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Jean Graton

Jean Graton, né le à Nantes en France et mort le à Bruxelles en Belgique, est un scénariste et dessinateur de bande dessinée français, emblématique de la bande dessinée franco-belge.

Jean Graton
Jean Graton, à droite, auprès de Patrick Tambay
sur le circuit de Zandvoort en 1983.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Période d'activité
Conjoint
Enfant

Il crée la bande dessinée Michel Vaillant dans le Journal de Tintin en 1957. La série, qui compte 70 albums, est à l'origine de la vocation de nombreux pilotes de course et a inspiré deux séries télévisées (dont une animée) et un film de cinéma.

Biographie

Le créateur du plus célèbre pilote automobile de fiction, Michel Vaillant, est né le à Nantes[1].

Jean Graton est fils unique. Son père est commissaire au Club motocycliste nantais et organisateur de courses rĂ©gionales. Ă€ 11 ans, Jean Graton perd sa mère[1]. Son père l’élève dĂ©sormais seul : il l’emmène assister, Ă  l’âge de 14 ans, Ă  ses premières 24 Heures du Mans. Mais la guerre Ă©clate et le père de Jean Graton est fait prisonnier par les Allemands. Ă€ 16 ans, le jeune homme est contraint de se dĂ©brouiller seul, il entre au chantier naval oĂą il passe un certificat d’aptitude professionnelle d'ajusteur[1]. Il dĂ©clare plus tard au sujet de cet Ă©pisode Ă©prouvant de sa vie :

« Le fait de travailler en usine, sous les ordres d'un c…, dans une espèce de kibboutz, d'être obligé de faire tout ce qu'on déteste, de se faire engueuler, tout cela m'a donné un objectif : dans la vie, je ferai ce dont j'ai envie, quitte à prendre des risques. »

DĂ©buts

Jean Graton a un goût certain pour le dessin. C’est ce qui le conduit à s’imaginer un avenir dans la bande dessinée. Or, à l’époque, le pays de cet art, c’est la Belgique. Voilà pourquoi Jean Graton quitte sa terre natale en 1947 et débarque à Bruxelles[2] . Il commence par réaliser des dessins publicitaires avant d’être engagé en 1949 au journal Les Sports. Deux ans plus tard, il se présente — un vendredi 13 ! — à l’agence World’s Press. Installée dans la capitale belge, cette agence fournit des histoires complètes au journal Spirou et emploie des auteurs aussi prestigieux que Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon (les créateurs de Buck Danny). Jean Graton est tombé à bonne école, celle où l'on apprend que rien ne se réalise sans un travail acharné.

Pendant un an, il illustre des Histoires de l’Oncle Paul, récits complets en quatre pages à vocation éducative et documentaire : c’est ainsi qu’il apprend le métier d’auteur de bandes dessinées. Il a alors pour ambition de créer ses propres héros et d’écrire lui-même ses scénarios. C’est la raison pour laquelle il propose ses services au journal Tintin, toujours pour réaliser des récits en quatre pages mais dont, cette fois, il est le scénariste : des histoires dont les thèmes sont très souvent sportifs. En , il signe enfin une histoire de fiction, La Première Ronde[3], qui a pour cadre le Grand Prix de Belgique de Formule 1 à Spa-Francorchamps. André Fernez, le rédacteur en chef de Tintin, lui suggère alors d’imaginer un héros pilote de course.

Naissance de Michel Vaillant

Jean Graton doit d’abord trouver le nom de son personnage. Celui-ci sera courageux : le patronyme « Vaillant » est parfait. En face de chez Jean Graton habite un passionné de trial dont les deux fils pilotent les motos. Le plus jeune des deux fils se prénomme Michel. L’identité du héros sera Michel Vaillant. S’inspirant toujours de ses voisins, Jean Graton dote Michel Vaillant d’un père et d’un frère, mais remplace les motos par des voitures. À partir de 1957, quelques histoires en quatre pages consacrées à Michel Vaillant testent l’accueil du public. Celui-ci est enthousiaste : les jeunes lecteurs de Tintin adoptent le héros de Jean Graton et le feu vert est donné pour la réalisation de la première aventure à suivre de Michel Vaillant. C'est le grand départ.

Premiers tours de pistes

Le premier long récit de la série, Le Grand Défi, paraît en 1959. Tout au long des décennies suivantes et des soixante-dix tomes de sa saga automobile, Jean Graton crée un univers formidablement riche et cohérent. Il imagine toute une galerie de personnages : le « clan » Vaillant, le pilote américain Steve Warson, adversaire numéro un des Vaillant, le Leader, et sa fille Ruth, les « méchants » Bob Cramer et Hawkins… et emmène ses lecteurs sur les circuits d'Europe et d'Amérique : Sebring, Le Mans, Indianapolis, Monaco… Des circuits représentés avec d’autant plus de réalisme et de minutie que le dessinateur s’y rend en personne. Jean Graton devient l’ami de nombreux pilotes, comme Jacky Ickx. Certains, tels Alain Prost, avoueront devoir leur vocation à la lecture de Michel Vaillant.

Le Studio Graton

En 1962, Jean Graton engage un assistant, le jeune Christian Denayer. « Je faisais les décors, les voitures et les couleurs », dira celui-ci, précisant : « J'étais l'unique collaborateur de Jean Graton et le premier au sein de ce qui n'était pas encore son “studio”. Même si je le suivais partout dans ses repérages, mon nom n'a jamais figuré sur les albums[4]. » Après huit ans de collaboration, Christian Denayer part seconder Tibet. Ce sera désormais une équipe, le Studio Graton, qui dessinera décors, voitures et figurants. Au fil des décennies, les membres de cette équipe seront (dans l'ordre alphabétique) : Daniel Bouchez, Juan Castilla, Clovis, Jean-Luc Delvaux, Christian Lippens, Guillaume Lopez, Kamenica Nedzad, Christian Papazoglakis, Robert Paquet, Frédéric Pauwels, Paul Viseur et Scott Wood.

En 1966, en parallèle de Michel Vaillant, Jean Graton lance une nouvelle série, Les Labourdet. Écrite par l’épouse du dessinateur, Francine Graton, et publiée dans l'hebdomadaire Chez Nous[3], cette saga familiale connaîtra neuf épisodes de quarante-quatre pages chacun.

En 1976, Jean Graton crée une nouvelle héroïne : Julie Wood, blonde championne de moto[2]. Après huit tomes (parus en albums chez Dargaud, puis aux éditions Fleurus), Julie Wood rejoindra Michel Vaillant et Steve Warson dans l'épisode Paris-Dakar.

En 1982, Jean Graton se lance dans un nouveau défi : la création de sa propre maison d’édition. Les exploits de Michel Vaillant seront désormais publiés sous le label Graton éditeur. En 1994, Philippe, l’un des fils de Jean Graton, écrit pour son père le scénario de La Piste de jade. L’essai est concluant : Philippe Graton devient le scénariste de la série Michel Vaillant, lui donnant un nouveau souffle, et lance parallèlement les Dossiers Michel Vaillant.

Retraite

En 2004, Jean Graton décide de s’accorder une retraite bien méritée et arrête de dessiner, laissant crayons et plumes au Studio Graton qui se charge désormais de la totalité du travail graphique. La même année, le ministre de la Culture français le fait commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres. En 2005, en Belgique cette fois, il devient chevalier de l’Ordre de Léopold. La même année, il reçoit, pour l'ensemble de sa carrière, le Grand Prix Saint-Michel, principal prix de bande dessinée belge. En 2011, son épouse Francine meurt.

De son confortable lieu de retraite bruxellois, Jean Graton observe avec intérêt et bienveillance la création d'une nouvelle saison de Michel Vaillant sur l'impulsion de son fils Philippe et les éditions Dupuis. Signé Philippe Graton et Denis Lapière pour le scénario, Benjamin Benéteau et Marc Bourgne pour le dessin, le premier tome du nouveau Michel Vaillant, intitulé Au nom du fils, sort en .

Le , une Vaillante Rebellion (Piquet-Heinemer-Beche) se classe troisième des 24 Heures du Mans et son pilote monte sur le podium. Mais elle est disqualifiée à la suite d'un trou dans la coque, interdit par le règlement.

La Vaillante numéro 31 pilotée par Julien Canal, Nicolas Prost, Bruno Senna et Filipe Albuquerque remporte le championnat du monde d'endurance 2017 de sa catégorie[5] en terminant quatre fois en première position et quatre fois sur le podium sur les neuf courses du championnat.

Jean Graton meurt Ă  Bruxelles le Ă  l'âge de 97 ans[6].

Ĺ’uvres

Bandes dessinées

  • SĂ©rie Michel Vaillant (Ă  partir de 1957, 70 tomes publiĂ©s par Dupuis / intĂ©grale publiĂ©e par Le Lombard)
  • SĂ©rie Julie Wood (1976-1980, 8 tomes publiĂ©s par Dargaud puis Fleurus)
  • SĂ©rie Les Labourdet (1966-1972, 3 tomes publiĂ©s par Dargaud, 9 tomes publiĂ©s par Graton Ă©diteur)
  • SĂ©rie Michel Vaillant prĂ©sente Palmarès inĂ©dit (plusieurs volumes de rĂ©cits complets dont :
    • L'inconnu du Tour de France, 12 histoires cyclistes de Jean Graton parues dans le journal Tintin entre 1954 et 1964, Graton Ă©diteur, 2003)

Adaptations

Cinéma

Séries télévisées

  • 1967 : Les aventures de Michel Vaillant, 13 Ă©pisodes, avec le pilote Henri Grandsire dans le rĂ´le de Michel Vaillant[7].
  • 1990 : Michel Vaillant, sĂ©rie d'animation franco-amĂ©ricaine, 15 Ă©pisodes[8].

Documentaires

  • 2004 : Michel Vaillant : Making the music, de Jules Pochy. Making-of de la bande originale du film Michel Vaillant composĂ©e par le groupe britannique Archive[9].
  • 2018 : Michel Vaillant, le rĂŞve du Mans, de FrĂ©dĂ©ric de Brabant. Le film « raconte l’incarnation d’un rĂŞve. Le rĂŞve d’un enfant venu Ă  moto derrière son père assister aux 24 Heures du Mans l’annĂ©e de ses 13 ans[10] » (AllocinĂ©). Avec le pilote Nicolas Prost et Philippe Graton, le fils de Jean Graton.

Notes et références

  1. Marc Le Duc, « Les années nantaises du père de Michel Vaillant », sur ouest-france.fr, .
  2. Jacques Mercier, Belges en France, Lannoo Uitgeverij, , 298 p. (ISBN 9782873864781), p. 188.
  3. « Graton, Jean », sur bedetheque.com.
  4. « Denayer, Rencontre / Assistant mode d’emploi », dBD, no HS#15,‎ .
  5. Gaël Angleviel, « Vaillante REBELLION sacré Champion du Monde d'Endurance 2017 en LMP2 », sur franceracing.fr.
  6. « Décès de Jean Graton, créateur de Michel Vaillant et dernier monstre sacré de l'âge d'or de la BD franco-belge », sur La Libre Belgique, (consulté le ).
  7. Les aventures de Michel Vaillant, sur le site de l'INA.
  8. Michel Vaillant, sur l'Internet Movie Database.
  9. [vidéo] Disponible sur YouTube
  10. Michel Vaillant, le rêve du Mans, sur Allociné.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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