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Graphe chenille

En théorie des graphes, un graphe chenille ou plus simplement une chenille est un arbre dans lequel tous les sommets sont à distance au plus 1 d'un chemin central.

Un graphe chenille.

Caractérisations équivalentes

Les graphes chenilles[1] ont d'abord été étudiés dans une série d'articles de Harary et Schwenk. Le nom a été suggéré par A. Hobbs[2] - [3]. Harary & Schwenk écrivent de façon colorée : « une chenille est un arbre qui se métamorphose en un chemin lorsque son cocon de points d'extrémité est supprimé »[2]. Les graphes chenille possÚdent un étiquetage gracieux.

Les caractérisations suivantes décrivent les chenilles: Les chenilles sont

  • les arbres pour lesquels la suppression des feuilles et des arĂȘtes incidentes produit un graphe chemin[3] - [4].
  • les arbres dans lesquels il existe un chemin qui contient tous les sommets de degrĂ© deux ou plus[4] - [5].
  • les arbres dans lesquels chaque sommet de degrĂ© au moins trois a au plus deux voisins qui ne sont pas des feuilles.
  • les arbres qui ne contiennent pas comme sous-graphe le graphe obtenu en remplaçant chaque arĂȘte du graphe Ă©toile K 1,3 par un chemin de longueur deux[4].
  • les graphes connexes qui peuvent ĂȘtre tracĂ©s avec leurs sommets sur deux droites parallĂšles, avec des arĂȘtes reprĂ©sentĂ©es par des segments de droites sans croisement qui ont un point d'extrĂ©mitĂ© sur chacune des droites.
  • les arbres dont le carrĂ© est une chaĂźne hamiltonienne. En d'autres termes dans une chenille, il existe une sĂ©quence cyclique de tous les sommets dans laquelle chaque paire de sommets consĂ©cutifs est Ă  distance un ou deux l'une de l'autre, et les arbres qui ne sont pas des chenilles ne possĂšdent pas une telle sĂ©quence. Un cycle de ce type peut ĂȘtre obtenu en traçant la chenille sur deux droites parallĂšles et en concatĂ©nant la sĂ©quence de sommets sur une droite avec l'inverse de la sĂ©quence sur l'autre droite .
  • les arbres dont le line graph contient une chaĂźne hamiltonienne ; une telle chaĂźne peut ĂȘtre obtenu en ordonnant les arĂȘtes dans un dessin Ă  deux droites de l'arbre. Plus gĂ©nĂ©ralement, le nombre d'arĂȘtes qui doivent ĂȘtre ajoutĂ©es au line graph d'un arbre arbitraire pour qu'il contienne une chaĂźne hamiltonienne (la taille de sa complĂ©tion hamiltonienne ) est Ă©gal au nombre minimum de dĂ©compositions de l'arbre en chenilles Ă  arĂȘtes disjointes[6].
  • les graphes connexes de largeur de chemin Ă©gale Ă  un[7].
  • les graphes d'intervalle sans triangle et connexes[8].

Généralisations

Un k-arbre est un graphe cordal avec exactement n-k cliques maximales, chacune contenant k+1 sommets; dans un k-arbre qui n'est pas lui-mĂȘme une clique de k+1 sommets, chaque clique maximale sĂ©pare le graphe en deux ou plusieurs composantes, ou alors elle contient un seul sommet feuille, un sommet qui n'appartient qu'Ă  une seule clique maximale. Une k-chaĂźne est un k-arbre avec au plus deux feuilles, et une k- chenille est un k-arbre qui peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en une k-chaĂźne et des k-feuilles, chacune adjacente Ă  un sĂ©parateur qui est une k-clique de la k-chaĂźne. Dans cette terminologie, une 1-chenille est la mĂȘme chose qu'un arbre Ă  chenilles, et les k-chenilles sont les graphes maximaux en nombre d'arĂȘtes avec largeur de chemin Ă©gale Ă  k[7].

Un graphe homard est un arbre dans lequel tous les sommets sont Ă  distance 2 d'un chemin central[9].

ÉnumĂ©ration

Les chenilles forment une famille de graphes pour laquelle une formule exacte peut ĂȘtre donnĂ©e : pour n ≄ 3, le nombre de chenilles Ă  n sommets non Ă©tiquetĂ©s est :

Pour n = 1, 2, 3, ... les nombres de chenilles Ă  n sommets est

1, 1, 1, 2, 3, 6, 10, 20, 36, 72, 136, 272, 528, 1056, 2080, 4160, ...

C'est la suite A005418 de l'OEIS .

Complexité informatique

Trouver une chenille couvrant un graphe est NP-complet. Un problĂšme d'optimisation liĂ© est le problĂšme de couverture minimale par une chenille (MSCP pour Minimum Spanning Caterpillar Problem), oĂč un graphe a deux coĂ»ts associĂ©s Ă  ses arĂȘtes et le but est de trouver un arbre chenilles qui couvre le graphe donnĂ© et qui a le plus petit coĂ»t total. Ici, le coĂ»t de la chenille est dĂ©fini comme la somme des coĂ»ts de ses arĂȘtes, oĂč chaque arĂȘte a pour coĂ»t l'un des deux coĂ»ts attribuĂ©s en fonction de son rĂŽle en tant que arĂȘte d'une feuille ou arĂȘte interne. Il n'y a pas d'algorithme d'approximation en f(n) pour le MSCP Ă  moins que P = NP; ici f (n) est toute fonction calculable en temps polynomial de n, le nombre de sommets d'un graphe.

Il existe un algorithme paramétré qui trouve une solution optimale pour le MSCP dans les graphes à largeur arborescente bornée. Ainsi, le problÚme de couverture par une chenille et le MSCP possÚdent tous deux des algorithmes de temps linéaire si le graphe est un graphe planaire extérieur, un graphe série-parallÚle ou un graphe de Halin.

Applications

Les graphes chenilles ont Ă©tĂ© utilisĂ©es dans la thĂ©orie des graphes chimiques pour reprĂ©senter la structure des molĂ©cules d'hydrocarbures aromatiques. Dans cette reprĂ©sentation, on forme une chenille dans laquelle chaque arĂȘte correspond Ă  un cycle Ă  6 atomes de carbone de la structure molĂ©culaire, et deux arĂȘtes sont incidentes Ă  un sommet chaque fois que les anneaux correspondants appartiennent Ă  une sĂ©quence d'anneaux connectĂ©s bout Ă  bout dans le structure. El-Basil[3] note : « Il est Ă©tonnant que presque tous les graphes qui ont jouĂ© un rĂŽle important dans ce qui est maintenant appelĂ© la thĂ©orie chimique des graphes puissent ĂȘtre reliĂ©s aux graphes chenilles. »" Dans ce contexte, les chenilles sont Ă©galement connues sous le nom d'arbres benzĂ©niques et d'arbres Gutman, d'aprĂšs les travaux d'Ivan Gutman dans ce domaine[10] - [11] - [12].

Références

  1. (en) Eric W. Weisstein, « Caterpillar Graph », sur MathWorld
  2. Frank Harary et Allen J. Schwenk, « The number of caterpillars », Discrete Mathematics, vol. 6, no 4,‎ , p. 359–365 (DOI 10.1016/0012-365X(73)90067-8)
  3. Sherif El-Basil, « Applications of caterpillar trees in chemistry and physics », Journal of Mathematical Chemistry, vol. 1, no 2,‎ , p. 153–174 (DOI 10.1007/BF01205666).
  4. Frank Harary et Allen Schwenk, « Trees with Hamiltonian square », Mathematika, vol. 18, no 1,‎ , p. 138–140 (DOI 10.1112/S0025579300008494)
  5. Frank Harary et Allen Schwenk, « A new crossing number for bipartite graphs », Utilitas Math., vol. 1,‎ , p. 203–209
  6. Arundhati Raychaudhuri, « The total interval number of a tree and the Hamiltonian completion number of its line graph », Information Processing Letters, vol. 56, no 6,‎ , p. 299–306 (DOI 10.1016/0020-0190(95)00163-8)
  7. Andrzej Proskurowski et Jan Arne Telle, « Classes of graphs with restricted interval models », Discrete Mathematics and Theoretical Computer Science, vol. 3, no 4,‎ , p. 167-176 (HAL hal-00958935v1).
  8. JĂŒrgen Eckhoff, « Extremal interval graphs », Journal of Graph Theory, vol. 17, no 1,‎ , p. 117–127 (DOI 10.1002/jgt.3190170112)
  9. (en) Eric W. Weisstein, « Graphe homard », sur MathWorld.
  10. Sherif El-Basil, « Applications of caterpillar trees in chemistry and physics », Journal of Mathematical Chemistry, vol. 1, no 2,‎ , p. 153–174 (DOI 10.1007/BF01205666).
  11. Ivan Gutman, « Topological properties of benzenoid systems », Theoretica Chimica Acta, vol. 45, no 4,‎ , p. 309–315 (DOI 10.1007/BF00554539)
  12. Sherif El-Basil, « Caterpillar (Gutman) trees in chemical graph theory », dans I. Gutman et S. J. Cyvin (Ă©diteurs), Advances in the Theory of Benzenoid Hydrocarbons, coll. « Topics in Current Chemistry » (no 153), (DOI 10.1007/3-540-51505-4_28), p. 273–289.
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