Georges Marchand
Georges Marchand, né le à Saint-Germain-des-Fossés (Allier) et mort le à Thuellin (Isère)[1], est un général de brigade de l'armée française, actif durant la Première Guerre mondiale, la Campagne du Maroc[2]et la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il s'illustra à la bataille de Voreppe en .
Georges Marchand | |
Nom de naissance | Georges Pierre Germain Marchand |
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Naissance | Saint-Germain-des-Fossés (Allier) |
Décès | Thuellin (Isère) |
Origine | Français |
Arme | Infanterie puis Artillerie |
Grade | Général de brigade |
Années de service | 1902 – 1940 |
Conflits | Première Guerre mondiale Campagne du Maroc Seconde Guerre mondiale |
Faits d'armes | Bataille de Voreppe (juin 1940) |
Distinctions | Commandeur de la LĂ©gion d'honneur |
Autres fonctions | Chef résistant local |
Biographie
À sa naissance, son père est capitaine en retraite. Ses deux parents sont originaires de Montbonnot-Saint-Martin (Isère)[3], et y résident de nouveau en lorsque leur fils est convoqué devant le conseil de révision du département de l'Isère[2].
Il opte pour la carrière des armes et intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en [2].
En , il se marie à Paris (16e) avec Marguerite Crozet-Fourneyron : il est alors domicilié à Lyon.
Après la campagne de France, et l'armistice du 22 juin 1940 conclu par le gouvernement de Pétain avec l'Allemagne, Georges Marchand prend sa retraite de l'armée le [4].
Il s'installe alors à Thuellin en Isère, où il prend la tête de la Résistance locale, ce qui lui vaut d'être arrêté et détenu à la prison Montluc à Lyon. À la Libération, c'est à lui que le commandant allemand de la forteresse, Heinz Beuche, en remet les clés[5]
Il décède le à Thuellin, où il est inhumé[3].
Carrière militaire
Grades successifs
- Incorporation Ă Saint-Cyr le
- Caporal le
- Sous-lieutenant d'infanterie le
- Lieutenant le
- Versé dans l'artillerie
- Capitaine le
- Chef d'escadron le
- Lieutenant-colonel le [2].
- Colonel le
- Après avoir pris le commandement de l'artillerie du 14e corps d'armée le , il est promu général de brigade le [4].
Première Guerre mondiale et entre-deux-guerres
Il prend part Ă la guerre de 1914-1918, sur le front de Verdun et sur celui de la Somme[5].
Il est ensuite affecté en Afrique en , d'abord en Algérie jusqu'en , puis au Maroc jusqu'en . Après un séjour en métropole pour raisons de santé, il retourne en Algérie en , à Oran dès [2]. En , il rejoint l'artillerie de la 14e région militaire en métropole[4].
Seconde Guerre mondiale
Le Hitler lance ses divisions en direction de la France au travers de la Belgique pour contourner la Ligne Maginot, qui ne couvrait que la frontière d'Alsace-Lorraine : c'est le début du "blitzkrieg", ou guerre-éclair, basé sur la concentration en un point précis d'une masse énorme de chars appuyés par des avions afin de perforer rapidement et profondément le front ennemi, puis à l'envelopper par ses arrières. L'opération réussit, puisqu'après la percée de Sedan, les Allemands sont le à Paris, le 15 à Dijon, et le 19 à Lyon, ville ouverte.
Le Mussolini profite de la débâcle française pour déclarer la guerre à la France, mais la ligne de défense de l'armée des Alpes résiste, et l'armée italienne est pratiquement contenue sur la ligne de crête.
Bataille des Alpes
Sur le front franco-italien, en tant que commandant de l'artillerie du 14e corps d'armée, le général Georges Marchand est confronté aux problèmes posés par le puissant fort italien du mont Chaberton et ses huit tourelles : hors de la vue des artilleurs français, distant de 10 km, il est situé à une altitude supérieure de 1 000 m à celle de leurs batteries, ce qui oblige les projectiles à décrire une parabole culminant à une altitude de 5 000 m et à atteindre leur cible plus d'une minute après le départ du coup.
Comme il n'existe pas à cette époque de tables de tir indirect pour des conditions de combat aussi extrêmes et inédites, il fait appel à une équipe d'ingénieurs pour calculer en toute hâte les tables de tir des différentes pièces de l'artillerie de montagne, et les fait reproduire afin de les diffuser auprès des artilleurs. Le les Italiens ouvrent le feu. Le lendemain, l'artillerie française parvient à détruire six des huit tourelles du Chaberton. C'est un des coups de maître de la bataille des Alpes.
Bataille de Voreppe
Le l'armistice est signé avec l'Allemagne, mais son entrée en application ne doit se faire qu'après celui entre l'Italie et la France, qui sera signé le à 18 h 35, le cessez-le-feu entrant en vigueur six heures après, soit le 25 à 0 h 35.
À partir de Lyon, l'objectif donné par le haut commandement allemand à ses divisions motorisées et blindées du 16e Corps est de prendre l'armée des Alpes à revers, de faire jonction avec les Italiens à Chambéry et de s'emparer de Grenoble[6].
La première ligne de résistance de l’armée des Alpes, établie sur le Rhône entre Lyon et la Suisse, étant impossible à tenir, il est décidé de créer une deuxième ligne de résistance sur l'Isère, en tirant profit du rétrécissement naturel de la vallée, dénommé "seuil" ou "trouée" de Voreppe, qui constitue l'entrée de la cluse du même nom, à une quinzaine de kilomètres en aval de Grenoble[6].
L'ordre suit la voie hiérarchique, à savoir[7] : général René Olry, commandant la 4e armée (armée des Alpes) - général Paul Beynet, commandant le 14e corps d'armée, dont l'adjoint est le général Georges Cartier, qui supervise le 104e régiment d'artillerie lourde automobile commandé par le général Georges Marchand[4].
Le au matin, une colonne de 150 chars allemands de la 3e panzerdivision tente de forcer le seuil de Voreppe. C'est dans cette situation désespérée que le Général Marchand va s'avérer l'acteur principal de la défense en exploitant au mieux la topographie de la trouée de Voreppe pour verrouiller la poche de Grenoble[6].
Ayant connaissance de la déclaration des Allemands selon laquelle ils n'occuperont que le territoire français conquis par les armes, le il explique à son supérieur hiérarchique, le Général Beynet, la manœuvre qu'il envisage et recueille son approbation : suppléer par un commando éclair de canons lourds (ceux du II/104e R.A.L.A.) à l'absence de moyens d'artillerie lourde dont dispose les unités rassemblées chargées de résister à la pénétration allemande dans la cluse de Voreppe. Il expose à ses officiers cette manœuvre risquée et gagne leur confiance, alors qu'on est à la veille du cessez-le-feu[6].
Il charge le capitaine Charles-Azaïs de Vergeron d'amener à travers les Alpes jusqu'à Voreppe trois batteries d'artillerie lourde, deux de 105 mm et une de 155 mm. Les 22 et , les pertes infligées aux Allemands, surpris par cette pugnacité, étant lourdes (200 tués, autant de blessés, et une dizaine de chars détruits), ceux-ci se replient[8] - [6].
La bataille de Voreppe est considérée comme la dernière victoire française de [8]. Elle vaut à Grenoble de n'être pas occupée par les troupes allemandes jusqu'en , et à son "héros" le général Georges Marchand, de recevoir la croix de guerre avec étoile de vermeil et, des mains du général Beynet, une citation très élogieuse (voir section ci-après)[6].
Combats de la cluse de Chambéry
Pendant que se déroule la bataille de Voreppe, le général Marchand doit se préoccuper aussi de la partie du front située plus au nord, car la 13e division d'infanterie motorisée allemande, après avoir franchi le Rhône à Culoz, pousse sur Chambéry de chaque côté du lac du Bourget et s'empare d'Aix-les-Bains le vers 18 h. Des renforts d'artillerie du 14e corps d'armée sont alors envoyés durant la nuit pour défendre la trouée de Viviers-du-Lac, renforcer à l'ouest de Chambéry le dispositif d'infanterie du colonel de Bissy commandant le secteur du Guiers du confluent du Rhône jusqu'aux Échelles, et pour se mettre à la disposition du général Cartier sur Chambéry.
Ces troupes arrivent à temps pour bloquer l'infanterie allemande et bombarder toutes les unités ennemies s'aventurant entre le Rhône et le lac du Bourget jusqu'à l'entrée en vigueur de l'armistice et du cessez-le-feu.
Dans cette bataille défensive contre le 16e corps blindé allemand, l'artillerie du 14e corps d'armée, en disloquant les attaques et les concentrations allemandes, a permis aux fantassins du groupement Cartier de tenir leurs positions, empêchant ainsi la prise de Chambéry[6].
DĂ©corations, citations et hommages
DĂ©corations
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur (23/08/1915)
- Croix de guerre 1914-1918, palme d'argent (23/08/1915)
- Croix de guerre 1914-1918, Ă©toile d'argent
- Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
- Médaille interalliée de la Victoire
- MĂ©daille coloniale (agrafe Maroc argent)
- MĂ©daille coloniale (agrafe Maroc vermeil)
- Officier de la LĂ©gion d'honneur (14/08/1925)
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (avec palme)
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (avec étoile de bronze)
- Officier du Nichan Iftikhar[2] - [9]
- Commandeur de la LĂ©gion d'honneur (25/06/1941, effet 25/12/1940)[9]
- Croix de guerre 1939-1945 (Ă©toile de vermeil)[6]
Citations
- Citation à l'ordre de l'artillerie du 33e corps d'armée le
- Citation à l'ordre du régiment par le général commandant supérieur des T.O.M. le [2]
- Citation reçue des mains du général Beynet commandant le 14e corps d'armée, pendant la Seconde guerre mondiale, pour sa conduite durant la bataille des Alpes : « Officier général du plus grand mérite. Alors que le Corps d'Armée, attaqué à l'Est par les forces italiennes, s'est trouvé menacé sur ses arrières par des unités blindés allemandes, a su rapidement employer les unités d'artillerie disponibles. Après des reconnaissances personnelles, les a engagées dans des conditions telles que leur bon rendement a très largement contribué au maintien de l'intégrité des positions de défense assignées au Corps d'Armée. »[6]
Hommage
Un monument dédié à l'Armée des Alpes, au général Marchand et ses troupes, en souvenir de la bataille de Voreppe qui se déroula le a été inauguré le .
Notes et références
: Principaux documents utilisés comme sources pour la rédaction de cet article.
- Archives départementales de l'Allier, « Saint-Germain-des-Fossés : Naissances 1863-1882 », 2 E 241 11, sur archives.allier.fr (consulté le ), p. 256.
- Archives départementales de l'Isère, « Registres matricules militaires – Grenoble Classe 1901 : Matricule 809 – Marchand Georges Pierre Germain », 11NUM/1R1364 04, sur archivesenligne.archives-isere.fr (consulté le ), p. 14-16.
- Jean-François Bertrand (archimaid), Geneanet, « Ascendants de Georges Marchand : Jusqu'à la 19e génération », sur gw.geneanet.org (consulté le ).
- (en) Generals.dk, « The generals of WWII – Generals from France : Marchand, Georges-Pierre-Germain », sur www.generals.dk (consulté le ).
- (en) NewspaperArchive (Cliquer sur "Show article text (OCR)"), « Funeral Notices », Oakland Tribune,‎ , p. 22 (lire en ligne, consulté le ).
- « Bataille de Voreppe : Les forces en présence », sur deuxiemeguerremondia.forumactif.com (consulté le ). .
- France 1940, « Armée des Alpes – Ordre de bataille, 10/05/1940 : XIVe Corps d'Armée », sur france1940.free.fr (consulté le ).
- « L'Armée des Alpes attaquée sur ses arrières par la Wehrmacht », sur www.memoire-des-alpins.com (consulté le ). .
- Base de données Léonore, « Titulaires de la Légion d'honneur : Notice Georges Marchand », cote dossier 19800035/947/10130, sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr, Archives nationales (consulté le ), p. 2, 16.
Annexes
Bibliographie
Association des amis du musée de l'artillerie (Draguignan, Var), L'Artillerie dans la bataille des Alpes en 1940 : 1re partie, Zone Nord : Les combats défensifs: Voreppe, La Turra, La destruction du fort italien de Chaberton, L'artillerie de Montagne, le 93me R.A.M, , 48 p. (OCLC 496760616, SUDOC 12597101X, présentation en ligne), chap. 4 (« Voreppe: le général Marchand dépêche le 104 R.A »).
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux militaires :
- « Bataille de Voreppe : Les forces en présence », sur deuxiemeguerremondia.forumactif.com (consulté le ). .
- « L'Armée des Alpes attaquée sur ses arrières par la Wehrmacht », sur www.memoire-des-alpins.com (consulté le ). .