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Jacques Laurent (résistant)

Jacques Laurent (né le [1] à Vichy et mort en déportation à Buchenwald le ) est un résistant et un poète français.

Jacques Laurent
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(à 25 ans)
Buchenwald
Nationalité
Formation
Activités

Biographie

Origines

Son père Claudius est un instituteur originaire côté paternel du nord de la France, avec un grand-père mineur, et côté maternel du nord-ouest de l'Allier avec un grand-père bucheron dans la forêt de Tronçais. Grièvement blessé lors de la bataille de la Marne[2] au début de la Première Guerre mondiale, en , Claudius Laurent est amputé d'une main[1]. En 1915, réformé, il reprend son métier d'instituteur, à Vichy. Il milite à l'ARAC, l'Association républicaine des anciens combattants, une organisation de gauche. La mère de Jacques Laurent, Yvonne, née en 1894 à Vendat (commune de la campagne vichyssoise), est la fille de deux instituteurs de Vichy, décrits comme « vrais républicains et défenseurs des travailleurs » et issus de familles paysannes d'Auvergne[3]. Elle suit une scolarité au lycée de jeunes filles de Moulins[3] - [Note 1]. Plus tard, elle devient membre de la section vichyssoise du Comité mondial des femmes et en 1936, elle adhère au Parti communiste[2] (elle n'y avait pas adhéré plus tôt en raison des réticences de son mari qui n'en était pas membre[3]).

Jeunesse

L'immeuble du 51 bis de la rue de la Gare (aujourd'hui avenue du Président-Doumer) à Vichy, où est né Jacques Laurent.

Jacques nait à Vichy, au 51 bis rue de la Gare (aujourd'hui avenue du Président-Doumer) au domicile de ses parents[2]. Il passe son enfance et adolescence dans l'Allier, à Vichy, Cusset et Montluçon[4]. En 1935, il est « adopté par la Nation », par décision du tribunal civil de Cusset[1]. Il adhère à la Fédération du théâtre ouvrier de France (FTOF) et participe à un centre d'aide aux Républicains espagnols[2]. Il devient ami avec Henri Peigue, un apprenti électricien de Vichy mais qui est aussi poète et auteur de nouvelles inspirées par la littérature prolétarienne[2].

Il passe son baccalauréat au lycée de Montluçon[1], puis part à la faculté des lettres de Grenoble, où il commence une licence de philosophie[1] - [4]. Pendant ses études, il devient membre du bureau de l'Union fédérale des étudiants (UFE) et en 1939, responsable de la section locale de l'Union des étudiants communistes (UEC) qui vient d'être créée au niveau national[2].

Seconde Guerre mondiale, résistance et déportation

Il est mobilisé en septembre 1939 et affecté au dépôt d'infanterie no 132 à Clermont-Ferrand. Il est réformé temporairement le [1]. Il reprend alors ses études à Grenoble en [1]. À l'été 1940, délégué des étudiants de l'Isère[1], il est l'un des organisateurs du mouvement patriotique étudiant, qu'il développe à Clermont-Ferrand et à Grenoble[4]. Il aurait participé à la manifestation étudiante et lycéenne à l'Arc de Triomphe à Paris le [2]. Il est arrêté une première fois en mai 1941 à Grenoble, pour distribution de tracts et activités communistes[1]. Jugé le , il est condamné à 14 mois de prison[1] et incarcéré à la prison Montluc à Lyon. Il se marie en prison le avec Anna Semenof[2]. En , sur appel du procureur, il est rejugé une seconde fois et plus lourdement condamné : 2 ans de prison[1]. Il est libéré en juillet 1942[4]. Il s'engage alors au sein du mouvement de résistance Libération-Sud. Il est de nouveau arrêté en septembre 1943 par la Gestapo, dans le train entre Grenoble et Lyon, sa valise pleine de tracts avec un poème anti-fasciste intitulé La Mort en Italie[2] et d'exemplaires du journal Libération[1]. De nouveau interné à Montluc puis à Compiègne, il est déporté au camp de Buchenwald[4] le dans le convoi n° I.161 avec 992 autres détenus[2]. Il est affecté au block 34[5].

Décès

Début 1944, ses gardiens le transférèrent sous une tente, l'isolant du reste du baraquement, pour une maladie considérée « sans gravité ». Selon le registre des décès de Buchenwald, il meurt le à 23h30 de « scarlatine ». Mais l'état civil de Vichy le dit mort le , comme le Journal officiel N° 2 du [2]. C'est aussi la date qui apparait sur sa carte de déporté-résistant établie à titre posthume pour ses ayants droit en [1]. Il avait 25 ans.

Couverture du recueil Quand la mer monte, paru en 1947 et préfacé par Paul Éluard

Poésie

Dans sa poésie, Jacques Laurent évoque les bois, les neiges, les champs, la vie mais surtout la paix des hommes[5]. Elle montre qu'il avait été très marqué par la guerre d'Espagne, la crise de Dantzig et en colère contre les accords de Munich[5].

Jacques Laurent n'aura pas été publié de son vivant. Ses poèmes les plus connus sont rassemblés dans un recueil intitulé Quand la mer monte[Note 2], préfacé par Paul Éluard et publié en 1947. Ces poèmes furent écrits au moment de son engagement à Libération-Sud[4]. Jacques Laurent en écrivit également à Buchenwald[4] mais ils furent perdus[2].

L'ouvrage fit l'objet d'une critique très positive en 1949 dans Les Lettres françaises, revue littéraire proche du Parti communiste (« Ce jeune poète que nous avons déjà perdu à l'heure où nous le découvrons, est désormais inoubliable. »)

En , la revue Europe publia quelques uns de ses poèmes écrits entre 1939 et 1943, là encore préfacés par Paul Éluard qui considérait que Jacques Laurent avait les qualités d'un grand poète[2].

Distinctions

Notes

  1. Yvonne Laurent fut pensionnaire pendant 6 ans au lycée de jeunes filles de Moulins et y obtint le brevet élémentaire et le diplôme de fin d'études secondaires. Ce lycée pour filles ne préparait pas au baccalauréat. Les différentes sources biographiques sur Yvonne Laurent ne précisent pas sa date de décès mais l'exemplaire de Quand la mère monte, le recueil de poèmes de son fils, consultable à la médiathèque de Vichy porte une dédicace d'Yvonne Laurent datée de 1990.
  2. L'ouvrage s'ouvre sur une préface de Paul Éluard datée du 11 février 1947 et compte 19 poèmes. Le recueil n'a pas été publié par une maison d'édition (aucune mention sur l'ouvrage, seule figure la mention « Imprimerie Centrale Commerciale, 13 rue de la Grange-Batelière, Paris (IXe) - Jacques LONDON, Imprimeur »). Jacques London (1910-2011), qui avait repris l'Imprimerie centrale parisienne en 1935, est un ancien résistant avec Pierre Villon et avait été déporté à Auschwitz. Après guerre, il avait imprimé de nombreux ouvrages d'art mais également de nombreuses publications communistes.
  3. Le formulaire d'attribution de la Légion d'honneur figurant sur la base Léonore établie en décembre 1958 indique comme adresse le 10 bis rue Antoine Jardet, à Vichy mais sans indiquer si cela correspond à la dernière adresse de Jacques Laurent, à l'adresse de sa mère ou d'un autre membre de sa famille. Elle est située à proximité immédiate du 51, bis de la rue de la Gare (actuellement avenue du Président-Wilson) où le poète était né.
  4. L'école primaire Jacques-Laurent se trouve dans le quartier des Garrets, au 5 rue des Saules, dans le sud de Vichy (46° 07′ 04,3″ N, 3° 26′ 30,3″ E). Un collège en Vendée, à La Mothe-Achard, porte également le nom de Jacques Laurent mais il s'agit d'un homonyme, ce collège étant nommé en mémoire d'un entrepreneur local.

Références

  1. "Jacques Laurent" sur le site des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier (Afmd).
  2. "notice LAURENT Jacques" par Nathalie Viet-Depaule et Éric Panthou, sur Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, le 24 novembre 2010 (dernière modification le 17 février 2018).
  3. "notice LAURENT Yvonne" par René Lemarquis et Claude Pennetier, sur Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, le 24 novembre 2010 (dernière modification le 11 mai 2011).
  4. Jean Débordes, Vichy au fil de ses rues, Thionne, éditions du Signe, , 301 p., « Groupe scolaire Jacques Laurent », p. 262
  5. André Sérézat, Et les Bourbonnais se levèrent : Témoignage et contribution à l'histoire de la Résistance dans l'Allier, Saint-Just-près-Brioude, éditions Créer, , 3e éd., 384 p. (lire en ligne)
  6. « Cote 19800035/621/71053 », base Léonore, ministère français de la Culture
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