardier, 2016?
  • Jacques Nantel, « Joseph-Armand Bombardier et les prĂ©curseurs du QuĂ©bec Inc. », sur fondationlionelgroulx.org,
  • Larry MacDonald (trad. de l'anglais par Charles-Henri Brenner), Bombardier : un empire quĂ©bĂ©cois, MontrĂ©al, Éditions de l'Homme, , 296 p. (ISBN 978-2-7619-3074-1)
  • Joseph-Armand Bombardier sur L'EncyclopĂ©die canadienne
  • Alyne LeBel, « J.-A. Bombardier, inventeur », Cap-aux-Diamants,‎ , p. 48-49 (ISSN 1923-0923, lire en ligne)
  • Sylvie Tremblay, « Les ancĂŞtres Bombardier », Cap-aux-Diamants,‎ , p. 46-47 (ISSN 1923-0923, lire en ligne)
  • Carole Precious (trad. Maurice Mercure), J.-Armand Bombardier, MontrĂ©al, Lidec, , 63 p. (ISBN 2-7608-7017-0)
  • Roger Lacasse, Joseph-Armand Bombardier. Le rĂŞve d'un inventeur, MontrĂ©al, Libre Expression, , 233 p. (ISBN 2-89111-340-3)

Audiovisuel

  • Jacques Nantel (invitĂ©) et Éric BĂ©dard (animateur), «Joseph-Armand Bombardier et les prĂ©curseurs du QuĂ©bec Inc.», 7e rencontre de la sĂ©rie Figures marquantes de notre histoire, .
  • Roy, J. (rĂ©alisateur), Choquette, F. et Proulx, D. (2002) 100 QuĂ©bĂ©cois qui ont fait le XXe siècle : Les bâtisseurs. Épisode : Joseph-Armand Bombardier. [DVD]. L’Office national du film du Canada (ONF). EurĂŞka! Productions. DurĂ©e : 51 minutes.
  • Jacques Savoie (scĂ©nariste) et François LabontĂ© (rĂ©alisateur), Bombardier, mini-sĂ©rie tĂ©lĂ©visuelle produite par TĂ©lĂ©fiction et diffusĂ©e les 26 et Ă  Radio-QuĂ©bec.

Annexes

Articles connexes

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