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John O. Brennan

John Owen Brennan, nĂ© le Ă  Jersey City, est le directeur de la Central Intelligence Agency entre 2013 et 2017. Il est Ă©galement conseiller de Barack Obama pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et la lutte antiterroriste (Deputy National Security Advisor for Homeland Security and Counterterrorism) en tant qu'assistant du prĂ©sident au sein du Bureau exĂ©cutif du prĂ©sident des États-Unis, de 2009 Ă  2013.

John O. Brennan
Illustration.
Portrait officiel, en 2012.
Fonctions
26e directeur de la Central Intelligence Agency
–
(3 ans, 10 mois et 12 jours)
Président Barack Obama
Prédécesseur David Petraeus
Successeur Mike Pompeo
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance North Bergen (New Jersey, États-Unis)
Nationalité Américain
DiplÎmé de université Fordham
université du Texas
université américaine du Caire

John O. Brennan

Biographie

Issu d'une famille irlando-amĂ©ricaine et originaire du New Jersey, il fit ses Ă©tudes de sciences politiques Ă  l'universitĂ© Fordham (New York), bĂ©nĂ©ficiant alors d'un sĂ©jour d'un an Ă  l'universitĂ© amĂ©ricaine du Caire, oĂč il apprit l'arabe[1], ainsi qu'en IndonĂ©sie, premier pays musulman au regard de la population[2]. Il obtint ensuite un master, en 1980, Ă  l'universitĂ© du Texas (Austin)[1]. Il aurait Ă©tĂ© profondĂ©ment marquĂ© d'une part par son Ă©ducation jĂ©suite, d'autre part par son expĂ©rience du monde arabo-musulman[2].

CarriĂšre Ă  la CIA

Il entre ensuite Ă  la Central Intelligence Agency (CIA), oĂč il fera une carriĂšre de 25 ans. Il suit la formation de la direction des opĂ©rations mais est affectĂ© finalement en 1981 Ă  la direction du renseignement (Direction of Intelligence, chargĂ©e de l'analyse). Il est en poste Ă  l'ambassade amĂ©ricaine de Djeddah en Arabie saoudite de 1982 Ă  1984. De 1984 Ă  1989, il occupe une sĂ©rie de postes d'analyste au bureau des analyses du Proche Orient et de l'Asie du Sud de la direction du renseignement. Il est chargĂ© de l'analyse du terrorisme au Counterterrorist Center (CTC, service du contre-terrorisme de la CIA) entre 1990 et 1992, y compris pendant les opĂ©rations Bouclier du dĂ©sert et TempĂȘte du dĂ©sert.

AprÚs un poste de management dans le bureau des analyses du Proche Orient et de l'Asie du Sud, Brennan devient le présentateur du renseignement quotidien à la Maison-Blanche en 1994 et 1995. Il est ensuite assistant exécutif du directeur adjoint de la CIA George Tenet de 1995 à 1996. De 1996 à 1999, il est chef de poste de la CIA d'une « capitale majeure du Moyen-Orient[3] », en fait chef de poste à Riyad (Arabie saoudite) lors de l'attentat des tours de Khobar de 1996[4]. Il est ensuite chef d'état-major du directeur de la CIA George Tenet de 1999 à 2001, puis directeur exécutif adjoint de la CIA de à [3]. En 2003, il fut chargé par Tenet de construire le Terrorist Threat Integration Center, prédécesseur du National Counterterrorism Center qu'il dirige par intérim de 2004 à 2005. L'administration Bush décide cependant de ne pas le nommer directeur du NCTC, en grande partie à cause de ses critiques de la guerre en Irak[2].

Administration Obama

En 2005, il quitta l'agence, devenant PDG de The Analysis Corporation (en) (2005-08[1]) et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'Intelligence and National Security Alliance (en), une association non-lucrative (501c-6) rassemblant des membres de la communautĂ© du renseignement des États-Unis. Il dĂ©fendit alors publiquement la politique de l'extraordinary rendition (extradition extra-judiciaire), mais qualifia le waterboarding (en français, « torture par l'eau Â») de forme de torture[2]. Il s'impliqua ensuite dans la campagne prĂ©sidentielle de 2008, soutenant le candidat dĂ©mocrate Barack Obama.

Pressenti une premiĂšre fois en 2008 pour ĂȘtre nommĂ© directeur de la CIA, la nomination avorta en raison de commentaires passĂ©s soutenant l'usage de la torture sous l'administration Bush (les « techniques d'interrogatoire renforcĂ©es »)[1]. Brennan fut alors nommĂ© au Conseil de sĂ©curitĂ© nationale, fonction pour laquelle l'accord du SĂ©nat n'est pas nĂ©cessaire. Il a son bureau au sous-sol de l'aile Ouest de la Maison-Blanche.

AprĂšs son discours du au Centre Woodrow Wilson [5], oĂč il Ă©voqua, outre le raid au cours duquel Oussama ben Laden fut tuĂ©, la politique amĂ©ricaine concernant les drones et les « assassinats ciblĂ©s » (targetted killings), Human Rights Watch regretta l'opacitĂ© de cette politique et des fonctions de Brennan, indiquant notamment :

« Parce que les États-Unis traitent beaucoup des plus importantes contraintes sur l'usage de la force comme des sujets discrĂ©tionnaires plutĂŽt que des obligations lĂ©gales, l'approche amĂ©ricaine n'empĂȘcherait pas les Russes de cibler un prĂ©sumĂ© militant tchĂ©tchĂšne Ă  New York, ou les Chinois un sĂ©paratiste ouĂŻghour Ă  Washington, s'ils se disaient en guerre contre ces groupes et que les États-Unis n'arrĂȘtaient pas ces derniers. C'est un prĂ©cĂ©dent trĂšs inquiĂ©tant[6]. »

Ces attaques par drones sont dĂ©vastatrices pour les populations civiles, selon des documents internes fuitĂ©s de la CIA, environ 90 % des victimes sont des victimes civiles (alors appelĂ©e EKIA, enemies killed in action, signifiant ennemis tuĂ©s au combat) sans rapport avec les cibles initiales[7] - [8] - [9]. Cela s'apparente en droit international Ă  des crimes de guerre[10].

Par la suite, Brennan est chargĂ© de l'Ă©laboration d'un nouveau cadre politique sur les « assassinats ciblĂ©s », et, conformĂ©ment d'ailleurs aux revendications d'Human Rights Watch, prĂŽne un recentrage de la CIA sur les activitĂ©s de renseignement et le transfert des activitĂ©s opĂ©rationnelles (assassinats) au Pentagone[2]. De 2008 Ă  2012, l'administration Obama a triplĂ© ses attaques de drones au Pakistan (36 en 2008 et 122 en 2010) [2]. AprĂšs la tentative d'attentat de du NigĂ©rian Umar Farouk Abdulmutallab sur le vol Northwest Airlines 253 (en), la Maison-Blanche s'intĂ©ressa de plus en plus au YĂ©men, oĂč Brennan essaya de mettre en place un nouveau cadre politique pour l'usage des drones[2]. Il obtint notamment l'autoritĂ© sur ces programmes, auparavant principalement dirigĂ©s par l'amiral Michael Mullen, chef d'Ă©tat-major des armĂ©es[2]. HRW et l'ACLU demeurent cependant trĂšs critiques de ce programme, en critiquant tant l'opportunitĂ© que l'opacitĂ©[2].

Lors de son discours devant le Conseil sur les Relations Extérieures (Council on Foreign Relations) à Washington le [11], Brennan détailla les sujets auxquels se consacre actuellement la CIA :

  • L’instabilitĂ© globale, qui ouvre des espaces au terrorisme et fracture les identitĂ©s nationales,
  • Le domaine numĂ©rique, « dĂ©fi stratĂ©gique », avec ses immenses « risques et opportunitĂ©s », la cyber-menace s’adaptant en permanence,
  • La prolifĂ©ration nuclĂ©aire, notamment Ă  partir de la CorĂ©e du Nord,
  • Le champ des biotechnologies, le plus gros enjeu pour la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine, dont les avancĂ©es, pour ne pas tomber dans les mains de groupes comme ISIS, doivent ĂȘtre prĂ©servĂ©es par des stratĂ©gies internationales pour ĂȘtre consacrĂ©es par exemple Ă  l’allongement de la longĂ©vitĂ© humaine.

DĂ©part de la CIA

En , avant de quitter ses fonctions à l'occasion de l'investiture de Donald Trump, John Brennan a réagi aux déclarations de son adversaire politique sur la CIA accusant notamment la direction démocrate des services secrets d'entretenir de fausses rumeurs en rapport avec les polémiques liées à l'implication de la Russie dans les élections. John Brennan invite publiquement Trump « à se discipliner » et à se saisir du fait que « les enjeux dépassent sa personne »[12].

L’habilitation de sĂ©curitĂ© de John Brennan a Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©e le par le PrĂ©sident des Etats-Unis qui invoque « sa conduite et son comportement erratiques » et dĂ©clare vouloir « protĂ©ger des informations classĂ©es secrĂštes » [13]. Donald Trump accuse explicitement Brennan d'avoir fait « une sĂ©rie d'allĂ©gations infondĂ©es et scandaleuses - des dĂ©rapages incontrĂŽlĂ©s sur Internet et Ă  la tĂ©lĂ©vision - Ă  propos de [cette] administration »[14]. Ce retrait de l'accrĂ©ditation est critiquĂ© par d'anciens chefs de la CIA et d'autres anciens hauts responsables d'agences de sĂ©curitĂ© amĂ©ricaines dans un communiquĂ© oĂč ils dĂ©noncent « une tentative d'Ă©touffer la libertĂ© d'expression » et affirment n'avoir « jamais vu auparavant l'octroi ou le retrait d'habilitations secret dĂ©fense ĂȘtre utilisĂ©s comme un instrument politique[15] ». Brennan avait en effet dĂ©crit la confĂ©rence Ă  Helsinki entre Trump et Poutine comme une trahison, dĂ©clarant publiquement : « Ce n'Ă©tait rien de moins que de la trahison »,
,« Non seulement les commentaires de Trump Ă©taient stupides, mais il est complĂštement Ă  la solde de Poutine. Patriotes RĂ©publicains: OĂč ĂȘtes-vous ??? »[16].

Notes et références

  1. Profil sur le site du Washington Post, décembre 2011
  2. (en) « A CIA veteran transforms U.S. counterterrorism policy », sur Washington Post,
  3. John O. Brennan, President and Chief Executive Officer, archive de sa page de présentation sur le site internet de The Analysis Corporation.
  4. North Bergen man is homeland security assistant for President Obama, NorthJersey.com, 5 décembre 2009
  5. Discours de Brennan au Centre Woodrow Wilson,
  6. Human Rights Watch, US: ‘Targeted Killing’ Policy Disregards Human Rights Law, 1er mai 2012
  7. AFP, « En cinq mois, les drones américains ont tué 90% de civils plutÎt que des terroristes », sur L'Express,
  8. (en) Josh Begley, « The Drone Papers », sur The Intercept,
  9. Erwan Duchateau, « Comment les drones secrets d'Obama ont assassiné de nombreux innocents », sur Les Inrockuptibles,
  10. VĂ©ronique Gaynard, « John Brennan, une figure controversĂ©e Ă  la tĂȘte de la CIA », sur Radio France internationale,
  11. « Director Brennan Speaks at the Council on Foreign Relations — Central Intelligence Agency », sur www.cia.gov (consultĂ© le )
  12. « Le chef de la CIA appelle Donald Trump à "se discipliner" », sur BFM, .
  13. « White House: Brennan's Security Clearance Was Revoked To "Protect" Classified Information », sur RealClear Politics, .
  14. (en) « Trump revokes security clearance of former CIA director John Brennan — a leading critic of the president », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  15. « USA: condamnation sans prĂ©cĂ©dent de Trump par d'ex-patrons de la CIA », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. (en) « Ex-CIA Director: Trump Was ‘Nothing Short of Treasonous’ at Helsinki Summit », The Daily Beast,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

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