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Grande Forge de Buffon

Fondée par Georges-Louis Leclerc de Buffon en 1768, la Grande Forge de Buffon se trouve à Buffon (Côte-d'Or), à environ trois kilomètres au nord-ouest de la ville de Montbard, au bord de l'Armançon et à proximité du canal de Bourgogne.

Grande forge de Buffon
Entrée de la Grande Forge de Buffon
Présentation
Destination initiale
Forge
Propriétaire
personne privée
Patrimonialité
Coordonnées
47° 38′ 59″ N, 4° 15′ 39″ E
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Le naturaliste et la forge

Georges-Louis Leclerc de Buffon hérite de sa mère, Anne-Christine Marlin, des terres et une forge en Bourgogne. Passionné de sciences, riche d'expériences précédentes dans la forge d'Aisy-sur-Armançon, Buffon, alors âgé de plus de soixante ans et aidé par les conseils de maîtres de forge réputés, développe sa propre forge entre 1768 et 1772 après des essais dans son laboratoire de Montbard, le Petit Fontenet. L'approche scientifique du naturaliste et ses multiples expériences contribuent alors aux progrès de la métallurgie. Elles lui permettent de valoriser les ressources de bois et de minerai (d'assez mauvaise qualité) de ses terres. Surtout, Buffon tente de démontrer certaines de ses théories : en fondant des sphères de fer de différents diamètres et en mesurant leur temps de refroidissement, il estime l'âge de la Terre à partir de son embrasement initial. La Sorbonne et l'Église l'obligent à se rétracter, ses conclusions contredisent le livre de la Genèse. Finalement, son expérience de sylviculteur et de métallurgiste contribue à la rédaction des Suppléments de l'Histoire naturelle.

Description

Canal d'amenée et roue à aubes.

La Grande Forge de Buffon[alpha 1] est une des premières « usines intĂ©grĂ©es » du XVIIIe siècle. Les lieux sont en effet pensĂ©s pour l'optimisation des Ă©tapes de la fabrication. Ils rassemblent les installations industrielles, la maison du maĂ®tre et les habitations ouvrières en un mĂŞme espace. Autour d'une vaste cour rectangulaire (100 Ă— 50 m), oĂą l'on accède par deux grilles monumentales (forgĂ©es sur place en 1768) appuyĂ©es sur deux grands piliers de pierre de taille assez remarquable, sont disposĂ©s les bâtiments d'habitation du personnel Ă  un niveau supĂ©rieur de 6 mètres au-dessus de la rivière, tout comme la demeure du maĂ®tre et des rĂ©gisseurs, ainsi que les remises et magasins de fer. Une boulangerie, un potager et une chapelle sont aussi accessibles aux ouvriers. Par ailleurs, une orangerie et un colombier complètent l'ensemble. Dans la partie productive, le bâtiment le plus remarquable est le haut fourneau. Son accès se fait par un escalier majestueux qui permet aux invitĂ©s de marque d'admirer la coulĂ©e du mĂ©tal en fusion. AlimentĂ©es par l'Armançon, des roues Ă  aubes apportent la force hydraulique nĂ©cessaire pour alimenter les machineries telles que les soufflets, les marteaux, le bocard et le patouillet. Le fer est ensuite dĂ©coupĂ© en barres dans la fonderie Ă  l'aide de cylindres cannelĂ©s.

Production

Ă€ la fin du XVIIIe siècle, la production est de 450 tonnes de fer par an et la forge occupe jusqu'Ă  400 ouvriers. Toutes les douze heures, une coulĂ©e de fonte d'une tonne peut ĂŞtre versĂ©e dans un moule de sable après l'ouverture Ă  coups de ringard (barre de fer) de la partie infĂ©rieure du haut fourneau. La forge a ainsi fourni le fer utilisĂ© pour clĂ´turer de grilles le jardin des plantes de Paris, dont Buffon est l'intendant. Elle fournit aussi des ferronneries et des rampes d'escaliers. Buffon utilise aussi l'Ă©tablissement Ă  titre de laboratoire : amĂ©lioration des canons de la Marine, effets de la chaleur obscure, etc.

Buffon fait partie des fondateurs de la « Compagnie pour l'exploitation et l'épuration du charbon de terre », patronnée par Jacques Necker et Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas, afin de développer la fabrication du coke déjà expérimentée par les Anglais à une échelle importante, comme Antoine-Gabriel Jars, inspecteur des forges royales et ami de Buffon le rapporte dans son ouvrage « Voyages Métallurgiques » en 1769[alpha 2]. Cet intérêt pour la technologie métallurgique s'inscrit dans ses recherches en science des matériaux, menées au Petit Fontenet.

DĂ©convenues

Accaparé par son travail de naturaliste, Buffon confie la gestion de la Forge à Chesneau de Lauberdières en 1777. Celui-ci pille les forêts environnantes et fuit avec la caisse en 1785. Buffon doit reprendre la Forge, bien en mal. En 1784, Buffon participe à un procès contre un des administrateurs, Carronges des Bornes (Louis-Charles Carouge des Bornes, maître de forges à Gueugnon 1731-1793), de la Compagnie pour l'exploitation du charbon de terre, année où est décidée la liquidation de la compagnie. Financièrement, son activité métallurgique aura été un échec.

Après Buffon

En 1791, trois ans après la mort de Buffon, la Forge est vendue par ses héritiers. L'activité sidérurgique se développe jusqu'à l'arrivée du charbon de terre - la houille et son dérivé le coke - au XIXe siècle. Buffon aura été un précurseur.

En 1866, une crue exceptionnelle met fin à l'activité sidérurgique, qui est remplacée par une cimenterie jusqu'en 1923, date de la cessation de toute activité industrielle à la suite d'un incendie. La propriété appartient à la même famille depuis 1860, ayant par le jeu des alliances un ascendant commun avec Buffon. L'association pour la sauvegarde de la Grande Forge de Buffon a permis son ouverture au public de 1978 à 1997. Depuis 1998, l'ouverture est assurée par les propriétaires.

Protection

L'ancienne Forge bénéficie de plusieurs classements au titre des monuments historiques[1] : un classement le pour le bâtiment de la Forge et un classement le pour les façades et toitures de l'ensemble des autres bâtiments, le salon et salle à manger du pavillon du maître de forge, le mur de clôture et les sol des parcelles.

Un timbre autocollant Ă  son profit est Ă©mis dans un carnet de 12 timbres diffĂ©rents, le , par la Poste française, sous le thème « Ensemble sauvons notre patrimoine », action portĂ©e par StĂ©phane Bern.

Notes et références

Notes

  1. L'appellation Forges de Buffon désigne à la fois le complexe sidérurgique situé à Buffon (Côte-d'Or), objet de cet article, et l'ensemble des forges auxquelles s'est intéressé le naturaliste Buffon, à savoir celles d'Aisy-sur-Armançon et de Buffon (Côte-d'Or). Il est parfois de coutume, quand on veut désigner de façon plus précise le site particulier de Buffon, d'utiliser l'appellation "Grande Forge".
  2. C'est Gabriel Jars "l'ainé" (1729-1808) qui publiera en 1774-1781 les Voyages métallurgiques de son frère Antoine-Gabriel "le jeune" mort en 1769.

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Renaud BenoĂ®t-Cattin, Les grandes forges de Buffon - CĂ´te-d'Or, p. 44-45, dans Patrimoine industriel : Cinquante sites en France, Ă©ditions du patrimoine, Paris, 1997, (ISBN 2-85822-189-8)

Articles connexes

Liens externes

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