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Jean-Baptiste Gresset

Jean-Baptiste-Louis Gresset, né le à Amiens où il est mort le , est un poète et dramaturge français. Il fut jésuite de 1726 à 1735.

Jean-Baptiste Gresset
Jean-Baptiste-Louis Gresset par Louis Tocqué, en 1752.
Ĺ’uvres principales
signature de Jean-Baptiste Gresset
Signature de Jean-Baptiste Gresset

Biographie

Jeunesse et début de carrière chez les jésuites

Jean-Baptiste Gresset entreprend ses études au collège des jésuites d’Amiens en vue d’entrer dans cet ordre à l’âge de dix-sept ans, le . Il passe ensuite au collège Louis-le-Grand, puis enseigne les humanités à Moulins, Blois, Tours et Rouen, apprécié comme professeur.

Poète badin

Dès 1730, il publie une Ode sur l’amour de la patrie. Un peu plus tard, il découvre le genre littéraire où il excellera : ce sera la poésie badine, raillant et s'amusant de la vie des couvents. Son chef-d'œuvre - dans le genre - est le poème Vert-Vert, ou les Voyages du perroquet de Nevers (1734). Le succès est considérable. Jean-Baptiste Rousseau qualifie ce poème de « phénomène littéraire », à la fois pour l’époque et le talent. La même année, Gresset donne deux autres poèmes dans le même esprit : Le Lutrin vivant et Le Carême impromptu.

D'autres pièces contemporaines, La Chartreuse (1734), Les Ombres, les épîtres Au Père Bougeant, À ma sœur, À ma Muse, etc. – plus graves et plus philosophiques - sont aussi moins réussies.

Départ de l'ordre des jésuites et vie mondaine

Jean-Baptiste Gresset par Alexandre-Vincent Sixdeniers

La supérieure de la Visitation de Nevers, dont le couvent avait été tourné en ridicule dans Vert-Vert, obtient que le poète soit sanctionné.

Gresset est transféré au collège de La Flèche, où il passe son temps à traduire les Bucoliques de Virgile avant de quitter la Compagnie de Jésus en 1735, sans avoir jamais prononcé de voeux et sans avoir été ordonné prêtre. Il écrit à cette occasion ses Adieux aux jésuites. Il y exprime du regret et de l'émotion :

« Si dans leurs foyers désormais je n'habite,
Mon cœur me survit auprès d'eux[1]. »

Commence alors une vie mondaine où Gresset connaît vite le succès. Il fréquente surtout les salons du duc et de la duchesse de Chaulnes à Paris, et leur château situé en Picardie, entre Amiens et Saint-Quentin. Il fréquente la Société du Caveau où il rencontre Duclos, Piron, Crébillon père et fils, Collé, Charles-François Pannard, Jean-Philippe Rameau... Il hantera plus tard le « cabinet vert » de l’hôtel de Forcalquier, chez la comtesse de Brancas. Protégé de Madame de Pompadour, il est en butte à la verve des chansonniers jaloux de la faveur dont il jouit.

En 1742, quelques pièces de clavecin dédiées « à la république de Monsieur Gresset » sont publiées à Paris. Dans la préface, le compositeur, signé Voltpb, fait l'éloge de l'état imaginé par Gresset[2].

Auteur de théâtre

Se tournant vers le théâtre, il donne d’abord - sans succès - une tragédie de style "troubadour" qui se passe au début de la "guerre de cent ans", Édouard III (1740) et un drame Sidney (1745) qui constitue une "apologie du suicide". Deux ans plus tard, sa comédie Le Méchant (1747) est un véritable triomphe qui lui ouvre les portes de l'Académie française. Certaines maximes deviennent des lieux communs.

Voltaire et Laclos ( Madame de Merteuil) le citent :

« Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs » (acte II, sc. 1, vers 512).

« Le jugement d'un seul n'est point la loi de tous », citée à l'époque moderne sous la forme « Le jugement d'un seul n'est pas la loi de tous »[3] - [4] (acte IV, sc. 4).

Académicien

Ce succès lui vaut d'être élu l'année suivante à l’Académie française, où il occupe le 5e fauteuil. Il y remplace, le , Antoine Danchet, et il est officiellement reçu par Claude Gros de Boze, le suivant.

Il a l’honneur d’être admis à l’Académie royale de Berlin, tout en déclinant l'offre du roi de Prusse de s'établir dans sa capitale.

Il fonde en 1750 l’Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, dont il est nommé président perpétuel. Il se marie en 1751.

Tournant religieux

Est-ce lié à son mariage ? Le fait est que l'on observe un changement moral et religieux dans son attitude et ses écrits.

  • Recevant, le , Louis de Boissy Ă  l’AcadĂ©mie française, il blâme dans son discours ce qu’il appelle l'« indĂ©cence des brigues ». La mĂŞme annĂ©e, le , rĂ©pondant au discours de rĂ©ception de d'Alembert, il s’élève contre les Ă©vĂŞques qui manquaient Ă  leur obligation de rĂ©sidence. Ces critiques dĂ©plaisent et donnent lieu Ă  des plaintes qui arrivent chez le roi. Celui-ci ayant marquĂ© son mĂ©contentement, Gresset se retire dans sa ville natale d’Amiens.
  • Sur le conseil de l’évĂŞque d’Amiens, il brĂ»le certains de ses projets dont plusieurs Ĺ“uvres inĂ©dites. Il renie ses Ĺ“uvres lĂ©gères en 1759, allant jusqu’à maudire la poĂ©sie comme un art dangereux, Ă  dĂ©plorer le scandale qu’il avait causĂ© par ses comĂ©dies et Ă  rĂ©tracter solennellement ce qu’il avait pu Ă©crire « d’un ton peu rĂ©flĂ©chi, dans les bagatelles rimĂ©es dont on a multipliĂ© les Ă©ditions » sans qu’il eĂ»t « jamais Ă©tĂ© dans la confidence d’aucune ». Ce revirement alliĂ© Ă  de telles invraisemblances suscitent les sarcasmes de Voltaire (notamment dans Le Pauvre diable) et de Piron.
  • Le , Gresset reparait Ă  l’AcadĂ©mie française pour rĂ©pondre au discours de rĂ©ception de Jean-Baptiste-Antoine Suard. Dissertant sur l’influence des mĹ“urs sur le langage, dans un discours qui parut un monument de mauvais goĂ»t, il s’élève contre l’anglomanie avec force termes de toilette : le discours fit rire le public. Pourtant, Louis XVI lui donne des lettres de noblesse et Monsieur le nomme historiographe de l’ordre de Saint-Lazare.
  • Il fit quelques lectures devant l’AcadĂ©mie d’Amiens : Le Gazetin, poème en quatre chants qui ne fut pas imprimĂ© ; Le Parrain magnifique, poème en 10 chants qui ne fut publiĂ© qu’après la mort de son auteur ; deux chants qu’il projetait d’ajouter Ă  Vert-Vert – intitulĂ©s « Les Pensionnaires » et « Le Laboratoire des SĹ“urs » – et auxquels il renonça sur les conseils de son Ă©vĂŞque.

Jean-Baptiste Gresset repose dans le transept nord de la cathédrale d’Amiens.

Hommages posthumes

  • En 1781, l'AcadĂ©mie de Rouen, dans le cadre de son concours pour un prix de lettres ou d'Ă©loquence, proposa l'Ă©loge de Gresset. Aucun des mĂ©moires adressĂ©s ne fut considĂ©rĂ© comme digne de remporter le prix. Le sujet fut reprĂ©sentĂ© en 1782, 1783 et 1784 avec cette fois-ci Ă  la clĂ© une rĂ©compense de 1 200 livres. Les mĂ©moires devaient ĂŞtre proposĂ©s avant le et, le , jour de fĂŞte de la Saint-Louis, l'AcadĂ©mie dĂ©cida qu'une fois encore aucun travail ne mĂ©ritait la rĂ©compense. Le prix ne fut pas remis en concours. Toutefois, un des candidats Ă©vincĂ©s dĂ©cida de publier son Éloge Ă  Gresset. L'ouvrage parut chez Royet, libraire Ă  Paris, dès la fin de 1785. L'auteur, Ă©galement ancien Ă©lève de Louis-le-Grand, Ă©tait Maximilien Robespierre. L'incipit de l'Ă©loge Ă©tait rĂ©digĂ©e ainsi : « Le vĂ©ritable Ă©loge d'un grand homme, ce sont ses actions et ses ouvrages ; toute autre louange parait assez inutile Ă  sa gloire : mais qu'importe ; c'est un beau spectacle de voir une nation rendre des hommages solennels Ă  ceux qui l'ont illustrĂ©e ; contempler, pour ainsi dire, avec un juste orgueil, les monuments de sa splendeur et les titres de sa noblesse, et allumer une utile Ă©mulation dans le cĹ“ur de ces citoyens par les Ă©loges publics qu'elle dĂ©cerne aux vertus et aux talents qui l'ont honorĂ©e[5]. »
  • Amiens : une rue du centre-ville reliant l'hĂ´tel de ville Ă  la Maison de la culture porte le nom de rue Gresset.
  • Nantes : une rue du centre-ville porte le nom de rue Gresset.
  • Nevers : une rue de la ville porte le nom de rue Jean-Baptiste Gresset.
  • Paris : une rue du XIXe arrondissement porte le nom de rue Gresset.

Ĺ’uvres

  • Vert-Vert, histoire d’un perroquet de Nevers, 1734
  • Le CarĂŞme impromptu, 1734
  • Le Lutrin vivant, 1734
  • La Chartreuse, 1734
  • Ombres, 1734
  • Édouard III, tragĂ©die,
  • Sidney, comĂ©die en vers,
  • Le MĂ©chant, comĂ©die en 5 actes, en vers,
  • Le Parrain magnifique, poème en dix chants, 1810
  • Correspondance avec FrĂ©dĂ©ric le Grand[6]

Bibliographie

  • Louis-Nicolas de Cayrol, Essai historique sur la vie et les ouvrages de Gresset, Amiens, 1844
  • J. Wogue, Jean-Baptiste Gresset ; sa vie et ses Ĺ“uvres, Paris, 1894
  • P.G. Salazar, Le Théâtre de Gresset : reflet d'une Ă©poque, thèse de doctorat, Paris, 1977
  • Bertrand Cuvelier, Jean-Baptiste Gresset, le poète acadĂ©micien, Histoire et traditions du Pays des Coudriers n°39 - [7]
  • S. Lenel, Voltaire et Gresset, Paris, 1889 ; Ă©d. Nabu Press, 2010
  • Jean-Baptiste-Louis Gresset, Théâtre complet, Ă©dition critique Jacques Cormier, classiques Garnier, octobre 2022

Notes et références

  1. Cité d'après Wogue, J.B.L. Gresset, Paris, 1894, p. 80.
  2. Pièces de clavecin dédiées à la république de Monsieur Gresset par M.r***. Gravées par le S.r Louis Hüe, Paris, Chez Madame Boivin, Monsieur Le Clerc, Madame Hüe, (lire en ligne)
  3. Le Monde - Citations avec Dico-Citations.
  4. Google e-book gratuit. Le Méchant, présentation en ligne.
  5. Maximilien Robespierre, « Éloge de Gresset » in Œuvres de Maximilien Robespierre, t. 1, Œuvres littéraires, Société des Études robespierristes, Phénix Éditions, 2000.
  6. Texte en ligne.
  7. Bertrand Cuvelier, « Histoire et traditions du Pays des Coudriers »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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