Henri Weil
Henri Weil, né le à Francfort-sur-le-Main (ville libre de Francfort) et mort le à Paris, est un philologue et helléniste français, d'origine allemande[1].
Professeur des universités Université de Franche-Comté | |
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Professeur des universités Université de Strasbourg (d) | |
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Heinrich Weil |
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française (à partir du ) allemande |
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Société philologique hellénique de Constantinople (d) () Académie des inscriptions et belles-lettres (- Académie royale des sciences de Prusse Académie des sciences de Saint-Pétersbourg Académie des sciences Académie des sciences de Russie |
Distinctions |
Biographie
Henri Weil appartient à une famille juive de Francfort ; son père y tenait un pensionnat qui accueillait et formait des élèves internes et externes. Le jeune Weil fait ses études secondaires au gymnase et dès cette époque il manifeste un goût pour les auteurs grecs, mais s'intéresse aussi aux sciences. À seize ans, il s'inscrit à l'université de Heidelberg en médecine ; à cette époque, en Allemagne, parmi les métiers correspondant à une formation supérieure, seuls ceux d'avocat et de médecin étaient ouverts aux juifs, mais le droit ne l'attirait pas. Après un semestre, il quitte Heidelberg pour l'université de Bonn, où il commence des études de philologie ; il y est marqué par l'enseignement de Friedrich Gottlieb Welcker en mythologie et en histoire de l'art. Au bout d'un an, il part continuer sa formation philologique à Berlin, où il suit les cours d'August Böckh qu'il admirait vivement et qui l'influença fortement. En 1837, une agitation estudiantine, à laquelle il avait pourtant pris peu de part, attire sur lui l'attention de la police et il est expulsé. Il décide alors de s'inscrire à l'université de Leipzig, où exerçait un helléniste réputé, Gottfried Hermann. Mais celui-ci restait strictement au niveau de la critique textuelle et Weil préférait la conception plus large de Böckh, ouverte sur une compréhension globale de la civilisation grecque. À la fin de son année à Leipzig, il obtient son doctorat en philosophie summa cum laude[2]. Mais sa condition de juif lui interdisait alors d'obtenir un poste dans une université allemande.
Il retourne alors à Francfort pour aider son père. Il décide de voyager à l'étranger, passe quelques mois à Paris et revient par Lyon et la Suisse. À cette époque, il écrit son premier livre, Das classische Alterthum für die deutsche Jugend, dont l'objectif était de donner un aperçu de la littérature antique aux jeunes gens qui n'étaient pas destinés aux études classiques. Il prend alors la décision de chercher en France la situation universitaire qui lui était interdite en Allemagne et, muni de recommandations de ses anciens maîtres, il arrive à Paris. Il est bien accueilli par des universitaires parisiens tels que Saint-Marc Girardin, Henri Patin et Joseph-Daniel Guigniaut. Dispensé, en raison de son doctorat allemand, de la licence ès-lettres, il s'inscrit en doctorat et soutient rapidement, devant la faculté des lettres de Paris, la thèse française et la thèse latine qui lui ouvraient les portes de l'université française.
À la rentrée de 1846, il est nommé suppléant du professeur de littérature latine de la faculté des lettres de Strasbourg, Delcasso. Il s'y lie d'amitié avec Constant Martha. En 1848, Delcasso reprend son poste. Weil, revenu à Paris, passe l'agrégation des facultés des lettres[3] et il est reçu brillamment. À l'automne 1848, il est envoyé à Besançon comme suppléant du professeur de littérature grecque et latine. Quelque temps après, le titulaire meurt et Weil obtient la chaire. Il y reste une vingtaine d'années. Quand éclate la guerre de 1870, devenu citoyen français, il prend les armes, comme garde national, contre ses anciens compatriotes. Après la guerre, il est nommé doyen de la faculté. En 1866, il est élu correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1867, il est l'un des fondateurs de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France.
En 1876, Henri Weil est nommé maître de conférences de langue et littérature grecques à l'École normale supérieure, où il a enseigné jusqu'en 1892, et directeur d'études à l'École pratique des hautes études ; il s'installe à Paris. En 1882, il devient membre ordinaire de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en remplacement d'Édouard Dulaurier.
Vers la fin de sa vie, sept ou huit ans avant sa mort, il perd la vue et entend de plus en plus mal. Mais avec l'aide de son gendre Georges Dalmeyda et de ses filles, il continue ses recherches. Ainsi, en 1906-1907, il assure la révision de son édition d'Eschyle. Jusqu'à la fin, il écrit des articles, notamment sur les papyrus récemment découverts.
Ĺ’uvre scientifique
Sa thèse française sur l’Ordre des mots (1844) est considérée comme le premier travail proprement scientifique sur cette question. Elle eut un grand succès et connut trois éditions en France, avant d'être traduite en anglais aux États-Unis en 1887.
Publications
- De l'ordre des mots dans les langues anciennes comparées aux langues modernes, thèse principale française, Paris, 1844 ; 3e éd., 1879. Réimpr. de la 3e éd., Paris, Didier érudition, 1991, IX-101 p. (ISBN 2-86460-166-4)
- De tragoediarum graecarum cum rebus publicis conjunctione (« Du rapport entre les tragédies grecques et la vie politique »), thèse complémentaire latine, Paris, 1844.
- (en collab. avec Louis Benloew) Théorie générale de l'accentuation latine, suivie de recherches sur les inscriptions accentuées et d'un examen des vues de M. Bopp sur l'histoire de l'accent, Paris, A. Durand, 1855, XI-383 p.
- Æschyli tragœdiae, Leipzig, Teubner, 1884 (éditions révisées en 1907 et 1910).
- Études sur le drame antique, Paris, Hachette, 1897, 328 p. (reprise de plusieurs articles).
- Études sur l'Antiquité grecque, Paris, Hachette, 1900, 328 p. (reprise de plusieurs articles).
- Études de littérature et de rythmique grecque. Textes littéraires sur papyrus et sur pierre. Rythmique, Paris, Hachette, 1902, VI-241 p. (reprise de plusieurs articles).
Notes et références
- Il fut naturalisé par arrêt collectif du 15 septembre 1848. Son dossier de demande de naturalisation est conservé aux Archives nationales (BB/11/585, dossier 631 X 5)
- Le doctorat en philosophie des universités allemandes était l'équivalent du doctorat ès-lettres français ; quant à la mention summa cum laude, c'était une mention « très honorable ».
- Cette agrégation, du type de celles qui existent encore dans les facultés de médecine et de droit et sciences économiques, fut en vigueur pendant quelques années, précisément jusqu'en 1848.
Bibliographie
RĂ©Ă©ditions de ses Ĺ“uvres
- Henri Weil (1818-1909), The Order of Words in Ancient Languages compared with that of the Modern Languages, transl. into English, with notes and additions, by Charles W. Super (Boston, 1887). New ed. of the pioneering work on word order, which originally appeared in French in 1844 (3rd ed., 1879), with an introd., containing biobibliographical information on Weil, by Aldo Scaglione (coll. « Amsterdam Classics in Linguistics », 14), Amsterdam, John Benjamins, 1978, XXXIX-114 p. (ISBN 90-272-0975-8)
- Laurent Calvié, L'art de lire : études sur l'ancienne poésie grecque d'Henri Weil, Anacharsis, 2014 (reprise de travaux d'Henri Weil sur la poésie grecque).
Études
- Georges Perrot, « Notice sur la vie et les travaux de Henri Weil », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 54 (1910), pp. 711-762. (En ligne.)
- « Henri Weil (1818-1909) » [discours de MM. Bouché-Leclercq, Gabriel Monod et Théodore Reinach. Bibliographie de H. Weil], Revue des études grecques, XXII, n° 100, novembre-.
Liens externes
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