Glande anale
Les glandes anales ou le « sac anal » sont un systÚme glandulaire présent chez beaucoup de mammifÚres et notamment chez tous les carnivores (aussi différents que l'ours[1] - [2], la loutre de mer[3] ou le kinkajou[4]) mais aussi chez des carnivores domestiques comme le chien ou le chat. Des glandes d'une nature proche mais qui peuvent avoir d'autres fonctions (chez les oiseaux notamment) existent aussi chez d'autres vertébrés que les mammifÚres.
Ce sont des glandes sĂ©bacĂ©es qui sĂ©crĂštent un liquide gras (habituellement blanchĂątre ou jaunĂątre) jouant un rĂŽle pour la reconnaissance des individus au sein dâune mĂȘme espĂšce ou dâun groupe. Parmi les muscs les plus rĂ©putĂ©s depuis l'antiquitĂ© autrefois trĂšs recherchĂ©s par les parfumeurs, figure le musc issu des glandes anales de la civette.
Localisation
Les glandes anales sont situĂ©es de part et dâautre de lâanus en formant chez certaines espĂšces une sorte de sac ; elles sont situĂ©es entre le sphincter interne et le sphincter externe de lâanus oĂč elles dĂ©bouchent.
Chez lâĂȘtre humain
Les glandes anales, dites alors glandes d'Hermann et Defosses, sont situées à des profondeurs variables dans la paroi du canal anal, pour une partie entre les couches du sphincter interne et externe (dans le « plan intersphinctérien »). Au nombre de 6 à 8, elles s'abouchent au niveau des cryptes anales prÚs des colonnes de Morgagni[5].
Leur rÎle exact chez l'Homme est inconnu[6]. Elles sécrÚtent une sorte de sébum dans le canal anal.
Selon la « théorie cryptoglandulaire » l'obstruction de ces conduits (supposément par l'accumulation de matiÚre étrangÚre, par exemple d'origine bactérienne fécale dans les cryptes) peut conduire à un abcÚs péri-anal et à la formation de fistules[7] - [8].
Chez le chien et le chat
Chez ces animaux, ces glandes sont parfois appelés « glandes odoriférantes », tant elles sont manifestement importantes pour le marquage du territoire et la reconnaissance individuelle ou la hiérarchie dans le groupe.
Pathologies
Les glandes anales peuvent parfois "spontanément" cesser leurs sécrétions, notamment dans un contexte de stress, et causer un changement rapide et désagréable de l'odeur de l'animal (chien ou chat y compris).
Les excrĂ©ments de chien sont normalement fermes, et les glandes anales se vident quand le chien dĂ©fĂšque. Si les selles du chien sont trop molles, elles peuvent ne plus exercer suffisamment de pression sur les glandes, qui alors ne se vident pas assez, causant progressivement un inconfort chez lâanimal.
L'inconfort du chien est manifeste quand il se fait glisser lâarriĂšre-train sur le sol (« scooting » pour les anglophones), se lĂ©che ou mord l'anus, ou semble en situation inconfortable quand il est assis ou debout et quâil semble « courir aprĂšs sa queue ». L'inconfort empire en cas dâinfection des glandes anales gonflĂ©es ou du colmatage des conduits dâexcrĂ©tion, avec gĂ©nĂ©ralement une forte douleur, de la fiĂšvre et un gonflement de la zone glandulaire, voire des abcĂšs.
Un vidage manuel de ces glandes peut ĂȘtre effectuĂ© par un vĂ©tĂ©rinaire, un toiletteur ou le propriĂ©taire du chien, selon une technique dite « expression du sac anal ». Si cette manĆuvre ne suffit pas, le traitement consiste Ă exprimer par pression plus forte le contenu de la glande, ou le cas Ă©chĂ©ant Ă crever un abcĂšs, avec administration orale dâantibiotiques ou injection d'antibiotiques dans la glande (en cas dâinfection plus avancĂ©e).
Alors que les sĂ©crĂ©tions sont normalement beiges elles peuvent ĂȘtre grises Ă brunes et contenir des traces de sang en cas de pathologie de ce systĂšme glandulaire.
Les bactéries les plus fréquemment alors isolées dans les glandes infectées sont Escherichia coli, Enterococcus faecalis, Clostridium perfringens, et des Proteus[9].
En derniĂšre extrĂ©mitĂ©, les glandes anales peuvent ĂȘtre enlevĂ©s chirurgicalement (c'est la « sacculectomie anale »). Cette opĂ©ration se pratique en cas d'infection rĂ©currente antibiorĂ©sistante ou en prĂ©sence dâune tumeur maligne (gĂ©nĂ©ralement un adĂ©nocarcinome du sac anal).
Les complications potentielles comprennent alors l'incontinence fĂ©cale (notamment quand les deux glandes ont Ă©tĂ© retirĂ©es), la formation dâun rĂ©trĂ©cissement ou la formation de cicatrices handicapantes avec parfois des fistules suintantes persistantes[10].
Autres fonctions
- Certains animaux, dont par exemple les opossums utilisent leurs glandes anales quand ils « font le mort » (thanatose) avec une sécrétion parfois importante et dont l'odeur pourrait éloigner certains prédateurs en leur faisant croire qu'ils ont affaire à un cadavre. Il est à noter que l'opossum n'est pas un carnivore et que ses glandes anales diffÚrent de celles des carnivores.
- Les Mouffettes peuvent utiliser leurs glandes anales pour pulvériser un liquide trÚs nauséabond (et collant). Ce comportement est considéré comme étant une défense contre les prédateurs.
- De nombreux animaux utilisent aussi ces sécrétions pour marquer leur territoire, comme la loutre ou le castor[11] - [12].
Les hyÚnes produisent ainsi un mucus dit « beurre de hyÚne », utilisé pour marquer le territoire et identifier les individus du groupe par l'odeur[13] - [14] - [15]. Certaines légendes africaines racontent que des sorciÚres monteraient des hyÚnes et utiliseraient une gourde pleine de beurre de hyÚne comme carburant pour les torches leur permettant de s'éclairer dans la nuit[16].
Notes et références
- F. Rosell, S. M. Jojola, K. Ingdal, B. A. Lassen, J. E. Swenson, J. M. Arnemo et A. Zedrosser, « Brown bears possess anal sacs and secretions may code for sex », Journal of Zoology, vol. 283, no 2,â , p. 143â152 (DOI 10.1111/j.1469-7998.2010.00754.x)
- (en) K.M. Dyce, Sack, W.O. et Wensing, C.J.G., Textbook of Veterinary Anatomy, W.B. Saunders Company, (ISBN 0-7216-1332-2)
- (en) Karl W. Kenyon, The Sea Otter in the Eastern Pacific Ocean, Washington, D.C., U.S. Bureau of Sport Fisheries and Wildlife,
- L. S. Ford et Hoffman, R. S., « Potos flavus », Mammalian Species, American Society of Mammalogists, vol. 321,â , p. 1â9 (DOI 10.2307/3504086, JSTOR 3504086)
- AgnĂšs SĂ©nĂ©joux, « Suppurations anales », La Revue du Praticien, vol. 51, no 1 « Pathologie anale »,â , p. 26-31.
- P. Bauer, « Sources et racines de l'anus », Le Courrier de colo-proctologie,â , p. 3-5 (lire en ligne)
- Yamada, Tadataka; Alpers, David H.; Kalloo, Anthony N.; Kaplowitz, Neil; Owyang, Chung; Powell, Don W., eds. (2009). Textbook of gastroenterology (5th ed.). Chichester, West Sussex: Blackwell Pub. (ISBN 978-1-4051-6911-0).
- Wolff, Bruce G.; Pemberton, John H.; Wexner, Steven D.; Fleshman, James W.; Beck, David E., eds. (2007). The ASCRS textbook of colon and rectal surgery. New York: Springer. (ISBN 0-387-24846-3).
- Ettinger, Stephen J., Feldman, Edward C. (1995). Textbook of Veterinary Internal Medicine (4th ed.). W.B. Saunders Company. (ISBN 0-7216-6795-3).
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- Chemical Ecology of Vertebrates, par Dietland MĂŒller-Schwarze, p. 154, 2006, Cambridge University Press ; (ISBN 0-521-36377-2)
- Witchcraft and Sorcery in East Africa par Edward Henry Winter, John Middleton & Dr John Beattie, publié par Routledge 2004 Page 167 (ISBN 0-415-33073-4)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « anal gland » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- (en) Chez le chien
- (en) Glandes anales, d'aprĂšs The Pet Health Library
Bibliographie
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