AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Gammalsvenskby

Gammalsvenskby (en français : « Vieux village suĂ©dois », en ukrainien : ĐĄŃ‚Đ°Ń€ĐŸŃˆĐČĐ”ĐŽŃŃŒĐșĐ”, en dialecte local suĂ©dois : GammölsvĂ€nskbi, en allemand : Alt-Schwedendorf) est un ancien village fondĂ© en 1781 par des SuĂ©dois d’Estonie expulsĂ©s de l’üle de Hiiumaa. Gammalsvenskby fait maintenant partie du village de ZmiĂŻvka (en ukrainien : Đ—ĐŒŃ–Ń—ĐČĐșĐ°, russe : Đ—ĐŒĐ”Đ”ĐČĐșĐ°) dans le raĂŻon de Beryslav de l’oblast de Kherson, en Ukraine. Avant son intĂ©gration Ă  ZmiĂŻvka, le village a briĂšvement portĂ© le nom de Verbivka (en ukrainien : ВДрбіĐČĐșĐ°). Ce lieu est principalement connu pour son hĂ©ritage culturel suĂ©dois.

Gammalsvenskby
(uk) ĐĄŃ‚Đ°Ń€ĐŸŃˆĐČĐ”ĐŽŃŃŒĐșĐ”
Blason de Gammalsvenskby
HĂ©raldique
Gammalsvenskby
Église suĂ©doise, dĂ©sormais orthodoxe, Ă  Staroshvedskoe (Gammalsvenskby) en Ukraine (2005)
Administration
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine
Oblast Oblast de Kherson
RaĂŻon RaĂŻon de Beryslav
Indicatif tél. +380
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 46° 48â€Č 41″ nord, 33° 34â€Č 37″ est
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Ukraine
Voir sur la carte topographique d'Ukraine
Gammalsvenskby
GĂ©olocalisation sur la carte : Ukraine
Voir sur la carte administrative d'Ukraine
Gammalsvenskby
GĂ©olocalisation sur la carte : oblast de Kherson
Voir sur la carte topographique de l'oblast de Kherson
Gammalsvenskby

    ZmiĂŻvka regroupe Ă©galement trois anciens villages Ă©tablis par des Allemands : Schlangendorf et MĂŒhlhausendorf, villages luthĂ©riens ainsi que Klosterdorf, un village catholique romain. Au cours du 19e siĂšcle, plusieurs villages fondĂ©s par des Allemands peuplent la rĂ©gion, de mĂȘme qu’une grande partie du sud de la Russie. Leurs habitants sont de diverses fois protestantes, plus particuliĂšrement luthĂ©rienne et mennonites, de mĂȘme que catholique romaine.

    La réserve de la biosphÚre Ascania-Nova est située prÚs du village.

    RĂ©installation des SuĂ©dois d’Estonie et fondation de Gammalsvenskby

    Les origines de la population de Gammalsvenskby peuvent ĂȘtre retracĂ©es jusqu’à l’üle de Hiiumaa (en suĂ©dois Dagö), actuellement situĂ©e en Estonie et jadis partie du DuchĂ© d’Estonie. En vertu du traitĂ© de Nystad, l’üle est cĂ©dĂ©e Ă  l’Empire russe en 1721, Ă  la fin de la grande guerre du Nord.

    Quelques dĂ©cennies plus tard, une partie des paysans en conflit avec l’aristocratie locale rĂ©pondent Ă  l’oukase (sorte de dĂ©cret) de 1762 proclamĂ© par Catherine la Grande, Ă  la recherche de colons Ă  envoyer en Nouvelle-Russie dans un territoire tout juste conquis aux mains de l’Empire ottoman, territoire situĂ© aujourd’hui dans le sud de l’Ukraine[1] - [2] - [3]. 1 200 personnes attirĂ©es par les promesses de nouvelles terres fertiles Ă  proximitĂ© du Dniepr quittent Dagö le . Ils entreprennent un voyage par voie terrestre et arrivent en Nouvelle-Russie le [4] - [5]. Seulement 400 SuĂ©dois restent Ă  Dagö[6]. Bien que certaines sources dĂ©crivent cette migration comme une simple expulsion de ces SuĂ©dois de leur terre d’origine en Estonie, d’autres mettent plutĂŽt l’accent sur le fait que cette offre ait pu sembler gĂ©nĂ©reuse pour ces serfs, pauvres et opprimĂ©s.

    MalgrĂ© l’avantage perçu de cette offre, ses rĂ©percussions furent dĂ©sastreuses. Des 1 200 colons ayant quittĂ© l’üle, seuls 900 arrivent en Nouvelle-Russie[1] - [4]. À leur arrivĂ©e, ils constatent que les demeures auxquelles ils s’attendaient n’existent vraisemblablement pas. En outre, 318 colons meurent durant la premiĂšre annĂ©e de leur sĂ©jour en Ukraine, principalement en raison de la dysenterie. 116 autres meurent au cours de la deuxiĂšme annĂ©e. En 1794, seuls 224 colons Ă©taient toujours en vie Ă  Gammalsvenskby. En 1802, le gouvernement russe ordonne Ă  tous les hommes suĂ©dois de se marier avant leurs 30 ans afin de stimuler la croissance de la population[4].

    Maintien de l’hĂ©ritage suĂ©dois

    De 1787 Ă  1805, des colons allemands sont invitĂ©s Ă  Gammalsvenskby afin de soutenir la population de la rĂ©gion. Ces Allemands dĂ©signent la rĂ©gion sous le nom de Schwedengebiet (la rĂ©gion des SuĂ©dois) et le village, Alt-Schwedendorf. Rapidement, de nouveaux villages furent fondĂ©s : Schlangendorf, MĂŒhlhausendorf et Klosterdorf. L’arrivĂ©e de ces Allemands signifie que les SuĂ©dois devinrent rapidement une minoritĂ©; plusieurs pasteurs et enseignants de la rĂ©gion sont germanophones et ne parlent pas le suĂ©dois[4].

    Les SuĂ©dois n’ont pas utilisĂ© Ă  leur plein potentiel les terres arables qui leur sont allouĂ©es, prĂ©fĂ©rant concentrer leurs activitĂ©s dans le domaine de la pĂȘche plutĂŽt que de celui de l’agriculture[4]. Toutefois, l’octroi des terres agricoles aux nouveaux arrivants allemands fragilise les relations entre les SuĂ©dois de Gammalsvenskby et leurs voisins allemands. Pourtant, ces tensions n’empĂȘchent pas les mariages entre les deux communautĂ©s, comme le prouvent les registres paroissiaux de leurs Ă©glises[7]. Bien que ces communautĂ©s soient quelques fois en dĂ©saccord, elles n’ont jamais Ă©tĂ© ennemies et ont fait preuve de collaboration en cas de difficultĂ©[8].

    Les habitants de Gammalsvenskby ont maintenu leurs traditions, leur foi luthĂ©rienne envers l’Église de SuĂšde ainsi que leur dialecte de suĂ©dois ancien. À la fin du 19e siĂšcle, des liens ont Ă©tĂ© Ă©tablis entre la SuĂšde et les SuĂ©dois d’Ukraine, ces derniers Ă©tant perçus comme une « tribu perdue » ayant conservĂ© d’anciennes traditions suĂ©doises, telles que l’écriture de runes et la cĂ©lĂ©bration d’une ancienne forme de liturgie de l’Église de SuĂšde[9]. Le prince Charles de SuĂšde a amassĂ© plus de 6 000 roubles en SuĂšde et en Finlande afin de soutenir la construction d’une nouvelle Ă©glise suĂ©doise dans le village afin de remplacer l’église prĂ©cĂ©dente offerte par le prince Potemkin, une Ă©glise de bois ayant brĂ»lĂ© au milieu du 19e siĂšcle[10]. La nouvelle Ă©glise ouvre ses portes en 1885. Pendant une certaine pĂ©riode, avant les rĂ©volutions qui suivirent la PremiĂšre Guerre mondiale, de frĂ©quentes visites provenant de la SuĂšde ont lieu et certains villageois s’abonnent Ă  des journaux suĂ©dois.

    MalgrĂ© ces liens, la Russie tente d’intĂ©grer les SuĂ©dois d’Ukraine Ă  l’empire russe. Les plans initiaux de colonisation exemptaient ceux-ci de la conscription dans l’armĂ©e du tsar, dĂ©cision qui fut rĂ©voquĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1800. C’est ainsi que 130 hommes originaires de Gammalsvenskby ont servi dans l’armĂ©e russe au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale[11].

    Tentative de relocalisation en SuĂšde

    Durant la Guerre civile russe, Gammalsvenskby est principalement contrĂŽlĂ©e par l’ArmĂ©e rouge, bien que le village fut la cible de tirs d’artillerie provenant de l’ArmĂ©e blanche commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Anton DĂ©nikine. AprĂšs que les combats se soient Ă©loignĂ©s des villages en 1921, les villageois ont sollicitĂ© l’aide de la SuĂšde, notamment en Ă©crivant Ă  l’archevĂȘque d’Uppsala, Nathan Söderblom. En 1922, la Croix-Rouge suĂ©doise organise une expĂ©dition Ă  Gammalsvenskby afin d’offrir de l’aide et du soutien au dĂ©veloppement de la rĂ©gion et de ses terres agricoles. Dans le cadre de cette opĂ©ration, deux nouveaux villages suĂ©dois ont Ă©tĂ© fondĂ©s afin de maintenir le territoire, soit Nysvenskby (« Nouveau village suĂ©dois ») et SvenskĂ„ker (« Champ suĂ©dois »). Les villages voisins allemands ont fait de mĂȘme avec les villages de Friedenheim et Neuklosterdorf[12].

    Certains villageois multiplient leurs efforts afin de retourner en SuĂšde en raison de diffĂ©rends avec les autoritĂ©s soviĂ©tiques concernant la fiscalitĂ©, les politiques de collectivisation et le droit au maintien de la foi luthĂ©rienne. Le 1er septembre 1927, 136 agriculteurs du village prĂ©sentent une pĂ©tition aux « peuples suĂ©dois, finlandais et amĂ©ricain » pour obtenir de l’aide afin d’ĂȘtre rĂ©unis avec leurs compatriotes suĂ©dois. Le reprĂ©sentant de la SuĂšde Ă  Moscou, Carl Gerhard von Heidenstam, ne rĂ©agit pas immĂ©diatement Ă  cette initiative et recommande plutĂŽt de faire preuve de prudence[12]. Le 28 juin 1928, 429 villageois choisissent de retourner en SuĂšde, en vertu des dispositions de la DĂ©claration des droits des peuples de Russie en matiĂšre d’autodĂ©termination ethnique. À cette Ă©poque, la pression monte en SuĂšde afin de permettre le retour des habitants de Gammalsvenskby et le 22 fĂ©vrier 1929, le Riksdag reconnaĂźt le droit des villageois Ă  revenir en SuĂšde. En juin 1929, le gouvernement soviĂ©tique conclut une entente avec les SuĂ©dois en ce qui concerne la cession des biens situĂ©s en Ukraine et les frais de passeport ; la plupart des villageois se prĂ©parent Ă  quitter Gammalsvenskby[12]. Ceux-ci ne pouvaient apporter que ce qu’ils pouvaient transporter dans un train de voyageurs[4].

    Le 22 juillet 1929, les SuĂ©dois de Gammalsvenskby qui ont reçu un permis de sortie sont amenĂ©s Ă  Kherson par voie maritime Ă  l’aide de deux navires Ă  vapeur. De lĂ , la Croix-Rouge suĂ©doise transfĂšre les villageois sur le vaisseau cargo Firuzan Ă  destination de Constanța, en Roumanie, oĂč leur pĂ©riple se poursuit sur la terre ferme. Ils traversent la Hongrie et l’Autriche en train jusqu’à Sassnitz, en Allemagne, en passant par les villes de Sinaia, de Brașov, de LƑköshĂĄza, de Budapest, de Vienne, de Passau et de Stralsund. Une fois arrivĂ©s, ils traversent la mer Baltique vers la SuĂšde en traversier[7]. Le 1er aoĂ»t 1929, 885 SuĂ©dois d’Ukraine arrivent Ă  Trelleborg, en SuĂšde, oĂč ils sont reçus par le prince Charles de SuĂšde, duc de VĂ€stergötland[1]. Parmi ceux qui ont choisi de rester Ă  Gammalsvenskby, 19 familles (pour un total de 94 personnes) dĂ©mĂ©nagent dans la province du Manitoba, au Canada, lĂ  oĂč de premiers immigrants provenant de Gammalsvenskby se sont installĂ©s. Plus tard, six de ces 19 familles dĂ©cident de retourner en SuĂšde[7].

    Notes et références

    1. « КаĐș шĐČДЎы ĐŁĐșŃ€Đ°ĐžĐœŃ‹ ŃĐżĐ°ŃĐ°Đ»ĐžŃŃŒ ĐŸŃ‚ ŃĐŸĐČДтсĐșĐŸĐč ĐČластО ДщД ĐČ 1930-х ĐłĐŸĐŽĐ°Ń… », sur АРГУМЕНб (consultĂ© le )
    2. Roger P. Bartlett, « The Russian and the Baltic German nobility in the eighteenth century », Cahiers du Monde Russe, vol. 34, no 1,‎ , p. 233–243 (DOI 10.3406/cmr.1993.2349, lire en ligne, consultĂ© le )
    3. (en) Roger Bartlett, « The Russian and the Baltic German nobility in the eighteenth century », Cahiers du monde russe et soviĂ©tique,‎ (lire en ligne)
    4. Giesinger, Adam, « Villages in Which Our Forefathers Lived », American Historical Society of Germans from Russia,‎
    5. (en) Rudling, Per Anders, Ukrainian Swedes in Canada: Gammalsvenskby in the Swedish-Canadian Press 1929-1931, (lire en ligne)
    6. (sv) « Estlandssvenskarnas historia – Estlandssvenskarnas kulturförening » (consultĂ© le )
    7. Hedman, Jörgen (1994). SvenskbyslĂ€kter : slĂ€ktförteckningar över familjerna frĂ„n Gammalsvenskby i Ukraina [Swedish Village Families: Genealogies of Families from Gammalsvenskby in Ukraine] (en suĂ©dois). Visby, Sweden: Ödins Förlag.
    8. Malitska, Julia (2014). "People in Between: Baltic Islanders as Colonists on the Steppe". In Wawrzeniuk, Piotr; Malitska, Julia (eds.). The Lost Swedish Tribe: Reapproaching the history of Gammalsvenskby in Ukraine. Huddinge, Sweden: Södertörn University. pp. 61–85. (ISBN 978-9186069858).
    9. (sv) Kotljarchuk, Andrej, « In the Forge of Stalin: Swedish Colonists of Ukraine in Totalitarian Experiments of the Twentieth Century », Stockholms Studies in History (Stockholm University),‎ (ISBN 978-91-87235-96-2, lire en ligne)
    10. (sv) « Gammal-Svenskbys nya stenkyrka [Gammal-Svenskby's new stone church]. », Svenska Dagbladet,‎
    11. Gyllenhaal, Lars (trad. Finstrom, Carl Gustav), Swedes at War: Willing Warriors of a Neutral Nation, 1914–1945, Bedford, Pennsylvania, The Aberjona Press, (ISBN 978-1-93884-7-02-8)
    12. (en) Hedman, Jörgen, « Gammalsvenskby The true story of the Swedish settlement in the Ukraine »

    Articles connexes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.