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Harshaw-Poulenc-Coiffe

HPC (Harshaw-Poulenc-Coiffe) Ă©tait une entreprise de fabrication d'Ă©maux et de colorants pour la cĂ©ramique et la dĂ©coration localisĂ©e Ă  Limoges, crĂ©Ă©e en 1954[1] et qui a cessĂ© son activitĂ© en 2011[2] - [3]. Cette entreprise a Ă©tĂ© la seule entreprise d'envergure dans le domaine de la chimie dans la rĂ©gion Ă  ce jour. Elle a employĂ© jusqu'Ă  plus de 300 personnes Ă  son maximum d'activitĂ© dans les annĂ©es 1960-70.

Vue de l'usine de la zone industrielle de Magré-Romanet vers 1965.

Historique

Depuis 1902, une petite entreprise gĂ©rĂ©e par la famille Coiffe importait Ă  Limoges des produits colorants pour la porcelaine. Paul Coiffe est le fils d'un joaillier Ă©tabli au coin de la rue Gaignolle et de la rue du clocher Ă  Limoges. En 1931, il succède Ă  son grand-père dans un nĂ©goce de couleurs sous-Ă©mail importĂ©es d'Angleterre pour la faĂŻence et la poterie, ainsi que des supports de cuisson en terres rĂ©fractaires et des ors liquides pour porcelaine. Après guerre, le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© est particulièrement important dans l'industrie de la faĂŻence avec l'arrivĂ©e de nouveaux colorants au zirconium fabriquĂ©s en Angleterre sous licence de la sociĂ©tĂ© Harshaw Chemical Company de Cleveland (U.S.A). Ă€ partir de 1951, Paul Coiffe devient l'agent gĂ©nĂ©ral en Europe de Harshaw notamment pour les Ă©maux de verre, mais les restricttions d'importations freinent les demandes du marchĂ©. La solution logique serait alors de fabriquer ces Ă©maux directement en Europe. En 1954, la sociĂ©tĂ© Harshaw-Coiffe SA est crĂ©Ă©e avec une participation Ă  50% de Paul Coiffe et 50% de Harshaw Chemical Company. Cette crĂ©ation correspond Ă  une demande forte du marchĂ© de la dĂ©coration cĂ©ramique pour des colorants, des Ă©maux pour verre et cĂ©ramique et de l'or liquide. Un an après la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ©, une petite usine est installĂ©e rue de la Vialoube Ă  Limoges dans une ancienne usine d'accessoires pour chaussures de 1 200 m2. Il y a alors une quarantaine de collaborateurs. Le 1er janvier 1960, Harshaw-Coiffe s'associe avec RhĂ´ne Poulenc qui Ă©tait un concurrent, et qui apporte un savoir-faire en matières de couleurs pour verre, de glaçures cĂ©ramiques et de prĂ©parations de mĂ©taux prĂ©cieux. Cette association a pour but de gĂ©nĂ©rer une importante fabrication de couleurs cĂ©ramiques dans l'usine de Limoges, une production que RhĂ´ne-Poulenc assurait dans son usine de Vitry dans le Val-de-Marne. La sociĂ©tĂ© Harshaw-Coiffe devient alors Harshaw-Poulenc-Coiffe (avec le sigle HPC, SociĂ©tĂ© Anonyme). Cette crĂ©ation s'accompagne d'une augmentation massive de capital, portĂ© Ă  6,5 millions de nouveaux francs. Fort de cette entrĂ©e d'argent, la sociĂ©tĂ© procède alors Ă  la construction d'une nouvelle usine de dans la nouvelle zone industrielle de MagrĂ©, situĂ©e au sud-est de Limoges. Cette usine installĂ©e sur un terrain de 8,3 hectares est inaugurĂ©e officiellement en 1964 et le capital de l'entreprise est portĂ© Ă  10 millions d'anciens francs [1]. Ă€ ce moment, la production commence Ă  ĂŞtre diversifiĂ©e, avec toujours les colorants pour l'industrie cĂ©ramique comme principal produit, mais aussi les Ă©maux pour verre, les catalyseurs ustilisĂ©s en pĂ©trochimie et les mĂ©taux prĂ©cieux sous forme liquide (principalement or et argent). La clientèle Ă  cette Ă©poque est dissĂ©minĂ©e dans toute la France et Ă  l'Ă©tranger. Approximativement 80% des ventes se font pour l'industrie du bâtiment, le reste allant Ă  l'industrie cĂ©ramique, Ă  la verrerie (notamment Saint-Gobain) et aux industries pĂ©trochimiques. Une bonne partie du chiffre d'affaires se fait Ă  l'exportation, surtout vers l'Angleterre. Il est Ă  noter que la Porcelaine de Limoges ne reprĂ©sente alors qu'une partie infime de la clientèle (quelques centaines de kilo sur une production de centaines de tonnes). Le site de Limoges offre l'avantage d'ĂŞtre bien approvisionnĂ© en gaz naturel dont l'usine est une très grande consommatrice (plusieurs millions de mètres cubes par an, soit autant que les plus grosse usines de porcelaines). L'expansion de l'usine en 1964 a Ă©tĂ© source de crĂ©ations d'emplois, avec une faible qualification exigĂ©e alors pour les ouvriers. De 1961 Ă  1965, le chiffre d'affaires augmente de 272%, plus vite que le nombre d'employĂ©s qui passe de 123 Ă  308 (soit une augmentation de 150%). L'augmentation du chiffre d'affaires est alors de 20% par an [1]. Ă€ partir de 1969, des divergences apparaissent entre les partenaires de la sociĂ©tĂ© et Harshaw dĂ©cide de se retirer et de construire une nouvelle usine en hollande. La division couleurs cĂ©ramique de l'entreprise allemande Degussa rachète 75% du capital, RhĂ´ne Poulenc gardant les 25% restant avec Paul Coiffe assumant encore la fonction de PDG. Cependant RhĂ´ne Poulenc se retire de HPC en 1974, Degussa dĂ©tenant alors la majoritĂ© du capital. Plusieurs membres du conseil d'administration viennent d'Allemagne de la sociĂ©tĂ©-mère. Peter Niemann, originaire de Degussa Allemagne, rejoint HPC en 1972 et est nommĂ© prĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral en 1978 en remplacement de Paul Coiffe qui reste prĂ©sident d'honneur mais qui dĂ©cèdera le 10 octobre 1980. En 1986, la division couleurs cĂ©ramiques dĂ©cide de regrouper toutes ses activitĂ©s en France et change le nom de la sociĂ©tĂ© de Limoges en Degussa Produits CĂ©ramiques SA. Les rĂ©seaux commerciaux sont rĂ©unifiĂ©s et recentrĂ©s sur Limoges et les installations de production sont agrandies. MalgrĂ© un dĂ©clin certain de l'industrie cĂ©ramique Ă  cette Ă©poque, le capital est augmentĂ© jusqu'Ă  23,7 millions de francs en 1990. En 1992, des pourparlers sont entamĂ©s avec le groupe chimique suisse CIBA afin d'organiser une collaboration mondiale dans le domaine de l'activitĂ© cĂ©ramique. La convergence d'intĂ©rĂŞts et la synergie qui en rĂ©sulte aboutissent Ă  la crĂ©ation en 1993 de Cerdec AG Allemagne et de Cerdec France SA Ă  Limoges (soit la cinquième dĂ©nomination de l'entreprise). L'entreprise se focalise alors sur l'exportation des Ă©maux de verre pour un taux de pĂ©nĂ©tration du marchĂ© qui ira jusqu'Ă  40%. L'exercice 1992/1993 se traduit alors par un chiffre d'affaires de 237 millions de francs pour 276 collaborateurs. L'effort porte alors au maximum sur les exportations, notamment au travers des productions d'Ă©maux pour verres. Ainsi en 1992/93, le chiffre d'affaires est de 237 millions de francs pour un effectif de 276 collaborateurs, avec un taux d'exportation de 50% [4]. En 1995, la sociĂ©tĂ© investit 21 millions de francs pour la fabrication de silicate de zirconium par un procĂ©dĂ© de fusion par induction [5].

En 2001, le groupe amĂ©ricain Ferro (en) rachète l"ensemble des activitĂ©s de l'usine de Limoges, qui devient alors Ferro Couleurs. Ferro est une multinationale qui est spĂ©cialisĂ©e dans les pigments, poudres et oxydes utilisĂ©s pour la coloration des verres, Ă©maux pour verres et tuiles. Malheureusement, les rĂ©sultats dans les annĂ©es qui suivent ne sont pas Ă  la hauteur des ambitions (bien que la sociĂ©tĂ© affiche un chiffre d'affaires de 27 millions d'euros en 2007) et le groupe Ferro dĂ©cide de la fermeture programmĂ©e de l'usine de Limoges en 2008[2] - [3] - [6]. Ferro s'engage Ă  faciliter le transfert des employĂ©s de Limoges vers d'autres sites du groupe, notamment Ă  Saint-Dizier ou une cinquantaine de crĂ©ations de postes sont prĂ©vues pour les employĂ©s de Limoges et Ă  Francfort oĂą une dizaine de crĂ©ation de postes sont prĂ©vues [3] - [6]. La fermeture de l'usine de Limoges est effective en 2010.

Statistiques de production et ventes

Exemple de bilan de production et ventes cumulées pour l'année 1989 [7]:

Poids (en tonnes) Valeur (en millions de francs)
Emaux céramiques 1451 25,56
Emaux verre 1306 50,59
Autres 1150 41,12
Colorants 522 26,66
Argents 9,85 41,68
Ors 1,98 35,79
Total 4441 221,41


Évolution des effectifs

Année Effectif global
1955 30
1961 123
1965 310
1970 270
1984 270
2003 270
2008 165

Présence de radioactivité sur le site industriel

Ă€ la suite de la fermeture de l'usine en 2010, l'industriel a fait dĂ©polluer le site et Ă©vacuer les dĂ©chets vers des sites spĂ©cialisĂ©s dans le traitement. Mais lors du traitement de ces dĂ©chets, des portiques de dĂ©tection de radioactivitĂ© ont dĂ©celĂ© une activitĂ© de ce type dans certains lots. Ces dĂ©chets ont alors Ă©tĂ© renvoyĂ©s et stockĂ©s sur place en vue de leur prise en charge par un centre agrĂ©Ă©. Ces lots radioactifs concernaient deux cuves de 30 000 litres chacune, qui ont alors Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©es et conditionnĂ©es et prises en charge par l'agence nationale pour la gestion de dĂ©chets radioactifs (ANDRA). Après analyse, l'ANDRA a conclu Ă  la prĂ©sence de radioactivitĂ© d'origine naturelle concentrĂ©e dans les cuves Ă  la suite de certains traitements industriels (prĂ©sence de thorium 232 et 228, de radium 228 et 226 et de plomb 210) . Ces dĂ©chets pouvaient ĂŞtre classĂ©s en deux catĂ©gories (i) dĂ©chets Ă  très faible radioactivitĂ© et (ii) dĂ©chets de faible activitĂ© Ă  vie longue. Les dĂ©chets ont alors Ă©tĂ© traitĂ©s par l'ANDRA et une Ă©tude globale du site a conclu Ă  la presence de doses radioactives inoffensives. MalgrĂ© tout, la prĂ©fecture a fait surveiller les eaux souterraines sur le site [8].

Notes et références

  1. Meynier, André, Jean Pierre Larivière. L'industrie à Limoges et dans la vallée limousine de la Vienne (Thèse de 3e cycle, Clermont-Ferrand 1967), Presses Universitaires de Rennes, (OCLC 754588075)
  2. « L'américain Ferro va fermer son usine de Limoges », sur Les Échos, (consulté le )
  3. « Ferro Couleurs va fermer son site de Limoges », sur L'Usine Nouvelle, (consulté le )
  4. Nadine Grandjean DRH, « 40ème anniversaire de Cerdec France SA », Dossier de Presse,‎
  5. « Cerdec choisit Limoges pour produire de nouveaux colorants », sur Les Echos, (consulté le )
  6. « Ferro se désengage de son site de Limoges », sur Info Chimie, (consulté le )
  7. « La Passerelle », Bulletin Interne d'Informations - Degussa Produits Céramiques SA,‎
  8. « Certains produits présents sur le site de l'ancienne usine Ferro Couleurs à Limoges se sont révélés radioactifs », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
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