Graus
Graus est une commune espagnole d'Aragon, située dans la province de Huesca et capitale administrative de la comarque de la Ribagorce.
Graus | ||||
HĂ©raldique |
Drapeau |
|||
Mairie | ||||
Administration | ||||
---|---|---|---|---|
Pays | Espagne | |||
Communauté autonome | Aragon | |||
Province | Huesca | |||
Comarque | Ribagorce | |||
Maire Mandat |
JosĂ© Antonio LagĂŒens MartĂn (PP) 2015-2019 |
|||
Code postal | 22430 | |||
DĂ©mographie | ||||
Gentilé | Grausino, Grausina | |||
Population | 3 420 hab. () | |||
Densité | 11 hab./km2 | |||
GĂ©ographie | ||||
CoordonnĂ©es | 42° 11âČ nord, 0° 20âČ est | |||
Altitude | 469 m |
|||
Superficie | 29 980 ha = 299,8 km2 | |||
Localisation | ||||
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
GĂ©olocalisation sur la carte : province de Huesca
| ||||
Liens | ||||
Site web | www.graus.es | |||
GĂ©ographie
Graus est situĂ©e au sud de la Ribagorce, au confluent des riviĂšres Ăsera et IsĂĄbena. Son territoire communal englobe les villages d'Abenozas, Aguilar, Aguinaliu, Bellestar, Benavente de AragĂłn, Castarlenas, Centenera, Ejep, El Soler, GĂŒel, Juseu, La Puebla de Fantova (es), Las Ventas de Santa LucĂa, Panillo (es), Pano (es), La Puebla del Mon, Pueyo de MarguillĂ©n, Torre de Obato, Torre de Ăsera, Torrelabad et Torres del Obispo, ainsi que les hameaux inhabitĂ©s Bafaluy, Cancer, Fantova, GrustĂĄn (es), Portaespana (es) et Torruella de AragĂłn.
Histoire
Comme l'attestent les restes dĂ©couverts sur le site archĂ©ologique de « Las Forcas », les premiers signes de peuplement de Graus remontent Ă la pĂ©riode palĂ©olithique. Ces restes sont aujourdâhui conservĂ©s dans le musĂ©e archĂ©ologique de la province de Huesca (es).
Il ne reste plus aucun vestige de lâĂ©poque romaine.
L'occupation arabo-musulmane est rappelée par les restes d'une tour de guet situés prÚs du piton rocheux du « Morral ».
Pendant la Reconquista, le roi aragonais Ramire Ier meurt en 1063 au cours du siĂšge de la bourgade.
Cette derniÚre n'est finalement prise que vingt ans plus tard, à l'issue de la bataille de Graus, par son propre fils, Sanche Ramirez. AprÚs cette bataille, Graus est cédé au monastÚre de Saint-Victorien d'Asan, ce qui ouvre pour la bourgade une période prospÚre de reconstruction et de repeuplement, grùce aux multiples privilÚges que lui procure le monastÚre.
On doit ensuite Ă Pierre II d'Aragon d'avoir amenĂ© Ă Graus la fĂȘte de saint Michel (San Miguel), fĂȘte qui Ă©tait prĂ©cĂ©demment cĂ©lĂ©brĂ©e Ă San Pedro de Tabernas. En 1223, Pierre II accorde Ă©galement Ă la bourgade le titre de « trĂšs noble et trĂšs ancienne », distinction dont elle continue Ă s'honorer.
Un Ă©vĂ©nement dĂ©cisif pour la construction de la tradition locale se produit en lâan 1415. Cette annĂ©e-lĂ , en effet, un prĂȘtre de l'Ordre dominicain, Vincent Ferrier, fait Ă©tape Ă Graus. Il rĂ©pond Ă lâinvitation de Berenguer de BardajĂ (es). Trois annĂ©es auparavant, les deux hommes ont fait partie des neuf compromissaires qui ont Ă©laborĂ© le compromis de Caspe, accord ayant trouvĂ© une solution au dĂ©licat problĂšme posĂ© par la succession Ă la couronne dâAragon. Le prĂȘche public que Vincent Ferrier rĂ©alise Ă Graus suscite une large audience. En signe de reconnaissance envers les Grausinos, Vincent Ferrier dĂ©cide d'offrir Ă la bourgade un crucifix, qui est toujours conservĂ© et honorĂ© en l'Ă©glise paroissiale du village. Mort en 1419, Vincent Ferrier est canonisĂ© en 1455. C'est ainsi que les fĂȘtes patronales, qui cĂ©lĂšbrent le Christ Saint, cĂ©lĂšbrent aussi saint Vincent Ferrier, en commĂ©moration de son insigne visite, et de son remarquable prĂ©sent. Un autre prĂȘtre dominicain accompagne Ferrier lors de sa visite. Il sâagit de Pedro CerdĂĄn (es), Ă qui Vincent Ferrier aurait prĂ©cĂ©demment fait recouvrer lâusage de la parole et de lâouĂŻe. Pedro CerdĂĄn tombe cependant malade dĂšs son arrivĂ©e Ă Graus. Il y meurt en 1422 et est enterrĂ© dans la basilique de la Virgen de Peña.
La premiĂšre extension de la bourgade intervient au cours du XVIe siĂšcle. Sont alors construits des manoirs tels que ceux de FantĂłn, Solano, OlivĂĄn, ainsi que la mansion de la famille des Mur. On crĂ©e aussi la place principale du village (Plaza Mayor), ainsi que la rue FermĂn Mur y Mur, ce qui porte la limite de la bourgade jusqu'au niveau de la porte de LinĂ©s (Portal de LinĂ©s). Toujours au XVIe siĂšcle, le comtĂ© devient le thĂ©Ăątre de la guerre de la Ribagorce. En 1588, le roi Philippe II Ă©tablit la cĂ©lĂ©bration chaque lundi dâune fĂȘte hebdomadaire. Cette fĂȘte perdure de nos jours sous la forme dâun marchĂ©. Ă ces Ă©vĂ©nements festifs sâajoutent la fĂȘte de Santa LucĂa, accordĂ©e par Charles II en 1681, ainsi que la fĂȘte de mai (devenue aujourdâhui « Propirineo »).
Durant le XVIIe siÚcle, plusieurs guerres se succÚdent contre la France. Graus devient alors, à la fois un point de passage et un fournisseur de nourriture pour les troupes militaires. Dans les années 1651 et 1652, la zone subit une épidémie de peste qui décime la population. On construit hors les murs le collÚge jésuite de la Compagnie de Jésus, dont il subsiste aujourd'hui l'église, et le couvent de saint Dominique.
Durant la guerre de succession du dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, la population soutient le candidat autrichien, tout comme la majeure partie des composantes de la couronne dâAragon. Les troupes des Bourbons occupent Graus, y dĂ©truisant un pont, et transforment la bourgade en base arriĂšre pour les opĂ©rations militaires.
Au cours du XIXe siĂšcle, Graus est envahie par les troupes françaises pendant la guerre dâindĂ©pendance, puis lors des guerres carlistes, des affrontements entre libĂ©raux et absolutistes. Gendre de Karl Marx et propagateur de ses idĂ©es, Paul Lafargue est arrĂȘtĂ© Ă Graus en 1873, aprĂšs avoir traversĂ© les PyrĂ©nĂ©es pour fuir la police française. Ă la fin du siĂšcle, lâĂ©migration vers la France est importante. C'est Ă cette Ă©poque que remonte la deuxiĂšme extension urbaine, avec notamment la crĂ©ation de la rue du Barranco.
Les hameaux de GrustĂĄn, Porta Espana, Torre de Obato et Puy de Cinca sont intĂ©grĂ©s Ă la municipalitĂ© au XIXe siĂšcle. Il en va de mĂȘme pour Barasona et Benavente de AragĂłn dans les annĂ©es 1920.
Lorsqu'éclate la Guerre civile, Graus se retrouve en zone républicaine, avec une prédominance du mouvement anarchiste.
Durant les annĂ©es 1960, la bourgade pĂątit, comme le reste du pays, dâun exode rural massif vers les grandes mĂ©tropoles. Sont alors intĂ©grĂ©s Ă la municipalitĂ© des lieux tels que AguinalĂu, Panillo, La Puebla de Fantova et Torruella de AragĂłn, puis GĂŒel et Torres del Obispo pendant la dĂ©cennie suivante.
Population et société
DĂ©mographie
Avec 3 334 habitants, Graus est en 2017 la plus peuplée des municipalités ribagorciennes.
Lieux et monuments
La basilique de la Vierge du Rocher (es) (basĂlica de la Virgen de la Peña ) a Ă©tĂ© construite vers le milieu du XVIe siĂšcle, en style gothique de type renaissant, Ă lâemplacement mĂȘme de lâancienne Ă©glise romane de Sainte Marie (Santa MarĂa).
Rappelant la statue du Christ RĂ©dempteur, qui domine Rio de Janeiro depuis le pic du Corcovado, celle du CĆur SacrĂ© de JĂ©sus (Sagrado CorazĂłn de JesĂșs) domine la bourgade, du haut du piton rocheux qui surplombe la basilique, elle-mĂȘme situĂ©e un peu au-dessus du village.
Depuis la statue du CĆur SacrĂ© de JĂ©sus, on distingue au loin, posĂ© sur un autre piton rocheux, un petit refuge aux murs blanc. Il s'agit de l'ermitage de Saint Pierre (San Pedro).
LâĂ©glise paroissiale de Saint Michel (San Miguel) est construite postĂ©rieurement et se situe initialement hors les murs. On y conserve le crucifix que Saint Vicent Ferrier offrit au village en 1415.
Le couvent de Saint Dimanche (Santo Domingo) fut fondĂ© au XVIIe siĂšcle, de mĂȘme que le collĂšge de la Compagnie de JĂ©sus, dont seule persiste lâĂ©glise, aujourdâhui transformĂ©e en un centre Ă©vĂ©nementiel baptisĂ© « Espacio Pirineos".
Enfin, non loin de la bourgade, et à proximité immédiate de Panillo, s'élÚve le temple bouddhiste de Dag Shang Kagyu, érigé au XXe siÚcle.
Juste en aval du village, un premier pont enjambe la riviĂšre Ăsera. Il s'agit du « Puente de Abajo », plus connu en tant que « Puente de la Pascasia ». Ce pont a Ă©tĂ© construit au XIIe siĂšcle sur des fondations romaines. Il se situe presque en face du quartier du BarrichĂłs, encore appelĂ© le « barrio de Abajo », c'est-Ă -dire le « quartier Aval ».
Le BarrichĂłs est le plus ancien des quartiers du village. Il abrite quelques maisons remarquables comme celles des Mur, de FantĂłn et de TomĂĄs de Torquemada, ainsi que l'ancienne auberge de Juan Tallada. Sur les linteaux en pierre des fenĂȘtres de la maison des Mur, on peut, d'abord identifier, puis observer, un entrelacement de lettres exprimant « Roderico Mur y (et) Marca », ou encore une vĂ©ritable dĂ©claration d'amour « Roderico ama a Marica », qui signifie « Roderico aime Marica ».
Au centre du vieux village, la place principale (plaza mayor) est un pentagone irrĂ©gulier entourĂ©e d'arcades de pierre. Elle contient les maisons del BarĂłn, Heredia, BardaxĂ, Capucho, Loscertales, ainsi que la Maison de la Culture, et la mairie, qui occupe le plus ancien de ces bĂątiments. Un ensemble de fresques recouvre les façades de certaines de ces maisons. Les maisons Ă colombages et l'hĂŽtel de ville datent du XVIe siĂšcle.
Trois des quatre portes qui s'ouvraient sur les anciennes murailles du village sont toujours visibles en ses limites : au sud, celle de ChinchĂn (ou de Barbastro), au nord celle de LinĂ©s, enfin Ă l'ouest la porte del BarĂłn.
ĂvĂ©nements festifs
La fĂȘte patronale se dĂ©roule tous les ans du 12 au et cĂ©lĂšbre le Christ et saint Vincent Ferrier. Elle est reconnue d'intĂ©rĂȘt touristique national, en raison de la variĂ©tĂ© et de la richesse des traditions qu'elle fait revivre : danses traditionnelles au son de la cornemuse aragonaise, dĂ©filĂ©s de gĂ©ants et de grosses tĂȘtes, dĂ©tonations de mousquetons, chants d'aubades, repas champĂȘtre en commun. HĂ©ritĂ©e du Moyen Ăge, la Mojiganga (es) est une vĂ©ritable reprĂ©sentation thĂ©Ăątrale traditionnelle. Elle est Ă©crite et jouĂ©e par les Grausinos, permettant Ă ces derniers d'exprimer leurs revendications aux autoritĂ©s sur un mode picaresque.
La fĂȘte de la saucisse se dĂ©roule tous les ans le dernier samedi de juillet. Elle consiste Ă griller, en pleine rue du Barranco, une saucisse d'un seul tenant et de plusieurs dizaines de mĂštres. La saucisse est ensuite partagĂ©e et distribuĂ©e dans du pain aux milliers de convives prĂ©sents. En 1996, la fĂȘte entre dans le Livre Guinness des records pour la prĂ©paration de la saucisse la plus longue du monde, mesurant 530 mĂštres.
Personnalités
- Eusebio Bardajà Azara (1776-1842) est un avocat, diplomate et homme politique, président du Conseil des ministres en 1837 aprÚs le renoncement de Baldomero Espartero ;
- JoaquĂn Costa (1846-1911) est un Ă©conomiste, juriste, homme politique et historien ;
- JosĂ© Salamero MartĂnez (es) (1835-1895) est un homme d'Ă©glise, connu en tant que PĂšre des pauvres ;
- Ăngel Samblancat (es) (1885-1963) est un journaliste et Ă©crivain.
Jumelages
- Tournefeuille (France) depuis .
Notes et références
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Ressource relative Ă la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :