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Initiative populaire en Suisse

En Suisse, l’initiative populaire est un droit qui permet à un nombre donné de citoyens de proposer qu'un texte soit soumis en votation populaire. Ces personnes doivent avoir le droit de vote.

Ce droit existe aux trois niveaux politiques suisses : au niveau fédéral pour proposer une modification de la Constitution, et selon aux niveaux cantonal et communal pour modifier la Constitution cantonale, proposer la modification d'une loi existante ou la création d'une nouvelle loi. La possibilité de modifier directement la législation fédérale et non seulement la Constitution a été proposée à plusieurs reprises (dont une fois sous la forme d'une initiative populaire en 1958) mais toujours sans succès[1].

Niveau fédéral

Initiative populaire tendant à la révision de la Constitution

La première forme d'initiative populaire fédérale réside dans la demande d'une révision totale de la Constitution. Les demandes de ce type, dont une seule est arrivée devant le peuple en 1935, n'ont généralement pas obtenu le nombre nécessaire de signatures pour être soumises en votation[2].

Il est Ă©galement possible de soumettre une initiative pour une modification partielle de la Constitution. Ce type d'initiatives populaires doit suivre un processus bien dĂ©fini : après une pĂ©riode de 18 mois pendant lesquels 100 000 signatures doivent ĂŞtre rĂ©coltĂ©es, l'initiative est dĂ©posĂ©e Ă  la Chancellerie fĂ©dĂ©rale qui la valide. L'AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale Ă©tudie ensuite le texte et dĂ©cide de son annulation dans le cas oĂą elle ne suivrait pas « principe de l’unitĂ© de la forme, celui de l’unitĂ© de la matière ou les règles impĂ©ratives du droit international ». L'AssemblĂ©e peut Ă©galement dĂ©cider de proposer un contre-projet tout en Ă©mettant une recommandation d'acceptation ou de rejet. L'initiative est acceptĂ©e si elle obtient la majoritĂ© des votants (dans le cas d'un projet gĂ©nĂ©ral) ou la majoritĂ© des votants et des cantons (dans le cas d'un projet rĂ©digĂ©)[3].

En 1987 a été introduite la possibilité du double oui. Ainsi tant l’initiative populaire que le contre-projet que l'Assemblée fédérale oppose à celle-ci peuvent être acceptés. C'est la réponse donnée à la question subsidiaire qui emporte la décision[4].

Introduit au niveau fĂ©dĂ©ral dans la Constitution de 1848[2], ce droit est considĂ©rĂ© comme le moteur de la dĂ©mocratie directe car il n’émane ni du Parlement ni du Gouvernement mais directement des citoyens. Le recours Ă  l'initiative populaire s'est fait Ă  plus de 200 reprises au cours des XIXe et XXe siècles. De 1892 Ă  2018, sur 215 votations de ce type, 22 ont obtenu l'approbation du peuple, soit un peu plus de 10 % de rĂ©ussite[5].

Initiative populaire générale

De 2003 Ă  2010, une initiative populaire gĂ©nĂ©rale est inscrite dans la Constitution fĂ©dĂ©rale et permet Ă  100 000 citoyens de rĂ©clamer une nouvelle lĂ©gislation, le Parlement dĂ©cidant s'il faut modifier la constitution ou agir au niveau de la loi, avec Ă  chaque fois la possibilitĂ© d'opposer un contre-projet de mĂŞme rang. Cette initiative est supprimĂ©e par votation en 2010, Ă  67,9 %, alors qu'elle n'avait encore jamais Ă©tĂ© utilisĂ©e. Selon la Radio tĂ©lĂ©vision suisse, « le Parlement a finalement jugĂ© trop compliquĂ©e la procĂ©dure Ă  appliquer concrètement. Le bicamĂ©ralisme, la possibilitĂ© d'opposer un contre-projet, les diffĂ©rentes majoritĂ©s (peuple, cantons) Ă  obtenir en votation populaire et l'instauration d'un recours au TF [Tribunal fĂ©dĂ©ral] ont Ă©tĂ© vus par le Parlement comme autant d'obstacles insurmontables »[6].

Initiative populaire dans les cantons

L'initiative populaire dans les cantons permet de demander une modification de la loi. Mais tous les cantons n'ont pas les mêmes conditions pour lancer cette initiative. Par exemple dans le canton de Vaud, il faut avoir un projet ou une modification pertinente pour pouvoir le proposer au Conseil d'État pour la validation ou non[7].

Le délai de récolte et le nombre de signatures requis varient selon le canton. Dans les cantons de Glaris et d'Appenzell Rhodes-Intérieures, une seule personne peut lancer une initiative ; dans le canton de Zurich, il faut réunir les signatures d'au moins 1 % des personnes ayant le droit de vote dans le canton, contre 3 % dans celui du Jura et 3 % de la population citoyenne dans celui de Genève[8].

Notes et références

  1. Michel Hottelier, « Suisse : réforme des droits populaires de rang fédéral », Revue Française de Droit Constitutionnel, Presses Universitaires de France, no 55,‎ , p. 660 (ISBN 2-1305-4179-8, ISSN 1151-2385, lire en ligne).
  2. Bernard Degen, « Initiative populaire » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  3. Constitution fédérale de la Confédération suisse, RS 101, art. 139..
  4. « Initiatives populaires », sur Confédération suisse (consulté le )
  5. Romaric Godin, « Comment fonctionne la démocratie directe suisse », sur Mediapart, (consulté le ).
  6. « L'initiative populaire générale a été enterrée », sur rts.ch, (consulté le ).
  7. « initiative populaire dans les cantons », sur site officiel de l'état de Vaud (consulté le )
  8. « L'inégalité cantonale des initiatives populaires », sur rts.ch, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Daniel Delley, L'initiative populaire en Suisse: mythe et rĂ©alitĂ© de la dĂ©mocratie directe, Lausanne, L'Age d'homme,
  • Étienne Grisel, Initiative et rĂ©fĂ©rendum populaires, traitĂ© de la dĂ©mocratie semi-directe en droit suisse, Stämpfli Verlag, (ISBN 978-3-7272-9488-4)
  • Fabio Pontiggia, RĂ©former ou non la dĂ©mocratie directe en Suisse? : l'initiative [i.e. initiative] populaire entre us et abus, Bienne, Éditions Libertas,
  • Collectif, L'initiative populaire : une centenaire bien vivante, Berne, Chancellerie fĂ©dĂ©rale,
  • Philippe Rouquet, De l'initiative populaire en Suisse fĂ©dĂ©rale, Lille, Atelier national de reproduction des thèses de l'UniversitĂ© de Lille III, (ISSN 0294-1767)
  • Jean Darbellay, « Suisse : L'initiative populaire et les limites de la rĂ©vision constitutionnelle », Revue du droit public et de la science politique en France et Ă  l'Ă©tranger, Paris, Pichon et Durand-Auzias, vol. 8,‎ , p. 714-744
  • Louis Dupraz, « De l'initiative en rĂ©vision de la constitution dans les États suisses, en particulier de l'initiative populaire », Actes de la sociĂ©tĂ© suisse des juristes, Bâle, Helbing & Lichtenhahn, vol. 2,‎ , p. 264-590

Articles connexes

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