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Gaspard Eberlé

Gaspard Eberlé, né à Sélestat en Alsace, le , mort à Nice durant la période sarde, le , 1er baron Eberlé, est un général français de la Révolution et de l’Empire, gouverneur de Nice et de Briançon.

Gaspard Eberlé
Naissance
SĂ©lestat (Bas-Rhin)
Décès
Nice (Alpes-Maritimes)
Origine Drapeau de la France France
Arme Infanterie
Grade Général de brigade
Années de service 1781 – 1816
Conflits Guerres de la RĂ©volution
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes Armée des Pyrénées orientales
Armée d'Italie
Armée d'Orient
Distinctions Commandeur de la LĂ©gion d'honneur
Baron d'Empire
Autres fonctions Gouverneur de Nice, Commandant supérieur de la place de Briançon
Sépulture du général Gaspard Eberlé au cimetière du Château à Nice.

Ancien RĂ©gime

Fils de François Joseph Eberlé, soldat au régiment suisse de Waldner de Freundstein, et de Catherine Gohlinger.

Il entre le dans le régiment du Maine (28ed'infanterie) comme simple soldat, sous le nom de guerre de « Gaspard » (son prénom de baptême était Ignace, mais sans doute adopte-t-il le prénom de son parrain, Gaspard Sinle[1]). Caporal le , sergent le , il devient sergent-major le suivant.

Guerres de la RĂ©volution

Il fait les campagnes de 1792, 1793 et de l'an II, Ă  l'armĂ©e d'Italie. Le 28 vendĂ©miaire an II, Ă  l'attaque de Gilette (Alpes-Maritimes), son capitaine est mis hors de combat ; ÉberlĂ© prend aussitĂ´t le commandement de la compagnie, il tue un soldat piĂ©montais et lui enlève une capote d'officier qu'il porte avec lui. Après s'en ĂŞtre revĂŞtu, il s'avance vers une redoute occupĂ©e par 300 hommes et somme le commandant ennemi de faire mettre bas les armes Ă  sa troupe. Celui-ci trompĂ© par le costume, s'imagine qu'il a affaire Ă  un officier d'un grade Ă©levĂ© suivi par des forces considĂ©rables et il se rend Ă  discrĂ©tion avec ses 300 hommes. Sur le rapport que fait de cette action le gĂ©nĂ©ral en chef Dugommier, ÉberlĂ© est nommĂ© adjudant-gĂ©nĂ©ral chef de bataillon le 13 brumaire, et adjudant-gĂ©nĂ©ral chef de brigade le 1er frimaire suivant. Le 25 du mĂŞme mois Ă  la prise de la redoute anglaise, pendant le siège de Toulon, il s'Ă©lance un des premiers Ă  l'assaut, son exemple entraĂ®ne les chasseurs d’avant-garde et contribue puissamment au succès de cette entreprise. PassĂ© Ă  l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es orientales, il se distingue au siège de Collioure et de Port-Vendres.

Le 14 florĂ©al an II, avec cinq compagnies de chasseurs et une de grenadiers du 28e rĂ©giment d'infanterie, il sauve, pendant la nuit, la première batterie dirigĂ©e sur le fort Saint-Elme, et force par sa rĂ©sistance opiniâtre une forte division ennemie Ă  battre en retraite. Le 22 du mĂŞme mois, Ă  l'escalade de ce fort, il aide Ă  placer les Ă©chelles, s'empare de la porte du fort pour y attacher le pĂ©tard, et est grièvement blessĂ© d'un coup de feu qui lui traverse le genou droit. Le 5 brumaire an III (), il est blessĂ© d'un coup de feu Ă  l'Ă©paule droite en chargeant la cavalerie espagnole sur la grande route de Figuières. Le 30 du mĂŞme mois, avec 300 chasseurs Ă  pied et la compagnie de grenadiers du 28e, il enlève Ă  la baĂŻonnette la redoute de Nostra-Signora del Roure et s'empare de vive force du pont des Moulins.

PassĂ© en l'an IV Ă  l'armĂ©e d'Italie, il commande l'avant-garde de la division MassĂ©na, lorsque le 24 vendĂ©miaire il s'empare, avec une seule compagnie d'Ă©claireurs, de la redoute et du camp de Roc-Barbenne oĂą il fait 400 prisonniers. NommĂ© le 13 brumaire suivant, chef de brigade de la 56e demi-brigade de ligne, devenue 85e, ÉberlĂ©, Ă  la tĂŞte d'une colonne de 700 Ă©claireurs, enlève plusieurs redoutes, perce la ligne de l'armĂ©e ennemie et fait 2 000 prisonniers. Le 29 germinal de la mĂŞme annĂ©e () il commande l'avant-garde de la division Serrurier Ă  l'attaque de Mondovi. Atteint de trois coups de feu, dont un lui traverse la jambe droite, il continue de diriger les troupes sous ses ordres jusqu'Ă  la fin du combat. Le 1er frimaire an V, Ă  la reprise de Rivoli, il marche Ă  la tĂŞte de son corps formĂ© en colonne serrĂ©e contre l'ennemi qui a dĂ©jĂ  battu deux demi-brigades de la division Joubert et qui s'avance pour s'emparer de l'ancienne redoute espagnole ; il parvient Ă  couper sa ligne, culbute 400 hommes dans l'Adige et fait 1 500 prisonniers.

Dans le courant de la mĂŞme annĂ©e, Ă  l'expĂ©dition du Tyrol, il prend sa part de gloire dans tous les avantages obtenus par le gĂ©nĂ©ral Joubert. Ă€ la tĂŞte d'une seule compagnie de grenadiers de la 85e demi-brigade, il force le passage d'un pont dans des gorges très-difficiles, fit 500 prisonniers et s'empare de l'artillerie et des Ă©quipages de l'ennemi. La 85e demi-brigade est dĂ©signĂ©e pour faire partie de l'expĂ©dition d’Égypte. Comme chef, ÉberlĂ© se signale de nouveau Ă  la bataille des Pyramides. Ă€ son retour, en l'an VII, le navire qui le transporte avec 22 Français convalescents comme lui, est forcĂ©, par les vents contraires, de relâcher sur les cĂ´tes de Calabre dans le port de Crotone. Ă€ peine vient-il d'y entrer que le port se trouve cernĂ© par des corsaires barbaresques. L'Ă©quipage et les passagers sont obligĂ©s de se rĂ©fugier dans la citadelle, mais bientĂ´t ils y sont assaillis par les insurgĂ©s qui le somment de se rendre Ă  discrĂ©tion. ÉberlĂ©, qui a pris le commandement de la petite troupe, l'excite, par son exemple, Ă  faire une vigoureuse rĂ©sistance, et c'est Ă  la fermetĂ© qu'il dĂ©ploie dans cette circonstance qu'il doit d'obtenir une capitulation honorable pour ses compagnons et pour lui.

Le 27 pluviôse an VIII (), il est appelé au commandement de la première demi-brigade provisoire de l'armée d'Orient (composée des 3e bataillons, des 9e, 13e et 85e demi-brigades de ligne). C'est à la tête de ce corps qu'il prend part, sous les ordres immédiats du général Delmas, aux opérations de l'armée d'Italie. Le 5 nivôse an IX (), il montre la plus éclatante bravoure au passage du Mincio ; gravement blessé, il a le bras droit emporté par un obus et est amputé sur le champ de bataille.

Le Premier Consul lui décerne le 25 germinal an IX (), un sabre d'honneur[2] à titre de récompense nationale. Le 12 germinal an X (), il est nommé général de brigade et employé comme commandant d'armes de Nice et gouverneur du département des Alpes-Maritimes. Il sait s'attirer la sympathie des Niçois qui le surnomment « Lou General sensa bra ».

Guerres de l’Empire

Classé comme membre de droit dans la 5e cohorte de la Légion d'honneur, il en est nommé commandant le 25 prairial an XII, et lorsque l'Empereur institue sa noblesse, le général Éberlé est créé chevalier de l'Empire. En 1814, il commande encore à Nice, et les habitants de cette cité conserveront toujours le souvenir des services qu'il leur rend, notamment dans la nuit du au de cette même année, où, par sa conduite ferme et dévouée, il préserve la ville de l'incendie et du pillage par les troupes croates alliées aux austro-piémontais. Le du même mois, il rentre en France, emmenant avec lui, des magasins de Nice, dans la place d'Antibes, trois bouches à feu et six caissons approvisionnés, malgré tous les obstacles que lui opposent les armées ennemies auxquelles il sait imposer par sa contenance. Il conserve le commandement de l'armée française établie à Antibes.

Il est en non-activitĂ© le . L'Empereur, Ă  son retour de l'Ă®le d'Elbe, le nomme commandant supĂ©rieur de la place de Briançon et gouverneur du dĂ©partement des Hautes-Alpes, par dĂ©cret du . Il empĂŞche pendant plusieurs mois les AlliĂ©s d'entrer dans aucune des places fortes de son commandement, dans lesquelles se trouvent des magasins immenses et plus de 50 millions de matĂ©riel, malgrĂ© l’abdication de NapolĂ©on Ier. Le rapport dĂ©taillĂ© des opĂ©rations et de la conduite du gĂ©nĂ©ral ÉberlĂ© dans cette circonstance est soumis au ministre de la Guerre le , mais les services qu'il vient de rendre au pays ne sont pas de la nature de ceux qui peuvent obtenir les bonnes grâces du gouvernement de cette Ă©poque : aussi le gĂ©nĂ©ral, marĂ©chal de camp, est-il mis Ă  la retraite par ordonnance royale du . Il se retire Ă  Nice oĂą, Ă  la demande de la population, qui lui est reconnaissante d'avoir Ă©vitĂ© le pillage de la ville en 1814, il obtient du roi de PiĂ©mont-Sardaigne l'autorisation de s'Ă©tablir. Il y meurt le et est inhumĂ© dans le cimetière du Château, sous une tombe armoriĂ©e de marbre blanc.

Le gĂ©nĂ©ral ÉberlĂ© est donataire d'une rente de 4 000 francs sur Rome en date du , chevalier, baron de l'Empire par lettres patentes du . Il Ă©pouse en 1814, religieusement Ă  Nice avec l'autorisation de Mgr Colonna d'Istria (Ă©vĂŞque concordataire du diocèse de Nice), puis civilement Ă  Antibes, Marie Julie Bermon, nĂ©e Ă  Nice le et morte Ă  Nice le , dont il a 5 enfants.

Iconographie

Le portrait du général-baron Éberlé est conservé au musée Masséna à Nice.

Un tableau, commandé par Louis-Philippe Ier en 1835 au peintre Adolphe Roehn (1799-1864), exposé dans la galerie des Batailles du château de Versailles, commémore l'affrontement qui eut lieu à Gilette (Alpes Maritimes), en 1793, entre les soldats austro-sardes et les troupes françaises commandées par le général Dugommier. Au premier plan à gauche, l'artiste a figuré Gaspard Éberlé qui revient du lieu de ses exploits après avoir pris un drapeau à l'ennemi autrichien (le sergent Eberlé porte l'uniforme blanc qu'il a pris à un autrichien après l'avoir tué et qui lui a permis de tromper la vigilance des ennemis en même temps que ses propos en allemand) ; le groupe emmené par le sergent Éberlé avançant en chantant, fier de l'exploit de son chef.

Postérité

Honorant son souvenir, une voie de Nice, située près du port et permettant l'accès à la colline du château, porte le nom de « Montée Eberlé ».

Une plaque commémorative a été scellée sur les murs en ruine du château de Gilette (Alpes-Maritimes) en ; elle évoque le souvenir du 28e de ligne du sergent Éberlé.

Armoiries

Figure Nom du baron et blasonnement
Armes du chevalier Eberlé et de l'Empire (1813)

D'azur à un chevron de gueules chargé de l'insigne des chevaliers légionnaires, soutenu d'une main d'argent tenant un sabre haut d'or, au chef d'or chargé de deux étoiles d'azur[3]

Notes et références

  1. Acte de baptême d'Ignace Eberlé dans les archives municipales de Sélestat (registre des baptêmes du au ), p. 401
  2. Ce sabre a fait partie de la collection du capitaine Maurice Bottet.
  3. Vicomte Albert Révérend (1844-1911), Armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, t. 2, Paris, Au bureau de L'Annuaire de la noblesse, (lire en ligne), p. 128

Sources

  • « Gaspard EberlĂ© », dans Charles MulliĂ©, Biographie des cĂ©lĂ©britĂ©s militaires des armĂ©es de terre et de mer de 1789 Ă  1850, [dĂ©tail de l’édition]
  • Paul Canestrier, « Le gĂ©nĂ©ral Gaspard ÉberlĂ©. L'Ă©vacuation de Nice par les troupes françaises en 1814 », in Nice Historique, no 169, annĂ©e 1936, p. 161-169
  • Dr Maurice Kubler, « Les barons d'Empire de SĂ©lestat, le gĂ©nĂ©ral Gaspard EberlĂ©, gouverneur de Nice », in Annales de la SociĂ©tĂ© des Amis de la Bibliothèque Humaniste de SĂ©lestat, 1980.
  • Xavier Maillard-Lustig, « Le Mariage Ă  Antibes du GĂ©nĂ©ral Gaspard EberlĂ© » après la rĂ©trocession niçoise en 1814, in Bulletin du C. G. d'Alsace no 146, Strasbourg, 2004.

Voir aussi

Bibliographie

  • Georges Six, Dictionnaire biographique des gĂ©nĂ©raux & amiraux français de la RĂ©volution et de l'Empire (1792-1814), Paris, Librairie Georges Saffroy, 1934, 2 vol., p. 420.
  • Maurice Kubler, « Gaspard EberlĂ© (dit Gaspard, nom de guerre) », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 9, p. 731.

Liens externes

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