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Jacques-Eugène Defranoux

Jacques-Eugène Defranoux, né le à Sarreguemines et mort le à Épinal, est un professeur de latin et de lettres classiques au collège d'Épinal puis inspecteur des contributions indirectes, par ailleurs dans le milieu savant des sociétés d'émulation, géologue, pédagogue et agronome, spécialiste de l'élevage, de l'horticulture et de la viticulture, français[1].

Jacques-Eugène Defranoux
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  80 ans)
Épinal
Nationalité
Activité
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Membre de

Par son engagement, il est un précurseur de la défense du monde animal, injustement maltraité dans le monde du travail de plus en plus productiviste de son siècle. Il figure ainsi parmi les membres de la SPA[2]. Selon Marie-José Laperche-Fournel, J.E Defranoux fait partie des écrivains, statisticiens ou savants locaux, qui ont changé durablement et irréversiblement la perception des Vosges au cours du XIXe siècle, à l'instar de Charles Charton, l’abbé Jacquel, J.-B. Jacquot ou Louis Jouve..., rejoignant le géologue Henri Hogard et la cohorte des naturalistes vosgiens Fr. Kirschleger, Jean-Baptiste Mougeot, Xavier Thiriat, admettant l'entomologiste H. de Peyerimhoff, suivie de celle des artistes et écrivains voyageurs ou locaux parmi lesquelles E.-F. Imlin, J. Rothmuller, Théophile Gautier, J.-F. Pellet, E. de Bazelaire, A. Montémont pour ne citer que quelques noms[3].

Biographie

Né le 16 germinal an XI, mais déclaré le jour suivant, Jacque Eugène (sic) est le second fils d'un militaire natif de Rochesson, Jean-Baptiste Defranoux et de Marie-Magdeleine Girouard[4]. Le capitaine à la retraite s'installe à Épinal, avec sa femme et ses deux fils, Jules et Eugène[5]. Jacques-Eugène fréquente le collège d'Épinal et se destine à l'enseignement alors que son frère, formé en partie à Strasbourg, choisit de passer le concours pour devenir fonctionnaire des impôts indirectes. Régent du collège municipal de Mirecourt en 1821, le jeune pédagogue se révèle déjà pour ses élèves en rédigeant l'esquisse de son opus Les éléments synoptiques de la grammaire latine qu'il ne publiera que dix années plus tard, sous une forme achevée en 1832.

Lorsque son frère Alexandre Jules, surnuméraire de l'administration des impôts indirectes à Épinal, âgé de 24 ans, épouse le 16 janvier 1823 la jeune orpheline Amélie Pauline Guéry, fille du défunt Nicolas Guéry, de son vivant receveur municipal de la ville, le capitaine pensionné Defranoux, chevalier de l'ordre royal de la légion d'honneur n'est plus, décédé six mois auparavant le 8 juillet 1822 à l'âge de 53 ans[6]. Sa mère Magdeleine Girouard, veuve réside désormais seule à Épinal[7].

Le jeune professeur de collège est admis en tant que jeune membre à la SEV en 1828. Il se fait d'abord connaître comme un excellent latiniste au sein de la commission littéraire. Ne résidant pas toujours à Épinal, son nom rejoint évidemment plus tard la liste des membres correspondants (en dehors du département) ou plus souvent associés libres[8]. Il découvre avec les commissions de la SEV, dirigés par quelques anciens de deux associations fusionnées, une approche méticuleuse du monde environnant, s'intéressant au monde sylvo-agro-pastoral ainsi qu'à la science, représentée par les disciplines phares des mathématiques et de la cartographie, de la chimie et de la géologie, l'horticulture et à la pédologie.

Le savant professeur déprime, accaparé par ces tâches pédagogiques, répétitives, pénibles et ingrates comme le rappelle son ami Collot à ses obsèques, et n'a que peu de loisirs au début des années trente, en dehors de son engagement dans la société savante vosgienne. Il décide de changer de profession, optant pour l'administration des contributions indirectes, qui lui permet de mieux gérer son temps de vie après 1831[9]. Cet amoureux des paysages ruraux n'est pas déçu de commencer en bas de l'échelle : il est d'abord commis à cheval dans les Vosges, comme l'atteste la liste des membres associés libres de la SEV. Le chercheur polyvalent s'essaie à la statistique en étudiant la contrée qu'il hante à cheval, selon lui, enchanteresse, préservée de la civilisation destructrice et urbaine, le canton de Gérardmer. En 1836, commis à cheval pour le service fiscal, il réside officiellement à Épinal et il rejoint le groupe des membres titulaires de la SEV. Il épouse à Épinal la fille mineure d'un négociant, Catherine Foinant le 28 mars 1837[10]. En 1839, il est receveur des contributions indirectes à Senones, puis après une nouvelle promotion, contrôleur des contributions indirectes à Saint-Dié en 1844 et 1845[11]. En 1846, il est muté loin des Vosges, probablement directement dans l'Aude, pour accéder à un poste supérieur. En 1850, après quelques années d'oubli, il cotise à sa chère société en tant qu'inspecteur des contributions indirectes à Carcassonne. De 1851 à 1853 inclus, l'inspecteur Defranoux est nommé à Épinal, et il est à nouveau membre titulaire résident de la SEV. Sa fraîche expérience enthousiaste d'employé du fisc dans le contrôle du négoce du vin - les Vosges sont encore une contrée viticole importante, mais il possède désormais une expérience méridionale - lui a fait entreprendre deux ouvrages pratiques, le premier sur la manière de jauger cuves et tonneaux et le second, sur la distillation, parus en 1852. Un troisième ouvrage de même facture technique et à usage fiscal sur le monde de la brasserie, par ailleurs en croissance rapide, est publié l'année suivante[12].

La reconnaissance pour ces études techniques et pratiques, approfondies, lui vaut d'être muté en 1854 comme chef des contributions indirectes de l'arrondissement de Lons-Le-Saunier dans le Jura[13]. Il garde ses préoccupations agricoles en devenant bibliothécaire bénévole du comice agricole. Il s'investit aussi dans la société savante sœur de celle de son département de naissance, la Société d'émulation du Jura : après une période de probation, il est admis comme membre titulaire ou résident en 1855, avant d'en être son président de 1857 à 1860. Cinq années intenses pour la recherche jurassienne, car il refonde et organise la vénérable assemblée avec de jeunes membres jurassiens, observe les pratiques agricoles, collecte des roches de l'époque jurassique, rédige des articles dans l'esprit des vénérables anciens de la SEV.

Mis à la retraite en 1860 avec le rétrograde d'inspecteur des contribution, Eugène et son épouse retrouvent leur ville et Vosges natales, où il récapitule en livre les acquis d'un journal agricole intitulée "La ferme" qu'il avait lancé quelques années avant son départ. Mais il ne quitte nullement en pensée le Jura, en restant membre correspondant de la SEJ jusqu'en 1880. Il confie au grand musée de Metz, plus vaste que celui d'Épinal, ses collections jurassiennes personnelles, notamment d'échantillons de roches et de fossiles, parmi les plus complètes sur l'ère jurassique. Il reprend ses activités des premières années à la SEV, siégeant à la commission artistique et littéraire. Il est à la fin des années 1870 le doyen de la société et rédige chaque année ce rapport d'activité[14].

Notons que Jacques-Eugène Defranoux, considéré par son lieu de naissance comme un alsacien-lorrain ou un citoyen d'Alsace-Lorraine annexée, doit opter pour ne pas mettre en suspense sa nationalité française et obtenir ipso facto la nationalité allemande, ce qu'il fait le 4 juillet 1872 à Épinal[15].

A l'âge de 80 ans et quatre mois, il trépasse à neuf heures du soir le 16 août, alité à son domicile spinalien rue des Petites Boucheries au côté de son épouse Catherine Foinand (sic), âgée de 67 ans[16].

Ses obsèques le 19 aout 1883 attirent une foule de parents et d'amis spinaliens. Son ami Collot, à côté de la veuve du défunt, prononce un discours sur cet homme droit et franc, intelligent et sensible à la misère humaine et animale, lors de l'inhumation qui suit[17].

Travaux et publications

  • ElĂ©ments synoptiques de grammaire latine, 1832, 44 pages (en ligne sur gallica.fr et rĂ©Ă©ditĂ© par Hachette BNF en juillet 2018)
  • PrĂ©cis historique et topographique sur le canton de GĂ©rardmer, Annales de la SEV, 1832.
  • Le sauveur et le guide du jaugeur des vaisseaux ou RĂ©volution dans la manière de cuber les cuves, citernes..., 1852.
  • Le vade-mecum du distillateur et de l'employĂ© du fisc dans la pesĂ©e et le mouillage des spiritueux, 1852.
  • Guide de la surveillance en matière de fabrication des bières de toute espèce Ă  l'usage des employĂ©s des contributions, 1853.
  • (Au sein de la sociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du Jura en collaboration avec Frère OgĂ©rien et Jacques Bonjour), MĂ©moire sur la dĂ©couverte de la craie supĂ©rieure Ă  silex dans le dĂ©partement du Jura, Journal SEJ, 1858.
  • Ecole prĂ©paratoire du laboureur Ă  l'usage de tous les âges, de toutes les professions et de toutes les classes, Lons, E. Journet-Mynier, 1859, 189 p.(en ligne sur gallica)
  • (Ibidem avec plusieurs gĂ©ologues), DĂ©couvertes et observations faites de 1855 Ă  1858 inclus, dans l'arrondissement gĂ©ologique de Lons-le-Saunier (Jura), imprimerie C. Decker, 1859. en liaison avec l'article sur la dĂ©couverte des arkoses Ă  Mantry et Sellières (Jura), Revue d'Alsace, 1859
  • PrĂ©dications agricoles destinĂ©es Ă  guider les instituteurs, Paris, Humbert, 1861, en 4 volumes. (en ligne sur gallica ou rĂ©Ă©ditĂ©es en quatre volumes grand format par Hachette BNF en septembre 2020)
  • La ferme, journal agricole et horticole, 1861.
  • Le petit livre du lavoir ou Ecole de morale et de savoir-vivre des fils de l'ouvrier soit de la terre soit de ..., 1862.
  • L'agriculture des enfants des Ă©coles primaires, Paris, Humbert, 1862, 47 p. (en ligne sur gallica ou rĂ©Ă©ditĂ© par Hachette BNF en septembre 2020)
  • Le petit "La Bruyère", ou la Science du monde mise Ă  la portĂ©e des intelligences les moins cultivĂ©es, Paris, Humbert, 1864
  • L'Agronome de cabinet, portrait du plus grand homme du temps (NapolĂ©on III), dessinĂ©... devant la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation des Vosges, Ă  l'occasion du concours rĂ©gional d'Épinal, Paris, Imprimerie F. Humbert, 1864.
  • (En collaboration avec M. Lervat), Aux vignerons ! ProcĂ©dĂ©s surprenants de propagation et de plantation de la vigne, Paris, F. Humbert, 1864, 93 p. (en ligne sur gallica)
  • Ecole prĂ©paratoire du vigneron et de l'horticulteur en ce qui concerne ... la vigne, Niort, Favre, 1872, 79 p. (en ligne sur gallica)
  • ElĂ©ments d'Ă©conomie sociale, 1877.
  • PrĂ©ceptes de morale, Ă  l'usage de toutes les conditions et de tous les âges, imprimerie V. Collot, 1877.
  • L'École du monde, d'après La Fontaine et sous forme de donnĂ©es dĂ©tachĂ©es, imprimerie V. Collot, 1878.(Son engagement pour la protection des animaux)

Références

  1. Sa date de naissance est bien le 5 avril ou 16 germinal selon le tableau de correspondance du calendrier républicain vers la calendrier grégorien. Lire infra pour le détail. Les dates de sa vie sont conformes à la fiche du CTHS, infra en lien extérieur ou celle de Benjamin Cunin, opus cité.
  2. Benjamin Cunin, opus cité. Il en reçoit la médaille vermeil et une médaille pour ses contributions à l'éducation populaire
  3. Marie-José Laperche-Fournel, opus cité
  4. Etat civil de Sarreguemines en Moselle, Table décennales 9NUM/8E634/1 an XI-1882. Son frère aîné Alexandre Jules est né le 9 ventôse an VII à Paris, département de la Seine. Jean-Baptiste Defranoux est le fils d'un couple de cultivateurs à Rochesson, Jean-Baptiste Defranoux, son père, et Anne-Marie Viry, sa mère.
  5. Le premier prénom n'est pas usuel de manière familière. Les deux prévalent à l'écrit officiel ou sur la signature.
  6. Archives d'Épinal, Acte de mariage n°2, 1823. La table décennale concernant ce mariage est erronée. Amélie Pauline, née le 8 pluviôse an XI, a perdu son père en 1815 et sa mère Magdeleine Couraux en 1819 ; elle est de la même génération que Jacques Eugène, son petit amoureux pendant sa jeunesse. Ses grands parent paternels, représentés par la veuve rentière Catherine Guéry née Phulpin, étaient propriétaires à Padoux, alors que la branche maternelle Couraux, disparue, était propriétaire à Épinal. Deux frères trentenaires, respectivement juge d'instruction et brasseur, de l'épouse figurent parmi les quatre témoins spinaliens, dont un joaillier et un agent du fisc résident à Épinal.
  7. Elle quitte Épinal dans les années qui suivent car elle décède à Pierre le 14 juillet 1829. Données du mariage de Jacques-Eugène cité plus bas.
  8. De 1846 à 1849, aucune liste de membres de la SEV ne le mentionne, car devenu agent du fisc, il a été muté au loin.
  9. Son frère a commencé une carrière prometteuse dans cette administration, qu'il a alors poursuivie dans la Creuse, à Guéret en 1854.
  10. Acte de mariage n°15 de l'année 1837 à Épinal. Archives des Vosges. Il s'agit du vieux couple spinalien, Jean-Joseph Foinant et Marguerite Petot, respectivement 60 et 59 ans, qui s'empresse de marier leur fille cadette, née le 23 mai 1816 à Épinal.
  11. Il est alors membre associé libre à la SEV. La société émet souvent des récriminations envers ceux-ci, les accusant de participer trop faiblement aux travaux collectifs de la société et de ne profiter que du renom des membres actifs.
  12. La fiche du CTHS le fait figurer dans sa bibliographie.
  13. Ses anciens collègues de la SEV, mécontents de son absence entre 1846 et 1849, décide de lui retirer le statut d'associé libre en 1855, pour ne lui accorder que celui de membre correspondant, de plus, oubliant sa participation précoce, il mentionne son entrée dans la société qu'à partir de 1836. Table récapitulative des membres des premières décennies de la SEV, Annales SEV, 1854, p. 144-160, en particulier p. 147.
  14. Comptes rendus des Annales, en début de volume.
  15. Régistre des optants à Épinal, 1872
  16. Acte de décès de l'année 1883, N°322, archives d'Épinal, rédigé le lendemain matin en présence d'André Haffner, 55 ans, marchand tanneur et Charles Gérardgeorges, 49 ans, marchand de fers, tous deux témoins et cousins sous germains du défunt. Le nom de son épouse est bien Catherine Foinant. Le couple marié le 28 mars 1837 n'aurait eu qu'un fils, Eugène-Jules Defranoux (1838-1850) décédé à 12 ans.
  17. Gérard Gley et le secrétaire de séance Douliot, opus cité.

Bibliographie

  • Annales de la SociĂ©tĂ© d'Emulation du dĂ©partement des Vosges, en particulier les diverses listes de membres en fin de volume.
  • GĂ©rard Gley, NĂ©crologie de J-E Defranoux, en particulier transcrit er rĂ©digĂ© par le secrĂ©taire Douliot, dans la SĂ©ance du 20 septembre 1883, Annales de la sociĂ©tĂ© d'Ă©mulation des Vosges 1884. p. 32-37 incluant le discours de Collot.
  • GĂ©rard Gley, Biographie de J-E Defranoux, 1884.
  • Benjamin Cunin, « Jacques-Eugène Defranoux (1803-1883) », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, 320 pages, en particulier p. 112.
  • Procès-verbaux des sĂ©ances de la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du Jura (1855-1881)
  • Marie-JosĂ© Laperche-Fournel, La reprĂ©sentation du massif vosgien (1670-1870) : Entre rĂ©alitĂ© et imaginaire, Paris : L’Harmattan, 2013, 249 p.

Voir aussi

Liens externes

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