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Giambattista Bodoni

Giambattista Bodoni, né le à Saluces et mort le à Parme, est un graveur, imprimeur et typographe italien, actif à Parme.

Giambattista Bodoni
Giambattista Bodoni.
Naissance
Décès
Période d'activité
Activités
Lieux de travail
Père
Francesco Agostino Bodoni (d)
Fratrie
Giovanni Domenico Bodoni (d)
Conjoint
Margherita Dall'Aglio (d) (Ă  partir de )
Statue Ă  Saluces.

Biographie

Jeunesse

Giambattista Bodoni naĂ®t en 1740, Ă  Saluces, dans la province de Coni dans le PiĂ©mont, d'un père imprimeur, Francesco Agostino[1], qui lui apprend le mĂ©tier dès son plus jeune âge. Ă€ peine âgĂ© de 18 ans, Bodoni se rend Ă  Rome le , marchant sur les traces de son grand-père qui avait Ă©tĂ© compositeur dans l'imprimerie de la Chambre. Il est chargĂ© par le prĂ©fet de la Propagande auprès du Saint-Siège de mettre de l'ordre dans les caractères de type Garamond, acquis par le pontife Sixte Quint au XVe siècle, puis de travailler dans l'imprimerie de la CongrĂ©gation pour la propagation de la foi (crĂ©Ă©e en 1622 par le pape GrĂ©goire XV pour diffuser la doctrine de l'Église catholique dans le monde), typographie qu'il abandonne quand le directeur, qui est aussi son maĂ®tre, se suicide.

Il avait mis à profit sa présence à Rome pour apprendre à « La Sapienza » les rudiments de plusieurs langues orientales. En 1766, il décide de se rendre à Londres, où l'art de la typographie est florissant grâce à John Baskerville et William Caslon, mais il tombe malade.

Une fois rétabli, sur proposition de Guillaume Du Tillot, premier ministre de Ferdinand Ier, duc de Parme, qui souhaite donner à Parme une imprimerie aussi importante que celles de Paris, Madrid ou Vienne, il est nommé directeur de l'imprimerie ducale de Parme, en collaboration avec Clemente Bondi, poste qu'il accepte le .

Il obtient, en même temps, l'autorisation de former pour son compte un établissement particulier, dans lequel les frères Amoretti ont travaillé de 1773 à 1791, ce qui affecte la plupart des caractères typographiques de Bodoni.

Imprimerie ducale de Parme

L'imprimerie est situĂ©e Ă  l'intĂ©rieur du vieux palais ducal de la Pilotta, oĂą se trouve actuellement le musĂ©e Bodoni, et elle emploie 20 personnes.

Dès octobre 1768, il imprime des livres avec du matériel typographique commandé à Saluces, à Turin et auprès du célèbre graveur Pierre-Simon Fournier. En 1770, son frère Giuseppe le rejoint et prend en charge la fonderie. En 1771, il publie sa première collection de vignettes et de majuscules, inspirée de Fournier ; cette collection et celles qui suivirent rendirent Bodoni célèbre en Italie et à l'étranger.

En 1775, il publie Epithalamia exoticis linguis reddita, en l'honneur du mariage de Charles-Emmanuel IV de Sardaigne, prince du Piémont et de Clotilde de France, sœur du roi de France. Le remarquable ouvrage, orné par les meilleurs graveurs de l'époque, est réalisé en collaboration avec Paolo Maria Paciaudi et Gian Bernardo de Rossi, professeur de langues orientales auprès de l'université de Parme[1].

En 1788, il réalise et publie le premier Manuel typographique qui comprend l'alphabet de son invention[1]. Des rumeurs circulent en France et en Italie selon lesquelles les caractères de cet alphabet auraient en fait été réalisés par les frères Amoretti, ce que Bodoni dément.

Pour le compte de José Nicolás de Azara, ambassadeur du roi d'Espagne à Rome, il publie les travaux d'Horace, en 1791, Virgile, en 1793 et Tibulle et Properce, en 1794.

Le , Bodoni épouse Margherita dell'Aglio[2], qui l'aide dans son abondante correspondance et continuera son œuvre après sa mort. Il crée la même année son imprimerie avec l'autorisation du duc de Parme.

Occupation française

Bodoni poursuit son activité après l'occupation des troupes napoléoniennes (1796-1797) et l'annexion en 1802.

Vers 1798, Bodoni dessine un caractère dont les lignes sont d'un grand contraste et d'une extrémité finie, ce qui provoqua une grande innovation dans la communauté typographique et qui constitua le point de départ des caractères modernes.

Bodoni supervise l'Ă©dition de la cĂ©lèbre Ă©dition de l’Oratio Dominica, publiĂ©e en 1806. Il rĂ©alise un prologue en français, en italien et en latin avec les caractères Bodoni et une dĂ©dicace au prince Eugène de Beauharnais qui finance la publication. L'Ĺ“uvre contient la traduction en 155 langues du Notre Père. Il s'agit du plus vaste catalogue alphabĂ©tique et de caractères typographiques jamais publiĂ©. Bodoni grave et prĂ©pare les matrices lui-mĂŞme et chaque page est une Ĺ“uvre Ă©lĂ©gante contenant les caractères les plus Ă©tranges des langues presque inconnues en Europe au dĂ©but du XIXe siècle, ce qui augmente l'enchantement de ce livre unique au monde.

Magherita dall'Aglio, portrait réalisé par Benigno Bossi, Musée Glauco Lombardi.

Les éditions de Bodoni eurent un énorme succès, dû surtout à la qualité de celles-ci pour lesquelles il utilisait de riches illustrations et d'élégantes typographies. Les membres de l'aristocratie européenne utilisaient du papier de la meilleure qualité, dessinaient d'élégantes pages, les imprimaient et les reliaient avec soin.

Bodoni reçut des récompenses du pape, de différents rois d'Europe et de la ville de Parme, qui créa une médaille en son honneur. Un fait curieux évoque une correspondance avec Benjamin Franklin sur le thème de la typographie.

En 1808, il publie l’Iliade, composĂ©e de 800 pages, rĂ©sultat d'un travail de cinq annĂ©es, dĂ©diĂ©e Ă  NapolĂ©on et Ă©ditĂ©e en 122 exemplaires, dont deux en parchemin destinĂ©s Ă  NapolĂ©on et au vice-roi Eugène ; ce dernier se trouve Ă  la bibliothèque Palatina de Parme[1].

À la demande de Joachim Murat, Bodoni publie en 1812 Fénelon et, en 1813, Racine, avant de décéder le . Privilège réservé aux princes et aux personnages les plus illustres, c'est le sonneur de cloches de la plus grosse cloche de la cathédrale, le bajòn, qui recueille son dernier souffle[1].

Au cours des vingt ans qui suivent son décès, l'imprimerie privée dirigée par Giuseppe Paganino publie deux cents ouvrages dont, en 1814, La Fontaine et Boileau.

Sa femme Margherita dall'Aglio[3], restée veuve, publie en 1818, la dernière version de l'œuvre majeure de Bodoni, Il Manuale tipografico, composée en deux volumes et dédiée à la nouvelle souveraine de Parme, la duchesse Marie-Louise[1]. Avant de décéder en 1841, Margherita essaie de vendre la typographie sans succès, elle est acquise en 1843 par Marie-Louise[4].

Manuel typographique

Les caractères de la police Bodoni.

Le Manuale tipografico contient plus de 600 incisions, caractères latins et exotiques, mille ornements et gravures dessinés par le grand typographe. Mais sa vraie valeur ne réside pas dans le fait d'être un livre merveilleusement imprimé et d'une grande rareté ni dans le fait d'être le testament du typographe le plus important de son époque, mais c'est d'avoir en son sein les premiers caractères modernes, évolués, raffinés et rigoureux, comme ceux créés par John Baskerville, et pourtant pas aussi rigides et formels que ceux dessinés par son grand rival français, Firmin Didot. Un autre aspect important de cette œuvre monumentale est son intégrité de style qui constitue un modèle de cohérence artistique en vigueur encore à notre époque.

Dans la préface du manuel, Bodoni expose les quatre principes ou qualités qui constituent la beauté d'une famille de caractères d'imprimerie :

  • Le premier est l'uniformitĂ© et la rĂ©gularitĂ© du dessin qui consiste dans la comprĂ©hension que nombre des caractères d'un alphabet ont des Ă©lĂ©ments en commun qui doivent se retrouver dans chacun d'eux.
  • Le deuxième est l'Ă©lĂ©gance unie Ă  la puretĂ© par la juste taille et le finissage mĂ©ticuleux des poinçons, qui produisent une matrice parfaite d'oĂą on obtient des caractères purs et dĂ©licats.
  • Le troisième principe est le bon goĂ»t : le typographe doit rester fidèle Ă  une pure simplicitĂ© et ne jamais oublier sa « dette » envers les meilleures lettres Ă©crites dans le passĂ©.
  • La quatrième qualitĂ©, affirme Bodoni, c'est le charme, une qualitĂ© difficile Ă  dĂ©finir, mais qui est prĂ©sente dans ces lettres qui donnent l'impression d'avoir Ă©tĂ© Ă©crites ni avec nonchalance ni avec rapiditĂ©, mais avec beaucoup de calme, comme un acte d'amour.

Bodoni fut un grand admirateur de John Baskerville et il étudia dans le détail les dessins de Pierre-Simon Fournier et Firmin Didot, si bien qu'il s'inspira de ces travaux, surtout de Didot, il n'y a aucun doute que Bodoni trouva son style personnel et particulier aussi en raison de la manière d'imprimer.

Actuellement, le musĂ©e Bodoni de Parme, dans le palais de la Pilotta, conserve plus de 22 618 poinçons originaux et 42 148 matrices en bois[1].

Dessins modernes de caractères Bodoni :

  • ATF Bodoni de M.F. Benton (1907-1915)
  • Mergenthales Linotype Bodoni (1914-1916)
  • Haas Bodoni (1924-1939)
  • Bauer Bodoni de Louis Hoell (1924)
  • Berthold Bodoni (1930)

La fondation Stempel produit des adaptations de la Bodoni de Haas.

RĂ©compenses

  • En 1782, typographe de la chambre du roi Charles III d'Espagne avec pension sur proposition.
  • En 1803, citoyen de Parme ; une mĂ©daille est rĂ©alisĂ©e en son honneur.
  • En 1806, mĂ©daille d'or de la première exposition de Paris.
  • En 1808, attribution d'une pension Ă  vie de Murat.
  • En 1810, pension de NapolĂ©on.
  • En 1812, dĂ©corĂ© de l'ordre impĂ©rial de la RĂ©union.

Éditions

Publications

  • Manuel typographique, 1788, rĂ©imprimĂ© en 1818 avec amĂ©liorations.

Notes et références

  1. Gazzetta di Parma, 25 novembre 2008, p. 54.
  2. Ils n'eurent pas d'enfant, source : Bella Parma, no 13, juillet-septembre 2006.
  3. Surnommée la Ghita.
  4. Bella Parma, no 13, juillet-septembre 2006.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (it) Parma Edition Quaderni Parmensi, de Gianfranco Stella, 1988. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (it) Dizionario Biografico dei Parmigiani de Roberto Lasagni, Parma, PPS, 1999, vol. 4. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (it) Giambattista Bodoni tra due centenari, G. Avanzi 1913-1940, Saggio bibliografico, in « Archivio storico per le provincie parmensi », terza serie, V, 1940, p. 137-161, prĂ©sentĂ© comme la plus riche bibliographie.
  • (it) des dizaines d'autres ouvrages

Articles connexes

Liens externes

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