Henriette Poincaré
Henriette Poincaré, née Henriette Adeline Benucci le à Passy et morte le à Paris[1], est l'épouse de Raymond Poincaré, président de la République française du au .
Henriette Poincaré | |
Portrait d'Henriette Poincaré. | |
Épouse du président de la République française | |
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– (7 ans) |
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Président | Raymond Poincaré |
Prédécesseur | Jeanne Fallières |
Successeur | Germaine Deschanel |
Biographie | |
Nom de naissance | Henriette Adeline Benucci |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Passy (Seine) |
Date de décès | |
Lieu de décès | 16e arrondissement de Paris |
Conjoint | Dominic Killoran (1883-1890) Arthur Bazire (1891-1892) Raymond Poincaré (1901-1934) |
Biographie
Famille, Ă©tudes et premier mariage
Issue d'un milieu modeste, Henriette Benucci est la fille naturelle de Raphaël Benucci, un cocher d'origine italienne, et de Louise Mossbauer, une jeune domestique[2]. Née hors mariage, elle est toutefois légitimée à la suite de l'union de ses parents, le .
Elle reçoit une éducation au couvent. À sa sortie de l'institution religieuse, elle épouse en premières noces, le , un aventurier irlandais, Dominic Killoran (1856-1909), dont elle divorce le .
Professeur, salonnière et second mariage
Par la suite, elle se place comme dame de compagnie auprès de vieilles dames de la bourgeoisie[2] et donne aussi des cours d'italien au Sacré-Cœur, avant de se remarier, le , avec l'industriel Arthur Bazire (né à Falaise le et décédé le ).
Devenue veuve, Henriette Bazire tient un salon à Paris, fréquenté par des intellectuels et hommes politiques, et se crée un réseau d'amis au sein de la haute société de la capitale. C'est par ce biais qu'elle rencontre Raymond Poincaré, dont elle devient rapidement la compagne à partir de 1901, avant de l'épouser civilement le à Paris dans le XVIIe arrondissement.
Le mariage religieux ne peut finalement avoir lieu que lorsque la preuve du décès de son premier mari est apportée, et il est célébré secrètement le , quelques mois après l'élection à la présidence de Raymond Poincaré, dans leur appartement du 10, rue de Babylone (VIIe arrondissement) par le recteur de l'Institut catholique de Paris, Mgr Baudrillart, ami de lycée à l'époque où Raymond Poincaré fréquentait le lycée Louis-le-Grand[3] - [4]. Le président, pour satisfaire son électorat majoritairement catholique, arrive à obtenir dans le même temps la bénédiction du Saint Siège.
La presse qualifie Henriette Poincaré de femme sulfureuse, en raison du nombre d'hommes qui ont partagé sa vie[5]. N'ayant pas d'enfant, le couple élève comme les siens les trois nièces d'Henriette.
Épouse du président de la République
Durant la Première Guerre mondiale, elle s'occupe de plusieurs œuvres caritatives de soutien au moral des troupes et des familles de mobilisés : elle établit au palais de l'Élysée des ateliers chargés de préparer des colis à destination des soldats sur le front et, à l'occasion des fêtes, des cadeaux, des friandises et des vêtements sont distribués aux enfants de poilus ou à ceux des écoles situées dans les zones occupées par l'armée française d'Alsace et de Lorraine.
Elle fait également partie des « marraines de guerre », avec, selon son époux, plus de 12 000 filleuls dans les tranchées[6]. Elle accompagne enfin son époux dans la plupart de ses déplacements, n'hésitant pas à porter la coiffe ou le foulard traditionnel de la région visitée[4].
Le couple aime à se reposer dans le jardin du palais. Raymond Poincaré écrit ainsi : « Depuis quinze jours, la roseraie de l'Élysée est en pleine floraison et répand une délicieuse odeur. Le jardin est rempli d'oiseaux[5]. »
Un enlèvement manqué
En 1917, Henriette Poincaré est surprise dans le jardin du palais de l'Élysée par un orang-outan échappé d'un cirque qui se tenait alors au théâtre du Rond-Point voisin (une autre version veut qu'il s'agisse d'un chimpanzé échappé de chez son maître, un diplomate logeant près du palais[7]) : l'animal tente alors d'entraîner l'épouse du président de la République dans un arbre. La censure a par la suite interdit à la presse de parler de cet incident.
Fin de vie et mort
À la fin du mandat présidentiel, le couple souhaite acheter un hôtel particulier, au 26 de la rue Marbeau, à Paris, Raymond Poincaré continuant à exercer diverses fonctions politiques. Pour cet achat, Henriette Poincaré doit vendre une villa qu'elle possédait à Cabourg ainsi que des parcelles de terrain en Normandie.
Raymond Poincaré meurt le . Henriette lui survit jusqu'en mai 1943. Tous les deux sont inhumés dans le cimetière de Nubécourt, dans la Meuse.
Apparence
Henriette Poincaré est décrite comme une femme ayant des « cheveux noirs bouclés, un visage ovale, une bouche large et sensuelle, un regard doux, des oreilles fines[5] ».
Postérité
Henriette Poincaré a donné son nom à une variété de rose, hybride de thé créée par Jules Gravereaux en 1909[8].
Notes et références
- Raymond Poincaré, un homme d'État lorrain, 1860-1934 sur Google Books, consulté 21 octobre 2012
- François Roth, Raymond Poincaré, Fayard, 2001 - 716 pages (ISBN 2213648093 et 9782213648095)
- Paul Allard, Les Secrets de l'Élysée.
- Dominique Frémy, Quid des présidents de la République... et des candidats, Robert Laffont, Paris, 1987, p. 321.
- Bertrand Meyer-Stabley, Les Dames de l'Élysée : celles d'hier et de demain, Paris, Librairie académique Perrin.
- Raymond Poincaré, Au service de la France : neuf années de souvenirs, 1926-1933, présent sur Wikisource.
- Bertrand Meyer-Stabley, Les dames de l'Elysée : celles d'hier et de demain, Paris, Perrin, , 272 p. (ISBN 2-262-01620-8), p. 33
- (en) Présentation de la rose sur le site www.heritagerosefoundation.org