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Hippolyte varians

Hippolyte varians, la crevette hippolyte variable, hippolyte commune, crevette des herbiers ou hippolyte selon l’INPN[1] est une petite crevette (cm maximum) qui peut - comme son nom spécifique varians l’indique - changer de couleur par mimétisme pour mieux se fondre dans son environnement, capacité qui a beaucoup intrigué les naturalistes depuis le XIXe siècle au moins. Des pigments stockés dans différentes zones de ses chromatophores permettent à cette crevette de souvent passer totalement inaperçue.

L'Hippolyte commune (ici femelle ovigère) prĂ©sente une « allure bossue Â» caractĂ©ristique, ce qui permet, avec d'autres critères de la diffĂ©rencier d'autres crevettes de la mĂŞme famille et en particulier de Hippolyte inermis (qui est plus droite et linĂ©aire)
Hippolyte varians peut aussi présenter des taches ou une ligne dorsale (comme ici) qui peuvent améliorer son camouflage.

Habitats et répartition géographique

Ce petit crustacĂ© peut ĂŞtre trouvĂ© depuis la surface (dans les flaques de l'estran[2]) jusqu'Ă  100 m de profondeur dans l'ocĂ©an Atlantique, la Manche, la mer du Nord ainsi qu'en MĂ©diterranĂ©e.

Description

Taille : cet animal atteint cm à l’âge adulte, avec des antennes aussi longues que presque la moitié de son corps.

Forme : la crevette prĂ©sente au niveau du dos, Ă  hauteur de l'abdomen une bosse caractĂ©ristique vue de profil (Ă  peu près au milieu du corps qui s'affine ensuite jusqu’à la queue). Le sommet de la tĂŞte prĂ©sente une petite Ă©pine (« Ă©pine apicale Â»)[3].
Comme chez les autres Hippolytes le rostre est rectiligne (parfois légèrement retroussé à l'apex), dépourvu d'épines et se terminant par une pointe aiguë (apex)[3].
Les yeux sont bien visibles car portés par un pédoncule long[3].
Un stylocérite[4] aiguë est présent à un peu plus de la moitié de la longueur du pédoncule antennulaire[3].
La paire de scaphocérites est très développée et bien visible (formant un plateau en avant de la tête ; elles sont environ trois fois plus longues que larges), l'épine apicle ne dépasse pas partie lamellaire[3].
Le troisième maxillipède fait la moitié de la longueur de la scaphocérite ou un peu plus[3] ;
Le telson présente deux paires d'épines latérales[3].
Des touffes de soies sont parfois présentes sur la carapace et les pléonites[3].

Dimorphisme sexuel : cette espèces présente un certain dimorphisme sexuel en termes de taille et de couleur[5] ; les mâles sont en moyenne un peu plus petits[6]. Ils présentent des motifs colorés plus simples et moins ajustés à leur environnement selon F Keeble & F Gamble (1899) [6] L’abdomen de la femelle est souvent gonflé d’œufs ou de zoeae.

Couleur : elle peut considérablement varier : rouge, verte, jaunâtre ou brune (avec des effets de transparence ou non) selon le milieu de vie ou l'heure de la journée.

Risques de confusion

Elle peut être facilement confondue avec une espèce proche (Hippolyte inermis) qui est un peu plus grande (pour les adultes) et qui en outre présente un aspect moins "bossu" (plus linéaire).
Certains auteurs distinguent en outre une variété fascigera pour cette espèce[7].

Comportement

Le jour Hippolyte varians se cache parmi les algues et les roches, dans des habitats spécifiques dont elle ne s’éloigne pas, et où grâce à ses capacités de camouflage elle est très discrète.

Dans l'environnement nocturne, tout comme d’autres crevettes apparemment inféodées à un habitat spécifique (ex : Eualus gaimardii et Lebbeus polaris) elle peut s’éloigner des zones d’où elle ne s’absente pas le jour[8].

Variations de couleurs, mimétisme

C'est l’une des espèces chez lesquelles on a étudié, depuis plus de 150 ans, la physiologie des changements de coloration[9], et en particulier les pigments et les différents types de chromatophores (ainsi que leurs changements de couleur et d’intensité de jour et de nuit, y compris chez les larves).

Ainsi en 1899, avait-on déjà montré qu’au coucher du soleil cette crevette prend une teinte rouge, puis la nuit une teinte bleue translucide ou bleu-vert[6], que la couleur du corps changeait aussi selon le cycle nycthéméral[10], et que si la crevette était maintenue artificiellement dans le noir (ou privée de ses deux yeux[11]), les couleurs diurnes apparaissaient néanmoins.

Le changement de couleur lié au cycle jour-nuit peut être rapide, de même s’il est induit par un changement important d’intensité lumineuse, mais l’adaptation mimétique est lente (une crevette verte introduite dans un environnement d’algues brunes ne devient brune qu’après plusieurs semaines). Keeble et son collègue citent aussi le cas d’une crevette très foncée qui est devenue en quelques minutes transparente après avoir été placée dans une porcelaine blanche pour être observée à la lumière.

Plusieurs auteurs estiment que le système hormonal contribue au contrôle des cycles de coloration, avec une hormone qui serait produite dans le pédoncule oculaire[12].

Pathologies

Comme toutes les crevettes, cette espèce peut être porteuses de parasites et de maladies bactériennes ou virales.

Elle est notamment l’hôte de cestodes[13] et de l’épicaride parasite Bopyrina giardi [14].

Notes et références

  1. Fiche INPN
  2. Gamble, F. W., & Keeble, F. W. (1900). Memoirs: Hippolyte varians: a Study in Colour-change. Journal of Cell Science, 2(172), 589-698 (1re page)
  3. M.J. de Kluijver & S.S. Ingalsuo Fiche Hippolyte varians ; Macrobenthos of the North Sea - Crustacea, consulté 31 juillet 2016
  4. Le stylocérite est une épine orientée vers l'avant et située sur la marge latérale du premier segment du pédicule antennulaire des crevettes selon Chace et Hobbs (1969) cités par le Dictionnaire académique consacré aux crustacés ; article stylocerite
  5. Turquier, Y. (1963). Sur le dimorphisme sexuel chez deux espèces de crevettes: Hippolyte varians Leach et Hippolyte leptocerus (Heller). Bull. Soc. Linn. Normandie, 4(10), 111-118
  6. Keeble, F. W., & Gamble, F. W. (1899). The colour-physiology of Hippolyte varians. Proceedings of the Royal Society of London, 65(413-422), 461-468 (PDF, Modèle:Nb.p.). (voir p. 464)
  7. Cchassard C (1966). Hippolyte varians Leach et sa variété fascigera (Crustacé Décapode). Cahiers de Biologie marine, 7(4), 445
  8. Berggren, M. (1993). Aquaria experiments on habitat choice of littoral shrimps of the Faroe Islands. Crustaceana, 65(2), 129-143
  9. Keeble, J. W., & Gamble, F. W. (1900). Physiologie de la coloration chez Hippolyte. varians. Bull, du Muséum, 185-188
  10. Chassard-Bouchaud, C., & Hubert, M. (1970). Phénomènes chromatiques et rythme nycthéméral chez Hippolyte varians Leach (crustacé décapode). Experientia, 26(5), 542-543 (résumé).
  11. Chassard C (1961) Effets chromatiques de l’ablation des pédoncules oculaires chez les Hippolyte varians Leach (Crustacé décapode). Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, 253(25), 3076
  12. Kleinholz, L. H., & Welsh, J. H. (1937). Colour changes in Hippolyte varians. Nature, 140, 851 (résumé)
  13. Ruszkowski J.S (1928) Études sur le cycle évolutif et sur la structure des Cestodes de mer : Echinobothrium benedeni n. sp. ses larves et son hôte intermédiaire Hippolyte varians Leach. Cracovie, Imprimerie de l'Universite
  14. MotaÕ, C., & Bãleanu, A. (1937). Notes sur Bopyrina giardi Bonnier, épicaride parasite d’Hippolyte varians Leach, suives de quelques observations sur son hôte. Annales de la Université de Iassy, 23, 164-172

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Chassard, C. (1956). Polymorphisme des populations d'Hippolyte varians Leach et comportement en fonction de leur adaptation chromatique prĂ©sente. Bulletin de la SociĂ©tĂ© zoologique de France, 81, 413-418.
  • Coombs, E. F., & Allen, J. A. (1978). The functional morphology of the feeding appendages and gut of Hippolyte varians (Crustacea: Natantia). Zoological Journal of the Linnean Society, 64(3), 261-282 (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1096-3642.1978.tb01073.x/abstract rĂ©sumĂ©]).
  • D'Udekem d’Acoz C. (2007). New records of Atlantic Hippolyte, with the description of two new species, and a key to all Atlantic and Mediterranean species (Crustacea, Decapoda, Caridea). Zoosystema, 29(1), 183-207. (avec clĂ© de dĂ©termination des Hippolytes), rĂ©sumĂ©
  • Gamble, F. W., & Keeble, F. W. (1900). Memoirs: Hippolyte varians: a Study in Colour-change. Journal of Cell Science, 2(172), 589-698 (1re page)
  • Keeble, F. W., & Gamble, F. W. (1899). The colour-physiology of Hippolyte varians. Proceedings of the Royal Society of London, 65(413-422), 461-468 (PDF, 9 p).
  • Kleinholz, L. H., & Welsh, J. H. (1937). Colour changes in Hippolyte varians. Nature, 140, 851 (rĂ©sumĂ©).
  • Regnault, M. (1969). [Recherche Du Mode De Nutrition d'Hippolyte Inermis Leach (Decapoda, Caridea) Au DĂ©but De Sa Vie Larvaire: Structure Et Role Des Pièces Buccales, Recherche Du Mode De Nutrition d'Hippolyte Inermis Leach (Decapoda, Caridea) Au DĂ©but De Sa Vie Larvaire: Structure Et Role Des Pièces Buccales]. Crustaceana, 17(3), 253-264 (rĂ©sumĂ©).
  • Sars, G. O. (1911). Account of the Postembryonal Development of" Hippolyte Varians" Leach, by GO Sars... A. Cammermeyer.
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