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Jean-Baptiste Courtonne

Jean-Baptiste Courtonne, dit Courtonne le Jeune, est un architecte français du XVIIIe siècle né à Paris le [1] et mort à Angoulême le [2]. Son œuvre la plus importante fut la construction du nouveau château de Villarceaux (1755-1759), l'un des derniers édifices de style Louis XV en France. Ayant succédé à Contant d'Ivry comme architecte du prince de Conti entre 1749 et 1761, il réalisa d'importantes transformations au palais du Temple à Paris ainsi qu'au château de L'Isle-Adam, dont il ne subsiste aucun vestige.

Jean-Baptiste Courtonne
Présentation
Autres noms Courtonne le Jeune
Naissance
Paris
DĂ©cès (Ă  69 ans)
AngoulĂŞme
Nationalité Drapeau du royaume de France Royaume de France
Mouvement style rocaille
Ĺ’uvre
Réalisations Château de Villarceaux, 1755-1759
Entourage familial
Père Jean Courtonne (1671-1739)
Famille Jacques-François Martin (beau-frère)

Biographie

Fils de l'architecte Jean Courtonne (1671-1739), il obtint le troisième prix de l'Académie royale d'architecture en 1733 et en 1738 (« un arc de triomphe »). Entre-temps, il passa trois ans à Maubeuge auprès de l'ingénieur du roi Roland Le Virloys, directeur des Fortifications du Hainaut. Fort de cette expérience, il travailla à des relevés d'architecture et de décor, notamment pour le compte du peintre Jacques de Lajoüe[3] qui l'avait pris en amitié[4].

Entre 1740 et 1742, sur la recommandation de son beau-frère, le sculpteur Jacques-François Martin, Courtonne fut employé par Jean-Baptiste Charlet du Tillet, marquis de Bussières, pour les travaux de l’hôtel d'Albret, rue des Francs-Bourgeois à Paris, où il succéda à Jean-Baptiste Vautrain, accusé de relâchement et de négligences : il fut notamment chargé de composer les vantaux de la porte cochère. Entre 1755 et 1759, toujours pour la famille du Tillet, alliée aux d'Ormesson, il édifia le château de Villarceaux pour Charles Jean Baptiste du Tillet, marquis de Villarceaux[5].

Architecte du prince de Conti en 1749, en remplacement de Contant d'Ivry, il réalisa pour le prince Louis François de Bourbon-Conti les nouvelles constructions du palais du Temple et transforma en 1757 le château de L'Isle-Adam. En 1761, le prince de Conti constitua six rentes pour régler les sommes dues à son architecte, sans que cette constitution puisse être regardée comme la preuve de la cessation d'activité de Courtonne[6].

RĂ©alisations et principaux projets

  • HĂ´tel d'Albret, no 31 rue des Francs-Bourgeois, Paris (4e arrondissement), 1740-1742 : Dessin des vantaux de la porte cochère[7]. Pour Jean-Baptiste Charlet du Tillet, marquis de Bussières.
  • Château de Villarceaux, Chaussy (Val-d'Oise), 1755-1759 : Construction du château neuf pour Charles Jean Baptiste du Tillet, marquis de Villarceaux. Selon Michel Gallet : « c'est l'un des derniers et des plus beaux Ă©difices de style Louis XV. Une inscription commĂ©morative y indique la date de la construction, 1758, et en nomme l'architecte. »[8]. Vincent Droguet est plus critique : « Le château [...] est placĂ© Ă  mi-pente entre la grande allĂ©e d'entrĂ©e et le parc qui descend jusqu'Ă  l'Ă©tang du vieux manoir. La grille d'entrĂ©e est une pièce de ferronnerie Louis XV ouvrant au milieu d'un saut-de-loup encadrĂ© par deux pavillons dont l'un servait de chapelle et l'autre de logement pour le garde. Le bâtiment principal, isolĂ© dans son environnement vĂ©gĂ©tal, constitue un exemple parfait de grande maison de plaisance, adaptant Ă  la campagne les formes architecturales Ă©laborĂ©es prĂ©cĂ©demment Ă  la ville. La façade du cĂ´tĂ© de l'entrĂ©e est animĂ©e par deux avant-corps latĂ©raux et un avant-corps central reprenant le motif de la rotonde Ă  trois pans, très rĂ©pandu dans la construction privĂ©e depuis la RĂ©gence et dont Courtonne le père fut un des promoteurs. Sur la façade du cĂ´tĂ© du parc, Ă  la rotonde se trouve substituĂ© un avant-corps plat sur lequel se concentre la sculpture dĂ©corative (figure de Pomone au fronton). Cette disposition se rĂ©vèle contraire Ă  la pratique habituelle de l'Ă©poque oĂą l'on disposait gĂ©nĂ©ralement l'avant-corps en rotonde du cĂ´tĂ© des jardins de manière Ă  rĂ©server au grand salon qui l'occupait des vues plus variĂ©es. Le renversement du parti a pour consĂ©quence de souligner la maigreur des proportions de la rotonde d'entrĂ©e, qui nuit Ă  son effet dans la composition, alors que le caractère monumental et presque sĂ©vère de la façade donnant sur les jardins apparaĂ®t plus nettement encore et s'impose comme un trait archaĂŻque dans l'architecture de la dĂ©cennie 1750. Courtonne se rĂ©vèle ici un dessinateur hĂ©sitant, se conformant un peu maladroitement aux poncifs diffusĂ©s par les recueils d'architecture de la première moitiĂ© du siècle et revenant parallèlement Ă  des formules hĂ©ritĂ©es de la fin du règne de Louis XIV qui trahissent peut-ĂŞtre les sĂ©quelles de l'enseignement paternel. Ces Ă©lĂ©ments discordants ne doivent pas faire oublier que Courtonne le jeune fut un architecte prisĂ© dans le Paris des annĂ©es 1740. »[9]
  • Palais du Temple, Paris (3e arrondissement), 1751-1755 (dĂ©truit) : Nouvelles constructions pour le compte du prince de Conti, nommĂ© Grand Prieur de l'Ordre du Temple en 1749. Courtonne construisit la nouvelle aile nord, donnant Ă  l'ouest sur une cour ou jardin fermĂ©, ainsi qu'une longue galerie joignant l'ancien donjon du Temple depuis l'extrĂ©mitĂ© est de l'aile nord[10]. Ces travaux sont documentĂ©s par un ensemble de devis et de marchĂ©s[11], ainsi que par le Procès-verbal des amĂ©liorissements du Grand PrieurĂ© de France faits Ă  la diligence de S.A.S. M. le Prince de Conti, datĂ© de 1756 et 1757[12]. Ce dernier document mentionne un corps de logis joignant l'aile gauche « pour faire des garde-robes, appartements des bains et autres commoditĂ©s qui manquent : ce bâtiment [...] bâti en pierre de taille, composĂ© de plusieurs pièces au rez-de-chaussĂ©e, couvert d'ardoises, entourant en partie une petite cour et jardin particulier » et mentionne comme date supposĂ©e de construction 1751[13]. Le procès-verbal signale Ă©galement une « galerie conduisant aux tours, laquelle est en deux parties [...]. QuarrelĂ©e et plafonnĂ©e, couverte d'ardoises, et garnie de croisĂ©es et portes construite neuve en 1753 et 1755 [...] pour procurer une communication Ă  couvert de l'hĂ´tel prieural aux cinq tours. »[14] Par ailleurs, la cour a Ă©tĂ© repavĂ©e, les appartements du rez-de-chaussĂ©e refaits « presque Ă  neuf », en particulier les trois pièces en enfilade du corps central et les pièces de l'aile nord, dans lesquelles le prince a fait refaire parquets et plafonds et changer les cheminĂ©es. La distribution des Ă©tages a Ă©tĂ© modifiĂ©e, le premier Ă©tant divisĂ© en sept et le second en dix appartements ; leur dĂ©cor a Ă©tĂ© remis Ă  neuf, ainsi que les tuyaux de cheminĂ©e « de fond en comble » et la plus grande partie de la toiture en ardoise. En 1757, le prince dĂ©cida de faire agrandir ses Ă©curies[15]. Courtonne donna Ă©galement les plans d'une maison donnant sur la grande cour du Temple, le long de la rue du Temple, dont la construction fut dĂ©cidĂ©e par le prince dès 1752.
  • Château de L'Isle-Adam, L'Isle-Adam (Oise), 1757-1758 (dĂ©truit) : Pour le compte du prince de Conti, Courtonne rĂ©alisa d'importantes transformations[15] : il habilla la façade sur la cour d'honneur, d'une colonnade d'ordre ionique Ă  colonnes jumelĂ©es, prĂ©cĂ©dĂ©e d'un perron et surmontĂ©e d'une balustrade courant entre les deux pavillons sur toute la longueur de la façade ; du cĂ´tĂ© de la rivière, il crĂ©a un long balcon garni d'une balustrade en fer forgĂ©, reposant sur des supports en fer agrĂ©mentĂ©s de consoles Ă  volutes, courant Ă©galement sur toute la longueur de la façade Ă  une hauteur de 17 pieds, en formant saillie sur les deux avant-corps latĂ©raux et sur l'avant-corps central de la façade. « Par cette colonnade, Courtonne conçoit une vaste ordonnance qui adapte le château Ă  la mode antiquisante. L'aspect sĂ©vère de la façade est accentuĂ©. Son esprit novateur contraste avec la façade sur la rivière dont le balcon en saillie reste encore attachĂ© aux formes rocailles. »[16]. Courtonne construisit Ă©galement un bâtiment souterrain couvert en terrasse au niveau de la cour afin de regrouper les « cuisine, offices, garde-manger et autres commoditĂ©s de la cuisine »[17] en les Ă©loignant des appartements. Il amĂ©liora Ă©galement la distribution du rez-de-chaussĂ©e en crĂ©ant des escaliers en bois assurant la communication entre la salle Ă  manger et la terrasse surplombant la rivière.

Notes

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. Reproduction de l'acte de décès à Angoulême sur Geneanet
  3. Il a notamment relevé les décors réalisés par celui-ci pour le collectionneur Bonnier de La Mosson dans son hôtel de la rue Saint-Dominique. Ces dessins sont conservés à la Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'université de Paris. « Grâce à l'un [de ces dessins], au Muséum national d'histoire naturelle, nous avons pu rétablir dans sa disposition primitive, en 1985, un ensemble d'armoires que Buffon avait acquis au nom du roi après la mort de Bonnier de La Mosson. » (Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 161) V. F. Bourdier, « L'extravagant cabinet de Bonnier de La Mosson », Connaissance des Arts,‎ (ISSN 0010-5988) ; Marianne Roland-Michel (préf. Jacques Thuillier), Lajoüe et l'art rocaille, Neuilly-sur-Seine, Arthena, , 445 p. (ISBN 2-903239-03-7) ; La rue Saint-Dominique : hôtels et amateurs, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, , 223 p. (ISBN 2-905118-00-8).
  4. Il réalisa un double portrait de Courtonne et de son propre fils, exposé au Salon de 1742, no 66 (Michel Gallet, Op. cit., p. 161).
  5. fils de Jean-Baptiste Charlet du Tillet
  6. quatre constitutions de 10 000 livres, une de 10 544 livres et une de 40 000 livres (Arch. nat., M.C.N., XCII 638, ), soit un capital de 90 544 livres correspondant Ă  une rente de 4 528 livres, somme très importante. Les constitutions seront remboursĂ©es le .
  7. Arch. nat., Z1J 738
  8. Michel Gallet, Op. cit., p. 161
  9. Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine. Ile-de-France, Paris, Hachette, , 768 p. (ISBN 2-01-016811-9), p. 719-720
  10. Frédéric Dassas, « Les résidences parisiennes des princes de Conti », in : Les Trésors des princes de Bourbon-Conti, Paris, Somogy, , 168 p. (ISBN 2-85056-398-6), p. 98
  11. Arch. nat., M.C.N., XCII 576, ; XCII, 577,
  12. Arch. nat., S 5573
  13. cité par Frédéric Dassas, Op. cit., p. 98
  14. cité par Frédéric Dassas, Op. cit., p. 98-99
  15. Arch. nat., M.C.N., XCII 611,
  16. Élyne Olivier-Valengin, « Le château des princes de Bourbon-Conti à L'Isle-Adam », in : Les Trésors des princes de Bourbon-Conti, Paris, Somogy, , 168 p. (ISBN 2-85056-398-6), p. 117
  17. Arch. nat., Z1J 1250, cité par Élyne Olivier-Valengin, Op. cit., p. 117

Voir aussi

Sources

  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494 p. (ISBN 2-85620-370-1)
  • Élyne Olivier-Valengin, « Le château des princes de Bourbon-Conti Ă  L'Isle-Adam », in : Les TrĂ©sors des princes de Bourbon-Conti, Paris, Somogy, , 168 p. (ISBN 2-85056-398-6), p. 117

Liens externes

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