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Guerre d'Ibérie

La guerre d'IbĂ©rie est un conflit qui opposa de 526 Ă  532 l'Empire byzantin et l'Empire sassanide dans les rĂ©gions du Royaume d'IbĂ©rie (Ă  l'Est de l'actuelle GĂ©orgie). La guerre s'acheva par un statu-quo territorial[1] et la signature du traitĂ© de la Paix Ă©ternelle.

Les conquĂŞtes rĂ©alisĂ©es par les deux belligĂ©rants durant la guerre furent restituĂ©es. Les Byzantins conservèrent la rĂ©gion du Lazique tandis que les Perses rĂ©cupĂ©rèrent l'IbĂ©rie. L'Empire Byzantin accepta par ailleurs de payer un tribut de 11 000 livres d'or Ă  l'Empire Sassanide, au titre d'anciennes dettes contractĂ©es lors du prĂ©cĂ©dent traitĂ© de 506.

Contexte

Après la guerre d'Anastase, une trĂŞve de sept ans avait Ă©tĂ© conclue entre les deux puissances, qui s'Ă©tait prolongĂ©e sur près de vingt ans. Durant la guerre, l'empereur Anastase avait commencĂ© la construction en 505 de la citadelle fortifiĂ©e de Dara afin de disposer d'une base militaire Ă©quivalente Ă  la forteresse perse de Nusaybin dans l'optique d'un prochain conflit. En 524/525, le Chah de perse Kavadh Ier (488-531) propose Ă  l'Empereur Justin Ier d'adopter son fils, Khosro. La prioritĂ© du roi perse est alors d'assurer la succession de Khosro, dont la position est menacĂ©e par des frères rivaux et la secte Mazdakite. La proposition est d'abord accueillie avec enthousiasme par l'Empereur romain et son neveu Justinien, mais le questeur de Justin, Proculus, s'y oppose, dĂ©clarant devant le SĂ©nat que ce serait dĂ©signer Khosro comme hĂ©ritier de l'empereur. MalgrĂ© l'Ă©chec des nĂ©gociations, il n'y eut pas de conflit Ă  grande Ă©chelle entre les deux puissances jusqu'en 530. Dans les annĂ©es qui suivirent, les deux parties prĂ©fĂ©rèrent mener une guerre par procuration, par l'intermĂ©diaire de leurs alliĂ©s arabes dans le sud et Huns dans le nord[3].

Les tensions entre les deux puissances sont accentuĂ©es par la dĂ©fection du roi Ibère Gourgen en faveur des Romains. Selon Procope, Kavadh avait en effet essayĂ© de forcer les chrĂ©tiens Ibères Ă  se convertir au Zoroastrisme. Sous la direction de Gourgen, ceux-ci se rĂ©voltent en 524/525 contre le pouvoir perse, en suivant l'exemple du royaume chrĂ©tien voisin de Lazique. Justin Ier promet Ă  Gourgen qu'il dĂ©fendra l'IbĂ©rie. Dans cette optique, il tente de recruter des Huns provenant du nord du Caucase pour aider les Ibères, mais sans succès. Il se contente donc d'envoyer contingent limitĂ© dans le Lazique[4].

Guerre

Une escalade de violence s'ensuit en diffĂ©rents points oĂą les deux empires se rencontrent : en 523, une flotte romaine transporte une armĂ©e du royaume d'Aksoum afin de conquĂ©rir l'Himyar, tandis qu'en 525/526, les Perses et leurs alliĂ©s arabes, les Lakhmides, mènent des raids sur les territoires romains le long du dĂ©sert. En 526-527, les deux empires se mènent une guerre d'escarmouche en Transcaucasie, le long de la frontière de la MĂ©sopotamie[5]. Dans le mĂŞme temps, les Perses font pression sur les Romains afin d'obtenir des fonds de leur part[6]. Lorsque l'empereur Justin Ier meurt en 527, Justinien Ier lui succède sur le trĂ´ne byzantin. Les premières annĂ©es tournent Ă  l'avantage des Perses : la rĂ©volte ibère est Ă©crasĂ©e en 527, la mĂŞme annĂ©e l'offensive romaine contre Nusaybin et Thebetha se solde par un Ă©chec, et les efforts byzantins pour fortifier Thannuris et Melabasa sont rĂ©duits Ă  nĂ©ant par les Perses[7]. Alors qu'il tente de protĂ©ger les ouvriers romains, BĂ©lisaire est notamment battu par le prince Xerxès Ă  la bataille de Thannuris et doit se replier sur Dara.

En 528, les Perses poursuivent leur campagne vers l'IbĂ©rie en capturant des forts dans l'est de la Lazique. Afin de remĂ©dier aux carences militaires de son armĂ©e mises en Ă©vidence par les succès des Perses, Justinien rĂ©organise l'armĂ©e byzantine de l'est en divisant en deux le commandement de magister militum en l'Orient et en nommant un magister militum de l'ArmĂ©nie sur la partie nord[8]. La plus importante action militaire romaine en 528 est l'Ĺ“uvre de BĂ©lisaire
qui
mène une expĂ©dition Ă  Thannuris, afin de tenter de protĂ©ger, en vain, les ouvriers romains travaillant Ă  la construction d'un fort sur la frontière[9]. AttaquĂ© par une armĂ©e perse de 30 000 hommes dirigĂ©e par Xerxès, fils de Kavadh, il parvient Ă  s'Ă©chapper de justesse, mais les Perses dĂ©truisent la place[10].

Des raids menĂ©s en Syrie par les Lakhmides, alliĂ©s arabes des Perses, encouragent, par ailleurs, Justinien Ă  renforcer ses propres alliĂ©s arabes. Il aide ainsi le roi des Ghassanides Al-Harith ibn Jabalah Ă  constituer une coalition unie autour de lui, qui rĂ©ussit Ă  prendre le dessus sur les Lakhmides au cours des dĂ©cennies suivantes.

En 530, BĂ©lisaire conduit les Byzantins Ă  la victoire contre une armĂ©e perse pourtant supĂ©rieure en nombre lors de la Bataille de Dara. La mĂŞme annĂ©e, les gĂ©nĂ©raux byzantins Sittas et Dorotheus dĂ©font l'armĂ©e perse commandĂ©e par Mihr-Mihroe lors de la bataille de Satala. L'annĂ©e 531 est cependant plus mitigĂ©e pour l'armĂ©e byzantin qui alterne les succès et les revers[1]. BĂ©lisaire est battu par les Perses et leurs alliĂ©s Lakhmides Ă  la Bataille de Callinicum, mais, au cours de l'Ă©tĂ©, les Romains capturent plusieurs forts en ArmĂ©nie, et repoussent une offensive perse[11]. L'Ă©chec romain de Callinicum n'est nĂ©anmoins pas sans consĂ©quence. BĂ©lisaire est ainsi dĂ©mis de ses fonctions par une commission d'enquĂŞte[12] et remplacĂ© par Mundus[1]. Du cĂ´tĂ© perse, Azarethes, le vainqueur de Callinicum, est Ă©galement dĂ©chu en raison de son Ă©chec Ă  s'emparer de forteresse significatives.

TrĂŞve

ImmĂ©diatement après la bataille de Callinicum, Justinien envoie Hermogène rencontrer Kavadh afin de rouvrir des nĂ©gociations mais sans succès. Justinien prend donc des mesures afin de renforcer les positions romaines, tout en essayant dans le mĂŞme temps, d'entamer un rapprochement diplomatique avec Kavadh. Kavadh meurt peu après, et au printemps 532 de nouvelles nĂ©gociations ont lieu entre les diplomates romains et le nouveau roi de perse, Khosro, qui a besoin d'une paix pour se concentrer sur ses nouvelles fonctions et asseoir sa lĂ©gitimitĂ© sur le trĂ´ne[1].

Les deux parties trouvent finalement un accord. En , la Paix Éternelle, qui durera moins de huit ans, est signĂ©e. Les deux parties conviennent d'Ă©vacuer les territoires qu'ils occupent. Les Byzantins s'engagent Ă  verser un tribut de 11 000 livres d'or (environ 5 000 kg) Ă  l'Empire Sassanide, soit la somme des vingt ans d'annuitĂ© convenue lors du traitĂ© signĂ© en 506[13]. En Ă©change, ils rĂ©cupèrent les forteresses de la Lazique. Justinien en profita pour restaurer douze forteresses et faire fortifier plusieurs villes en MĂ©sopotamie, en Osrhoène, en EuphratĂ©sie, en Syrie, en ArmĂ©e et en Cappadoce[13].

Le royaume d'Ibérie reste entre les mains des Perses, mais les Ibères qui avaient quitté leur pays sont autorisés à demeurer sur le territoire romain, ou à retourner dans leur pays natal[14].

Articles connexes

Références

  1. Maraval 2012, V, p. 110.
  2. Barker 1966, p. 118
  3. Greatrex et Lieu 2002, p. 81–82.
  4. Greatrex et Lieu 2002, p. 82
  5. Michael H. Dodgeon, Samuel N. C. Lieu, Geoffrey Greatrex, The Roman Eastern Frontier and the Persian Wars, Partie 2, CRC Press, 2002
  6. Greatrex et Lieu 2002, p. 84
  7. Greatrex et Lieu 2002, p. 85
  8. Greatrex et Lieu 2002, p. 83
  9. Greatrex et Lieu 2002, p. 86
  10. Irfan Shahîd, Byzantium and the Arabs in the sixth century, Volume 2, Partie 2, Dumbarton Oaks, 1995
  11. Greatrex et Lieu 2002, p. 92
  12. Greatrex et Lieu 2002, p. 93
  13. Maraval 2012, V, p. 111.
  14. Greatrex et Lieu 2002, p. 96-97

Bibliographie

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