Jon Lech Johansen
Jon Lech Johansen, connu sous le pseudonyme de DVD Jon, est un développeur et hacker norvégien, né le , célÚbre pour ses travaux de rétro-ingénierie sur la gestion des droits numériques.
Naissance | |
---|---|
Surnom |
« DVD Jon » |
Nationalités | |
Activités |
Distinctions |
Prix Karoline (d) () EFF Pioneer Award () |
---|
Impliqué dans la diffusion du logiciel DeCSS, logiciel destiné à décrypter les contenus d'un DVD chiffrés, il a été inculpé en 2002 pour cette raison en NorvÚge, mais a été innocenté de tout comportement illégal. Un second procÚs en 2003 a eu pour issue un second acquittement.
Biographie
NĂ© dans la kommune de Harstad, en NorvĂšge, d'une mĂšre polonaise et d'un pĂšre norvĂ©gien[1], Jon est un ingĂ©nieur logiciel d'autoformation, qui a quittĂ© l'Ă©cole secondaire dĂšs la premiĂšre annĂ©e pour passer plus de temps pour travailler sur son projet DeCSS. Il a dĂ©mĂ©nagĂ© aux Ătats-Unis et a travaillĂ© comme ingĂ©nieur logiciel entre et . AprĂšs un retour en NorvĂšge, il retourne vivre aux Ătats-Unis en [1].
Johansen fera une apparition dans le documentaire info wars[NB 1].
Travaux et projets
- 2001
En 2001, Johansen diffusa OpenJaz, un ensemble de pilotes rétro-conçus pour les systÚmes d'exploitation Linux, BeOS et Windows 2000 permettant de faire fonctionner le baladeur numérique JazPiper sans ses pilotes propriétaires.
- 2003
En , Johansen diffusa QTFairUse, programme open source permettant d'extraire les données brutes d'un flux AAC QuickTime vers un fichier, ce qui permet d'outrepasser les logiciels de gestion des droits numériques (DRM : Digital Rights Management en anglais ou MTP : moyens techniques de protection en français) utilisés pour le chiffrement du contenu de la musique issue par exemple de iTunes Music Store, la boutique en ligne d'Apple. Bien que les fichiers bruts AAC résultants aient été illisibles par la plupart des lecteurs multimédias à l'époque de la diffusion, ils représentaient la premiÚre tentative de contournement de la méthode de chiffrement d'Apple 1.
- 2004
Johansen est devenu un développeur de VideoLAN, il a rétro-conçu et écrit le support de FairPlay pour le lecteur multimédia VLC[2]. Présent dans les CVS de VideoLAN depuis le mois , la premiÚre version publique le supportant sera la version 0.7.1, diffusée le .
Le , Johansen diffusa un autre programme : DeDRMS. Ăcrit en CâŻ, ce programme de 230 lignes peut supprimer FairPlay, protection contre la copie prĂ©sente sur les fichiers audio achetĂ©s sur iTunes.
Le , il diffusa FairKeys, un programme qui peut ĂȘtre utilisĂ© pour rĂ©cupĂ©rer les clefs requises par DeDRMS Ă partir des serveurs mĂȘme de iTunes Music Store.
Le , Johansen a annoncé sur son site qu'il a brisé le chiffrement de AirPort Express d'Apple permettant aux utilisateurs de diffuser un flux de fichiers Apple Lossless avec leur AirPort Express.
Le , il diffusa un programme de preuve de concept permettant aux utilisateurs de Linux (via VLC) de jouer des vidéos encodées avec le codec propriétaire WMV9 de Microsoft. Les protections de Microsoft étant brisées, les utilisateurs de Linux sont désormais capables de regarder du contenu WMV9 de haute qualité, ce qui était auparavant impossible. Ce fut déterminant sachant que Microsoft faisait pression pour que ce codec soit utilisé dans le prochain standard DVD.
- 2005
Le , Travis Watkins, Cody Brocious et Johansen Ă©crivent PyMusique, un programme en Python, permettant de tĂ©lĂ©charger des chansons achetĂ©es sur iTunes Music Store sans chiffrement DRM. Cela fut rendu possible car le logiciel iTunes d'Apple ajoute la protection DRM aux fichiers musicaux aprĂšs leur tĂ©lĂ©chargement. Le , Apple diffusa un patch ou correctif pour iTunes Music Store bloquant l'utilisation de PyMusique. Le mĂȘme jour, une mise Ă jour de PyMusique fut diffusĂ©e, contournant la modification.
Le , Johansen créa une modification du lecteur vidéo de Google (basé sur le lecteur vidéo libre VLC) moins de 24 heures aprÚs sa mise en ligne, pour permettre aux utilisateurs de jouer des vidéos non hébergées sur les serveurs de Google. La portée de cette modification fut exagérée par les médias.
Le , The Register publia une nouvelle relatant que DVD Jon avait brisé la méthode de chiffrement de Windows Media Player de Microsoft par rétro-conception, un algorithme propriétaire ostensiblement utilisé pour protéger les fichiers Media Player NSC des hackers sniffant la source des fichiers; Johansen a également créé et diffusé un décodeur.
- 2006
Le , vĂ©ritable rĂ©volution dans le domaine, Johansen cassa le code de FairPlay, la technologie de gestion des droits numĂ©riques du groupe amĂ©ricain Apple. Cette technologie verrouillait les musiques et les vidĂ©os tĂ©lĂ©chargĂ©es sur le site iTunes d'Apple, empĂȘchant leur utilisation par d'autres baladeurs numĂ©riques que l'iPod. Cette technologie de verrouillage est contestĂ©e en France et dans les pays scandinaves, ces derniers s'apprĂȘtant Ă obliger Apple Ă rendre compatible son site aux autres matĂ©riels par la loi. Une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de San Francisco, doubleTwist, spĂ©cialisĂ©e dans les logiciels pour mĂ©dias numĂ©riques, prĂ©voit de vendre le programme de Johansen sous licence.
- 2007
Le , Ă peine une semaine aprĂšs la sortie de l'iPhone d'Apple aux Ătats-Unis, Johansen accomplit un nouvel exploit en rĂ©ussissant Ă activer celui-ci sans passer par AT&T (le rĂ©seau ayant l'exclusivitĂ© iPhone aux Ătats-Unis), pouvant utiliser les fonctions iPod (lecture musique et vidĂ©o) ainsi que la connexion Ă Internet via Wi-Fi. Bien qu'il ne s'attaque pas Ă la partie tĂ©lĂ©phonique, il ouvre cependant la voie Ă d'autres hackers, tel que George Hotz, qui trouveront le moyen de dĂ©bloquer lâappareil de son unique opĂ©rateur local.
- 2008
Le , Johansen lance doubleTwist, un service permettant de contourner les protections numĂ©riques des fichiers audio, en convertissant les fichiers protĂ©gĂ©s en diffĂ©rents formats. Le logiciel convertit la musique digitale en formats pouvant ĂȘtre lus sur tout type de lecteur.
Le procĂšs DeCSS
Ă la suite de la publication du logiciel DeCSS, une poursuite judiciaire fut conduite contre lui par Ăkokrim[NB 2], l'autoritĂ© nationale dâenquĂȘte et de poursuites des dĂ©lits Ă©conomiques et environnementaux en NorvĂšge, suivant ainsi les plaintes de la DVD CCA (US DVD Copy Control Association) et de la MPAA (Motion Picture Association).
Le procĂšs s'ouvrit au tribunal du district d'Oslo le . Encore adolescent Ă l'Ă©poque, il encourait une peine de deux ans de prison couplĂ©s Ă une importante amende. Sa dĂ©fense fut assurĂ©e par l'Electronic Frontier Foundation. Johansen niera avoir Ă©crit le code de DeCSS, affirmant que cette partie du projet Ă©tait originaire d'une personne tierce situĂ©e en Allemagne. Il plaidera non coupable des chefs d'accusation portĂ©s contre lui. La dĂ©fense argumenta qu'aucune violation du droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle n'a Ă©tĂ© enfreint, Ă©tant donnĂ© que Johansen possĂ©dait les DVD lui-mĂȘme. De plus, elle fit remarquer lâexistence d'un droit Ă la copie privĂ©e pour usage personnel dans la loi norvĂ©gienne. Le verdict fut annoncĂ© le , acquittant Johansen de toute accusation.
Ăkokrim enregistra un appel dĂšs le . Le , la cour d'appel conclut, Ă l'aide des arguments enregistrĂ©s par l'industrie cinĂ©matographique et les preuves additionnelles, que Jon Johansen devait ĂȘtre rejugĂ© pour la violation de la section 145 du Code criminel norvĂ©gien. Le second procĂšs DeCSS de Johansen commença Ă Oslo le , et dĂ©boucha sur son acquittement le . Ăkokrim annonça le qu'il ne ferait plus appel du verdict.
Le , la DVD CCA retira sa plainte contre Jon Johansen[3].
RĂ©compenses
Notes et références
Note
Références
- (en) Jon Lech Johansen, « About », sur Jon Lech Johansenâs blog, nanocr.eu, (consultĂ© le )
- (en) Cory Doctorow, « DVD Jon on VLC and Apple's iTunes singles », (consulté le )
- (en) « EFF: DVD Descrambling Code Not a Trade Secret », (consulté le )
- (en) Bernadette Hlubik Schell, The Internet and society : a reference handbook, United States of America, ABC-CLIO, , 311 p. (ISBN 978-1-59884-031-5, lire en ligne), p. 181
- (en) « Electronic Frontier Foundation Honors Pioneer Award Winners », Electronic Frontier Foundation, (consulté le )