Jeanne Besnard-Fortin
Jeanne Besnard-Fortin est une artiste peintre figurative (paysages, nus, portraits, scènes intimistes d'intérieur, natures mortes) née le à Dolus-le-Sec (Indre-et-Loire), décédée le à Amboise[1]. Son nom demeure tout à la fois attaché aux artistes de Montparnasse, au groupe des Surindépendants, aux artistes d'Alba-la-Romaine et aux artistes du secteur de Pontlevoy.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Jeanne Bathilde Marie Besnard |
Nationalité |
Française |
Activité | |
Mouvement |
Artistes de Montparnasse, groupe des Surindépendants, artistes du secteur de Pontlevoy |
Biographie
Jeanne Bathilde Marie Besnard naît à Dolus-le-Sec en 1892, ses parents étant Lucien Hilaire Besnard, mécanicien (1858-?) et son épouse née Bathilde Fortin (1874-?), sans profession[2]. Lucien Besnard est lui-même le cadet des trois fils de René Besnard, fondateur en 1859 dans la commune voisine de Saint-Branchs de l'atelier de mécanique agricole qui inventa et breveta une nouvelle machine à battre, la première du département d'Indre-et-Loire et toujours vue comme l'aïeule des "moissonneuses-batteuses"[3]. Lorsque la Société Besnard Frères est mise en liquidation judiciaire en 1895, Lucien quitte la région pour Paris[3], faisant de Jeanne une enfant de la capitale dès l'âge de deux ans.
Après des Ă©tudes Ă Tours, puis Ă Paris, Jeanne, parallèlement Ă un poste qu'elle occupe au Ministère du travail, s'installe dans un atelier Ă Montparnasse. Elle Ă©pouse François Raust le en la mairie du 12e arrondissement de Paris[2], expose dans les salons parisiens Ă partir de 1927, tandis que, se liant d'amitiĂ© avec Rudolf Bereny, GinĂ©s Parra (l'un et l'autre feront d'elle un portrait qu'elle conservera[4]), Ă“scar DomĂnguez, Julio González, Clovis Trouille, Emmanuel ManĂ©-Katz, son atelier devient l'un des points de rencontres du très cosmopolite milieu artistique de Montparnasse[5]. Dans le chapitre de son livre qu'il consacre Ă Jeanne Besnard-Fortin, Ramon Vasconcellos confirme: « Son atelier, c'est le rendez-vous de la colonie artistique internationale, c'est le point oĂą se retrouvent des pays, des races diverses. Polonais, chinois, scandinaves, saxons, sud-amĂ©ricains s'y rencontrent en aimable communion spirituelle. Dans son verre, il ne manque jamais le bon vin de la cordialitĂ©. Et ceci, dans des temps de nationalisme exaspĂ©rĂ©, est une marque Ă ajouter Ă l'excellente peintre française »[6].
Jeanne, dont l'œuvre porte alors témoignage tant d'événements parisiens que de ses propres villégiatures (pour l'année 1929, la saisie sur le vif des obsèques nationales de Ferdinand Foch côtoie Le Mont-Blanc vu de Chamonix ou encore un Paysage du Massif central[4]) figure ensuite, « en réaction contre le conformisme des salons officiels »[7], avec Mané-Katz, Trouille et González, parmi les initiateurs de la création du groupe des Surindépendants en 1933, expose à la Galerie Carmine en compagnie de Maurice de Vlaminck, Maurice Utrillo, André Lhote, Moïse Kisling et Roland Oudot, s'investit dans le Groupe de l'Amitié (Serge Charchoune, Kostia Terechkovitch, Emmanuel Mané-Katz) dont elle partage les expositions à partir de 1934[7]. Elle revient cependant peindre des paysages dans sa Touraine natale, mais fréquente aussi le sud de la France, faisant l'acquisition d'une maison de vacances à Alba-la-Romaine (Ardèche) dont la grande roche basaltique et les « rues caillouteuses »[8] figureront parmi ses thèmes récurrents[4].
Après la Seconde Guerre mondiale où elle se réfugie à La Haye-Descartes, si l'on trouve toujours son nom parmi les exposants du Salon des indépendants de 1952, Jeanne se fait discrète sur la scène parisienne: choisissant après sa retraite professionnelle de venir s'installer à Montrichard (Loir-et-Cher), elle offre à Jean-Bernard Sandler de voir en elle, à l'instar de Ferdinand Desnos, une figure majeure d'entre les artistes du secteur de Pontlevoy[5].
Jeanne s'éteint en , quelques jours après son 86e anniversaire, en l'hôpital d'Amboise[2]. Elle repose au cimetière de Montrichard.
Expositions personnelles
- Richard Morand, commissaire-priseur Ă Paris, Vente de l'atelier Jeanne Besnard-Fortin, HĂ´tel Drouot, Paris, .
- Catherine Allemand et Estelle Nguyen (Artus S.V.V.), commissaires priseurs Ă Paris, Vente de l'atelier Jeanne Besnard-Fortin, HĂ´tel Drouot, Paris, .
Expositions collectives
- Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris, à partir de 1927.
- Salon des indépendants, Paris, à partir de 1927.
- Galerie Carmine, Rue de Seine, vers 1933.
- Groupe de l'Amitié, Paris, à partir de 1934.
RĂ©ception critique
- « Tout chemin de perfection impose des exercices spirituels très sévères, et Montparnasse sait que Jeanne Besnard-Fortin ne s'en épargne aucun. Dans son atelier [...], la frivolité est un luxe. Les jours se passent en travail silencieux, constant, sérieux, sans avoir d'autres satisfactions que celles, pures, de l'art, si différentes des spécultationbs lucratives. » - Ramon Vasconcellos[6]
- « Besnard-Fortin est si modeste [...] qu'on la pourrait croire orgueilleuse, à moins de bien connaître son œuvre, de quoi se dégage tant de simplicité dans la plus noble, la plus fervente aspiration à la grandeur. » - André Salmon[7]
Musées et collections publiques
Bibliographie
- Ramon Vasconcellos, Montparnasse, impressions d'art, 1938.
- Richard Morand, commissaire-priseur Ă Paris, Catalogue de la vente de l'atelier Jeanne Besnard-Fortin, HĂ´tel Drouot, Paris, .
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999 (article de Monique Marcaillou).
- Jean-Bernard Sandler, Pontlevoy et sa région - Artistes du secteur de Pontlevoy (1850-1950), Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Touraine, 2008[5].
- Catherine Allemand et Estelle Nguyen, commissaires-priseurs Ă Paris (avec la collaboration de CĂ©cile Jean), Catalogue de la vente de l'atelier Jeanne Besnard-Fortin, HĂ´tel Drouot, Paris, .
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) MutualArt
- (en) Union List of Artist Names
Références
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- Registres d'Ă©tat civil, mairie de Dolus-le-Sec.
- Site Geneanet, extrait de Touraine Généalogie, n°106, page 190
- Catherine Allemand et Estelle Nguyen, Catalogue de la vente de l'atelier Jeanne Besnard-Fortin, 18 mai 2016.
- Jean-Bernard Sandler, Pontlevoy et sa région - Artistes du secteur de Pontlevoy (1850-1950), Académie de Touraine, 2008
- Ramon Vasconcellos, Montparnasse, impressions d'art, 1938.
- Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 2, page 245.
- André Lhote, Avis aux touristes - Alba-la-Romaine, in Combat, 15 septembre 1948.