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Grotte de la Marche

La grotte de la Marche est une grotte préhistorique située à Lussac-les-Chùteaux, dans la Vienne, en Poitou-Charentes, région Nouvelle-Aquitaine.

Grotte de la Marche
Entrée de la grotte de la Marche
Localisation
Coordonnées
46° 24â€Č 22″ N, 0° 43â€Č 29″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
Le ChĂąteau et La Garenne
Caractéristiques
Occupation humaine
Patrimonialité
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C'est l'un des sites archĂ©ologiques les plus importants pour les gravures sur pierre de l'Ă©poque magdalĂ©nienne. Elle a livrĂ© des plaques de calcaire sculptĂ©es reposant sur ou dans la couche archĂ©ologique du MagdalĂ©nien III (selon la classification d'Henri Breuil).

Les sagaies de Lussac-Angles, du nom de la commune et de Angles-sur-l'Anglin, sont considérées comme un « fossile-directeur » typique du Magdalénien III.

Situation

La grotte est Ă  35 km au sud-est de Poitiers, en rive droite (cĂŽtĂ© nord) de l'Ă©tang alimentĂ© par le ruisseau affluent de l'Arrault qui coule au nord de la ville de Lussac-les-ChĂąteaux, en face du bourg. La riviĂšre Vienne coule Ă  environ km Ă  l'ouest[1].

Elle est à seulement quelques centaines de mÚtres de la grotte des Fadets, située sur la rive nord de l'étang de Lussac et découverte par A. Brouillet vers 1860.

Historique

La grotte est explorée en 1914 par Henri Lavergne, qui n'y trouve que quelques outils de silex et rien qui n'y retienne son attention[2].

Le faible nombre de sites magdalĂ©niens connus dans le dĂ©partement de la Vienne incite un groupe de fouilleurs de Lussac-les-ChĂąteaux Ă  explorer mĂ©thodiquement cette rĂ©gion. Parmi eux se trouvent E. Raveau, dĂ©jĂ  connu pour ses fouilles en Dordogne, le Dr Robert Soueix, StĂ©phane Lwoff, LĂ©on PĂ©ricard[3], Jean Leclerc et quelques autres Ă©rudits Ă©tablis Ă  Lussac[4].

En 1937-1938, quatre nouveaux gisements sont dĂ©tectĂ©s Ă  moins de 4 kilomĂštres de Lussac. Sur l'indication de plusieurs rĂ©sidents, des sondages sont effectuĂ©s[3] dans le secteur de la Tannerie/Barboterie puis de la Marche quelques mĂštres plus loin[4]. En , LĂ©on PĂ©ricard explore la grotte de la Marche. La grotte se rĂ©vĂ©lant trĂšs riche en matĂ©riel lithique, il associe Ă  ses fouilles StĂ©phane Lwoff[3], ancien Ă©lĂšve de l'École du Louvre et frĂšre du prix Nobel AndrĂ© Lwoff[4].

Leurs travaux mettent au jour un site lithique exceptionnel[3]. Le cĂ©lĂšbre prĂ©historien Henri Breuil est aussitĂŽt contactĂ© et accompagne les deux chercheurs. Les fouilleurs consignent leurs dĂ©couvertes dans le bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française (SPF) et Lwoff effectue ses premiĂšres publications. Par la suite, l'abbĂ© Breuil sĂ©journe de nombreuses fois Ă  Lussac, oĂč il fait des fouilles et trouve lui-mĂȘme de nombreuses plaques gravĂ©es. Il confirme la dĂ©couverte auprĂšs de la SPF et auprĂšs d'Henri BĂ©gouĂ«n, qui doute un temps de l'authenticitĂ© des gravures. La SociĂ©tĂ© prĂ©historique française l'atteste en mĂȘme temps.

Les inventeurs continuent à explorer le sol jusqu'en 1945, époque à laquelle ils interrompent leurs recherches à la suite de la mise en place de la loi sur les fouilles et leur demande d'autorisation de poursuivre n'étant pas accordée. Lwoff a pris la précaution de laisser en place, en arriÚre du pilier rocheux, un important témoin de la couche archéologique contenant des pierres gravées et s'en est entretenu avec Breuil qui donne des directives aux autorités spécialisées de l'époque.

Malheureusement et sans doute par manque d'intĂ©rĂȘt aussi localement, la grotte reste ouverte Ă  tous les vents et n'est pas classĂ©e. Huit annĂ©es passent lorsque le Dr Pradel souhaite examiner les dĂ©blais en 1953. Le professeur Patte lui accorde une autorisation verbale ! Malheureusement, Pradel entame la couche archĂ©ologique laissĂ©e intacte par StĂ©phane Lwoff. Le rĂ©sultat de ses fouilles est toutefois consignĂ© dans une monographie. Il y revient en 1957 et 1958.

Les fouilles sont ensuite reprises par J. Airvaux dans les annĂ©es 1980, cependant que Lwoff poursuit ses publications sur l'industrie en pierre ou en os Ă  partir du matĂ©riel qu'il a recueilli avec son ami LĂ©on PĂ©ricard. Le docteur LĂ©on Pales et Marie Tassin de Saint-PĂ©reuse ont consacrĂ© 4 ouvrages Ă  l'Ă©tude des pierres gravĂ©es de la Marche.

En 1970, le prĂ©fet de la Vienne veut voir la cavitĂ© en passant Ă  Lussac. Il est choquĂ© de l'inexistence de protections. Des grilles sont posĂ©es et son classement s'ensuit en avril de la mĂȘme annĂ©e[5]. Les deux inventeurs du site reposent au cimetiĂšre de Lussac sans aucune marque d'hommage.

Occupation

MagdalĂ©nien III[6], moyen Aquitain (IV)[7], entre environ 17 000 et 12 000 ans AP.

Les plaques gravées

Plaquette gravĂ©e d'une tĂȘte humaine de profil provenant de la Grotte de La Marche. MagdalĂ©nien moyen, v. 17000 AP.

Une abondante collection de 1 512 plaques en calcaire gravĂ©es, unique dans l'histoire de l'archĂ©ologie prĂ©historique, est regroupĂ©e au MusĂ©e de l'Homme. Certaines sont aussi regroupĂ©es au musĂ©e de la prĂ©histoire de Lussac-les-ChĂąteaux[8]. En mettant en Ɠuvre des techniques d'analyse novatrices pour l'Ă©poque (empreintes, relevĂ©s, calques, photographies), LĂ©on Pales et Marie Tassin de Saint-PĂ©reuse ont pu dĂ©crire de nombreuses formes et figures de lecture difficile Ă  partir des enchevĂȘtrements de lignes superposĂ©es[9] - [10]. L'une d'elles reprĂ©sente un visage humain vu de face[11].

Aucun autre site n'a livrĂ© une telle quantitĂ© de pierres gravĂ©es (plaques, plaquettes, blocs de calcaire)[9]. En Aquitaine, ces plaques gravĂ©es et la frise pariĂ©tale d'Angles-sur-l'Anglin sont les Ɠuvres les plus reprĂ©sentatives du MagdalĂ©nien III[12].

La grotte de la Marche est devenue un site de rĂ©fĂ©rence, « le plus riche en Ɠuvres d'art mobilier » selon AndrĂ© Leroi-Gourhan — aprĂšs celui d'El ParpallĂł (Espagne), riche de 6 000 piĂšces.

DĂ©placements et Ă©changes

La grotte de la Marche a livré plusieurs centaines de scories volcaniques de la taille d'un poing, provenant au plus prÚs et selon toute probabilité du Massif Central, à au moins 200 kilomÚtres[13].

On y trouve aussi des os hyoĂŻdes portant des encoches latĂ©rales, Ă©galement prĂ©sents Ă  La GĂŒelga[n 1], Ă  Tito Bustillo, Ă  Abauntz (eu) (Navarre) ; l'Ă©loignement de ces sites indique des Ă©changes sur de longues distances[17].

Mais les échanges et/ou déplacements ne sont pas si fréquents ; par exemple les dents de poulain portant un triangle pubien gravé ne se rencontrent pratiquement qu'entre Vienne et Charente (Angles, La Marche, Montgaudier). Un seul exemplaire est connu en dehors de cet espace limité (Laugerie-Basse), à environ 100 km - ce qui est peu éloigné[12].

Notes et références

Notes

  1. La grotte de la GĂŒelga se trouve dans l'est des Asturies, Ă  186 m d'altitude et Ă  15 km de la cĂŽte. Sa sĂ©quence archĂ©ologique couvre presque tout le PalĂ©olithique supĂ©rieur[14] - [15] - [16].

Références

  1. « Grotte de la Marche, carte IGN interactive » sur Géoportail.
  2. Hitchcock, « Grotte de la Marche ».
  3. PĂ©ricard & Lwoff 1940, p. 155.
  4. Le Falher, « Grotte de la Marche ».
  5. « Notice n°PA00105516 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministÚre français de la Culture
  6. Sauvet et al. 2008, p. 78.
  7. Sauvet et al. 2008, p. 77.
  8. « Musée de la préhistoire - Raymond Touchard », sur pop.culture.gouv.fr
  9. Marie-ThérÚse Boinais, « Marche, grotte de la », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le ).
  10. LĂ©on Pales et Marie Tassin de Saint-PĂ©reuse, Les gravures de la Marche : 1, FĂ©lins et ours. 2, Les Humains. 3, ÉquidĂ©s et bovins. 4, CervidĂ©s, mammouth et divers, t. 1 Ă  4, Gap, Editions Ophrys, 1976-1989.
  11. Airvaux & Pradel 1984.
  12. Sauvet et al. 2008, p. 83.
  13. [Primault 2003] JérÎme Primault, Exploitation et diffusion des silex de la région du Grand-Pressigny au Paléolithique (thÚse de doctorat en Histoire), Université de Nanterre - Paris X, , 362 p. (lire en ligne [PDF] sur tel.archives-ouvertes.fr), p. 348.
  14. [Menendez et al. 2014] Mario Menendez, Gerd-Christian Weniger, David Álvarez-Alonso et MarĂ­a De AndrĂ©s-Herrero, chap. 1 « La cueva de La GĂŒelga. Cangas de OnĂ­s. Asturias », dans Robert Sala Ramos (Ă©d.), Pleistocene and Holocene Hunter-Gatherers in Iberia and the Gibraltar Strait: The Current Archaeological Record (Project: El final de los neandertales y la primera humanidad moderna en la cuenca del Sella [PC06-051]), FundaciĂłn Atapuerca & Universidad de Burgos, (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net), p. 60-63
  15. [Menendez et al. 2017] (en) Mario Menendez, David Álvarez-Alonso, MarĂ­a De AndrĂ©s-Herrero, Pilar Carral, Eduardo GarcĂ­a-SĂĄnchez, JesĂșs F.JordĂĄ Pardo, JosĂ© M. Quesada et J. Rojo, « The Middle to Upper Paleolithic transition in La GĂŒelga cave (Asturias, Northern Spain) », Quaternary International, vol. 474, Part A « Chronostratigraphic data about the Middle to Upper Palaeolithic cultural change in Iberian Peninsula »,‎ , p. 71-84 (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net, consultĂ© le ).
  16. « La GĂŒelga Cave », sĂ©rie d'article sur cette grotte, sur academia.edu (consultĂ© le ).
  17. [Sauvet et al. 2008] Georges Sauvet, Carole Fritz, Gilles Tosello et Javier Fortea, « Échanges culturels entre groupes humains palĂ©olithiques entre 20.000 et 12.000 BP », Bulletin de la SociĂ©tĂ© PrĂ©historique AriĂšge-PyrĂ©nĂ©es, t. 63,‎ , p. 73-92 (lire en ligne [sur researchgate.net], consultĂ© le ), p. 74 et p. 75 fig. 4-D.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Airvaux & Pradel 1984] Jean Airvaux et Louis Pradel, « Gravure d'une tĂȘte humaine de face dans le MagdalĂ©nien III de la Marche, commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 81, no 7,‎ , p. 212-215 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Calligaro 2018] Morgane Calligaro, « Les visages humains gravĂ©s de la Marche (Vienne) dans les collections du MusĂ©e de l'Homme » (mĂ©moire de Master 1 (2017-2018), SpĂ©cialitĂ© « Quaternaire et PrĂ©histoire »), Évolution, Patrimoine Naturel et SociĂ©tĂ©s,‎ (lire en ligne [PDF] sur academia.edu).
  • [Lwoff 1941] StĂ©phane Lwoff, « Gravures Ă  reprĂ©sentations d'humains du MagdalĂ©nien III. Fouilles de La Marche, commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 38, nos 7-8,‎ , p. 145-161 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1942] StĂ©phane Lwoff, « Fouilles PĂ©ricard et Lwoff Ă  La Marche (Vienne) - Industrie de l'Os », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 39, nos 1-2,‎ , p. 51-64 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1942] StĂ©phane Lwoff, « A propos de la Grotte de La Marche : RĂ©ponse au Comte BĂ©gouĂ«n », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 39, nos 7-9,‎ , p. 207-209 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1943] StĂ©phane Lwoff, « La Marche, Commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne). Fouilles PĂ©ricard et Lwoff. A. Iconographie humaine du MagdalĂ©nien III. B. Industrie de l'os », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 40, nos 7-9,‎ , p. 166-180 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1957] StĂ©phane Lwoff, « Iconographie humaine et animale du MagdalĂ©nien III Grotte de La Marche. Commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 54, no 10,‎ , p. 622-633 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1959] StĂ©phane Lwoff, « La Marche, commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne), Lampes et mĂ©nisques. Burins atypiques », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 56, nos 5-6,‎ , p. 327-335 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1962] StĂ©phane Lwoff, « Industrie de l'os. Iconographie humaine et animale du MagdalĂ©nien III, 7e publication : Grotte de La Marche, commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 59, nos 1-2,‎ , p. 73-91 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1962] StĂ©phane Lwoff, « Industrie microlithique du Magd. III et Industrie lithique du Magd. IV-V, 8e Publication, Grotte de La Marche, Com. de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 59, nos 7-8 « Travaux en retard »,‎ , p. 500-510 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1964] StĂ©phane Lwoff, « Grotte de la Marche (Lussac-les-ChĂąteaux, Vienne) - Industrie lithique - Perçoirs du MagdalĂ©nien III », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 61, no 2 « Études & Travaux »,‎ , p. 271-288 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lwoff 1967] StĂ©phane Lwoff, « Ciseaux Ă  facettes et ciseau Ă  chanfrein de la grotte de la Marche Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 64, no 3,‎ , p. 75-77 (lire en ligne [sur persee]).
  • [MĂ©lard 2008] Nicolas MĂ©lard, « Pierres gravĂ©es de la Marche Ă  Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) : techniques, technologie et interprĂ©tations », Gallia PrĂ©histoire, t. 50,‎ , p. 143-268 (lire en ligne [sur persee]).
  • [PĂ©ricard & Lwoff 1940] LĂ©on PĂ©ricard et StĂ©phane Lwoff, « La Marche, commune de Lussac-les-ChĂąteaux (Vienne) : Premier atelier de MagdalĂ©nien III Ă  dalles gravĂ©es mobiles (campagnes de fouilles 1937-1938) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 37, nos 7-9,‎ , p. 155-180 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

  • [Le Falher, « Grotte de la Marche »] Pascal Le Falher, « Grotte de la Marche », sur pascal.lefalher.pagesperso-orange.fr (consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Hitchcock, « Grotte de la Marche »] Don Hitchcock, « Grotte de la Marche », sur donsmaps.com (consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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