Accueil🇫🇷Chercher

Homomonument

L’Homomonument est un monument mémorial dans le centre d'Amsterdam, capitale des Pays-Bas. Il commémore tous les hommes (gays) et femmes (lesbiennes) qui ont été victimes de persécutions en raison de leur homosexualité.

Homomonument
Pointe du mémorial située sur le canal.
Présentation
Type
Partie de
Sleutelwerken (d)
Fondation
Commémore
Architecte
Karin Daan
Matériau
Ouverture
Site web
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
52° 22′ 28″ N, 4° 53′ 05″ E
Carte

Inauguré le , il prend la forme de trois grands triangles roses en granit, insérés dans le sol de manière à former un triangle plus grand. il est placé sur la rive du canal de Keizersgracht, à proximité de la Westerkerk.

L'Homomonument a été réalisé pour « inspirer et soutenir les lesbiennes et les gays dans leur lutte contre le négationnisme, l'oppression et la discrimination »[1].

Origine

En 1961 des membres du COC Nederland discutent de la possibilité d'ériger un monument mémoriel gay, mais aucune mesure concrète n'a été prise à l'époque. Les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale étaient alors dans les années 1960 et 1970 très présents dans la société par les livres de Loe de Jong, mais on ne faisait pas attention au sort subi par les personnes homosexuelles dans ce conflit[2].

L'idĂ©e d'un mĂ©morial permanent aux victimes gays et lesbiennes de la persĂ©cution date de 1970, lorsque deux membres de l'« Amsterdamse Jongeren Aktiegroepen Homoseksualiteit Â» (AJAH) ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s le pour avoir tentĂ© de dĂ©poser une couronne de lavande au Monument commĂ©moratif de la guerre du Canada (Pays-Bas) sur la place du Dam dans le centre d'Amsterdam lors de la cĂ©rĂ©monie du souvenir des morts. La couronne a Ă©tĂ© enlevĂ©e par la police. L'action fut considĂ©rĂ©e comme un outrage par certains et ce rejet est dĂ©noncĂ© comme une honte par d'autres.

Après le Jour du Souvenir gĂ©nĂ©ral, en 1979 Bob van Schijndel (nl), un membre de la PSP-groupe gay, ne comprenant pas pourquoi les Juifs et, depuis 1978, gitans avaient leurs monuments dĂ©diĂ©s et pas les hommes gays, il Ă©crit une lettre[3] proposant la crĂ©ation d'un monument dĂ©diĂ© aux gays : « La nuit dernière m'est venue une idĂ©e : nous devrions Ă©crire une lettre ouverte au maire d'Amsterdam, M. Polak, lui demandant d'Ă©riger un mĂ©morial pour les victimes homosexuelles, soit sur la Leidseplein soit dans le Vondelpark. L'idĂ©e serait de prendre pour modèle le mĂ©morial inaugurĂ© l'annĂ©e dernière en souvenir des Tsiganes victimes du nazisme. Â»[4]

Cet appel a reçu un large soutien du public et le Memorial Foundation Gay a donc Ă©tĂ© crĂ©Ă© quelques mois plus tard . Le nombre de victimes n'a pas Ă©tĂ© facile Ă  Ă©tablir, surtout avec au dĂ©but un manque de recherches scientifiques. Aujourd'hui, un consensus sur le nombre de victimes est de 10 000 homosexuels assassinĂ©s, dont certains NĂ©erlandais[5].

Après l'appel de Van Schijndel, le conseil municipal, à l'été 1979, a désigné l'emplacement du marché de l'Ouest pour la construction de celui-ci et de la création d'un jury.

L'actuelle construction du monument a commencĂ© en Ă  l'initiative du mouvement Dutch gay and lesbian rights, avec le soutien de groupes d'autres pays. Il a fallu attendre huit ans pour obtenir les 180 000 euros (400 000 florins) nĂ©cessaires pour construire l'Homomonument. La plupart de ces dons provenaient de particuliers et d'organisations. Le Parlement nĂ©erlandais a fait don de 50 000 euros, et la ville d'Amsterdam et la province de Hollande du Nord ont Ă©galement contribuĂ©.

En 1980, les artistes ont été invités à présenter des projets à un jury composé d'experts dans les domaines de l'art et du design. Le jury a choisi la conception de Karin Daan, sur la base du triangle rose[1].

L'inauguration du monument a eu lieu le , exactement cent mois après que Bob van Schijndel ait formulé son appel. Le dévoilement a été effectué par le ministre Elco Brinkman (nl)[6].

Avec le triangle sur l'eau comme point central, Daan a Ă©largi la conception pour faire son travail aussi monumental que possible sans perturber l'environnement.

Une plaque signalétique avec une brève explication du monument en néerlandais, anglais et français a été dévoilée le par le travail d'Hedy d'Ancona[7]. Actuellement l'information est en douze langues différentes.

« CommĂ©more toutes les Femmes et tous les Hommes qui ont Ă©tĂ© tyrannisĂ©s et persĂ©cutĂ©s Ă  cause de leur homosexualitĂ©. Appuie le Mouvement Lesbien et Homosexuel Ă  la Lutte contre le mĂ©pris, la discrimination et la persĂ©cution. Manifeste que tu n'es pas seul(e). Fais Appel Ă  une vigilance permanente. Â»[8]

Il s'est rĂ©vĂ©lĂ© que les dalles de granit rose d'origine Ă©taient trop minces et s'effritaient. Une restauration complète du monument gay a eu lieu en 2003. Le coĂ»t de 800 000 euros a Ă©tĂ© payĂ© en totalitĂ© par la municipalitĂ©[9].

Le , les 25 ans du monument ont eu lieu en présence d'un représentant officiel du gouvernement néerlandais à savoir la ministre Marja van Bijsterveldt.

Un monument à la mémoire des victimes LGBT de la répression et de la persécution a été consacrée à Barcelone, en Espagne en 2011[10]. Il a été inspiré par l'Homomonument[11].

Symbolique

Homomonument

Le monument est composĂ© de trois triangles Ă©quilatĂ©raux mesurant chacun 10 mètres de chaque cĂ´tĂ©. Ceux-ci forment ensemble un grand triangle reliĂ© de chaque cĂ´tĂ© par une fine rangĂ©e de briques de granit rose. Ce grand triangle Ă©quilatĂ©ral mesure 36 mètres de cĂ´tĂ©.

Le thème du triangle rose est basé sur le fait que les hommes qui, en raison de leur orientation homosexuelle, emprisonnés dans les camps de concentration de l'Allemagne nazie portaient un triangle rose, l'équivalent de l'étoile jaune imposée aux juifs. Tous les prisonniers avaient un triangle avec une couleur spécifique, qui dépend de la raison pour laquelle ils étaient emprisonnés. À la fin des années 1960, le triangle rose a été adopté comme un insigne symbolique par le mouvement pour l'égalité des droits pour les homosexuels.

Les triangles individuels représentent un avertissement du passé, l'affrontement du présent et une source d'inspiration pour l'avenir :

  • Le triangle dont la moitiĂ© est au niveau de l'eau reprĂ©sente le prĂ©sent et sert de mĂ©morial. Il possède des marches descendant au niveau de l'eau. Sur cette plate forme des couronnes de fleurs sont souvent posĂ©es. Dans le cadre du grand triangle, il pointe vers le Nationaal Monument sur la place du Dam, qui commĂ©more les victimes de l'occupation allemande.
  • Le triangle au niveau de la rue reprĂ©sente le passĂ©. Dessus est gravĂ©e une ligne de poĂ©sie par le poète nĂ©erlandais juif gay Jacob IsraĂ«l de Haan (1881-1924) : Naar een Vriendschap Zulk Mateloos Verlangen (« HabitĂ© d’un dĂ©mesurĂ© dĂ©sir d’amitiĂ© Â»). Le texte est issu de son poème « Ă  un jeune pĂŞcheur Â»[1]. Dans le cadre du grand triangle pointant Ă  la Maison Anne Frank, une jeune fille juive qui a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© et tuĂ©e par les nazis, Ă  l'arrière de Prinsengracht.
  • Le triangle 60 cm au-dessus du niveau de la rue projette pour l'avenir et sert de podium pour les rĂ©unions. Dans le cadre du grand triangle entre eux pointant vers le siège de la dĂ©fense des droits homosexuels COC Ă  Rozenstraat, le groupe nĂ©erlandais des droits des homosexuels fondĂ© en 1946, ce qui en fait l'organisation gay et lesbienne la plus ancienne toujours en fonctionnement dans le monde[12].

Utilisation du monument

  • Chaque annĂ©e le Ă  l'occasion de la journĂ©e national Dodenherdenking, il y a des discours et sur la moitiĂ© situĂ©e dans le triangle d'eau sont placĂ©es des couronnes de fleurs.
  • Tout au long de l'annĂ©e des fleurs sont souvent posĂ©es, non seulement pour commĂ©morer les victimes de guerre, mais aussi pour les victimes du SIDA.
  • Durant la semaine des Gay Pride d'Amsterdam, diverses activitĂ©s festives se dĂ©roulent sur le lieu du monument gay. Celles-ci sont appelĂ©es Roze Wester Days organisĂ©es par la Fondation Gay Monument, entre autres, en collaboration avec la Fondation Gala Amsterdam.
  • Juste Ă  cĂ´tĂ© du Monument Gay se trouve depuis les Gay Games en 1998, un kiosque connu sous le nom de Pink Point permettant d'obtenir informations et souvenirs[13].
  • Le Monument Gay a Ă©tĂ© utilisĂ© en 2014 pour protester contre l'anti-homowet en Russie.

Notes et références

  1. Martin Dunford (2010). The Rough Guide to The Netherlands. Penguin. p. 73. (ISBN 978-1-84836-882-8).
  2. Thijs Bartels en Jos Versteegen, Homo Encyclopedie van Nederland, Amsterdam 2005, p. 23.
  3. Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose : La persécution nazie des homosexuels et sa mémoire, Paris, Autrement, , 308 p. (ISBN 978-2-7467-1485-4), p.204
  4. En néerlandais : « Ik kreeg gisternacht het volgende idee. We moeten in een open brief aan de gemeenteraad vragen om in navolging van het monument voor Zigeuners die in konsentratiekampen zijn vermoord een monument voor homoslachtoffers op het Leidseplein of in het Vondelpark op te richten. Zulks om de herdenking van de 200.000 vermoorde homoos levend te houden in een tijd waarin nog steeds homoos ten slachtoffer vallen aan fascistische regimes in Zuid-Amerika en veroordelingsgeluiden uit konservatief-konfesionele hoek in Nederland. »
  5. Homomonument.nl - Geschiendenis en Marian van der Klein en Theo van der Meer, Gevangen in slachtofferschap. Homoseksualiteit en de Tweede Wereldoorlog, in De Gids 170 (2007) 1, 73-84.
  6. Gert Hekma, Homoseksualiteit in Nederland van 1730 tot de moderne tijd, Amsterdam 2004, p. 128.
  7. Ron Fasary, Kijk eens! Het « Homomonument Â», in GA, septembre 1988, p. 101
  8. Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose : La persécution nazie des homosexuels et sa mémoire, Paris, Autrement, , 308 p. (ISBN 978-2-7467-1485-4), p.233
  9. Joost de Jong, Drie roze driehoeken, Ă©Ă©n monument, in: Ons Amsterdam, maart 2011.
  10. Barcelona unveiled the first monument to repressed gay and lesbian people. Catalannewsagency.com. Retrieved 2013-02-12.
  11. Barcelona Gay And Lesbian Monument Plans Outlined. Huffingtonpost.com. 2011-01-03. Retrieved 2013-02-12.
  12. Régis Schlagdenhauffen, Triangle rose : La persécution nazie des homosexuels et sa mémoire, Paris, Autrement, , 308 p. (ISBN 978-2-7467-1485-4), p.193
  13. Site du kiosquee Pink Point

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.