Guerres baloutches
Un conflit de basse intensité (en) oppose depuis l’indépendance du Pakistan l'armée pakistanaise aux tribus baloutches (voir Baloutchistan) menées par le Front de libération du Baloutchistan. Par commodité, ce conflit, qui connaît cinq périodes actives, est nommé ici guerres baloutches.
Origines
Pour les tribus baloutches, l’objectif est d’obtenir un meilleur partage des richesses de leur province. Celle-ci est en effet riche de différents gisements : gaz, zinc, charbon, fer et cuivre.
Au total 20 % des richesses minières du Pakistan se trouvent au Balouchistan, qui n’en profite pas. Le gaz est acheté à bas prix par l’État (27 roupies l’unité, contre 170 à 190 roupies dans les autres provinces) ; l’État investit peu dans la région (quatre districts sur 24 approvisionnés en gaz, alors que le Balouchistan est producteur ; pas de route). Par conséquent, la province demeure pauvre.
De plus, le Pakistan réalise d’importants investissements dans le port de Gwadar (port en eaux profondes achevé en 2005, une deuxième phase est en cours jusqu’en 2010), qui est au débouché des infrastructures en cours de construction pour désenclaver l’Asie centrale, oléoduc mais aussi route et voie ferrée. Ce port est donc extrêmement important pour l’Occident, mais aussi pour la Chine, qui est co-investisseur, car le port de Gwadar offre un débouché à la Chine du sud-ouest, via la route du Karakoram. Il est aussi prévu que la flotte militaire chinoise y fasse des escales. Cependant, aucun investissement n’est fait dans l’arrière-pays, et la ville se retrouve peuplée par des Pakistanais originaires des autres régions, d’où un sentiment de dépossession.
Conflits
Un premier soulèvement se produit après l’indépendance du Pakistan, le deuxième en 1955, le troisième en 1958-1969, le quatrième qui est le plus meurtrier (8 000 morts) de 1973 à 1977[1].
Conflit des années 2000
Le conflit est réactivé depuis . Les tribus lancent des attaques à l’arme lourde contre les forces de sécurité et les forces armées du Pakistan, des attentats terroristes dans les villes et sur les conduites de gaz, et procèdent au minage des routes. Ils attaquent également les ouvriers chinois présents sur les chantiers. Ces violences sont conduites par trois chefs de tribu, issus des tribus Bugti (Baloutches) et Marri , dont cheikh Mohamed Marri.
En , quelques centaines de Bugti ont soumis leur reddition au gouvernement. Le conflit s’est apaisé, et les chefs Nawad Akbar Bugti et Balach Marri se sont réfugiés dans les montagnes. Le premier est tué par l´armée pakistanaise le .
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a annoncé en mai 2009 qu'un touriste français s'était fait enlever au Baloutchistan[2]. Deux mois auparavant, John Solecki (en), un fonctionnaire du HCR, avait été enlevé à Quetta par l'auto-proclamé Front de libération du Baloutchistan[3].
Le Pakistan accuse l’Inde de financer 40 centres d’entraînement terroriste au Baloutchistan : la marine indienne voit d’un mauvais œil l’installation à ses portes de la marine chinoise.
En 2023, la guérilla est toujours active[4].
Articles connexes
- Insurrection islamiste au Pakistan
- Front de libération du Baloutchistan
- Sistan and Baluchestan insurgency (en)
Notes et références
- Le Dessous des cartes. Le Baloutchistan. 2006
- Grif Witte, « Battle for Swat's Main City Begins », Washington Post,
- « Toujours aucune trace du touriste français enlevé au Baloutchistan », France 24 24 mai 2009
- « Pakistan: 13 morts lors d'une prise d'otages sur une base de sécurité », sur Radio France international,
Sources
- Le Dessous des cartes, Le Baloutchistan, 2006