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Intégrale de Daniell

En mathĂ©matiques, l'intĂ©grale de Daniell est un type d'intĂ©gration qui gĂ©nĂ©ralise le concept plus Ă©lĂ©mentaire de l'intĂ©grale de Riemann qui est gĂ©nĂ©ralement la premiĂšre enseignĂ©e. Une des principales difficultĂ©s de la formulation traditionnelle de l'intĂ©grale de Lebesgue est qu'elle nĂ©cessite le dĂ©veloppement prĂ©alable de la thĂ©orie de la mesure avant d'obtenir les principaux rĂ©sultats de cette intĂ©grale. Cependant, une autre approche est possible, qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par Percy John Daniell dans un article de 1918[1] qui ne prĂ©sente pas cette difficultĂ©, et a des avantages rĂ©els par rapport Ă  la formulation traditionnelle, en particulier lorsque l'on veut gĂ©nĂ©raliser l'intĂ©grale aux espaces de dimension supĂ©rieure ou bien lorsqu'on veut introduire d'autres gĂ©nĂ©ralisations telles que l'intĂ©grale de Riemann–Stieltjes. L'idĂ©e de base introduit une axiomatisation de l'intĂ©grale.

Axiomes de Daniell

On commence par choisir un ensemble de fonctions réelles bornées (appelées fonctions élémentaires) définies sur un ensemble , qui satisfait les deux axiomes:

  1. est un espace vectoriel pour les opérations usuelles de l'addition et de la multiplication par un scalaire.
  2. Si une fonction est dans , alors sa valeur absolue l’est Ă©galement.

En plus, à chaque fonction h dans H est assigné un nombre réel , qui est appelé l'intégrale élémentaire de h, satisfaisant les trois axiomes:

  1. Linéarité. Si h et k sont tous deux dans H, et et sont deux nombres réels quelconques, alors .
  2. Positivité. Si , alors .
  3. Continuité. Si est une suite décroissante au sens large (i.e. ) de fonctions dans qui converge vers 0 pour tout dans , alors .

Ainsi, nous définissons une forme linéaire continue positive sur l'espace des fonctions élémentaires.

Ces fonctions Ă©lĂ©mentaires et leurs intĂ©grales Ă©lĂ©mentaires peuvent ĂȘtre n'importe quel ensemble de fonctions et de dĂ©finitions des intĂ©grales pour ces fonctions qui satisfont ces axiomes. La famille de toutes les fonctions en escalier satisfait Ă©videmment les deux premiers axiomes. Si on dĂ©finit l'intĂ©grale Ă©lĂ©mentaire pour la famille des fonctions en escalier comme l'aire (orientĂ©e) du domaine dĂ©fini par la fonction en escalier, les trois axiomes pour une intĂ©grale Ă©lĂ©mentaire sont satisfaits eux aussi. Si on applique la construction de l'intĂ©grale de Daniell dĂ©crite ci-dessous en utilisant les fonctions en escalier comme fonctions Ă©lĂ©mentaires, on dĂ©finit une intĂ©grale Ă©quivalente Ă  l'intĂ©grale de Lebesgue. Si est un espace topologique et si on utilise la famille de toutes les fonctions continues comme fonctions Ă©lĂ©mentaires et la traditionnelle intĂ©grale de Riemann comme intĂ©grale Ă©lĂ©mentaire, alors cela conduit Ă  une intĂ©grale qui est encore Ă©quivalente Ă  la dĂ©finition de Lebesgue. Si l'on fait la mĂȘme chose, mais en utilisant l'intĂ©grale de Riemann–Stieltjes, avec une fonction appropriĂ©e Ă  variation bornĂ©e, on obtient une dĂ©finition de l'intĂ©grale Ă©quivalente Ă  celle de Lebesgue–Stieltjes.

Les ensembles nĂ©gligeables (i.e. de mesure nulle) peuvent ĂȘtre dĂ©finis en termes de fonctions Ă©lĂ©mentaires comme suit. Un ensemble qui est un sous-ensemble de est un ensemble nĂ©gligeable si pour tout , il existe une suite croissante de fonctions Ă©lĂ©mentaires positives dans H telle que et sur .

On dit qu'une propriété est vraie presque partout si elle est vraie partout sur sauf sur un ensemble négligeable.

Définition de l'intégrale de Daniell

Nous pouvons étendre la notion d'intégrale à une classe de fonctions plus large, basée sur notre choix de fonctions élémentaires, la classe , qui est la famille de toutes les fonctions qui sont limites presque partout d'une suite croissante de fonctions élémentaires, telles que l'ensemble des intégrales est bornée. L'intégrale d'une fonction dans est définie par :

On peut montrer que cette définition de l'intégrale est bien définie, i.e. qu'elle ne dépend pas du choix de la suite .

Cependant, la classe est en gĂ©nĂ©ral non fermĂ©e pour la soustraction et la multiplication par les nombres nĂ©gatifs, mais nous pouvons l'Ă©tendre en dĂ©finissant une classe plus large de fonctions telle que toute fonction puisse ĂȘtre presque partout reprĂ©sentĂ©e comme la diffĂ©rence , par des fonctions et dans la classe . Alors l'intĂ©grale d'une fonction peut ĂȘtre dĂ©finie par :

Là encore, on peut montrer que l'intégrale est bien définie, i.e. qu'elle ne dépend pas de la décomposition de en et . Cela termine la construction de l'intégrale de Daniell.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Daniell integral » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Percy John Daniell, « A general form of integral », Annals of Mathematics, vol. 19,‎ , p. 279–94

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Percy John Daniell, « Integrals in an infinite number of dimensions », Annals of Mathematics, vol. 20,‎ , p. 281–88
  • (en) Percy John Daniell, « Functions of limited variation in an infinite number of dimensions », Annals of Mathematics, vol. 21,‎ , p. 30–38
  • (en) Percy John Daniell, « Further properties of the general integral », Annals of Mathematics, vol. 21,‎ , p. 203–20
  • (en) Percy John Daniell, « Integral products and probability », Amer. J. Math., vol. 43,‎ , p. 143–62
  • (en) H. L. Royden, Real Analysis, Prentice Hall, , 3e Ă©d., 444 p. (ISBN 978-0-02-946620-9)
  • (en) G. E Shilov et B. L. Gurevich (trad. Richard A. Silverman), Integral, Measure, and Derivative : A Unified Approach, Dover Publications, , 233 p. (ISBN 978-0-486-63519-4, lire en ligne)
  • (en) Edgar Asplund et Lutz Bungart, A first course in Integration, Holt, Rinehart and Winston, (ISBN 978-0-03-053145-3)
  • (en) Angus Ellis Taylor, General Theory of Functions and Integration, Courier Dover Publications, , 437 p. (ISBN 978-0-486-64988-7, lire en ligne)
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