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Jean-Yves Haberer

Jean-Yves Haberer, né le , est un inspecteur des finances, directeur de plusieurs cabinets ministeriels, directeur du Trésor à partir de 1978, président de Paribas en 1982-1986, puis du Crédit Lyonnais en 1988-1993 dont il est tenu responsable de la retentissante quasi-faillite.

Biographie

Instruction

À l'Institut d'études politiques de Paris, dont il sort major, Jean-Yves Haberer se lie avec Christian Bourgois, Jacques Chirac et Michel François-Poncet.

En 1959, Jean-Yves Haberer sort de l'ENA second de sa promotion.

Parcours professionnel

Il se lance dans une carrière qui, de ses débuts à son épilogue juridique, marque profondément le paysage financier français.

En 1966, jeune conseiller technique (à 33 ans) de Michel Debré, ministre de l’Économie et des Finances, il redessine le paysage financier français en organisant la fusion des établissements nationalisés, donnant naissance à la BNP, à l'UAP, aux AGF et au GAN.

En 1969, il devient directeur de cabinet de Michel Debré, ministre des affaires étrangères. Il le suit au ministère de la Défense, toujours comme directeur de cabinet.

De 1970 Ă  1982, il enseigne les finances publiques Ă  l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en section Service Public, « jouissant d'un grand prestige Â»[1], son cours Ă©tant alors un incontournable de la formation des futurs Ă©lèves de l'ENA.

En 1976, il est directeur de cabinet de Michel Durafour, ministre de l'économie, puis de ses successeurs, Robert Boulin et René Monory[2]. Il est nommé directeur du Trésor en 1978, il participe à la mise en place du système monétaire européen.

En 1981, après la victoire de François Mitterrand, il ne conteste pas la légitimité du nouveau pouvoir. Il y gagne, en 1982 la présidence de Paribas nouvellement nationalisé qu'il relève, mais Édouard Balladur met fin à ses fonctions en 1986.

Le Crédit lyonnais

Lorsque la gauche revient, en 1988, il est nommé président du Crédit Lyonnais par Pierre Bérégovoy[3].

Ambitieux, il multiplie les acquisitions bancaires hasardeuses, laisse Ă  ses filiales la bride sur le cou, gonfle son portefeuille de participations industrielles, une stratĂ©gie obstinĂ©ment offensive malgrĂ© une conjoncture Ă©conomique difficile. Sous sa direction, le CrĂ©dit lyonnais possède bientĂ´t le premier rĂ©seau bancaire europĂ©en. Il est entrĂ© dans le capital de 1 500 sociĂ©tĂ©s (dont Usinor-Sacilor pour 20 %). Une partie de la presse comme le quotidien Le Monde salue alors celui qui a « sacrĂ©ment rĂ©veillĂ© Â» le monde bancaire[4]. En quatre ans, le bilan de la banque augmente de 80 % pour dĂ©passer 1 900 milliards de francs, davantage que le budget annuel de la France[5]. Le CrĂ©dit lyonnais a Ă©galement acquis un Ă©norme portefeuille dans l'immobilier, le foncier et le loisir de 100 milliards de francs (15 milliards d'euros)[6]. Or en 1992, l’immobilier s’effondre.

Les mauvaises surprises apparaissent vite, avec les dossiers de la participation dans IBSA, du financement de Bernard Tapie et de la sociĂ©tĂ© financière SASEA, par exemple, ou celui du rachat de la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). Jugeant que le nouveau propriĂ©taire de la MGM, Giancarlo Parretti en dĂ©pit des ennuis judiciaires que celui-ci a connu en Italie, est « un personnage hors du commun Â», Jean-Yves Haberer « ne s'inquiète [pas] des engagements du Lyonnais Â» vis-Ă -vis de l'homme d'affaires italien. Bien que n'ignorant rien de la situation dĂ©sastreuse de l'entreprise de cinĂ©ma, il ne provisionne pas les pertes estimĂ©es ce qui « affecte gravement la sincĂ©ritĂ© des comptes de l'exercice 1991 Â» de la banque. InformĂ© très exactement des risques encourus tant dans le cadre de la SASEA que des actifs immobiliers de Michel Pelège, Jean-Yves Haberer prĂ©sente un bilan 1991 avec « des rĂ©sultats plus qu'honorables : 750 millions de francs de bĂ©nĂ©fices en social et 4 milliards en consolidĂ© Â»[7].

La situation change cependant à l'issue de l'exercice 1992 : c'est l'apparition des premiers déficits, pour un total de 1,8 milliard de francs. En , Jean-Yves Haberer doit annoncer une perte monumentale de 6,9 milliards de francs pour l'année 1993[8].

Entretemps, en , Jean-Yves Haberer a Ă©tĂ© remerciĂ© et nommĂ© prĂ©sident du CrĂ©dit national, oĂą il ne restera pas. Jean Peyrelevade son successeur se prononçant sur la gestion du groupe jugera que « certaines des disciplines Ă©lĂ©mentaires de notre mĂ©tier ont Ă©tĂ© complètement oubliĂ©es Â»[7].

Le Crédit lyonnais ne cesse plus de défrayer la chronique entre la faillite proprement dite, l'affaire Adidas avec Bernard Tapie[9] et l'affaire Executive Life absorbant quelque 15 milliards d'euros d'aides de l'État.

Condamnations

Jean-Yves Haberer et François Gille, l'un de ses anciens directeurs généraux, seront respectivement condamnés le par la cour d'appel de Paris à dix-huit et neuf mois de prison avec sursis dans l'affaire des comptes frauduleux de la banque. Ils devront également verser € de dommages-intérêts au Crédit lyonnais. Les deux hommes ont été reconnus coupables de présentation de comptes inexacts, de diffusion de fausses informations ou de nature trompeuse, ainsi que de distribution de dividendes fictifs, au cours des exercices 1991, 1992 et du premier semestre 1993 du Crédit lyonnais.

En , le Conseil d'État confirme la dĂ©cision de de la Cour de discipline budgĂ©taire et financière qui a condamnĂ© Haberer Ă  une amende de 59 000 â‚¬ (au titre de sa prĂ©sidence d'Altus Finance). Cette condamnation est la seule sanction pĂ©cuniaire qui incombera Ă  l'ancien banquier[10].

Longtemps silencieux, Jean-Yves Haberer a publiĂ©, en 1999, un livre-plaidoyer, Cinq ans de CrĂ©dit lyonnais (Ramsay). Les critiques qui lui sont adressĂ©es sont regroupĂ©es dans un chapitre intitulĂ© « Diabolisation du bouc Ă©missaire Â»[2].

Bibliographie

Notes et références

Liens externes

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