Honoré Van Waeyenbergh
Honoré Marie Louis Van Waeyenbergh ou Honoré Van Waeyenbergh né à Bruxelles le , décédé à Korbeek-Lo le , fut un prêtre du diocèse Bruxelles-Malines et fut le recteur de l’Université catholique de Louvain de 1940 à 1962. Il s’engagea en 1914 comme brancardier dans l’armée belge qui combattait sur l’Yser et résista à l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale. Il conduisit le développement de l’Université de Louvain après-guerre et présida à la création de l’Université Lovanium (actuelle Unikin en RDC). Il est un grand oncle de l'homme politique Freddy Thielemans[1].
Évêque catholique | |
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Évêque auxiliaire (en) Archidiocèse de Malines-Bruxelles | |
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Évêque titulaire Diocèse de Gilba (d) | |
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Recteur |
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(Ă 79 ans) Korbeek-Lo |
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PrĂŞtre catholique (Ă partir du ) |
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Distinctions |
Enfance et formation
Honoré Van Waeyenbergh est le fils de Louis Van Waeyenbergh (1855-1938) et Leonie de Winde (1853-1918)[2].
Après des études primaires à l’Institut Saint-Joseph à Bruxelles, il effectue ses humanités au Petit Séminaire de Hoogstraten puis il entre au Séminaire de Malines. En 1909, le cardinal Mercier l’envoie au Séminaire Léon XIII à Louvain, grâce à quoi il s’inscrit à l’Université catholique et mène des études de philologie classique (candidature) et de philosophie thomiste (baccalauréat) à l'Institut supérieur de philosophie. En 1912, il revient à Malines pour deux années de théologie.
La Première Guerre mondiale
Le , lendemain de l’invasion du pays, il s’engage comme brancardier volontaire dans l’armée belge (au 3e de Ligne et à la 3e DA). Il est gravement blessé à Ramscapelle le et évacué à Manchester où il fut soigné au 2nd Western Military General Hospital. De retour sur le front de l’Yser, il devient le secrétaire de Mgr Marinis (1879-1942), aumônier en chef de l’armée belge. Il termine la guerre avec le grade d’adjudant[3].
L’Entre-deux-Guerres
Après l’armistice, il termine son cursus au Séminaire de Malines et est ordonné prêtre le . Il poursuit ses études universitaires et est promu en 1924, docteur en philologie classique de l’Université de Louvain.
Entretemps, le , il est nommé professeur en classe de rhétorique au Collège Saint-Gommaire de Lierre. Il devient directeur du même collège en décembre 1924 puis directeur du Collège Saint-Jean Berchmans à Anvers en .
En , il succède à Charles Cruysberhs (1891-1976) à la fonction de vice-recteur de l'Université catholique de Louvain. Lorsque le recteur Paulin Ladeuze (1870-1940) décède le , les évêques de Belgique le choisissent le , comme nouveau recteur[4]. Il était chanoine honoraire de la Cathédrale Saint-Rombaut de Malines depuis 1929 et prélat de la Maison de Sa Sainteté depuis 1937. Il présidait le Nederlandse Cultuuraad depuis 1938.
La Seconde Guerre mondiale
La Belgique est envahie le et des combats ont lieu les 15 et autour de Louvain. Le nouveau recteur se met au service de la population et évacue en ambulance des blessés et des malades vers Bruxelles[5]. La ville est bombardée et la bibliothèque de l’Université est incendiée le .
L’université était fermée depuis le mais, contrairement à ce qui s’était passé lors de la Première Guerre mondiale où elle était demeurée close durant les quatre années du conflit, le recteur Van Waeyenbergh décide de la rouvrir dès que possible. Il fait prendre contact avec les professeurs dispersés par l’exode et les cours reprennent le . Les deux sessions d’examens ont lieu le et le . La nouvelle année académique débute le , sans cortège ni discours. Honoré Van Waeyenbergh est aussi résolu à résister à l’occupation. Il ne cède pas devant les pressions qu’il subit pour modifier de l’attribution des chaires[6]. Il accueille en les étudiants de l'Université libre de Bruxelles lorsque celle-ci est contrainte de fermer ses portes. En 1943, il s’oppose à la mise au travail forcé des étudiants de première année[7] et propose aux recteurs des universités de Liège et de Gand le texte d’une protestation collective qu’ils signent ensemble le . Le , il prend publiquement la parole contre cette mesure qui frappe les étudiants mais qui aggrave aussi le sort des jeunes non étudiants[8]. Le , l’UCL est sommée de soumettre ses registres d’inscriptions au contrôle allemand sous menace de voir tous les étudiants – sans distinction d’années – déportés en Allemagne. Nouveau refus[9] du recteur qui fait cacher ces documents. Le , il est arrêté et incarcéré à la prison de Saint-Gilles. Le à Bruxelles, le conseil de guerre le condamne à 18 mois de prison. Sa peine est commuée en résidence forcée six mois plus tard, à la faveur des interventions de la reine Élisabeth et du Saint-Siège. Il demeure à Asse puis à Tervueren jusqu’au lendemain du grand bombardement de Louvain la nuit du 11 au , où il regagne la ville.
Le développement de l’Université
L'œuvre rectorale d'H. Van Waeyenbergh consista à relever l'université des destructions subies en 1940 et 1944 et à construire, dans les années 1950 tous les bâtiments rendus nécessaires par l'augmentation considérable du nombre d'étudiants et par le dédoublement de tous les cours qui seraient désormais donnés en français et en néerlandais. Le recteur favorise l’érection de la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, la création de nouveaux laboratoires (cyclotron...) et de nouveaux programmes d’enseignement (comme les sciences religieuses).
Le crédit de Louvain ne cessait de croître, tant en Belgique qu'à l'étranger et le recteur Van Waeyenbergh est un porte-parole écouté et un ambassadeur prestigieux. En 1948, il est choisi comme Président de la fédération internationale des Universités catholiques (1948-1960) et en restera le président honoraire jusqu’à son décès. Le , il est fait évêque titulaire de Gilba et évêque auxiliaire de Malines[10] ce qui constitue la « ratification ecclésiastique de son œuvre » (A. Descamps).
À la fin de son rectorat, en 1961-1962, il est confronté aux prémices de la crise qui conduira à la séparation de l’Université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven en 1968. « La position des évêques était différente de celle du recteur. Certes, ils n'envisageaient ni le déménagement de la section française, ni la scission de l'université. Mais ils voulaient des réformes, et notamment une large autonomie pour chacune des deux sections, une direction plus collégiale, avec une plus grande participation des laïcs. Et ils se heurtaient à l'impossibilité absolue de rallier Mgr Van Waeyenbergh à leurs vues. Coïncidence presque curieuse : en 1961, le recteur est dans sa septantième année, l'âge de l'éméritat à Louvain. Le règlement habituel, — à supposer qu'il lui fût appliqué, — lui permet de rester en fonction jusqu'à la fin de l'année académique 1961-1962. Ce fut le moment choisi par les évêques pour le remplacer. » (A. Descamps)
Lovanium
En 1962, il participe aux travaux du Concile. Il se rend une fois encore à l’Université Lovanium à la création de laquelle il avait œuvré depuis 1947. En 1950, il avait été le Président fondateur (Président honoraire de 1960-1971) du Conseil d’administration de l’Université Lovanium.
En 1947, les écoles médicale (Fomulac), agronomique (Cadulac, fondée en 1932), et administrative (1946-47), que l’UCL avaient fondées à Kisantu, fusionnèrent et formèrent le Centre Universitaire Congolais Lovanium. Son niveau fut celui d’un enseignement technique supérieur. Le Gouvernement décida, la même année, de l’organisation d’un enseignement secondaire général à l’intention des jeunes Africains. La question se profila ainsi de créer au Congo une formation supérieure qui débuterait en 1953, à la sortie des premiers diplômés d’humanités. Les opinions étaient divisées. L’Université de Louvain acquit la conviction qu’elle avait la responsabilité de créer cet enseignement universitaire au Congo. La signature d’une première convention avec l’État en 1950 lui en conféra officiellement la mission, non sans péripéties ultérieures. Les autorités de Lovanium prirent la décision, dans cet objectif, de transférer le Centre de Kisantu à Kimwensa, Mission jésuite proche de Léopoldville. Les constructions commencèrent en 1953. Une année de formation pré-universitaire fut organisée en 1953-1954. La première rentrée universitaire eut lieu le . Le nombre de facultés et d’instituts s’accrut progressivement jusqu’à un état complet en 1959. L’arrêté royal du institua Lovanium en Université.
Charges et distinctions
- Recteur de l'Université catholique de Louvain (1940-1962)
- Protonotaire apostolique (1945)
- Évêque de Gilda (1954)
- Évêque auxiliaire de Malines (1954)
- Grand Prieur de la Lieutenance belge de l’Ordre équestre du Saint-Sépulchre à Jérusalem (1963)
- Président du Conseil national des Missions (1967)
- Croix de l’Yser, Croix de Guerre, Croix de feu, (médaillé en tant que prisonnier politique, résistant, invalide)
- Grand officier des Ordres de Léopold et de la Couronne avec liseré, de l’Ordre d’Orange-Nassau (Luxembourg)
- Commandeur de l’Ordre de Nassau (Pays-Bas, 1946), du Mérite de la République italienne (1959), du Sénégal (1954)
- Officier de la Légion d’honneur (1945), de l’Ordre de Léopold II avec glaive (avec la Médaille d’Or du Mérite de cet Ordre) (1947)
- Grand Croix de l’Ordre Souverain de Malte (1948), du Mérite de la République allemande (1949), de l’Ordre d’Alfonso el Sabio (Espagne, 1953-1971)
- Citoyen d’honneur de Louvain (1970).
- Docteur honoris causa des universités de Washington (Université catholique), Québec (Laval), Durham, Édimbourg, Dublin, Münster New York (Fordham), Buenos Aires (Salvador), Santiago du Chili (Université catholique), Strasbourg et Lublin.
- Membre de la Koninklijke Vlaamse Academie voor Wternschappe, Letteren et Schone Kunsten van BelgĂŻe (1945-1971)
- Membre d’honneur de la Nederlandse maatschappij voor Letterkunde à Leyde (1948)
- Membre d’honneur du Conseil supérieur de la recherche scientifique de Madrid (1952)
- Prix Vondel (1965), médaille d’Alzon (Worcester, USA, 1953)
Bibliographie
- Kjell CORENS, Inventaris van het archief van rector Honoré Van Waeyenberrgh (1891-1971), Louvain-La Haye, ACCO, 2009.
- Joseph COPPENS, Mgr Van Waeyenberg. In memoriam, in Jaarboek van de Maatschappij der nederlandse Letterkunde te Leiden (1971-1972), pp. 379-406.
- Albert DESCAMPS, In memoriam Mgr Van Waeyenbergh, in Revue théologique de Louvain, 2e année, fasc. 4, 1971, pp. 493-497.
- Albert DESCAMPS, In memoriam Mgr Van Waeyenbergh, Universitatis catholicae Lovaniensis rector magnificus, 1891-1971, Louvain, UCL-KUL, sd, 15 p.
- Onze Alma Mater, n° spécial, IX, 1955.
- F. DEBAISIEUX, Vingt ans de rectorat de SE Mgr Van Waeyenbergh, in Annuaire de l’Université de Louvain, 1960.
Références
- (en) 1139333, « Veto 3914 », sur Issuu (consulté le )
- Sur ses parents et ses frères et sœurs, voir Kjell CORENS, Inventaris van het archief van rector Honoré Van Waeyenbergh (1891-1971), Louvain-La Haye, ACOO, 2009, p. 13.
- Leon VAN DER ESSEN, Discours, Documents concernant la présentation du nouveau Recteur magnifique Monseigneur Van Waeyenbergh au corps académique, du 8 avril 1940, p. 9.
- Il est préféré à l'historien Albert De Meyer. Voir Kjell CORENS, op. cit., p. 14
- E. LOUSSE, L'Université de Louvain pendant la Seconde Guerre mondiale, Bruges, Desclée de Brouwer, 1945, pp. 14-15.
- Edmond LECLEF, Le cardinal Van Roey et l’occupation allemande en Belgique, Bruxelles, Goemaere, 194, pp. 49-50.
- E. LECLEF, op. cit., pp. 163-180.
- Propos rapportés dans E. LOUSSE, op. cit., pp. 20-21.
- Note adressée par Mgr H. Van Waeyenberg recteur magnifique de l’Université de Louvain au Général von Falkenhausen, Gouverneur militaire allemand de la Belgique et du Nord de la France, le 29 février 1943, dans E. LOUSSE, op. cit., pp. 59-63.
- La consécration épiscopale de son excellence Mgr Van Waeyenbergh, évêque titulaire de Gilba, évêque auxiliaire de Malines, recteur magnifique de l’Université catholique, Louvain le 28 octobre 1954, Louvain, PUL, 1955.
- Ressource relative Ă la religion :
- (en) Catholic Hierarchy
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (nl + en) ODIS
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :