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Guerre de Tripoli

La guerre de Tripoli (en anglais Tripolitan War), aussi appelée première guerre barbaresque (First Barbary War) ou guerre de la côte barbaresque (Barbary Coast War), est la toute première guerre déclarée et engagée par les États-Unis après leur indépendance, et la première de leurs deux guerres contre les États du Maghreb, alors connus sous le nom d'États barbaresques (les trois régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli, — dans les faits quasiment indépendantes — de l'Empire ottoman).

Guerre de Tripoli
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date -
Lieu Mer Méditerranée, côtes d'Afrique du Nord-Ouest
Issue Victoire suédoise et américaine
Forces en présence
13 frégates
4 goélettes
500 mercenaires arabes et grecs (bataille de Derna)
Nombreux volontaires
11-20 canonnières
Plusieurs croiseurs
4 000 soldats
Pertes
États-Unis :
35 tués
64 blessés
Mercenaires grecs et arabes:
Inconnues
Régence de Tripoli : ≈ 800 morts
1,200 blessés à Derne
Nombreux navires et marins perdus


Sultanat du Maroc : Aucun.

Batailles

Stephen Decatur abordant un navire tripolitain durant une bataille navale, 3 août 1804.
L'USS Enterprise combattant un navire tripolitain, par William Bainbridge Hoff, 1878

Les raisons de cette guerre étaient que les pirates barbaresques saisissaient les navires marchands américains et tenaient les équipages en rançon, demandant ensuite aux États-Unis de payer un tribut. Le président des États-Unis, Thomas Jefferson, refusa de payer ce tribut. En outre, la Suède, qui était en guerre avec les Tripolites depuis 1800, et le Royaume de Sicile participèrent à ce conflit aux côtés des États-Unis[5].

La guerre dura du au .

Contexte

Les pirates barbaresque d'Alger, de Tunis, de Tripoli, et du Maroc étaient les fléaux de la Méditerranée[6], capturant les navires marchands, et soumettant en esclavage, ou rançonnant les équipages. L'ordre trinitaire a opéré en France pendant des décennies avec la mission de collecter des fonds pour racheter les prisonniers de ces pirates. Selon Robert Davis, 1 250 000 Européens ont été capturés par les pirates barbaresques, et vendus en esclavage entre 1530 et 1780[7].

Des lettres et des témoignages divers par des marins capturés décrivent leur captivité comme une forme d'esclavage, même si l'emprisonnement de la côte de Barbarie était différent de celui pratiqué par les pouvoirs publics et américains de l'époque[8]. De même qu'en Amérique des esclaves pouvaient accéder à la liberté, quelques rares prisonniers de la côte de Barbarie ont pu obtenir des postes à responsabilité. De tels exemples sont James Leander Cathcart, devenant conseiller du bey[9], et Hark Olufs, qui devint trésorier puis commandant au service du bey de Constantine.

En mer Méditerranée, les nations d'Europe se voyaient dans l'obligation de payer un tribut aux États barbaresques (Tripoli, Tunis, Alger, Maroc) pour protéger leurs intérêts commerciaux sous peine de voir leurs navires attaqués par les corsaires barbaresques. À l'indépendance des États-Unis, les navires de commerce américains perdirent la protection de la Royal Navy.

En 1784, un navire américain, le Betsby, est capturé par des pirates marocains, son équipage est libéré après 6 mois de détention. En 1785, des pirates d'Alger capturent 2 navires américains : le Dauphin et le Maria. De 1786 à 1793 le Portugal fait la guerre aux États barbaresques, ce qui empêche toute nouvelle capture. En 1787, les Américains contactent l'ordre français des Mathurins connus pour ses négociations de rachats d'esclaves aux barbaresques depuis des siècles. Mais les pourparlers ne donnent rien : un seul Américain est libéré jusqu'en 1790, année de dissolution de l'ordre des Mathurins prononcée par la Révolution française. En 1793, le Portugal cesse sa guerre, et les États barbaresques continuent leur piraterie : 10 navires américains furent capturés pour la seule année 1793. Cette fois, les États-Unis réagissent : ils décident de payer le tribut, 2 millions de dollars de 1794 à 1800 pour libérer les équipages capturés, et signèrent différents traités (voir le traité de Tripoli, le traité de paix et d'amitié avec le bey d’Alger et celui avec le bey de Tunis). Mais en même temps, il fut décidé par le Naval Act of 1794 de construire des navires de guerre pour protéger le commerce américain : 6 frégates, prévues pour 1800[10] - [11].

Quand le bey de Tripoli augmenta le montant de la protection en demandant 225 000 dollars de plus — le budget fédéral s'élevait à 10 millions de dollars en 1800 —, la tension s'accrut et les États-Unis refusèrent de payer le tribut pour le passage de leurs navires en 1801. La flotte américaine était prête. Le bey de Tripoli incita alors ses alliés de Tunis et d'Alger à déclarer la guerre aux jeunes États-Unis qui semblaient lointains et encore fragiles[12].

La guerre

Une escadre de l’United States Navy fut envoyée sur place. La nouvellement formée Mediterranean Squadron se composait de trois frégates et d'une goélette. Arrivée en juillet, elle bloqua Tripoli. La goélette Enterprise de l'United States Navy remporta le premier combat naval de Tripoli contre la polacre tripolitaine Tripoli le [13].

La frégate USS Philadelphia s'échoua contre un récif le [14]. Son capitaine William Bainbridge dut se rendre et la frégate fut capturée pour être intégrée à la flotte du pacha de Tripoli[15]. Le navire fut ensuite détruit dans le port de Tripoli le , à l'occasion d'un raid audacieux mené par l’Intrepid. 6 mois plus tard, un ketch tripolitain fut capturé sous le commandement de Stephen Decatur[14].

Tripoli fut bombardée les , et et le [16]. En 1805, les Marines envahirent les rives de Tripoli, capturant la ville de Derna. C’était la première fois dans l’histoire des États-Unis que son drapeau flottait sur une conquête étrangère. Cette action militaire se montra suffisante pour inciter les dirigeants de Tripoli à signer un traité de paix.

Notes et références

  1. (en) « Tripolitan War », Encyclopedia.com (from The Oxford Companion to American Military History), (consulté le ).
  2. (en) « War with the Barbary Pirates (Tripolitan War) », veteranmuseum.org (consulté le ).
  3. (en) Joseph Wheelan, Jefferson's War: America's First War on Terror 1801-1805, PublicAffairs, (ISBN 978-0-7867-4020-8, lire en ligne)
  4. Spencer C. Tucker, The Encyclopedia of the Wars of the Early American Republic, 1783–1812: A Political, Social, and Military History [3 volumes]: A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-59884-157-2, lire en ligne), 430
  5. (en) Woods, Tom, « Presidential War Powers: The Constitutional Answer », sur Libertyclassroom.com (consulté le )
  6. Masselman, George. The Cradle of Colonialism. New Haven: Yale University Press, 1963. (OCLC 242863). p. 205. Inscription nécessaire
  7. Davis, Robert. Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast and Italy, 1500–1800.
  8. Rojas, 168–9.
  9. Rojas, Martha Elena. "'Insults Unpunished' : Barbary Captives, American Slaves, and the Negotiation of Liberty." Early American Studies: An Interdisciplinary Journal. 1.2 (2003): 159–86, p. 163
  10. Parton, James. "Jefferson, American Minister in France." Atlantic Monthly. 30.180 (1872): 405–24.
  11. Miller, Hunter. United States. "Barbary Treaties 1786–1816: Treaty with Morocco June 28 and July 15, 1786". The Avalon Project, Yale Law School.
  12. (en) Nathan Miller, The U.S. Navy : a history, Naval Institute Press, , 324 p. (ISBN 978-1-55750-595-8, lire en ligne), p. 46
  13. Tucker, Glenn. Dawn like Thunder: The Barbary Wars and the Birth of the U.S. Navy. Indianapolis, Bobbs-Merrill, 1963. (OCLC 391442). p. 293.
  14. (en) « USS Philadelphia (1800-1803) », sur The Naval History and Heritage Command (consulté le ).
  15. « La première guerre barbaresque en Méditerranée », Orient XXI, 1er décembre 2014, consulté le 25 février 2017.
  16. Moulin 2003, p. 23.

Bibliographie

  • (en) James Tertius De Kay, A rage for glory : the life of Commodore Stephen Decatur, USN, New York, Free Press, , 237 p. (ISBN 978-0-7432-4245-5, lire en ligne)
  • (en) Joshua E. London, Victory in Tripoli : how America's war with the Barbary pirates established the U.S. Navy and built a nation, Hoboken, Wiley Pub., , 276 p. (ISBN 978-0-471-44415-2)
  • (en) Jean Moulin, L'US Navy : 1898-1945 du Maine au Missouri, t. 1, Rennes, Marines éditions, , 512 p. (ISBN 978-2-915379-02-0)
  • (en) David Smethurst, Tripoli : the United States' first war on terror, New York, Ballantine Books, , 308 p. (ISBN 978-0-89141-859-7)
  • (en) Joseph Wheelan, Jefferson's war : America's first war on terror, 1801-1805, New York, Carroll & Graf Publishers, , 414 p. (ISBN 978-0-7867-1232-8)
  • (en) Richard Zacks, The pirate coast : Thomas Jefferson, the first marines, and the secret mission of 1805, New York, Hyperion, , 432 p. (ISBN 978-1-4013-0003-6)

Articles connexes

Liens externes

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