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Pierre Bouchardon

Pierre Bouchardon, né le à Guéret et mort le à Paris 18e[1], est un magistrat français.

Pierre Bouchardon
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Pierre Gilbert Bouchardon
Nationalité
Activités
Conjoint
France Touvier
Enfant
Paulette, André
Autres informations
Distinction

Biographie

Famille

Marie Pierre Gilbert Bouchardon, né le à Guéret, est le fils de Jean-Baptiste Emmanuel Bouchardon, avocat à Guéret et d'Hélène, Marie Anne Florand[2]. Marié à Blanche France Touvier, il est le père de deux enfants. Il est le grand-père de l'industriel Michel Collas et l'arrière grand père de l'écrivain Philippe Collas.

Carrière

Après avoir obtenu une licence en droit à Paris, il devient avocat en novembre 1892 près la Cour d'appel de Paris puis avocat près le tribunal civil de Guéret en décembre 1894, il devient juge suppléant au tribunal civil d'Aubusson en juin 1895[2] et effectuera ensuite toute sa carrière dans la magistrature[3]. Il est ensuite affecté comme juge à Baumes-les-Dames et Guéret en 1900, substitut à Cambrai en 1903, procureur de la République à Yvetot en 1905 et substitut à Rouen en 1906[4] - [2]. En 1908, il est nommé chef du bureau des affaires criminels au ministère de la Justice puis plus tard juge d'instruction auprès du tribunal de la Seine[4].

Capitaine-rapporteur au 3e conseil de guerre pendant la Première guerre mondiale

Pendant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé au 3e conseil de guerre avec le grade de capitaine-rapporteur[4]. Il y instruit notamment les procès de Mata Hari, accusée d'espionnage au service de l'Allemagne, celui du journal Le Bonnet rouge accusé de défaitisme, celui Paul Bolo, dit « Bolo Pacha », affairiste accusé d'avoir reçu de l'argent de l'Allemagne afin de corrompre les journaux français en y insérant des articles pacifistes et celui de l'homme politique Joseph Caillaux accusé de trahison et de complot contre la sûreté de l'État pour avoir échangé des lettres avec le directeur du Bonnet rouge et avec Paul Bolo[5] - [4].

Joseph Caillaux le décrie alors comme « un nationaliste ardent qui croirait surtout servir son pays en faisant brûler tous ceux qui pensent autrement » et Clemenceau qui le surnomme « Le Grand Inquisiteur »[4] déclare qu'il est un des hommes qui ont le plus contribué à la victoire française, par son habileté et son acharnement à lutter contre « l’ennemi de l’intérieur[6] ».

Les affaires de trahison qu'il instruit alors le rendent célèbre pour avoir mené au poteau « les traites » de la première guerre[7] - [8] à travers des procès qui selon certains auteurs ont pour objectifs de traquer ceux qui font obstacle à la continuation de la guerre ou peuvent être désignés comme les agents directs ou indirects de l’ennemi par des condamnations exemplaires et des procès d’élimination et qui ont en commun l’acharnement contre les accusés de la part des magistrats affectés au conseils de guerre parisiens : le capitaine Bouchardon comme magistrat instructeur et le lieutenant Mornet à l’accusation, sous la coordination du directeur des services de la justice militaire, qui a toute la confiance de Clémenceau[9]. En novembre 1918, le journal L'Illustration publie sa photo en couverture à côté de celle du Maréchal Foch et de Clemenceau avec le titre : « Les Trois Hommes qui ont sauvé la France » [10].

Sous le régime de Vichy

Comme beaucoup de magistrats, Pierre Bouchardon prête serment de fidélité au maréchal Pétain le 2 septembre 1941[11]. Après le débarquement en Normandie par les forces américaines et anglaises et la reprise du sud de la France par les alliés, il se rétracte de son serment au gouvernement de Vichy[12].

Président de la commission d'instruction près de la Haute Cour de justice en 1944

En 1944, Pierre Bouchardon est rappelé à l'activité, à 74 ans, pour présider la commission d’instruction près de la Haute Cour de justice et instruit notamment dès le 30 avril 1945 le procès du maréchal Pétain puis celui de Pierre Laval et de Robert Brasillach.

L'historien Marc Ferro souligne que le choix de Pierre Bouchardon qui avait prêté serment de Fidélité à Pétain en 1941 et déclaré pendant la guerre au journal collaborationniste et antisémite Je suis partout du 22 juin 1942 « tant sa haine des juifs [...] que de la République, qui avait réhabilité Joseph Caillaux », poursuivi en 1917 par ce même magistrat pour pacifisme, montre les difficultés de trouver en 1945 des magistrats qui ne se fussent pas corrompus avec le régime de Vichy[13].

« Spécialiste sans états d'âme des procès de trahison, au mieux avec tous les gouvernements, et qui a eu des complaisances pour l’idéologie désormais vilipendée »[14], « Bouchardons ne s’interroge jamais sur son passé et ne se souvient plus en 1945 de ce qu’il disait en 1942 et c’est lui qui traque les trous de mémoire de l’accusé Pétain » dont il a juré la perte[15]. Pour faire oublier ces éléments polémiques de son passé, « Bouchardon est désormais le plus intransigeant des juges d’instruction au service de la France républicaine qui se reconstruit »[16].

Président honoraire à la Cour de cassation, Pierre Bouchardon, meurt cinq ans plus tard le à Paris.

DĂ©coration

  • Chevalier de la LĂ©gion d'honneur (1921)
  • Commandeur de la LĂ©gion d'honneur (1947)

Divers

Pierre Bouchardon apparaît sous les traits de Bernard Giraudeau dans le téléfilm écrit par son arrière-petit fils Philippe Collas, Mata Hari, la vraie histoire (2003), adapté de la biographie du même nom.

Publications

Il a écrit une soixantaine de livres sur les plus grandes affaires criminelles des XIXe et XXe siècles et a été membre de la Société des gens de lettres.

  • Le mystère du château de Chamblas, Albin Michel, 1922
  • L’affaire Lafarge, Albin Michel, 1924
  • L’auberge de Peyrebeille, suivi de La vĂ©ridique histoire du roman de Stendhal le Rouge et le Noir, Albin Michel, 1924 (L’Affaire de l’Auberge Rouge)
  • La Tuerie du pont d’Andert (1838), Perrin, 1924 (Affaire Peyrel, suivie de l’affaire Mont-Charmont)
  • Le Crime du château de Bitremont, Albin Michel, 1925
  • La fin tragique du MarĂ©chal Ney, Librairie Hachette, 1925
  • La Tragique histoire de l’instituteur Lesnier (1847-1855), Perrin 1925
  • L’Assassinat de l’ArchevĂŞque, souvenirs inĂ©dits, Fayard, 1926
  • Crimes d’autrefois I. Monsieur Lacenaire. II. Collignon. III. La Jacquerie de Buzançais. IV. Le Naufrage du Foederis-Arca. V. La Brinvilliers du XIXe siècle. VI. Le Promeneur du bois de Vincennes, Perrin, 1926
  • L’Énigme du cimetière Saint-Aubin (Procès du frère LĂ©otade), Albin Michel, 1926
  • Le Magistrat, Hachette, 1926
  • Le duel du chemin de la Favorite, Albin Michel, 1927
  • L’Auberge de la TĂŞte noire, suivi de: l’Homme Ă  la lèvre boursouflĂ©e. Mon premier crime. La Bastide des trois vieillards, Perrin, 1928
  • CĂ©lestine Doudet, institutrice, Albin Michel, 1928
  • Les Dames de Jeufosse, Albin Michel, 1928
  • Le docteur Couty de La Pommerais, Albin Michel, 1929
  • Le Banquier de Pontoise et les Vrais Mystères de Paris, Éditions des Portiques, 1929
  • Les Procès burlesques, Perrin, 1929
  • Autres procès burlesques, Perrin, 1930
  • Le Cocher de M. Armand ; Les Amours funestes d’AngĂ©lina, Éditions des Portiques, 1930
  • L’enfant de la Villette, Éditions de la Nouvelle Revue-critique, 1930
  • La Femme Ă  l’ombrelle, Albin Michel, 1930
  • L’abbĂ© Delacollange, A. Lemerre, 1931
  • Le Crime de Vouziers, Perrin, 1931
  • Ravachol et Cie, Hachette, 1931
  • L’homme aux oreilles percĂ©es, suivi de l’Assassinat de l’archevĂŞque, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1932
  • Troppmann, Albin Michel, 1932
  • La Faute de l’AbbĂ© Auriol, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1933
  • La Malle mystĂ©rieuse. Affaire Eyraud, Gabrielle Bompard, Albin Michel, 1933
  • L’affaire Pranzini, Albin Michel, 1934
  • Un prĂ©curseur de Landru: L’horloger Pel, Arthaud, 1934
  • L’assassin X, Affaire Prado, Albin Michel, 1935
  • La dernière guillotinĂ©e, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1935
  • Dumollard, le tueur de bonnes, Albin Michel, 1936
  • HĂ©lène JĂ©gado, l’empoisonneuse bretonne, Albin Michel, 1937
  • Vacher l’éventreur, Albin Michel, 1939
  • Le Puits du presbytère d’Entrammes, Albin Michel, 1942 (sur l’affaire de l’abbĂ© Bruneau)
  • Madame de Vaucrose, suivi de la FragilitĂ© de l’aven, Albin Michel, 1947
  • Souvenirs, Albin Michel, 1953
  • Un drame de la RĂ©volution en 1848, l’assassinat du gĂ©nĂ©ral BrĂ©a, Éditions L.E.P., 1959
  • Le collectionneur ingĂ©nu, Éditions L.E.P., 1966

Notes et références

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 18e, n° 3408, vue 2/31.
  2. « Base Léonore, dossiers de la Légion d'honneur, Pierre Bouchardon », sur Leonore
  3. Guy Raissac, Un soldat dans la tourmente, Albin Michel, (lire en ligne), p. 456.
  4. Dominique Fradet, « Pierre Bouchardon dit "Le Grand Inquisiteur" », sur editionsfrafetçom
  5. Patrick Pesnot, Les grands mensonges de l'histoire, Hugo Document, (lire en ligne).
  6. « L'Homme du Jour », Les Hommes du Jour,‎ , Couverture et Page 1
  7. Jean Lacouture, de Gaulle, vol. 2, Seuil, (lire en ligne), p. 149.
  8. Yves-Frédéric Jaffré, Les derniers propos de Pierre Laval, A. Bonne, (lire en ligne), p. 19.
  9. Sous la direction de Jean-Jacques Becker, Histoire culturelle de la grande guerre, Armand Colin, (lire en ligne).
  10. « Couverture », L'Illustration,‎
  11. Vincent Le Coq, Anne-Sophie Poiroux, Les notaires sous l'Occupation, Nouveau Monde Editions, (lire en ligne).
  12. Shelby F. Westbrook, Bolo Pacha: A Forgotten Story About Men & Women Who Made History in Ww1, Trafford Publishing, (lire en ligne), p. 43.
  13. Marc Ferro, PĂ©tain, Fayard, (lire en ligne).
  14. Michel Cointet, Secrets et mystères de la France occupée, Fayard, (lire en ligne).
  15. Fred Kupferman, Le procès de Vichy, Editions Complexe, (lire en ligne).
  16. Jean-François Bouchard, André Mornet, procureur de la mort, Éditions Glyphe, (lire en ligne).

Liens externes

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