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Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon

Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon (1819-1903) est un journaliste français qui fut accusé de meurtre à la suite d'un duel.

Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon
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Biographie

Né en 1819, en Guadeloupe, dans une famille créole, Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon fit ses études en métropole. Il se fit le défenseur de la société créole face aux partisans de l'abolition de l'esclavage encore pratiqué à l'époque dans les Antilles françaises. Il entreprit d'écrire sur les Antilles pour témoigner. Il publia un premier ouvrage, Île de Cuba en 1844, en s'inspirant de son séjour dans cette colonie espagnole entre et . L'ouvrage devait comporter un second volume qui fut abandonné du fait de l'abolition de l'esclavage en 1848. Beau-frère de Bernard-Adolphe de Cassagnac, il devint rédacteur du feuilleton du journal Le Globe.

L'affaire Dujarrier

Le , Beauvallon se querella avec le journaliste Alexandre Dujarrier, gĂ©rant du journal La Presse, concurrent du Globe, durant un souper offert par l'actrice AnaĂŻs LiĂ©venne, maĂ®tresse du fils de Victor Hugo, aux Frères Provençaux, Ă  Paris. L'objet de la querelle Ă©tait une dette de jeu de 84 louis que Dujarrier avait contractĂ©e auprès de Beauvallon. Quoique la somme fĂ»t rĂ©glĂ©e le soir mĂŞme, Beauvallon lui envoya ses tĂ©moins le lendemain, leur diffĂ©rend ayant aussi pour source les faveurs de la comĂ©dienne et chanteuse ThĂ©rèse Vernet, alias madame Albert (1805-1860).. Alexandre Dumas fils, qui connaissait la force de Beauvallon Ă  l'Ă©pĂ©e, conseillait nĂ©anmoins Ă  Dujarrier d'Ă©viter le pistolet, supposant que M. de Beauvallon, en vrai gentilhomme, remarquant l'ignorance de son adversaire en fait d'escrime, ne prolongerait point le duel ou le rendrait tout au moins sans consĂ©quences funestes. Le mardi , Ă  9 heures du matin, les tĂ©moins rĂ©glèrent par Ă©crit les conditions de la rencontre et le duel eut lieu. Dujarrier Ă©tait un tireur tellement novice qu'il n'atteint pas son adversaire, lui prĂ©senta sa poitrine et le somma de tirer. Le projectile le frappa au-dessus de l'aile droite du nez, traversant l'os maxillaire supĂ©rieur jusque dans la partie la plus profonde de la face, brisant l'os occipital de manière Ă  produire une commotion sur la moelle Ă©pinière, et provoquant finalement la mort. Beauvallon partit avec l'un de ses tĂ©moins, le Victor-Toussaint d'Ecquevilley[2], et se rĂ©fugia en Espagne pour se soustraire Ă  l'action de la justice.

À la suite d'une première instruction, la chambre des mises en accusation de la cour royale de Paris déclara qu'il n'y avait lieu à suivre contre aucun des prévenus, se fondant, à l'égard des témoins sur des raisons de fait, à l'égard de Beauvallon sur des raisons de droit. La Cour de cassation cassa ses arrêts, en ce qui concernait Beauvallon seulement, et désigna pour connaître de l'affaire la cour royale de Rouen, qui adopta la décision de la Cour de cassation.

Beauvallon se constitua prisonnier et comparut le devant la cour d'assises de la Seine-InfĂ©rieure, comme accusĂ© d'homicide volontaire avec prĂ©mĂ©ditation, son avocat Ă©tant Jean-Gabriel Capot de Feuillide. AcquittĂ© par la cour de Rouen, la chambre des mises en accusation maintint le mandat d'arrestation dĂ©cernĂ© contre Beauvallon et requit une instruction nouvelle le . RenvoyĂ© devant la cour d'assises, comme accusĂ© de faux tĂ©moignage en matière criminelle, Beauvallon y parut le , il fut accusĂ© par la cour de faux tĂ©moignage et d'avoir essayĂ© les pistolets avant le duel, ce qu'il rĂ©futa. En première instance il fut Ă  l'unanimitĂ© dĂ©clarĂ© coupable d'homicide volontaire avec prĂ©mĂ©ditation, commis en duel, avec la circonstance aggravante de la violation d'une condition Ă©tablie (essayage des pistolets), Ă  dix ans de rĂ©clusion, 2 000 francs d'amende, 20 000 francs de dommages et intĂ©rĂŞts, Ă  payer les frais de procès. Aucune circonstance attĂ©nuante ne lui fut reconnue. Le vicomte d'Ecquevilley fut reconnu complice et Ă©copa d'une condamnation similaire, les autres tĂ©moins du duel de peines moins lourdes[3].

Après l'affaire

Beauvallon, installé à la Guadeloupe, y mena une carrière de journaliste comme directeur de L'Écho de Guadeloupe. Il décéda en 1903.

Notes et références

  1. Notice de la BnF
  2. Vincent d'Équevilley, Témoin dans un duel, ou La vérité sur le procès Victor d'Équevilley : précédé d'une pétition à MM. les représentants du peuple français ", éd. C. Naumann's Druckerel, Francfort-sur-le-Mein, 1848
  3. Comte du Verger Saint-Thomas, Nouveau code du duel, histoire, législation, droit contemporain, Paris, Dentu & C°, 1887.

Documentaire télévisé

  • « Un combat singulier ou L'affaire Beauvallon » le dans En votre âme et conscience sur RTF TĂ©lĂ©vision. Voir Myriam Tsikounas, "Le procès de la presse : L’affaire Beauvallon", in La CamĂ©ra explore le crime, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, p. 151-166.

Bibliographie

  • Pierre Bouchardon, Le duel du chemin de la Favorite, Albin Michel 1927
  • Louis Hastier, Un duel romantique


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