Honfleur (ferry)
Le Honfleur est un ferry propulsé au gaz naturel liquéfié commandé en 2017 par la compagnie Brittany Ferries au chantier naval Flensburger Schiffbau Gesellschaft de Flensbourg. Alors que sa mise en service est initialement prévue pour juin 2019, la construction prend du retard en raison des difficultés financières du constructeur. En juin 2020, la construction est toujours inachevé lorsque Brittany Ferries prend la décision d’annuler la commande en raison du retard accumulé dans la construction, mais également des difficultés entrainées par la pandémie de Covid-19 et le Brexit.
Honfleur | |
Le Honfleur au chantier naval de Flensbourg. | |
Type | Ferry |
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Histoire | |
Commanditaire | Brittany Ferries |
Architecte | Brice Robinson |
Chantier naval |
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Commandé | 2017 |
Quille posée | |
Lancement | |
Statut | En vente |
Équipage | |
Équipage | Environ 130 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 187,4 m |
Maître-bau | 31 m |
Tirant d'eau | 6,6 m |
Tonnage | 42 400 tonnes |
Propulsion | 4 moteurs LNG |
Puissance | 30 000 kW |
Vitesse | 22 nœuds |
Caractéristiques commerciales | |
Pont | 11 |
Cabines | 261 |
Passagers | 1680 |
Capacité | 130 camions ou 550 voitures et 64 camions |
Carrière | |
Affréteur | Baleà ria (dès 2023) |
Pavillon | Chypre (depuis 2022) |
Port d'attache | Limassol (depuis 2022) |
Indicatif | 5BWW5 (depuis 2022) |
IMO | 9832119 |
Coût | Environ 200 millions € |
Histoire
Genèse du projet
Brittany Ferries commence dès 2009 à étudier la possibilité de motoriser ses navires en utilisant le gaz naturel liquéfié en lieu et place du mazout afin de se mettre en conformité avec les règlementations internationales sur les émissions de soufre[1]. Toutefois, si la re motorisation s’avère techniquement réalisable, elle est peu viable économiquement et nécessite d’importants travaux sur les unités concernées[1]. C’est dans ce contexte que nait le projet Pegasis, avec l’objectif de remplacer le ferry Bretagne, alors âgé de 20 ans, par un navire neuf propulsé au gaz naturel liquéfié[1]. Le bureau d’études des chantiers navals STX France de Saint-Nazaire est alors contacté pour réaliser le cahier des charges[1]. Le projet est toutefois abandonné en 2014 en raison de difficultés à le financer[1].
Mais la compagnie ne reste pas sur cet échec et lance, en 2015, un plan de transition énergétique de sa flotte[1]. Les 6 unités alors en service sont alors équipés de scrubbers, des épurateurs permettant d’épurer les oxydes de soufre rejetés par les moteurs en les faisant passer dans un brouillard d’eau de mer[2]. Le projet de construction d’un navire entièrement propulsé au GNL est également repris sous le nom de Mont Saint Michel 2, avec le projet de l’affecter à la liaison trans-manche entre le port français de Caen-Ouistreham et celui de Portsmouth en Angleterre[1].
Ce navire, qui doit être légèrement plus imposant que le Mont St Michel alors affecté à la ligne, est prévu pour se recharger en GNL grâce à des conteneurs chargés à chaque escale et transférant le gaz vers un réservoir tampon de 250 m3, d’où il est envoyé vers les moteurs[1].
Commande
En décembre 2016, une lettre d'intention est signée entre la compagnie Brittany Ferries et le chantier naval allemand Flensburger Schiffbau-Gesellschaft en prévision de la construction du futur navire[1] - [3], qui est destiné à remplacer le Normandie, alors âgé de 24 ans, sur la ligne Caen-Portsmouth[4]. Un contrat exclusif est signé avec le groupe Total pour la fourniture en GNL de cette nouvelle unité[5].
Le contrat de construction du navire est officiellement signé en juin 2017, et annoncé depuis Honfleur, le nom de la commune ayant été choisi comme nom de baptême de cette nouvelle unité[6]. D’une valeur de 200 millions d’euros, il prévoit la livraison pour l’été 2019 du ferry, propulsé au gaz naturel liquéfié, qui doit mesurer 187,4 mètres de long et être en mesure de traverser la Manche à 22 nœuds, en emportant à son bord 1 680 passagers et 130 semi-remorques, ou 64 camions et 550 voitures[3]. Le chantier a, en plus de la construction du navire, la charge d’étudier l’intégration de son système d’alimentation en GNL, mais également la fourniture de l’ensemble des éléments nécessaires à la navigation et au divertissement à bord[7].
Construction
Le calendrier des travaux initial se découpe alors en quatre grandes étapes : la construction doit débuter en février 2018, puis la quille doit être entièrement posée en juin suivant[4]. En novembre, la coque est censée quitter le hall de construction pour être achevée à flot, avant des essais en mer dans le courant du mois de mars 2019[4]. Son baptême est même programmé pour le , suivi de sa mise en service sur la liaison transmanche entre la Normandie et la côte sud de l’Angleterre[4] en juin.
Le chantier naval est toutefois grevé par de très lourdes pénalités financières infligées par Irish Ferries, dont le W. B. Yeats a été livré en décembre 2018, avec 7 mois de retard sur le programme initial en raison de problèmes lors de sa construction[8] - [9].
La construction du Honfleur prend rapidement du retard. Le , avec un mois de décalage sur le calendrier, la construction débute par une cérémonie de découpe de la première tôle[10] - [11] - [12]. La quille est posée en août 2018, avec deux mois de retard sur le programme initial[13], mais celui repasse à un mois lors de la mise à l’eau de la coque, qui est réalisée avec succès le à midi[14] - [15]. Les éléments des superstructures, réalisés par Marine Projects à Gdańsk, sont installés la semaine suivante[13] - [16].
Mais les difficultés financières du chantier se font de plus en plus importantes. La livraison est repoussée à 2020, sans qu’aucune date précise ne soit communiquée[17]. Des photos du navire réalisées en septembre 2019 le montre avec les logos de Brittany Ferries peint sur ses flancs[17].
En mars 2020, la livraison du Honfleur est encore envisagée pour la fin de cette même année[18], mais la construction est arrêtée en avril 2020 lorsque, en pleine pandémie de Covid-19, le chantier naval se déclare en faillite après avoir du rembourser 33 millions d’euros à Irish Ferries, qui a annulé le contrat de construction d’un second ferry[19]. En mai 2020, le chantier est placé sous protection du tribunal de commerce[20]. La livraison du Honfleur est alors annoncée pour 2021, imposant à Brittany Ferries d’affréter le Kerry[21] auprès de Stena Line afin de compenser la sortie de flotte du Baie de Seine, loué pour 5 ans en 2015 auprès de DFDS Seaways.
Les travaux de construction ne reprennent qu’en juin 2020 mais Brittany Ferries, éprouvée par les conséquences de la pandémie et considérant que le chantier ne sera pas capable de finir le navire dans un délai raisonnable, annule le contrat le 18 de ce même mois[20] - [22]. Le chantier se retrouve donc propriétaire du ferry, achevé à 85 %[20]. En août 2020, Lars Windhors rachète les parts de Siem Group dans le chantier naval[23], qui récupère le navire inachevé.
Le 25 octobre 2020, celui-ci quitte Flensbourg en remorque des Svitzer Thoer et Carlo Martello[24]. Le lendemain, le chantier naval norvégien Fosen Yards, installé à Rissa, publie un communiqué où il annonce avoir été contacté par Siem Group pour achever la construction du navire[23] - [25]. Son installation électrique est entièrement reprise et le navire est achevé[26].
En 2022, il est immatriculé sous pavillon chypriote[22] avant de rejoindre la Pologne en mai suivant[22] - [27].
Service
À la fin du mois de février 2023, la compagnie maritime espagnole Baleà ria annonce affréter le navire pour une durée de 6 mois avec option d’achat. Le 1er mars, le navire change de nom pour devenir le Rusadir.
Caractéristiques
Le Honfleur mesure 187,4 mètres de long pour 31 mètres de large[22]. Son tirant d’eau est de 6,4 m, et son tonnage brut est d’environ 43 130 tjb. Il peut transporter 1 680 passagers[22], ainsi que 550 voitures et 64 camions, ou 130 poids lourds[12].
Motorisation
Le navire aurait dû être propulsé par 4 moteurs W6L46DFA dual-fuel (pouvant utiliser du GNL ou du diesel)[13], produits par Wärtsila et pouvant théoriquement développer jusqu’à 28 MW pour propulser le navire à 22 nœuds[17]. Ces moteurs devaient alimenter 2 hélices à pales fixes, situées à la poupe du navire, ainsi que 3 propulseurs d’étraves[28].
Il est prévu que le ferry utilise du GNL, fourni par deux iso-conteneurs de 40 pieds acheminés par la route depuis le terminal méthanier de Dunkerque[13]. Ces conteneurs devaient être changés deux fois par semaine lors d’une opération réalisée en moins de 15 minutes[13]. Le gaz aurait dû être acheminé vers les moteurs après avoir traversé une cuve tampon de 350 m3[13], pour une consommation hebdomadaire estimée à 600 m3[13].
Design
Les plans du navire sont réalisés par l’architecte naval français Brice Robinson[29].
Conception et aménagement intérieur
Selon les plans initiaux, le navire doit comporter 11 ponts[12], reliés entre eux par deux escaliers et deux ascenseurs[12]. 2 600 mètres sont réservés aux véhicules, tandis que les passagers disposent de 5 200 m2. 261 cabines sont prévues, ayant une capacité de 4 à 6 personnes et accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR)[12].
Deux cinémas sont prévus à bord[12], ainsi qu’une boutique, des aires de jeux[12] et des espaces numériques[12]. Pour la restauration, le navire doit être équipé d’un bar[12], d’un café[12], mais aussi d’un self[12] et d’un restaurant à la carte avec service inclus[12].
Références
- (en) Steve Dyson, « Brittany Ferries orders LNG ferry », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Brittany Ferries: now with French scrubbers », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
- Caroline Britz, « Brittany Ferries : un nouveau ferry au GNL construit chez FSG », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- (en) Rebecca Gibson, « Brittany Ferries confirms order for new LNG passenger ferry » , sur www.cruiseandferry.net, Cruise & Ferry, (consulté le )
- Caroline Britz, « Brittany Ferries prépare l'avitaillement de son futur navire GNL », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Honfleur : Le nouveau fleuron au GNL de Brittany Ferries », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Kongsberg décroche un gros contrat sur le futur Honfleur de Brittany Ferries », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Vincent Groizeleau, « Irish Ferries : Livraison du W.B. Yeats », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « A bord du W.B. Yeats, le nouveau fleuron d'Irish Ferries », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Vincent Groizeleau, « Brittany Ferries : La construction de l’Honfleur débute », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- « Steel-cutting ceremony for Brittany Ferries' Honfleur », Baird Maritime, (consulté le )
- « Honfleur Passenger and Vehicle Ferry », Ship Technology (consulté le )
- Caroline Britz, « Brittany Ferries : Les blocs du ferry Honfleur prennent forme à Flensburg », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « La coque du nouveau navire de Brittany Ferries est à l'eau », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- (en) « Video: Brittany Ferries Launches Its 1st LNG-Powered Ferry » , sur www.offshore-energy.biz, Offshore Energy, (consulté le )
- Caroline Britz, « Le Honfleur reçoit sa superstructure », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Les dernières photos du chantier du Honfleur de Brittany Ferries », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « BAI : « Avec ou sans le Honfleur, nous sommes organisés pour la saison » », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Le chantier FSG pourrait être racheté par Pella Sietas », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Brittany Ferries annule la commande du Honfleur », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- Caroline Britz, « Brittany Ferries : la livraison du Honfleur repoussée à 2021 », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- (sv) Micke Asklander, « M/S HONFLEUR. (2020) » , sur www.faktaomfartyg.se (consulté le )
- Caroline Britz, « L'ex-Honfleur va être terminé en Norvège », Mer et Marine,‎ (lire en ligne )
- (en) Steven Tarbox, « Cancelled 'Honfleur' leaves Flensburg for Norway [Updated] » , sur www.niferry.co.uk, (consulté le )
- (en) Anders Straumsheim et Kenneth Ross, « New contract to Fosen Yard » , sur fosenyard.com, (consulté le )
- Caroline Britz, « L'ex-Honfleur toujours en chantier en Norvège » , sur Mer et Marine, (consulté le )
- Caroline Britz, « L’ex-Honfleur est en Pologne » , sur Mer et Marine, (consulté le )
- (da) « Honfleur (2022-), IMO 9832119 » , sur faergelejet.dk, (consulté le )
- « Brice Robinson : À la barre du projet Honfleur » , sur Mer et Marine, (consulté le )