Accueil🇫🇷Chercher

Incident de Jisi

L' Incident de Jisi (己巳之變) est un affrontement entre les Jurchens de la dynastie des Jin postérieurs et les chinois de la dynastie Ming. Il porte ce nom car il a lieu en 1629, une année "Jisi" d'après le Cycle sexagésimal chinois.

Incident de Jisi
Informations générales
Date hivers 1629 - été 1630
Lieu Hebei, Chine
Issue victoire de la Dynastie des Jin postérieurs
Commandants
Huang TaijiYuán Chónghuàn
Man Gui†
Zu Dashou
Liu Zhilun†
Zhao Shuaijiao†
Hou Shilu
Ma Shilong
Forces en présence
inconnuesinconnues
Pertes
inconnuesinconnues

Transition des Ming aux Qing

Batailles

Unification des Jürchens - Fushun - Qinghe - Sarhu - Kaiyuan - Tieling - Xicheng - Shen-Liao - Zhenjiang - She-An - Guangning - Ningyuan - Corée (1627) - Ning-Jin - Jisi - Dalinghe - Wuqiao - Lüshun - Corée (1636) - Song-Jin - Révoltes paysannes - Pékin - Shanhai

Au cours de l'hiver 1629,Huang Taiji contourne les défenses nord-est des Ming en franchissant la Grande Muraille de Chine à l'ouest de la passe de Shanhai et atteint la périphérie de Pékin avant d'être repoussé par des renforts en provenance de la passe de Shanhai. Les Jin postérieurs ont obtenu de grandes quantités de matériel de guerre en pillant la région autour de Pékin. C'est la première fois que les Jurchen franchissent la Grande Muraille et pénètrent dans la Chine historique depuis le début de leur soulèvement contre les Ming[1] .

Situation avant le début du conflit

Le , Nurhachi, le Khan des Jin postérieurs, entre ouvertement en rébellion contre la dynastie Ming, dont il était théoriquement le vassal, en proclamant ses Sept Grandes Causes d'irritation, qui sont autant de raisons de rejeter la tutelle Ming sur la Mandchourie.

Ayant préparé sa révolte de longue date, Nurhachi enchaîne les victoires contre les troupes chinoises et vainc les troupes des Ming lors des batailles de Fushun, Qinghe, Sarhu, Kaiyuan et Tieling. Après avoir mis au pas le clan Yihe, ses derniers rivaux au sein du peuple Jürchen, en s'emparant de Xicheng, leur capitale, il parachève sa conquête du Liaodong en s'emparant de nombreuses villes et en détruisant plusieurs armées Ming lors de la Bataille de Shen-Liao. Après sa victoire, il transfère sa capitale à Liaoyang, l'ancien siège du pouvoir Ming au Liaodong.

Même si, pendant un bref laps de temps, le général Mao Wenlong réussit à s'emparer du Fort Zhenjiang, situé sur les côtes du Liaodong, les Ming n'arrivent pas à véritablement contre-attaquer et reprendre le contrôle des territoires qu'ils ont perdus.

Durant l'automne 1621,une importante rébellion de différentes ethnies non-Han éclate dans les provinces du Sichuan et de Guizhou, ce qui plonge les Ming dans une crise majeure et mobilise une partie non négligeable des ressources militaires de la dynastie au détriment de la défense du nord-est du pays. Le Khan des Jin profite de cet affaiblissement pour s'emparer de la ville de Guangning en 1622 et de la ville portuaire de Lüshun en 1625. Cette série de victoires prend fin en 1626, lorsque le Khan est gravement blessé lors de la défaite des Jin à l'issue de la Bataille de Ningyuan. Il meurt huit mois plus tard. Son fils et successeur, Huang Taiji, tente de le venger mais est vaincu à son tour lors de la Bataille de Ning-Jin. Il passe les années suivantes à réformer et renforcer l'armée des Jin postérieurs

DĂ©roulement des combats

Au cours de l'hiver 1629, l'armée Jin réussit à traverser la Grande Muraille aux passes de Longjin et Da'an, toutes deux situées à l'ouest de la passe de Shanhai. Les Jin commencent par sécuriser leurs arrières en encerclant la ville de Jizhou, puis ils marchent sur Zunhua, qui tombe facilement avec l'aide des transfuges chinois intégrés aux Huit Bannières. Liu Zhilun, un fonctionnaire toujours fidèle aux Ming, tente de contrer les envahisseurs Jin avec deux unités d'artilleurs, mais ses hommes se mutinent et tous meurent sous une volée de flèches des Jurchens. Zhao Shuaijiao meurt aussi à Zunhua[2].

Le commandant Man Gui, aux ordres des Ming, se prĂ©cipite pour intercepter l'armĂ©e Jin avec 5 000 hommes, mais ils sont vaincus et repoussĂ©s vers la porte Desheng de pĂ©kin. Les garnisons de PĂ©kin essayent de soutenir Man Gui avec des tirs de canon, mais ils finissent par toucher ses troupes. Man Gui est contraint de battre en retraite vers PĂ©kin après avoir perdu 40 % de ses troupes. Un autre commandant Ming, Hou Shilu, tente d'intervenir, mais ses forces sont mises en dĂ©route. C'est alors que l'Empereur Chongzhen commence Ă  supplier les hauts fonctionnaires de la capitale d'utiliser leurs fonds personnels et leurs chevaux pour approvisionner l'armĂ©e[2].

Alors que les Jurchens s'apprêtent à attaquer le mur nord de Pékin, Yuan Chonghuan arrive du nord-est avec des renforts et repousse les envahisseurs. Dès lors, il est assigné à la défense de la Porte Guangqu[3].

Les troupes de Man Gui tentent de fortifier les environs de Pékin en construisant des palissades, mais l'armée Jin passe à l'attaque, écrase les soldats et tue Man Gui. Zu Dashou tente des opérations de fortification similaires, mais il est également vaincu par la cavalerie Jin et forcé de fuir vers l'est. Un autre contingent de forces Ming est vaincu au Pont Marco Polo, tandis que d'autres renforts sont appelés depuis l'ouest, ce qui amplifie le chaos général alors qu'ils se dirigent vers Pékin[3].

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1630, les Jin prennent Yongping oĂą ils s'emparent d'un butin d'une valeur totale d'environ 22 000 taels ainsi que de grandes quantitĂ©s de provisions. Après cette victoire, ils essayent de pousser plus en avant, mais ils sont repoussĂ©s par Yuan Chonghuan[3].

À ce stade de la bataille, Huag Taiji tente de négocier avec l'empereur Chongzhen, mais ses envoyés n'obtiennent aucune réponse. Les Jin se replient sur Shenyang au printemps 1630, en laissant des commandants et des garnisons dans les différents villes dont ils se sont emparés[3]. Malgré la présence de ces troupes, les Ming parvinrent à reprendre les villes en question au milieu du printemps 1630[4].

Conséquences

Bien que les Jin n'aient pas réussi à prendre Pékin, ils se sont emparés d'importantes quantités de butin de guerre sous forme de taels, de céréales, de fournitures, d'armes et de prisonniers[4].

En utilisant des eunuques qui ont été capturés, Huang Taiji lance une campagne de diffamation contre Yuan Chonghuan en l'accusant de collusion avec lui. Croyant ces affirmations, Chongzhen ordonne l'arrestation et l'emprisonnement de Yuan. Ce dernier est ensuite accusé d'avoir fait tirer volontairement ses canons sur les troupes de Man Gui, d'avoir été de connivence avec les Jin et d'avoir exécuté Mao Wenlong sous de fausses accusations. Il est exécuté le [5].

Dans le mĂŞme temps, le banditisme prend de plus en plus d'ampleur dans tout le territoire Ming. Hong Chengchou est envoyĂ© par la Cour ImpĂ©riale pour rĂ©primer les rebelles, mais ses subordonnĂ©s, en particulier les frères Cao Wenzhao et Cao Bianjiao, agissent de manière imprudente. Des primes Ă©tant promises pour chaque tĂŞte de rebelle livrĂ©e aux autoritĂ©s, les soldats massacrent indistinctement des rebelles et des civils pour les dĂ©capiter et obtenir des rĂ©compenses. Ă€ un moment donnĂ©, un fonctionnaire amène mĂŞme des tĂŞtes de femmes, prĂ©tendant qu'elles sont des bandits. Son stratagème grossier Ă©choue et il perd son poste. Finalement, ces massacres ne règlent aucun problème et on estime qu'en 1631, il y avait environ 200 000 rebelles sĂ©parĂ©s en 36 groupes[6].

Parmi ces rebelles, il y en a deux qui vont jouer un rĂ´le majeur dans la chute de la dynastie, au cours des 15 annĂ©es suivantes. Le premier est Zhang Xianzhong, qui est originaire de Yan'an, Shaanxi. On dit de lui qu'il est fort, courageux, mais aussi poilu et qu'il aime tuer. Dans sa biographie officielle, il est dit que "si un seul jour passait sans qu'il ait tuĂ© quelqu'un, alors il Ă©tait vraiment malheureux[6]". L'historien Kenneth Swope suggère qu'il Ă©tait peut-ĂŞtre mentalement instable et psychopathe. Lorsque sa famille l'a reniĂ© pour s'ĂŞtre battu Ă  plusieurs reprises avec ses pairs, il s'est enrĂ´lĂ© dans l'armĂ©e, qui l'a condamnĂ© Ă  mort pour infraction Ă  la loi militaire. Un officier du nom de Chen Hongfan l'a Ă©pargnĂ© parce qu'il Ă©tait impressionnĂ© par sa vaillance. Zhang Xianzhong rejoint alors un groupe de rebelles dirigĂ© par Ma Shouying, qui en fait un quartier-maĂ®tre et le surnomme le "Tigre jaune[6]". Les difficultĂ©s finissent par frapper les rebelles au cours de l'hiver 1631 et Zhang est contraint de se rendre avec Luo Rucai, la première d'une sĂ©rie de redditions, Ă  chaque fois faite par opportunisme[6].

Le second est Li Zicheng, le deuxième fils de Li Shouzhong, qui est originaire de Mizhi, Shaanxi. Li montre une aptitude pour le tir Ă  l'arc Ă  cheval Ă  un âge prĂ©coce, mais est forcĂ© de devenir un berger Ă  l'âge de dix ans car il fait partie d'une famille pauvre. Il devient orphelin lorsque sa mère meurt trois ans plus tard. Li rejoint l'armĂ©e Ă  l'âge de 16 ans, mais il la quitte et intègre le service postal en 1626. Ă€ un moment, Li devient un hors-la-loi après avoir tuĂ© un homme qu'il a trouvĂ© au lit avec sa femme, en revenant d'un long voyage d'affaires. Il est arrĂŞtĂ© et emprisonnĂ©, jusqu'Ă  ce que son neveu Li Guo le libère, et qu'ensemble ils fuient la rĂ©gion. Ils arrivent au Gansu, ou Li Zicheng s'enrĂ´le de nouveau dans l'armĂ©e et devient le commandant d'une escouade de 50 hommes. Après avoir participĂ© Ă  la rĂ©pression de la rĂ©bellion de Gao Yingxiang, Li devient a son tour un rebelle Ă  cause d'accusations de vol de rations[7].

En 1632 le Shaanxi connaît une famine de grande ampleur, à cause de mauvaises récoltes et de l'impossibilité d'y acheminer de la nourriture en raison des fortes chutes de neige et de la propagation du banditisme au Sichuan, au Shandong et au Shanxi[8].

Notes et références

  1. Mote 1999, p. 794.
  2. Swope 2014, p. 85.
  3. Swope 2014, p. 86.
  4. Swope 2014, p. 87.
  5. Swope 2014, p. 88.
  6. Swope 2014, p. 104.
  7. Swope 2014, p. 105.
  8. Swope 2014, p. 106-107.

Bibliographie

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.