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Histoire de la violence

Histoire de la violence est un roman français de genre autobiographique écrit par Édouard Louis, paru aux Éditions du Seuil en .

Histoire de la violence
Auteur Édouard Louis
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur Éditions du Seuil
Date de parution 7 janvier 2016
ISBN 978-2-02-117778-7
Chronologie

Structure et récit

Dédié à Geoffroy de Lagasnerie, ce deuxième roman d'Édouard Louis est composé de seize chapitres, dont le titre en est le numéro en toutes lettres, un « Intermède » à propos de Sanctuaire de Faulkner s'insérant entre les chapitres huit et neuf.

Tandis qu'il rentre d'une soirée de réveillon de Noël, Édouard est abordé par Reda, un jeune kabyle, qu'il finit par inviter chez lui pour faire l'amour. Les deux hommes passent la nuit ensemble dans le studio d'Édouard, mais la situation dégénère quand celui-ci s'aperçoit de la disparition de son téléphone : sous la menace d'une arme, il est étranglé et violé par Reda.

Histoire de la violence est un roman autobiographique centré sur les répercussions et les sources de cette violence, intégrant les étapes postérieures (examens médicaux, plainte portée auprès de la police, révélation aux proches) et une réflexion sur l'histoire de Reda. Le récit est narré par Édouard, mais également par sa sœur Clara, qui raconte l'histoire à son mari, avec sa propre interprétation des faits. Le narrateur écoute secrètement la version de sa sœur, ajoutant un commentaire critique — qui s'insère en écriture italique.

Le roman, qui ne respecte pas la chronologie des faits, comporte, comme pour En finir avec Eddy Bellegueule, deux niveaux de langage, dont celui populaire de Clara[1] - [2] - [3].

RĂ©ception critique

Pour Le Monde, le deuxième roman d'Édouard Louis est « splendide » et « bouleversant »[4], tandis que pour Les Inrocks , Histoire de la violence « impressionne » et se révèle être « encore plus fort que le premier » roman de l'auteur[5]. L'ouvrage reçoit également un accueil favorable dans les revues littéraires comme La Quinzaine littéraire, ou Diacritik qui qualifie Édouard Louis d'écrivain qui « compte parmi les plus grandes voix de la littérature contemporaine »[6].

Le livre est en revanche vivement critiqué par Laurent Nunez dans Marianne, pour qui le livre d'Édouard Louis « déplait et met mal à l'aise »[7], ou encore par Le Point qui déplore le misérabilisme du livre et conclut ainsi sa critique : « En notre époque où le plaisir de la littérature semble se confondre avec le malheur des autres, Histoire de la violence est promis à un grand succès »[8].

Certains journalistes relèvent l'aspect politique et sociologique du roman, comme Fabienne Pascaud qui parle dans Télérama d'un livre « engagé » où l'auteur « fait entendre que c'est en pénétrant la violence du monde qu'on trouvera la vérité cachée de notre société »[1], ou Julien Burri dans L'Hebdo, pour qui le roman parle « des rôles sociaux qui nous prédestinent, nous piègent. Du fait d’être dépossédé de sa propre histoire lorsqu’elle est mise en mots par d’autres, fonctionnaires de police, médecins ou amis » et écrit que le livre échappe « au point de vue ethnique ou racial pour se centrer sur une lecture plus fine et sociologique »[9].

Le roman est en revanche lourdement critiquĂ© dans Le Figaro, L'Opinion ou LibĂ©ration (« kitsch naturaliste, tournant au procĂ©dĂ© Â»). Dans Slate, JĂ©rĂ©my Collado Ă©voque un livre « qui sent bon la prolophobie Â» et qui, par l'assignation identitaire de ses personnages, fait du « chantage Ă  la sociologie »[10].

Adaptation théâtrale

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, met en scène le roman en 2018 et cosigne avec Édouard Louis son adaptation théâtrale, Au cœur de la violence (Seuil, 2019)[11]. Le spectacle est présenté en France au Théâtre des Abbesses en 2020[12]. « Ce n'est pas facile de porter une souffrance qu'on n'a pas choisie. Le théâtre peut être ce lieu où quelqu'un vient porter les combats à votre place », développe Édouard Louis, qui explique avoir choisi Thomas Ostermeier car celui-ci « a toujours articulé son théâtre à une dénonciation des mécanismes »[13].

La pièce reçoit un accueil contrasté. Marie-José Sirach loue dans L'Humanité le choix d'Ostermeier de s'être « bien gardé de faire dans l'emphase » et d'avoir « choisi un dispositif minimaliste qui dit aussi bien la solitude, l'impuissance, que la révolte de son personnage principal »[14]. Brigitte Salino, dans Le Monde, critique en revanche l'omniprésence sur scène des quatre acteurs, incarnant à eux seuls dix personnages (sans compter le narrateur) : « S’il a une cohérence intellectuelle – la difficulté, voire l’impossibilité, de rendre compte de la violence –, ce parti pris ne joue pas en faveur du spectateur, submergé par un flot d’actions conjointes »[15]. Si pour Marina Da Silva dans Le Monde diplomatique, « la dénonciation des mécanismes de reproduction de la violence sont magnifiquement servis dans la pièce par un quatuor d’acteurs exceptionnel »[16], Lucile Commeaux estime sur France Culture que « déduire une théorie de la violence d’une expérience individuelle exige sans doute un travail que le spectacle n’effectue jamais, et qu’il n’effectue jamais par lâcheté au sens littéral : la réduction sur scène rend cette articulation trop floue, rien ne se noue jamais, la référence bourdieusienne est trop vague, trop pauvre, elle même réduite à un accessoire théâtral sommaire et usé »[17].

Affaire judiciaire

Une plainte pour viol a été déposée par Édouard Louis. Après la clôture de l'instruction, le parquet a estimé dans son réquisitoire que l'enquête avait permis de confirmer un rapport sexuel non consenti[18]. Pour la « bonne administration de la justice », et « en opportunité », celui-ci a requis une correctionnalisation de l'affaire, ce qui est « courant dans ce genre d'affaire » selon Le Parisien. L'avocate de Riadh B. (Reda) indique : « le parquet acte la fragilité des dépositions d'Édouard Louis en correctionnalisant le dossier et en ne retenant pas la circonstance aggravante de l’arme ». L'avocat d’Édouard Louis indique quant à lui que son client est « satisfait » de ce réquisitoire où « il est à la fois reconnu par le parquet comme victime d’une agression à caractère sexuel et est soulagé que son agresseur n’aille pas aux assises »[19]. Riadh B. est finalement relaxé en appel en février 2022[20].

Références

  1. Fabienne Pascaud, « Histoire de la violence », sur telerama.fr, (consulté le ).
  2. Annabelle Laurent, « Rentrée littéraire: Édouard Louis en a-t-il fini avec «Eddy Bellegueule» ? », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  3. Marianne Payot, « Édouard Louis fait l'autopsie d'un viol », sur lexpress.fr, .
  4. Raphaëlle Leyris, « Roman autobiographique : Édouard Louis et le mauvais garçon », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  5. Nelly Kaprièlian, « Entretien avec Édouard Louis : « J’écris contre moi-mĂŞme Â» », sur Les Inrocks (consultĂ© le )
  6. Christine Marcandier, « Édouard Louis, « sous le poids de cette histoire que je ne voulais pas être mon histoire » », sur Diacritik (consulté le )
  7. Laurent Nunez, « Edouard Louis, en toute complaisance », sur Marianne (consulté le )
  8. Marc Lambron, « Édouard Louis en enfer », sur Le Point (consulté le )
  9. Julien Burri, « Édouard Louis: violemment impudique », sur hebdo.ch, (consulté le )
  10. JĂ©rĂ©my Collado, « Ă‰douard Louis ou le dĂ©terminisme extrĂŞme Â», slate.fr, 14 fĂ©vrier 2017.
  11. « Au coeur de la violence, Édouard Louis, Littérature française - Seuil », sur www.seuil.com (consulté le )
  12. « Histoire de la violence », sur Théâtre de la ville de Paris (consulté le )
  13. « Edouard Louis: «C'est important de représenter la violence» », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  14. « Théâtre. Homo et Arabe, forcément violeur, forcément voleur », sur L'Humanité, (consulté le )
  15. « Théâtre : la violence, une histoire de points de vue », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Lorsqu’un fait divers révèle la violence structurelle de la société », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  17. « "Histoire de la violence", ou comment le théâtre défait la pensée », sur France Culture, (consulté le )
  18. « Le parquet demande un procès en correctionnelle contre l’agresseur présumé d’Edouard Louis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Agression d’Edouard Louis : le parquet veut un procès », leparisien.fr,‎ 2018-10-12cest19:23:35+02:00 (lire en ligne, consulté le ).
  20. Chloé Pilorget-Rezzouk, Riadh B. relaxé en appel du chef d’agression sexuelle sur l’écrivain Edouard Louis, 7 février 2022, Libération.

Lien externe

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