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Grotte d'Aldène

La grotte d'Aldène, également appelée grotte de la Coquille, grotte de Minerve ou grotte de Fauzan[1], est un site préhistorique se trouvant sur la commune de Cesseras dans l'Hérault, au sud de la Montagne noire. Elle a été fréquentée dès le Paléolithique inférieur, puis ornée de gravures à l'Aurignacien. Elle a également livré des indices de fréquentation datant du Mésolithique et de l'Âge du bronze.

Grotte d'Aldène
Entrée de la grotte d'Aldène.
Localisation
Coordonnées
43° 21′ 14″ N, 2° 41′ 55″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Massif
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
300 m
Longueur connue
8 000 m
Dénivelé
70 m
Type de roche
Signe particulier
Occupation humaine
Patrimonialité
GĂ©olocalisation sur la carte : HĂ©rault
(Voir situation sur carte : HĂ©rault)
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)

Elle fait l’objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].

Spéléométrie

La dĂ©nivellation de la grotte d'Aldène est de 70 m pour un dĂ©veloppement[N 1] de 8 000 m[3].

Historique

Une partie du réseau (le réseau supérieur) a été explorée dès la fin du XIXe siècle par Émile Rivière, qui y fit des recherches touchant à la Préhistoire. En 1879 Armand Gautier, un ingénieur chimiste spécialiste des phosphates et membre de l'Académie des Sciences, y constata la présence d'importants dépôts (sous forme d'amas) de brushite, c'est-à-dire du phosphate d'alumine, dit de Fauzan, produit par la décomposition (pseudomorphose) d'ossements d'ours des cavernes et autres animaux du Quaternaire. Ces dépôts phosphatiques constituaient un engrais extrêmement riche ; aussi furent-ils exploités de 1888 à 1937 par une société spécialement créée pour la circonstance, la société des Phosphates Naturels de la Grotte de Fauzan. Cet engrais fut commercialisé sous le nom de minervite. Des bâtiments d'exploitation furent édifiés sur le rebord du causse, à une centaine de mètres des falaises formant les gorges de la Cesse. Un vaste puits équipé d'un monte-charge fut foré entre la grotte et la cour située devant les bâtiments, afin de remonter directement la minervite extraite de la caverne. Les ruines de ces bâtiments ainsi que le puits de mine existent toujours. En 1927, M. Guerret, un enseignant de Montauban, trouva dans une galerie récemment déblayée du sable qui l'obstruait, de grandes gravures du Paléolithique supérieur renforcées de touches d'ocre, figurant des rhinocéros et des ours. En 1948, l'abbé Denis Cathala découvrit le réseau inférieur de la grotte et les empreintes de pas humains, de hyènes et d'ours, que cet étage renfermait. L. Méroc et E. Delaplace réalisèrent un sondage en 1950. L. Barral et S. Simone entreprirent des fouilles dans le réseau supérieur de 1971 à 1991[4] - [5].

Occupation

Paléolithique inférieur et moyen

Les fouilles ont mis au jour trois ensembles stratigraphiques distincts[1] :

  • un ensemble infĂ©rieur (couches M Ă  I, « Mindel-Riss ») Ă  faunes anciennes (Ursus deningeri, Hemitragus jemlahicus bonali, Pliomys episcopalis) rappelant celles de la Caune de l'Arago et du Mas des Caves ;
  • un ensemble moyen (couches H Ă  F, « Riss moyen ») Ă  industries sur Ă©clats en calcaire siliceux et Ă  galets taillĂ©s en quartz, rapprochĂ©es du Tayacien ancien ;
  • un ensemble supĂ©rieur (couches E Ă  A, « Riss final » et « Riss-WĂĽrm »), Ă  industries rapprochĂ©es de l'AcheulĂ©en supĂ©rieur (Ă©clats Levallois, racloirs, denticulĂ©s, galets taillĂ©s, bifaces).

Des datations radiométriques sur planchers stalagmitiques ont permis de préciser l'âge des dépôts : les couches G à A se sont mises en place entre les stades isotopiques 11 à 6 et sont surmontées par un plancher contemporain du stade 5[6].

Paléolithique supérieur

Une galerie de la partie supĂ©rieure du rĂ©seau a livrĂ© des gravures larges et profondes incluant des figurations originales par leur sujet (cheval mais aussi ours, fĂ©lin, mammouth). Elles ont fait l'objet d'Ă©tudes et de relevĂ©s rĂ©alisĂ©s par D. Vialou[7]. Dans cette galerie, des planchers stalagmitiques et des charbons ont Ă©tĂ© datĂ©s de plus de 30 000 ans AP[8]. Pour Paul Ambert et ses collaborateurs, « Cette date, comme le style, mais aussi le bestiaire des figurations pariĂ©tales d'Aldène, s'avèrent donc identiques et contemporains de ceux correspondant Ă  la première pĂ©riode de l'art de la grotte Chauvet »[9].

MĂ©solithique

Un groupe humain a laissé de nombreuses traces de pas[10] et des frottis de torches datant d'environ 8000 ans avant le présent.

En 2018, un groupe de pisteurs Namibiens du Kalahari a étudié ces traces de pas, déterminant dans ces 400 empreintes la présence de 26 individus (hommes, femmes et enfants dont certains portés sur les épaules des adultes)[11].

Ă‚ge du bronze

La grotte d'Aldène a également connu une forte fréquentation à l'âge du bronze final et au premier âge du fer[12].

Notes et références

Notes

  1. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.

Références

  1. [Farizy 1988] Catherine Farizy, « Aldène (L'), Cesseras, Hérault », dans André Leroi-Gourhan (dir.), Dictionnaire de la Préhistoire, PUF, , p. 26.
  2. Notice no PA00103432, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Bigot Jean-Yves, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement. », Spelunca Mémoires n° 27,‎ , p. 160 (ISSN 0249-0544)
  4. Barral L. et Simone S. (1976) - « Le Pléistocène moyen de la grotte d'Aldène », in: Livret-Guide de l'excursion C2 Provence Languedoc méditerranéen, Congrès UISPP de Nice, pp. 255-266
  5. Henry de Lumley (dir.) (1981) - Les premiers habitants de l'Europe, Paris, Laboratoire de Préhistoire du Musée de l'Homme, 199 p.
  6. Falguères, Ch., Ajaja, O., Laurent, M. et Bahain, J.-J. (1991) - « Datation de la grotte d'Aldène (Cesseras, Hérault) », Bulletin du Musée d'Anthropologie préhistorique de Monaco, 34, pp. 18-27.
  7. Vialou, D. (1979) - « Grotte de l'Aldène à Cesseras (Hérault) », Gallia préhistoire, t. 22, 1, pp. 1-85.
  8. Ambert, P., Guendon, J.-L., Galant, P., Quinif, Y., Gruneisen, A., Colomer, A., Dainat, D., Beaumes, B. et Requirand, C. (2005) - « Attribution des gravures paléolithiques de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault) à l’Aurignacien par la datation des remplissages géologiques », Comptes Rendus Palevol, vol. 4, 3, pp. 275-284.
  9. Ambert, P. et alii, « Les gravures et les empreintes humaines de la grotte d'Aldène (Cesseras, Hérault) dans leur contexte chronologique et culturel », Bulletin du Musée d'Anthropologie Préhistorique de Monaco, n° 47, Monaco, 2007, p. 34. ISSN 0544-7631
  10. Diverticule des empreintes, tiré de (en) Andreas Pastoors et al., « Tracking in Caves: Experience Based Reading of Pleistocene Human Footprints in French Caves », Cambridge Archaeological Journal, vol. 25, no 3,‎ , p. 551-564 (DOI 10.1017/S0959774315000050).
  11. (en) Andreas Pastoors, Tilman Lenssen-Erz, Reading Prehistoric Human Tracks: Methods & Material, Springer Nature, , 436 p..
  12. Ambert, P. et Galant, P., « La Préhistoire récente de la grotte d'Aldène », Bulletin du Musée d'Anthropologie Préhistorique de Monaco, Monaco, 2007, pp. 81-100.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Philippe Audra-Responsable d'Ă©dition, Yves Besset et Jean-Yves Bigot, Association française de karstologie, « Grottes et karsts de France - La grotte d'Aldène, un dĂ©dale de pertes Ă©tagĂ©es (Cesseras, HĂ©rault) », Karstologia MĂ©moires, Paris, Association française de karstologie, no 19,‎ , p. 318-319 (ISBN 978-2-95-042225-5, lire en ligne).
  • Philippe Galant et Jean-Pierre Holvoet, « Contribution Ă  l'Ă©tude de la grotte d'Aldène », Spelunca, no 81,‎ , p. 23-35 (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

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