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Gilbert Blardone

Gilbert Blardone, nĂ© le Ă  Évian-les-Bains et mort le [1] dans la mĂȘme ville, est un Ă©conomiste français.

Gilbert Blardone
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  96 ans)
Évian-les-Bains
Nom de naissance
Gilbert Roger Blardone
Nationalité
Activité

Biographie

Jeunesse et Ă©tudes

NĂ© dans une famille d’artisans, Gilbert Blardone suit des Ă©tudes en droit et obtient une licence en droit. Il est Ă©galement diplĂŽmĂ© d’études supĂ©rieures de droit romain et d’histoire du droit, et obtient un doctorat en sciences Ă©conomiques de la Sorbonne.

Parcours universitaire

Une fois agrĂ©gĂ©, Blardone devient professeur agrĂ©gĂ© d'Ă©conomie Ă  l'UniversitĂ© catholique de Lyon ainsi qu'Ă  Sciences Po Lyon. Entre 1960 et 1980, il est directeur de l’Institut de sciences sociales appliquĂ©es rattachĂ© Ă  l'UniversitĂ© catholique de Lyon.

Il est un disciple et ami de François Perroux, professeur au CollĂšge de France[2]. Il est aussi proche de Maurice Allais[3], Prix de la Banque de SuĂšde d’économie.

Il est membre de différentes commissions et revues. Il est directeur de la Chronique sociale entre 1966 et 1972. Il est membre de la Commission générale des Semaines sociales de France de 1958 à 1990.

Directeur de l’Institut de Sciences Sociales AppliquĂ©es (ISSA) de l’UniversitĂ© Catholique, Il met en place en 1970 un enseignement systĂ©mique et pluridisciplinaire de l’économie et de l'Ă©conomie du dĂ©veloppement avec la collaboration de collĂšgues gĂ©ographes, sociologues, politologues, philosophes, thĂ©ologiens. Cette grille d’analyse systĂ©mique et pluridisciplinaire des rĂ©alitĂ©s politiques, Ă©conomiques et sociales sera expĂ©rimentĂ©e sur le terrain, en France et Ă  l’étranger.

Cette approche pluridisciplinaire et appliquĂ©e des rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques et sociales intĂ©ressera notamment l’Institut International d’Études Sociales (IIES) du Bureau International du Travail (BIT)[4], l’Institut Africain de GenĂšve qui deviendra l’Institut Universitaire d’Études du DĂ©veloppement (IUED), l’Institut d’Études du DĂ©veloppement Économique et Social (IEDES) dirigĂ© par François Perroux Ă  Paris[5] et l’UniversitĂ© Internationale francophone Senghor d’Alexandrie (Égypte) dont l’objectif est de former les futurs « dĂ©cideurs » francophones grĂące Ă  des enseignements pluridisciplinaires appliquĂ©s conduisant Ă  un DiplĂŽme d’Études Professionnelles Approfondies.

Adjoint puis successeur de Joseph Folliet, sociologue français, Ă  la Direction de la Chronique Sociale de France, Blardone organise avec lui de 1950 Ă  1960 les Sessions africaines de Lyon qui durant un mois chaque annĂ©e reçoivent de jeunes syndicalistes africains destinĂ©s Ă  devenir les cadres des futurs États. Ces jeunes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s par les SecrĂ©tariat Sociaux d’Afrique, qui aprĂšs l’indĂ©pendance, continueront Ă  travailler avec eux. C’est Marius Gonin, journaliste lyonnais, pionnier du catholicisme social, fondateur de la Chronique Sociale de France (1892), Centre de rĂ©flexion et d’informations sociales, qui avait lancĂ© les SecrĂ©tariats Sociaux, relais de la Chronique Sociale dans les rĂ©gions. Ils ont essaimĂ© plus tard en Afrique.

En 1962, au retour d’une Afrique en plein bouleversement, avec une jeunesse avide de dĂ©couvrir le monde, Blardone convainc Georges Hourdin et les dirigeants de Malesherbes Publications Ă  Paris, Ă©diteur de La Vie Catholique, de lancer un magazine consacrĂ© aux Jeunes Nations et Ă  leur dĂ©veloppement. Il s'agira de la revue Croissance des Jeunes Nations.

ParallĂšlement Ă  Lyon, Blardone ouvrira l’un des premiers centres de documentation sur le Tiers Monde qui prendra le nom de la Revue – Centre Croissance des Jeunes Nations[6]. En 1972, le Centre lancera « Informations et Commentaires – Le dĂ©veloppement en question », plus technique que la revue CJN, cette publication complĂštera le magazine. En 1990, le relai a Ă©tĂ© assurĂ© par une Ă©quipe pluridisciplinaire de l’UniversitĂ© Pierre MendĂšs France de Grenoble[7].

Blardone a enseignĂ© Ă  l’Institut d’Études Politiques de Lyon les relations Ă©conomiques internationales et les politiques de dĂ©veloppement.

Il est directeur de recherche Ă  l'Institut de sciences mathĂ©matiques et Ă©conomiques appliquĂ©es (ISMEA) Ă  Paris[8]. Ses recherches portent principalement sur le thĂšme des investissements et du dĂ©veloppement. Il mĂšne des recherches au Bureau international du travail (BIT), sur les thĂšmes de la population, du progrĂšs technique et social. Il fait enfin partie du programme national suisse de recherche (PNR 28, Berne), sur le thĂšme des stratĂ©gies de dĂ©veloppement et les programmes d’ajustement structurel du FMI, avec une application notable Ă  Madagascar et Ă  la Tanzanie.

Il est le fondateur et président d'honneur de l'Association François Perroux, en hommage à son ami économiste et professeur au CollÚge de France.

Il anime la revue Informations et commentaires entre 1972 2008, ainsi que de la revue Croissance des jeunes nations, publié au Groupe Malesherbes Publications entre 1961 et 1985.

Il est professeur invité aux universités de Santiago du Chili, de Mexico, de Lima, d'Alexandrie, de Yaoundé, de Rabat, et l'Université du Michigan.

Entre 1960 et 2000, il est embauché comme économiste spécialisé dans les pays du Tiers-Monde pour effectuer des diagnostics économiques et financiers en Afrique et Amérique latine.

Retraite et poursuite d'activité

Une fois à la retraite, Blardone continue d'écrire dans différentes revues. Il entreprendre en 2007 une chronologie des crises économiques, accompagnée de leur signification à la fois économique et sociale. Il continue de publier sur son blog, hébergé par le journal Le Monde.

Pensée

Conception épistémologique de l'économie

Blardone se pose comme un contradicteur des idéologies, et affirme une volonté d'analyser les réalités en plaçant l'homme au centre des politiques économiques, sociales et environnementales.

La pratique de l’analyse Ă©conomique, tant au niveau micro que macro Ă©conomique, persuade Blardone que les Ă©conomistes comme François Perroux et Maurice Allais, pour qui "l’Homme doit ĂȘtre au centre de l’analyse et des politiques Ă©conomiques et sociales et non l’argent", sont les mieux Ă  mĂȘme de comprendre le rĂ©el, alors les idĂ©ologies et leurs dogmes obscurcissent les rĂ©alitĂ©s et faussent les analyses. Ceci conduirait Ă  des politiques inadaptĂ©es au rĂ©el qui n’atteignent pas les objectifs qu’elles se sont fixĂ©s

Fin de l'Ăšre de Bretton-Woods

Il fait partie des Ă©conomistes au centre des dĂ©bats sur la pertinence du systĂšme de Breton Woods durant les Trente Glorieuses. Dans le numĂ©ro du 19 dĂ©cembre 1967 du Monde[9], il dĂ©bat avec Maurice Allais sur l’avenir de la convertibilitĂ© du dollar en or et du systĂšme monĂ©taire international issu des accords de Breton Woods. Maurice Allais proposait de doubler le prix de l’or pour « fournir Ă  l’économie mondiale les liquiditĂ©s-or qui lui sont nĂ©cessaires », alors que Blardone, proposait au contraire de « dĂ©monĂ©tiser l’or » au profit d’une simple monnaie de compte crĂ©Ă©e dans le cadre du Fonds MonĂ©taire International, qui prendrait la forme de crĂ©dits ouverts aux diverses nations en fonction de leur vĂ©ritable besoin de dĂ©veloppement ». Il se montre ainsi plus favorable au plan proposĂ© par John Maynard Keynes Ă  Bretton-Woods, basĂ© sur le Bancor.

Crise de la dette

Il accuse l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale, qui s'accompagne selon lui d'une vision purement comptable des rĂ©alitĂ©s, d'une dĂ©rĂ©liction de l’État, qui ne peut plus prendre en charge l'Ă©conomie en temps de crise. Il accule Ă©galement les politiques d’austĂ©ritĂ©, qui, sous couvert d'une moralitĂ© (car elles sont dites « vertueuses ») alimenteraient les crises crise au lieu d’en sortir.

Il considĂšre cette approche dogmatique de l'Ă©conomie comme une condamnation des Etats aux dĂ©ficits et aux endettements, ce qui Ă©toufferait les Ă©conomies europĂ©ennes et pĂ©renniserait la crise. Il critique ainsi le dogmatisme de la « rĂšgle d’or » de l’équilibre budgĂ©taire et du dĂ©sendettement des États en toutes circonstances, responsable d’une stagnation de longue durĂ©e.

La capacitĂ© d’endettement d’un acteur privĂ© ou public dĂ©pend selon lui non d’une valeur statistique, quelle qu’elle soit (par exemple 3 % ou 60 % du PIB selon la « rĂšgle d’or » europĂ©enne), mais de la capacitĂ© de l’emprunteur Ă  rĂ©gler le service de sa dette (intĂ©rĂȘts et remboursements) aux dates prĂ©vues dans le contrat de prĂȘt.

En ce qui concerne les États et les collectivitĂ©s publiques en cas de difficultĂ©s pour effectuer ce service Ă  un moment donnĂ© du fait de la conjoncture, c’est avec la banque centrale que la question doit ĂȘtre rĂ©solue, c’est elle qui devrait ĂȘtre le prĂȘteur en dernier ressort des États et collectivitĂ©s publiques, non les marchĂ©s financiers. La Banque Centrale EuropĂ©enne n’aurait plus cette fonction. Les États et CollectivitĂ©s publiques sont ainsi livrĂ©s Ă  la spĂ©culation des marchĂ©s financiers prĂȘteurs, ce qui met l’Euro sous leur domination et le rend instable. Il considĂšre urgent de rendre Ă  la BCE son rĂŽle de prĂȘteur en dernier ressort des États et des CollectivitĂ©s publiques si l’on veut soustraire l’Euro Ă  la spĂ©culation des marchĂ©s financiers

L’approche comptable des rĂ©alitĂ©s fige les situations Ă  un moment donnĂ©. Elle est purement statique alors que la rĂ©alitĂ© est mouvante et dynamique. Le monde est en perpĂ©tuelle Ă©volution, endettĂ© aujourd’hui, riche demain. Les dĂ©cisions des acteurs (mĂ©nages, entreprises, financiĂšres ou non, collectivitĂ©s, États, etc.) provoquent des opĂ©rations qui s’enchaĂźnent les unes les autres, dans un mouvement continu. C’est ce mouvement que l’analyse Ă©conomique, monĂ©taire, sociale, Ă©cologique
 doit Ă©clairer et expliquer pour proposer des politiques adaptĂ©es aux situations concrĂštes.

Ce sont ces circuits Ă©conomiques et monĂ©taires rĂ©sultant des opĂ©rations des acteurs que les politiques Ă©conomiques et monĂ©taires doivent rĂ©guler pour Ă©viter les crises et promouvoir une activitĂ© Ă©conomique forte et durable assurant le plein emploi des hommes et des Ă©quipements pour le mieux-ĂȘtre de tous[10].

Il considĂšre que dans les conditions d'endettement trĂšs favorables dans laquelle la France est depuis 2011, avec des taux d'intĂ©rĂȘt trĂšs faibles voire nĂ©gatifs, la politique d’austĂ©ritĂ© menĂ©e en France depuis 2011 n’a aucune justification Ă©conomique.

Il prĂ©conise la mise Ɠuvre d'une politique de libĂ©ration du potentiel de croissance et d’épargne, qui supposerait de conjuguer une politique de l’offre et une politique de la demande. Du cĂŽtĂ© de l’offre, il s’agit, Ă  la fois, d’orienter l’épargne vers des investissements productifs et d’amĂ©liorer les relations banques – entreprises, et d’assurer aux entreprises des crĂ©dits rĂ©guliers de fonctionnement et d’équipement quelle que soit la conjoncture. Il s’agit aussi, pour la France de pratiquer la prĂ©fĂ©rence communautaire dans ses relations Ă©conomiques internationales. Du cĂŽtĂ© de la demande, la reprise de l’activitĂ© doit permettre d’une part d’amĂ©liorer les minima sociaux pour assurer Ă  la population concernĂ©e le minimum vital ; d’autre part, dans les entreprises, d’ajuster les salaires Ă  la productivitĂ©, le salaire minimum demeurant la base de l’échelle des salaires.

Tiers-monde

La dĂ©colonisation des annĂ©es 1950 et 1960 mettant au premier plan les questions du sous-dĂ©veloppement, Blardone oriente ses recherches sur les rĂ©alitĂ©s du sous-dĂ©veloppement et les conditions du dĂ©veloppement dans le Tiers Monde[11]. Il se montre rapidement en faveur d'une crĂ©ation de « Zones d’échanges organisĂ©s » pour les pays du Tiers-monde, afin d'organiser entre eux une coopĂ©ration fondĂ©e sur les besoins des populations.

Il estime que plus la mondialisation est anarchique, plus les problĂšmes, les dysfonctionnements et les crises qu’elle suscite imposent de trouver des solutions Ă  tous les niveaux de dĂ©cisions; au niveau macroĂ©conomique des États comme au niveau microĂ©conomique des entreprises. Les communes, les rĂ©gions, les nations, les groupes de nations doivent ĂȘtre concernĂ©s par la recherche des solutions et doivent se rĂ©partir les tĂąches et les responsabilitĂ©s.

Économie sociale et solidaire

Le dĂ©but du XXIe siĂšcle Ă©tant marquĂ© par l'Ă©mergence des nouveaux moyens de communication, d’information et de formation au service des acteurs de la vie politique, Ă©conomique et sociale, le capitalisme ïŹnancier n'est, selon Blardone, qu’un mode archaĂŻque de gestion de l’entreprise et de l’économie correspondant Ă  une Ă©poque oĂč seul l’argent permettait la compĂ©tence du fait de l’accĂšs aux connaissances et Ă  la communication qu'il permettait.

Or, le XXIe siĂšcle ouvre Ă  tous l’accĂšs Ă  la connaissance et Ă  la compĂ©tence, rendant la coopĂ©ration de tous les acteurs Ă  la gestion de l’entreprise et de l’économie possible ; elle crĂ©erait, selon Blardone, une paix sociale durable, une stimulation du dynamisme et de la crĂ©ativitĂ© de tous, et, in fine, l'Ă©limination des crises. La multiplication des autos-entreprises est une illustration de ce dynamisme au niveau mĂȘme des populations. La formation continue, notamment en matiĂšre de gestion, garantit la compĂ©tence[12].

Blardone considĂšre que le XXe siĂšcle doit ĂȘtre celui de la substitution de la gestion de l’entreprise par le seule capital et la volontĂ© de domination Ă©conomique liĂ© Ă  l'attrait du gain, qui est source de crises Ă  rĂ©pĂ©tition, de chĂŽmage et d'inĂ©galitĂ©, par une gestion participative de tous les acteurs concernĂ©s, en fonction de leurs responsabilitĂ©s respectives.

Cette gestion participative Ă  tous les niveaux de dĂ©cisions, dans leur prĂ©paration comme dans leur exĂ©cution, garantirait selon lui leur efficacitĂ© Ă©tant donnĂ© Ă  la fois la complexitĂ© des problĂšmes et l’évolution des mentalitĂ©s.

Blardone considĂšre l’économie solidaire et sociale de marchĂ© comme une potentielle prĂ©lude Ă  « la mise en place d’un nouvel ordre Ă©conomico-productif, socialement responsable et Ă  dimension humaine »[13].

L’économie sociale allemande et sa cogestion partielle, mises en place durant la Guerre froide, visaient Ă  rendre supportable par les travailleurs un capitalisme qu’il s’agissait d’amĂ©nager et de sauver, notamment face Ă  la menace soviĂ©tique. Blardone s'en inspire pour prĂ©coniser un changement de systĂšme de gestion et non pas un amĂ©nagement du capitalisme. Cela implique des institutions techniques, Ă©conomiques et financiĂšres spĂ©cialisĂ©es d’accompagnement et un systĂšme de formation continue des acteurs. Certaines existent et ont dĂ©jĂ  fait leurs preuves[14].

Blardone remarque que la soumission des entreprises au capital conduit Ă  des aberrations Ă©conomiques, telles que la possibilitĂ© pour des entreprises aux carnets de commandes remplis d'ĂȘtre mises en liquidation parce que les actionnaires estiment les bĂ©nĂ©fices de l'entreprise sont insuffisants pour leur assurer un minimum de 15 % de retour sur investissement (ou parce que les banques commerciales leur refusent un crĂ©dit de fonctionnement du fait d'une rentabilitĂ© estimĂ©e comme pas assez Ă©levĂ©e). Il en tire la conclusion que la soustraction de ces entreprises Ă  la domination du capital est la seule possibilitĂ© rĂ©aliste pour sauver le tissu de PME europĂ©en. La gestion doit pouvoir ĂȘtre assurĂ©e par une Ă©troite coopĂ©ration entre tous les acteurs intĂ©ressĂ©s certains de trouver les appuis techniques et financiers que justifie leur bonne santĂ© Ă©conomique. Il s’agit pour Blardone de passer d’une gestion Ă©troitement capitaliste Ă  une gestion solidaire et sociale de marchĂ© dans laquelle, crĂ©ativitĂ©, travail, argent, fournisseurs et clients sont associĂ©s pour le mieux-ĂȘtre de tous et dans laquelle les banques commerciales accompagnent les entreprises.

Sur la zone euro

Blardone réfléchit sur la Zone euro et son rapport à la France. Il se montre en faveur d'une politique de sortie de crise vigoureuse qui passe par une relance économique ambitieuse.

Dans son ouvrage La crise 2007-2014, Chronologie, analyse et perspectives. Du capitalisme financier Ă  l’économie solidaire et sociale de marchĂ©, Blardone tire les leçons de sept annĂ©es d’une crise qui semble ne pas finir, estimant qu'en sortir nĂ©cessiterait d'aller au-delĂ  des politiques de relance classique Ă  court terme et du rejet de l’austĂ©ritĂ©[15]. Il conseille ainsi d'Ă©tablir ou rĂ©tablir au sein de l’Union EuropĂ©enne et notamment en France la pratique des budgets cycliques qui visent Ă  rĂ©guler le flux des monnaies d’origine Ă©tatique. Il conseille de laisser filer le dĂ©ficit budgĂ©taire en pĂ©riode de crise et de mettre les budgets en Ă©quilibre en pĂ©riode de pleine activitĂ©.

La pensĂ©e de Blardone se concentre Ă©galement sur le rĂŽle de la Banque Centrale EuropĂ©enne. Il considĂšre que celle-ci doit se rĂ©tablir dans ses fonctions d'Ă©mettrice de monnaie, qui soit fonction des besoins de l'Ă©conomie europĂ©enne. En tant que banque des banques, elle devrait crĂ©er des incentives pour Ă©viter les politiques de crĂ©dit aventureuses, tout en fournissant aux entreprises les fonds de fonctionnement et d’investissement indispensables Ă  leur activitĂ©. Une coopĂ©ration rĂ©aliste des entreprises et des banques peut assurer aux entreprises une activitĂ© suffisante Ă  leur survie en leur permettant de s’adapter aux variations de la conjoncture par l’innovation.

Il est en faveur des programmes de rachat de dettes des États par la BCE, celle-ci devant selon lui devenir prĂȘteuse en dernier ressort et accompagner les États dans la gestion de leur dette soustraite Ă  la spĂ©culation. Remarquant que les États-Unis, oĂč est nĂ©e la crise des subprimes, a rĂ©ussi Ă  se sortir du marasme Ă©conomique plus tĂŽt que l'Europe grĂące Ă  une politique monĂ©taire active (quantitative easing) de la FED, il considĂšre que la crise perdure en Europe essentiellement du fait des politiques d’austĂ©ritĂ© et de l’abandon de la prĂ©fĂ©rence communautaire.

Il se montre en faveur d'une rĂ©forme fiscale europĂ©enne qu permette de faciliter la compĂ©titivitĂ© des entreprises de l’Union par rapport Ă  leurs concurrents Ă©trangers, en mettant en place un impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s europĂ©en qui soit Ă  10% et non 25%.

Il considĂšre que les exportations de l'UE connaĂźtront une croissance importante Ă  condition que la prĂ©fĂ©rence communautaire, prĂ©vue par le TraitĂ© de Rome de 1957, soit rĂ©tablie[16]. Il se montre aussi en faveur d'une politique de mise en place de taxes anti-dumping, notamment contre le dumping fiscal, afin de dĂ©courager les concurrences sauvages entre les États eux-mĂȘmes et en provenance des pays Ă©trangers.

Pensant la guerre Ă©conomique Ă  travers la domination du dollar amĂ©ricain comme monnaie internationale, il considĂšre que, les États-Unis se servent de plus en plus de leur monnaie pour assurer leur domination sur ses utilisateurs et punir les banques qui n’obĂ©issent pas aux lois amĂ©ricaines, seul un Euro protĂ©gĂ© des attaques spĂ©culatives par la BCE peut ĂȘtre une alternative crĂ©dible au dollar.

Vie privée

Blardone a, de son mariage en 1948 avec Marie ThérÚse Parisot, trois enfants (une fille économiste et deux fils ingénieurs), ainsi que dix petits-enfants et treize arriÚre-petits-enfants.

Principales publications

  • Initiation aux problĂšmes d’outre-mer : colonisation, dĂ©colonisation, sous-dĂ©veloppement. Lyon, Ed. de la Chronique sociale de France, 1959.
  • Initiation Ă©conomique et sociale. Lyon, Ed. de la Chronique sociale de France, 1964.
  • Le circuit Ă©conomique. T. 1-3. Paris, Bloud et Gay, 1964. 3 vols.
  • Les investissements et la propagation de leurs effets dans les pays sous-dĂ©veloppĂ©s. Paris, Institut de sciences Ă©conomiques appliquĂ©es, 1964.
  • ProgrĂšs Ă©conomiques dans le tiers-monde : environnement socio-politique, croissance dĂ©mographique et urbanisation. Paris, Librairie sociale et Ă©conomique, 1972. 233 p.
  • ProgrĂšs Ă©conomiques dans le tiers monde : population active, productivitĂ©, croissance et dĂ©veloppement. Paris, Librairie Sociale et Économique, 1973. 279 p. (Institut international d’études sociales. Cahiers, 11.)
  • Population, progrĂšs technique et social, dĂ©veloppement Ă©conomique et emploi : modĂšle socio-Ă©conomique ; application Ă  une rĂ©gion rurale française. GenĂšve, 1978. 103 p. (Bureau international du travail. Programme mondial de l’emploi. Working papers, 66.)
  • De la ‘dĂ©sarticulation’ au ‘dĂ©veloppement global, endogĂšne et intĂ©gré’ : le dĂ©veloppement dans l’économique de François Perroux. Monde en dĂ©veloppement (Paris), 9(35), p. 11-33.
  • ChĂŽmage, dĂ©fit extĂ©rieur, inflation
 Comment en sortir ? Paris, Ed. du Cerf, 1981.
  • L’interdĂ©pendance gĂ©nĂ©rale chez François Perroux et le bon usage de l’équilibre ; introduction. Dans : Perroux, François. Dialogue des monopoles et des nations. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1982.
  • Vaincre le chĂŽmage. En collab. Paris, Ed. de l’Épargne, 1987. 265 p.
  • Le systĂšme monĂ©taire international. 2e Ă©d. Par P. Pascallon et G. Blardone. Paris, Ed. de l’Épargne, 1989.
  • Le Fonds monĂ©taire international, l’ajustement et les coĂ»ts de l’homme : dĂ©gager de nouveaux chemins. Paris, Ed. de l’Épargne, 1990.
  • « Économie de marchĂ© ou Ă©conomie capitaliste ? » Dans : Association lyonnaise des Amis de François Perroux. La coexistence pacifique vingt ans aprĂšs. Paris, Ed. de l’Épargne, 1992, p. 199-227.
  • « La coopĂ©ration industrielle des pays de l’OCDE : nouvelles tendances et nouvelles pratiques. » Dans : Association lyonnaise des Amis de François Perroux. La nouvelle coexistence des nations. Sous la dir. de L. Abdelmaki et D. Dufourt. Paris, Ed. de l’Épargne, 1994, p. 211-238.
  • Fonds monĂ©taire international, endettement du tiers monde et ajustement structurel : analyse mĂ©thodologique appliquĂ©e Ă  Madagascar et Ă  la Tanzanie. En collab. avec Lothar Caviezel. Berne, P. Lang, 1995.
  • « Une double contradiction : libre Ă©change et complexitĂ© du rĂ©el. » Dans : Association lyonnaise des Amis de François Perroux. Nouveaux aspects des Ă©changes internationaux : globalisation et rĂ©gionalisation. Paris, Ed. de l’Épargne, 1995, p. 95-105.
  • « La zone franc aprĂšs la dĂ©valuation. » Dans : Association lyonnaise des Amis de François Perroux. Zone franc : du franc CFA Ă  la monnaie unique europĂ©enne. Sous la dir. de R. Sandretto. Paris, Ed. de l’Épargne, 1995, p. 231-246.
  • « La zone franc et la monnaie unique europĂ©enne : la montĂ©e des inĂ©galitĂ©s. » Dans : Association lyonnaise des Amis de François Perroux. Zone franc : du franc CFA Ă  la monnaie unique europĂ©enne. Sous la dir. de R. Sandretto. Paris, Ed. de l’Épargne, 1995, p. 221-228.
  • « François Perroux : le centenaire d’un grand Ă©conomiste » Par Raymond Barre, Gilbert Blardone et Henri Savall. Paris, Economica, 2005. 170 p. fiche de lecture
  • « La crise 2007-2014, Chronologie, analyse et perspectives. Du capitalisme financier Ă  l’économie solidaire et sociale de marchĂ© Â» 406 p. (ISBN 979-10-227-3280-2) Ă©ditions papier et numĂ©rique Ed. Bookelis En vente aussi sur Amazon et dans les librairies.
  • "Comprendre l'activitĂ© et les politiques Ă©conomiques. L'Ă©conomie de la vie" - 188 p. Ă©dition papier et numĂ©rique. Ed. Bookelis

Nombreux articles et chroniques Ă©conomiques dans diverses revues dont Croissance des jeunes nations, Informations et commentaires et dans divers journaux dont Le Monde et La Croix.

Notes et références

  1. L’Ɠuvre de Perroux (1903-1987) est immense, plus de 15 000 pages. Dix-huit UniversitĂ©s Ă©trangĂšres lui ont confĂ©rĂ© le titre de Docteur Honoris Causa en hommage Ă  l’ensemble de son Ɠuvre. Ses principales publications, livres, articles, cours au CollĂšge de France sont rappelĂ©es dans « Hommage Ă  François Perroux » Presses Universitaires de Grenoble 1978, 748 p. « L’économie du XXe siĂšcle », Paris, Presses Universitaires de France, 3e ed, 1969, 814 p. reprĂ©sente une synthĂšse de sa pensĂ©e. Pour Perroux, l’économie est politique et doit prendre en compte l’état du monde pour l’expliquer afin de surmonter ses dysfonctionnements. Elle doit ĂȘtre au service « de tout l’Homme et de tous les hommes », cf. Raymond Barre, Gilbert Blardone, Henri Savall et autres : « François Perroux, le centenaire d’un grand Ă©conomiste ». Paris, Economica, 2005, 170 p. Voir aussi François Perroux, Wikipedia
  2. Maurice Allais, (1911-2010) Polytechnicien, IngĂ©nieur gĂ©nĂ©ral des Mines, mĂ©daille d’or du Centre !national de la Recherche Scientifique, Prix Nobel d’Économie 1988, Membre de l’AcadĂ©mie des Sciences Morales et Politiques. Sa bibliographie comporte 300 titres. Son ouvrage « La passion de la recherche – Autoportrait d’un autodidacte », Paris, Ed. ClĂ©ment Juglar, 2001, 487 p. prĂ©sente une vue gĂ©nĂ©rale de son Ɠuvre en Ă©conomie et en physique. Dans son introduction, Maurice Allais prĂ©cise : « Dans le dĂ©roulement de toute mon Ɠuvre, je n’ai cessĂ© de suive deux principes : le respect inconditionnel des donnĂ©es de l’expĂ©rience ; une totale indĂ©pendance de ma pensĂ©e. » À propos de la crise de 2007, il Ă©crit « La crise d’aujourd’hui, c’est avant tout une crise de l’intelligence. Il est dĂ©risoire de ne remĂ©dier qu’aux effets. C’est aux causes qu’il faut s’attaquer. Et ce combat doit ĂȘtre poursuivi en fonction d’un seul principe qui doit transcender tous les autres : l’économie doit ĂȘtre au service de l’Homme et non l’Homme au service de l’économie ». L’Europe en Crise. Que faire ? RĂ©ponses Ă  quelques questions, p. 93. Pour une autre Europe, Paris, Ed. ClĂ©ment Juglar, 2005, 181 pages.
  3. Blardone Gilbert, - ÉlĂ©ments pour un diagnostic sur la situation de dĂ©veloppement d’un pays dans Bulletin de l’IIES N° 12 1974 GenĂšve pp.65-82. -Blardone Gilbert ; Leroy Marie Christine, Parisot GĂ©rard, Tabournel Jean Simon, RenĂ© Valette, Élisabeth Voisin et autres – Population, ProgrĂšs Technique et social : dĂ©veloppement Ă©conomique et emploi. ModĂšle dĂ©mographique et socio-Ă©conomique ISSA 10 et ISSA 11. Application Ă  une rĂ©gion rurale française : Le Monts du lyonnais, GenĂšve 1978, 103 p. Bureau International du Travail, Programme Mondial de l’Emploi, Directeur Gerry Rodgers, Working Paper N°66
  4. Blardone Gilbert, De la « dĂ©sarticulation » au « dĂ©veloppement global, endogĂšne et intĂ©grĂ© » (DGEI). Le dĂ©veloppement dans « l’économique de François Perroux » dans Mondes en DĂ©veloppement N°35 1981, Ed. ISMEA, Paris p.11 Ă  33
  5. La Revue publiera notamment les entretiens de Blardone avec Sekou TourĂ©, PrĂ©sident de la GuinĂ©e, Fidel Castro de Cuba et Salvador Allende du Chili ainsi que les expĂ©riences de dĂ©veloppement de divers pays. G. Blardone – La GuinĂ©e, cinq ans aprĂšs, Entretien avec Sekou TourĂ© dans Croissance des Jeunes Nations – CJN – N° 46, Juil.-aoĂ»t 1965 p. 4-16 -Du mĂȘme auteur, Cuba fait renaĂźtre l’espoir chez les latino-amĂ©ricains – Entretien avec Fidel Castro- CJN – N° 43 avril 1965, p.4-12. -Au Chili, la rĂ©volution dans la libertĂ© – Entretien avec Salvador Allende – CJN – N°98 avril 1970
  6. Dans le N° 154 de janv. – mars 2011 G. Blardone publie « Le grand jeu du dĂ©veloppement selon François Perroux. Croissance Ă©conomique, dĂ©veloppement humain, sociĂ©tĂ© progressive. Bilan du dĂ©veloppement 1975-2010 » pp. 6-45. Informations et Commentaires, le DĂ©veloppement en question. 1 rue Lieutenant Potier – 38700 Corenc. RĂ©dacteur en chef Patrice Allard.
  7. Blardone Gilbert, DĂ©monts Roger, avec la collaboration de Paul Boyer et de MoĂŻses Ikonikoff « Les investissements et la propagation de leurs effets dans les pays sous-dĂ©veloppĂ©s ». Application de la mĂ©thode d’analyse systĂ©mique pluridisciplinaire au complexe Ă©lectro mĂ©tallurgique du Kouilou au Congo, Paris, Ed. ISEA, 1964,106 p.
  8. « Deux points de vue sur les ProblĂšmes MonĂ©taires. Faut-il doubler le prix de l’or par Maurice Allais ; DĂ©mocratiser l’or par Gilbert Blardone ». 19-12-1967 « Le Monde » p.24.
  9. Blardone Gilbert. Le Circuit Économique – 3 volumes, Paris, Éd. Bloud et Gay, 1960 (T1 Le Capitalisme, 210 p. ; T 2 L’Entreprise, 255 p. ; T 3 Les Revenus, 191 p.)
  10. Blardone Gilbert – « ProgrĂšs Économique dans le Tiers Monde » 2 vol._Paris, Librairie sociale et Ă©conomique, 1972 (T1 Population active, productivitĂ©, croissance, dĂ©veloppement 279 p. – T 2, L’environnement socio-politique du dĂ©veloppement, 272 p.)
  11. Gilbert Blardone, Vers une gestion participative des entreprises et de l’économie, dans Recherches en Sciences de Gestion, Ed. ISEOR N° 101, 2014, p. 23-56
  12. Benoit XVI. Encyclique « Caritas in veritate. Le dĂ©veloppement humain intĂ©gral dans l’Amour et la VĂ©ritĂ© », Paris Ed. du Cerf 2009, 130 p.
  13. Des formes concrĂštes d’économie solidaire et sociale de MarchĂ© (ESSM) existent dĂ©jĂ  en Europe. En France ces entreprises ont un statut juridique prĂ©cis : coopĂ©ratives, mutuelles, associations, fondations. Elles reprĂ©sentent 10 % du PIB c'est-Ă -dire de la richesse marchande produite chaque annĂ©e ; 10,3 % des emplois salariĂ©s soit 2,34 millions de personnes dans 220 900 Ă©tablissements et 56,4 Md € de rĂ©munĂ©rations brutes par an. Elles reprĂ©sentent dans le secteur social 63 % des emplois ; dans les sports et loisirs 56 % ; dans la finance, la banque, les assurances 30 % ; dans la culture 29 %. Elles embauchent malgrĂ© la crise (+2 % par an). Elles sont soutenues financiĂšrement par la Caisse des DĂ©pĂŽts et Consignation (CDC) ; elles disposent d’une agence d’ingĂ©nierie et de services pour entreprendre autrement, l’AVISE Ă  laquelle participe la CDC. L’agence Ă©dite une centaine de publications, anime six sites Internet et un rĂ©seau de Fabriques Ă  initiatives ; e-mail contact@avise.org. Un Institut comme l’ISEOR, Fondateur – Directeur Professeur Henri Savall, a depuis 35 ans, conseillĂ© en gestion participative 1 200 entreprises.
  14. Ed. ISEOR, Institut de Socio-Ă©conomie des entreprises et des organisations, 15, Chemin du petit bois 69130 Ecully, 391 p. En vente aussi sur Amazon et dans les librairies.
  15. Maurice Allais estime que le rĂ©tablissement de cette PrĂ©fĂ©rence Communautaire conditionne l’avenir Ă©conomique de l’Union. « Elle est, selon lui, la condition absolue de la survie de l’Union » (op.cit. p.89). Il estime « qu’à partir de 1974 l’abandon progressif de la PrĂ©fĂ©rence Communautaire par l’Organisation de Bruxelles a entrainĂ© une rĂ©duction du taux de croissance du Produit IntĂ©rieur Brut rĂ©el par habitant de 60 % 
 Cette PrĂ©fĂ©rence Communautaire devrait assurer pour au moins 80 % la consommation communautaire par une production communautaire » (op.cit. p.37-38)

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