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Hochelaga (village)

Hochelaga (prononciation : /ɔʃ.la.ÉĄa/) Ă©tait une bourgade semi-sĂ©dentaire iroquoienne situĂ©e au XVIe siĂšcle aux environs du mont Royal, dans l'actuelle ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec. ArrivĂ© en barque le , Jacques Cartier la visite le lendemain. Il est bien accueilli par les Iroquoiens et nomme la montagne qu'il voit Ă  proximitĂ© mons realis (mont Royal). Plusieurs toponymes de MontrĂ©al ainsi que l'archipel d'Hochelaga lui doivent leur nom.

Hochelaga
Image illustrative de l’article Hochelaga (village)
Cairn du lieu historique national de Hochelaga
Localisation
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Drapeau du Québec Québec
Protection Lieu historique national (1920)
CoordonnĂ©es 45° 30â€Č 13″ nord, 73° 34â€Č 31″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Québec
(Voir situation sur carte : Québec)
Hochelaga
Hochelaga
GĂ©olocalisation sur la carte : Canada
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Hochelaga
Hochelaga
Histoire
Époque PĂ©riode sylvicole
Internet
Site web Lieu historique national du Canada Hochelaga

Bien qu'aucune trace archéologique de ce village n'ait été retrouvée, il a été désigné lieu historique national du Canada le .

Localisation

La terra de Hochelaga nella Nova Francia (archives de Montréal).

La source documentaire principale permettant d'apprĂ©cier Ă  la fois la configuration et la position de cette bourgade iroquoienne est Bref RĂ©cit et succincte narration de la navigation faite en 1535 et 1536 que Jacques Cartier remit Ă  François Ier en 1545. On connaĂźt un plan intitulĂ© La Terra de Hochelaga nella Nova Francia qui illustre Ă  la mode europĂ©enne du temps la visite de Cartier Ă  Hochelaga. DessinĂ© par le cartographe vĂ©nitien Giacomo Gastaldi (c. 1500-1566), il illustre le volume III de Delle Navigationi et viaggi, ouvrage composĂ© Ă  Venise, entre 1550 et 1556, par Giovanni Battista Ramusio (1485-1557). La parfaite rĂ©gularitĂ© de la disposition des habitations, conforme Ă  l’idĂ©al urbanistique de la renaissance italienne, est probablement de son invention, de mĂȘme que les planches recouvrant la palissade, habitude alors inconnue des autochtones. En effet, si le plan illustre assez fidĂšlement les notes de l’explorateur français, il offre peu de ressemblances avec la rĂ©alitĂ© ethnohistorique[1]. Ce plan et l'emplacement du village ont causĂ© des dĂ©bats parmi les historiens et archivistes[2] ; l'illustration ci-contre (archives de MontrĂ©al) contient une note Ă  cet effet, mentionnant les opinions divergentes de messieurs Lighthall (en) et Beaugrand-Champagne.

Bourgade

Maquette du village d'Hochelaga

La bourgade, ceinte d’une palissade de bois, aurait comptĂ© une cinquantaine d'habitations faites de bois et d’écorce, principalement des maisons longues, rectangulaires et arrondies ; on estime la population Ă  environ 3 000 habitants.

Elle fut sans doute dĂ©truite par la suite, car elle n’est plus mentionnĂ©e par Jacques Cartier lors de son retour en 1541 sur l'Ăźle. Il fait alors Ă©tat de deux villages dont un seul, Tutonaguy, est nommĂ©[3].

On a proposĂ© comme cause de la disparition de Hochelaga une excursion guerriĂšre iroquoise. NĂ©anmoins, l’abandon rĂ©gulier des sites d'habitation suivant le cycle d’épuisement des terres cultivĂ©es pourrait en ĂȘtre la raison principale.

Cette coutume de dĂ©placement des villages explique peut-ĂȘtre que l'emplacement exact de la bourgade iroquoienne reste Ă  ce jour un mystĂšre, bien que toutes les hypothĂšses s'accordent pour la placer Ă  proximitĂ© du mont Royal.

W.D. Lighthall soutenait que Hochelaga Ă©tait sise au site Dawson dĂ©couvert en 1860 Ă  proximitĂ© de l'universitĂ© McGill. Ce site semble bien correspondre Ă  un village prĂ©cĂ©dant d’un ou deux siĂšcles la fondation de Ville-Marie, mais ne comporte pas de palissade et paraĂźt trop exigu[4].

Un autre emplacement proposé est Outremont, au nord du Mont, particuliÚrement vraisemblable si Jacques Cartier est arrivé par la riviÚre des Prairies[5].

L'urbaniste Pierre Latouche, sur la base de donnĂ©es topomĂ©triques dĂ©duites de l’illustration de Gastaldi, a proposĂ© que le village se soit situĂ© au sommet du Mont. Cette hypothĂšse est peu retenue car La Terra de Hochelaga est une reconstitution de seconde main. De plus, Cartier prĂ©cise bien que la montagne est « jacente Ă  leur dite ville », que Hochelaga est « prĂšs et joignant une montagne » et qu'il s'est rendu sur le « Mont Royal distant dudit lieu [Hochelaga] d'un cart de lieue », distance qui sĂ©pare effectivement la cuvette du mont Royal des collines la dominant. Les fouilles archĂ©ologiques entreprises rĂ©cemment au sommet du mont, aux alentours de la cuvette et dans le parc Jeanne-Mance Ă  l'est du mont n’ont rien mis en Ă©vidence.

DĂ©couverte

Futur site de Montréal

La venue, en 1535, de Jacques Cartier Ă  Hochelaga au pied du futur mont Royal fut l'un des Ă©pisodes de ses trois voyages d'exploration aux Indes occidentales qui aura le plus de consĂ©quences pour l'histoire de la Nouvelle-France. À la recherche sous mandat de François Ier d’une voie d’eau menant au Cathay (Chine) et au Cypango (Japon), il Ă©tait parvenu Ă  StadaconĂ© (futur site de QuĂ©bec) Ă  la fin de l’étĂ© 1535. EncouragĂ©, il s’empressa alors de poursuivre sa course plus avant Ă  l'intĂ©rieur, mais les rapides entourant MontrĂ©al lui barrĂšrent la route. Il visita alors Hochelaga, qu’il dĂ©crivit dans le Brief Recit (1545). En 1611, l'explorateur Samuel de Champlain y reviendra. En 1642, y naĂźtra la colonie de Ville-Marie dont les habitants dĂ©laisseront peu Ă  peu le nom pour reprendre celui de l’üle sur laquelle la colonie avait Ă©tĂ© implantĂ©e, MontrĂ©al, toponyme dĂ©coulant de mont royal[6].

Entrée par la riviÚre des Prairies

La riviĂšre des Prairies.

On a longtemps considĂ©rĂ© comme une Ă©vidence le fait que Jacques Cartier avait constamment suivi le fleuve Saint-Laurent, et on a identifiĂ© le sault qu’il mentionne aux rapides de Lachine. DĂ©jĂ , pourtant, certains pensaient que la description correspondait plutĂŽt au Sault-au-RĂ©collet situĂ© sur la riviĂšre des Prairies. En effet, au XXe siĂšcle, un examen attentif de la documentation historique a permis de proposer qu’avant la venue des EuropĂ©ens, la riviĂšre des Prairies Ă©tait la voie d’eau habituellement utilisĂ©e par les autochtones, beaucoup moins dangereuse que le fleuve Saint-Laurent avec ses rapides. Elle constituait une voie d'eau plus directe reliant la riviĂšre des Outaouais au fleuve Saint-Laurent en aval. C'est donc peut-ĂȘtre par cette riviĂšre que Jacques Cartier est parvenu Ă  Hochelaga. De plus, les trois rapides dĂ©crits par Cartier lors d'une expĂ©dition subsĂ©quente se situent plus facilement sur la riviĂšre des Prairies, dite « riviĂšre aux trois saults », que sur le fleuve Saint-Laurent. Beaugrand-Champagne, architecte du Grand Chalet du parc Mont-Royal, a beaucoup Ă©crit sur ce sujet.

Accueil des Hochelagiens

Aquarelle représentant Jacques Cartier visitant le village de Hochelaga le

Le , Jacques Cartier et sa troupe arrivent à proximité de Hochelaga. La nuit arrivée, il se retire avec ses hommes à bord des barques. TÎt le matin du , avec ses gentilshommes et vingt mariniers armés, il entreprend à pied le chemin de Hochelaga sur une voie bien aménagée. Marchant ainsi deux lieues (environ huit kilomÚtres), il peut enfin apercevoir la bourgade entourée de montagnes et de terres cultivées pleines de blé, qui lui paraßt beaucoup plus impressionnante que Stadaconé. Il décrit ainsi le paysage :

« Et au parmy d’icelles champaignes, est scituĂ©(e) et assise ladicte ville de Hochelaga, prĂšs et joignant une montaigne, qui est, Ă  l’entour d’icelle, labourĂ©e et fort fertille, de dessus laquelle on voyt fort loing. »

Concernant la montagne, il dĂ©clare : « Nous nommasmes icelle montaigne le Mont Royal », sans doute en l’honneur de François Ier, comme il Ă©tait coutumier Ă  l’époque.

Jacques Cartier visite alors Hochelaga et prend note de son organisation :

« Ladicte ville est toute ronde.... et cloze de boys, Ă  troys rancqs, en façon d’un(e) piramyde, croizĂ©e par le hault, ayant la rangĂ©e du parmy en façon de ligne perpendiculaire”.“Et n’y a en icelle ville qu’une porte et entrĂ©e... Il y a dedans icelle ville envyron cinquante maisons, longues de envyron cinquante pas ou plus, chascune, et... »

Puis il donne une description dĂ©taillĂ©e de l’amĂ©nagement d’une maison longue et de la façon que les mĂ©nages y vivent : « Dans chacune d’elles, il y a plusieurs Ăątres et plusieurs chambres. » Au centre, l’on retrouve une salle commune oĂč les indigĂšnes font un feu et vivent en communautĂ©.

La visite du village terminĂ©e, Jacques Cartier et sa troupe sont alors conduits sur la montagne qu'il nommera mont Royal, probablement Ă  dos d'homme, selon la coutume « courtoise Â» qu'il mentionne plus bas : « ...distant dudict lieu d’un cart de lieue » de la bourgade. Parvenant au sommet de l'une des collines composant le Mont, Cartier dĂ©clare :

« ....voyons ledict fleuve oultre le lieu oĂč estoient demourĂ©es noz barques, oĂč il y a ung sault d’eaue, le plus impetueulx qu’il soit possible de veoir, lequel ne nous fut possible de passer ; »

La visite des lieux terminée, Jacques Cartier revient à ses barques :

« ...nous retirasmes Ă  noz barques, qui ne fut sans avoir conduicte de grand numbre dudict peuple, dont partie d’eulx, quantveoyoient noz gens laz, les chargeoient sus eulx, comme sus chevaulx, et les portoyent... »

En 1556, Venise s'intéresse à Hochelaga

  • voir la lĂ©gende ci-aprĂšs
    Plan La Terra De Hochelaga Nella Nova Francia, avec à gauche, le Monte Real, plan dessiné par Giacomo Gastaldi en illustration du livre Delle Navigationi et viaggi, (Venise, 1556).
  • voir la lĂ©gende ci-aprĂšs
    Reproduction modifiée, avec légende en anglais, de La Terra de Hochelaga Nella Nova Francia (1909)

L'exploration de Jacques Cartier aux Indes Occidentales ne passa pas inaperçue Ă  Venise, en particulier auprĂšs de Giovanni Battista Ramusio, homme d'État et secrĂ©taire du Conseil des Dix. Diplomate de carriĂšre, sa fonction d'ambassadeur l'avait conduit dans de nombreux pays d'Europe. Ce dirigeant politique de la SĂ©rĂ©nissime, qui avait sept ans lorsque le GĂ©nois Christophe Colomb Ă©tait parvenu en 1492 aux Indes Occidentales, considĂ©rait la dĂ©couverte de terres inconnues comme la grande question de l'heure. En effet, Venise Ă©tait aux prises avec un grave problĂšme d'accĂšs aux Indes depuis que les Turcs ottomans s'Ă©taient emparĂ©s de Constantinople en 1453. On ne sait comment, Venise obtint copie du Brief Recit, mĂ©moire que Jacques Cartier avait remis en 1545 au roi François Ier. Ses explorations sont dĂ©crites dans le volume III de l’ouvrage Delle Navigationi et Viaggi de Giovanni Battista Ramusio. L’édition de 1556 est assortie d’illustrations de Jacopo Gastaldi, dont La Terra de Hochelaga Nella Nova Francia, dĂ©crivant Ă  la mode europĂ©enne du temps la visite de Jacques Cartier au mont Royal.

Protection

La commission des lieux et monuments historiques du Canada a dĂ©signĂ© Hochelaga comme lieu historique national le . Une plaque commĂ©morative a Ă©tĂ© installĂ©e en 1925 dans un petit parc de 79 m2 situĂ© Ă  gauche de l'entrĂ©e principale de l'universitĂ© McGill[7] : « PrĂšs d'ici Ă©tait le site de la ville fortifiĂ©e d'Hochelaga visitĂ©e par Jacques Cartier en 1535, abandonnĂ©e avant 1600. Elle renfermait cinquante grandes maisons logeant chacune plusieurs familles vivant de la culture du sol et de la pĂȘche. ».

ƒuvres artistiques

Plan d'Hochelaga par Jacques Cartier en 1535 - Paul-Émile Borduas

Une des toiles du chalet du Mont-Royal est la reproduction de La Terra de Hochelaga par Paul-Émile Borduas, peintre du Refus global.

Les tableaux historiques du Chalet de la montagne du parc du Mont-Royal furent commandées par l'architecte Beaugrand-Champagne.

Le film Hochelaga, terre des ùmes, de François Girard, sorti en 2017, plonge dans différentes époques de l'histoire du site, relatant entre autres la "découverte" d'Hochelaga par Jacques Cartier.

Notes et références

  1. Présentation de La Terra de Hochelaga
  2. Larouche 1994
  3. Histoire du Mont Royal
  4. Pendergast et Trigger 1972.
  5. HypothĂšse soutenue par Montarville B. de la BruiĂšre (1917), A. Beaugrand-Champagne (1923, 1942, 1947) et le pĂšre Hector Tessier (1954).
  6. Pour plus d'information, voir Cinquecento - Giovanni Battista Ramusio
  7. « Lieu historique national du Canada Hochelaga », sur Lieux patriminiaux du Canada (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie et sources

  • Jacques Cartier. (1545). Relation originale de Jacques Cartier. Paris: Tross (Ă©dition de 1863).
  • (en) Mark Abley, « Where was Hochelaga? », Canadian Geographic, vol. 114, no 6,‎ , p. 63-68.
  • (en) James F. Pendergast et Bruce G. Trigger, Cartier's Hochelaga and the Dawson Site, MontrĂ©al, McGill-Queen’s University Press, , 388 p..
  • (en) James F. Pendergast, « The Confusing Identities Attributed to Stadacona and Hochelaga », Journal of Canadian Studies, vol. 32, no 4,‎ , p. 149-167.
  • Roland Tremblay, Les Iroquoiens du Saint-Laurent : peuple du maĂŻs, MontrĂ©al, Éditions de l'Homme, .
  • Pierre Larouche, « La terra de Hochelaga » ou le plan de Ramusio de 1556, vol. 37, coll. « Cap-aux-Diamants », , 66–69 p. (ISSN 0829-7983 et 1923-0923, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne [PDF])
  • OĂč est passĂ©e la Laurentie iroquoienne? Entretien avec Roland Viau dans le cadre des cinquiĂšmes Rendez-vous d'histoire de QuĂ©bec

Articles connexes

Liens externes

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