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Lieu historique national du Canada

Un lieu historique national du Canada (anglais : National Historic Site of Canada) est un endroit dĂ©signĂ© par le ministĂšre de l’Environnement du Canada avec l'avis de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Parcs Canada, une agence fĂ©dĂ©rale, administre le programme de dĂ©signation d’importance historique nationale. En 2014, il y avait 971 lieux historiques nationaux, dont 167 sont directement administrĂ©s par Parcs Canada[1]. Ils sont situĂ©s dans toutes les provinces et territoires du Canada Ă  l'exception de deux lieux situĂ©s en France, le mĂ©morial de Vimy et le mĂ©morial terre-neuvien de Beaumont-Hamel[2] - [3].

Le Fort Howe à Saint-Jean, sa désignation en tant que « parc historique national » en 1914 marque le début du réseau des lieux historiques nationaux.

Le programme de dĂ©signation d’importance historique nationale comprend deux autres dĂ©signations apparentĂ©es : les Personnes d'importance historique nationale et les ÉvĂ©nements d'importance historique nationale.

Histoire

DĂ©veloppement initial

Les célébrations du tricentenaire de Québec marquent le point de départ des initiatives de préservation des sites historiques du pays.

L'Ă©mergence du nationalisme canadien Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle a portĂ© le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  mieux prĂ©server ses sites historiques[4]. Les festivitĂ©s du tricentenaire de QuĂ©bec en 1908 et l'Ă©tablissement, la mĂȘme annĂ©e, de la Commission des champs de bataille nationaux pour prĂ©server les plaines d'Abraham a encouragĂ© les efforts du gouvernement du Canada Ă  dĂ©signer et protĂ©ger les sites historiques Ă  travers tout le pays[5]. À la mĂȘme Ă©poque le gouvernement avait pour ambition d'Ă©tendre son rĂ©seau de parcs nationaux dans l'est du pays[4]. L'Est du pays n'avait pas de larges terres de la Couronne non dĂ©veloppĂ©es comme dans l'Ouest canadien, alors la division des parcs du Dominion dĂ©cida plutĂŽt d'utiliser les attraits historiques comme prĂ©texte de crĂ©ation de ses futurs parcs nationaux. En 1914, la division fit un recensement de divers sites historiques dans le but de crĂ©er de nouveaux espaces de loisir plutĂŽt que de prĂ©server la valeur historique. Le Fort Howe, Ă  Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© en 1914. Il ne prĂ©sentait pas vraiment un intĂ©rĂȘt d'importance nationale, mais cette dĂ©signation a donnĂ© une raison pour acquĂ©rir le site et en faire un parc. Le Fort Anne, Ă  Annapolis Royal reçut une dĂ©signation Ă©quivalente en 1917[6].

En 1919, William James Roche, le ministre de l'IntĂ©rieur, Ă©tait prĂ©occupĂ© par la dĂ©tĂ©rioration des vieux postes de traite de l'Ouest canadien et recevait des pressions des diverses sociĂ©tĂ©s historiques de tout le pays pour crĂ©er un financement et une aide du gouvernement fĂ©dĂ©ral pour la prĂ©servation et la commĂ©moration des monuments historiques locaux. Au mĂȘme moment le ministĂšre de la Milice et de la DĂ©fense dĂ©sirait transfĂ©rer ses vieux forts Ă  la division des parcs du Dominion. Roche demanda Ă  James Harkin, le premier commissaire des parcs du Dominion, de dĂ©velopper une politique ministĂ©rielle du patrimoine. Harkin pensait que la division n'avait pas rĂ©ellement l'expertise pour gĂ©rer les biens historiques; il Ă©tait troublĂ© par la faible valeur commĂ©morative du Fort Howe, le premier parc historique national, et craignait que les amĂ©nagements du parc du Fort Anne soient incompatibles avec ses Ă©lĂ©ments patrimoniaux[7].

Commission des lieux et monuments historiques du Canada

Le but initial du programme était strictement de commémorer plutÎt que de préserver ou restaurer. La forteresse de Louisbourg a été désignée en 1920, mais la restauration de la forteresse n'a commencé qu'en 1961[8].

Sous la recommandation de Harkin, le gouvernement a crĂ©Ă© la « Commission consultative pour la conservation des lieux historiques » en 1919 dans le but de conseiller le Ministre pour l'Ă©tablissement de nouveaux lieux historiques nationaux[4]. Le brigadier gĂ©nĂ©ral Ernest Alexander Cruikshank (en), une sommitĂ© sur la guerre de 1812 et de l'histoire de l'Ontario, le premier prĂ©sident est demeurĂ© en poste pendant 20 ans[9]. Le premier site dĂ©signĂ© et plaquĂ© a Ă©tĂ© le site de la falaise dans le comtĂ© de Norfolk oĂč deux sulpiciens, François Dollier de Casson et RenĂ© BrĂ©hant de GalinĂ©e ont pris possession du nord du lac ÉriĂ© au nom de Louis XIV en 1670[10] - [11].

En raison du manque de ressources, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada s'est limitĂ©e elle-mĂȘme qu'Ă  ne recommander des sites et Ă  privilĂ©gier la commĂ©moration Ă  la prĂ©servation. Benjamin Sulte, un membre de la commission, a Ă©crit Ă  Harkin en 1919 au sujet des ruines des forges du Saint-Maurice, dĂ©montrant sa prĂ©fĂ©rence Ă  l’installation d'une plaque sur la restauration du site : « La seule chose qui peut ĂȘtre faite de nos jours est de nettoyer les ruines jusqu'aux fondations et de planter un panneau au centre de la place »[12] - [13].

Durant ses premiĂšres annĂ©es la commission se contentait de commĂ©morer les batailles, les personnes notables, la traite des fourrures et les grands Ă©vĂ©nements politiques; elle visait Ă  commĂ©morer les « grands hommes et les grands Ă©vĂ©nements » qui ont permis de bĂątir la nation[5] - [14]. Sur les 285 lieux historiques nationaux dĂ©signĂ©s en 1943, 105 ont pour thĂšme l'histoire militaire, 52 l'exploration et la traite des fourrures, et 43 des grands personnages (presque exclusivement des hommes). On Ă©tait plus enclin Ă  dĂ©signer des sites de l'Ontario que des autres rĂ©gions du pays (certains membres de la commission pensaient mĂȘme qu'aucun site de l'Île-du-Prince-Édouard ne mĂ©ritait une dĂ©signation). La prĂ©Ă©minence des sites dĂ©diĂ©s Ă  la guerre de 1812 et aux loyalistes Ă©tait due Ă  l’influence de Cruikshank, qui a Ă©tabli une « palissade de plaques historiques le long du Saint-Laurent » commĂ©morant la rĂ©sistance face aux États-Unis. Les propositions de dĂ©signer des sites pour commĂ©morer l'immigration des Juifs, des Noirs et des Ukrainiens Ă©taient gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©es[15] - [16].

Évolution du programme

ÁísĂ­nai’pi, un endroit de grande importance culturelle et spirituelle pour les Pieds-Noirs, a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© en 2006[17].

Le dĂ©veloppement en taille du programme a changĂ© avec le temps sa portĂ©e et sa nature. Durant les annĂ©es 1930, l'intĂ©rĂȘt du mouvement de la conservation du patrimoine est passĂ© de la commĂ©moration Ă  la prĂ©servation et au dĂ©veloppement. Ce changement a Ă©tĂ© particuliĂšrement marquĂ© en Ontario, oĂč la commission des parcs du Niagara a restaurĂ© le Fort George et le MinistĂšre des Transports de l'Ontario a restaurĂ© le Fort Henry. Il faut attendre la Grande DĂ©pression pour que l'opportunitĂ© de la prĂ©servation du patrimoine intĂ©resse le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Bien que la commission n'ait pris aucun rĂŽle – elle se contentait de commĂ©morer – la division des parcs a utilisĂ© les programmes de subventions aux travailleurs pour la restauration des vieux forts[18].

En 1943, le prĂ©sident par intĂ©rim de la commission, Frederic William Howay (en), a convaincu les autres membres de la commission d'Ă©largir la nature des dĂ©signations[19]. En 1951, la commission royale d'enquĂȘte sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada a remarquĂ© les dĂ©sĂ©quilibres dans le programme des lieux historiques nationaux et a recommandĂ© de rendre le programme plus ambitieux avec une emphase sur l'architecture. En 1955, la Loi sur les lieux et monuments historiques a Ă©tĂ© amendĂ©e pour permettre la dĂ©signation des bĂątiments selon leur architecture et leur Ăąge, donnant un nouveau souffle au programme[20] - [10]. Les annĂ©es 1950 ont aussi Ă©tĂ© le dĂ©but du « grand projet » qui a atteint son apogĂ©e durant les annĂ©es 1960, oĂč le gouvernement fĂ©dĂ©ral a investi de grandes sommes dans la restauration de lieux historiques nationaux importants, comme la citadelle d'Halifax, la forteresse de Louisbourg, les fortifications de QuĂ©bec et le centre historique de Dawson City[21].

Durant les annĂ©es 1990, trois groupes ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme sous-reprĂ©sentĂ©s parmi les lieux historiques nationaux (soit les femmes, les autochtones et les minoritĂ©s autres que celles d'origines française et anglaise) et les efforts ont Ă©tĂ© consentis pour amĂ©liorer la diversitĂ© des dĂ©signations[5] - [14]. Il s'agit aussi de l'Ă©poque oĂč l'utilisation du terme « parc historique national », qui Ă©tait utilisĂ© par les plus grands lieux historiques nationaux a Ă©tĂ© abandonnĂ©e[10] - [22] - [23].

DĂ©signations

Une plaque posée sur un cairn était la premiÚre méthode des lieux historiques nationaux, comme pour celui de Glengarry Landing en Ontario.

Les lieux historiques nationaux sont dĂ©signĂ©s selon cinq grands thĂšmes : un territoire Ă  peupler, gouverner le Canada, Ă©conomies en dĂ©veloppement, Ă©tablir une vie sociale et communautaire et exprimer la vie culturelle et intellectuelle[24]. Pour ĂȘtre dĂ©signĂ©, un site doit correspondre au moins Ă  l'un des quatre critĂšres suivants :

  • Illustrer une rĂ©alisation exceptionnelle par sa conception et son design, sa technologie ou son amĂ©nagement, ou reprĂ©senter une pĂ©riode importante de l'Ă©volution du Canada;
  • Mettre en Ă©vidence ou symboliser, en tout ou en partie, une tradition culturelle, une maniĂšre de vivre ou de penser qui se sont avĂ©rĂ©es importantes pour l'Ă©volution du Canada;
  • Être associĂ©, d'une matiĂšre Ă©vidente et significative, Ă  une ou Ă  plusieurs personnes considĂ©rĂ©es d'importance historique nationale;
  • Être associĂ©, d'une matiĂšre Ă©vidente et significative, Ă  un ou Ă  plusieurs Ă©vĂ©nements considĂ©rĂ©s d'importance historique nationale[25].

La dĂ©signation d'un site comme lieu historique national n'offre aucune protection Ă  ce dernier, puisque seules les provinces peuvent lĂ©gifĂ©rer sur la protection de la propriĂ©tĂ©[26]. Un site peut cependant ĂȘtre aussi reconnu au niveau provincial, et mĂȘme municipal[5].

La mĂ©thode habituelle pour la commĂ©moration des lieux historiques nationaux est l'installation d'une plaque de bronze ayant une inscription dans les deux langues officielles du pays[27]. Durant les premiĂšres annĂ©es du programme, les plaques Ă©taient installĂ©es sur des cairns vouĂ©s Ă  cette fin[4]. Plus tard, elles furent installĂ©es sur le bĂątiment ou sur un socle. Les plaques peuvent ĂȘtre aussi rĂ©digĂ©es dans une troisiĂšme langue si le site est liĂ© Ă  un peuple autochtone ou Ă  une communautĂ© ethnoculturelle[28].

Liste des lieux historiques nationaux

Notes et références

  1. Agence Parcs Canada, Rapport ministĂ©riel sur le rendement : 2013–2014, Parcs Canada, , 92 p. (ISSN 2368-3759, lire en ligne), p. 7
  2. Commission des lieux et monuments historiques du Canada et Parcs Canada 2011, p. 3
  3. Commission des lieux et monuments historiques du Canada et Parcs Canada 2011, p. 9
  4. « Historique de la Commission », sur Parcs Canada (consulté le )
  5. Mélanie Fafard C.J. Taylor, « Lieu historique », sur L'Encyclopédie canadienne (consulté le )
  6. (en) Taylor 1990, p. 28–29
  7. (en) Taylor 1990, p. 30–45
  8. « Lieu historique national du Canada de la Forteresse-de-Louisbourg », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  9. (en) Symons 1997, p. 333
  10. (en) Parks Canada, Recognizing Canadian History : The Historic Sites and Monuments Board of Canada, Parks Canada, (ISBN 0-662-50533-6), p. 49
  11. « Lieu historique national du Canada du Site-de-la-Falaise », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  12. Taylor 1990, p. 33-35
  13. Taylor 1990, p. 51
  14. Parcs Canada 2000, p. 5
  15. (en) Symons 1997, p. 57
  16. (en) Taylor 1990, p. 45, 48, 60, 75 et 130
  17. « Lieu historique national du Canada Áísínai'pi », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  18. (en) Taylor 1990, p. 101–109
  19. (en) Taylor 1990, p. 130
  20. (en) Symons 1997, p. 333-334
  21. (en) Taylor 1990, p. 170
  22. (en) Parks Canada, National Historic Sites Policy, Indian and Northern Affairs,
  23. (en) Symons 1997, p. 334
  24. « Introduction », sur Parcs Canada (consulté le )
  25. Parcs Canada 2000, p. 3
  26. « La protection des lieux historiques », sur Parcs Canada (consulté le )
  27. Parcs Canada 2000, p. 50
  28. « Commémoration des désignations », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  29. « Annuaire des désignations patrimoniales fédérales », sur Parcs Canada (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « National Historic Sites of Canada » (voir la liste des auteurs).
  • Commission des lieux et monuments historiques du Canada et Parcs Canada, RĂ©pertoire des dĂ©signations historiques nationales, , 140 p. (lire en ligne)
  • Parcs Canada, Plan du rĂ©seau de Lieux historiques nationaux du Canada, Parcs Canada, , 118 p. (ISBN 0-662-84879-9), p. 5
  • (en) Thomas H.B. Symons, The Place of History: Commemorating Canada's Past, Canadian Heritage, , 878 p. (ISBN 0-920064-58-2)
  • (en) C.J. Taylor, Negotiating the Past : The Making of Canada's National Historic Parks and Sites, MontrĂ©al et Kingston, McGill-Queen's University Press, , 288 p. (ISBN 0-7735-0713-2, prĂ©sentation en ligne)


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