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Gabrielle Wittkop

Gabrielle Wittkop, née Gabrielle Ménardeau[1], est une femme de lettres française et traductrice, née le à Nantes en Loire-Atlantique et morte le à Francfort-sur-le-Main dans le district de Darmstadt.

Gabrielle Wittkop
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Gabrielle MĂ©nardeau
Nationalité
Activité
Période d'activité
Ă  partir de
Conjoint
Justus Franz Wittkop (d)
Autres informations
Genre artistique

Elle est l'autrice d'une littérature dérangeante, macabre, bien souvent au-delà de toute morale. Son style, ainsi que ses centres d'intérêt (thanatos, sexe, identité de genre, étrangeté) apparentent son œuvre à celles du marquis de Sade, de Villiers de L'Isle Adam, de Lautréamont, d'Edgar Allan Poe, mais aussi de Marcel Schwob.

Biographie

Elle naît sous le patronyme de Marguerite Marie Louise Gabrielle Ménardeau à Nantes. Son père, Octave Marie Gabriel Ménardeau, né à Clisson le , est un dessinateur et graveur. Veuf, il épouse en 1919 à Nantes Yvonne Renée Constance Jouanny, née à La Roche-sur-Yon le 12 août 1891. Cette dernière décède en 1933 à Nantes, Gabrielle a alors 13 ans. Octave, lui, meurt en 1959 à Prades.

Elle rencontre dans le Paris sous occupation nazie un déserteur allemand homosexuel du nom de Franz Justus Wittkop, âgé de vingt ans de plus qu'elle. Ils se marient à la fin de la guerre en 1947 à Francfort-sur-le-Main : une union qu'elle qualifiera d'« alliance intellectuelle », elle-même affichant à diverses reprises son homosexualité[2]. Le couple s'installe en Allemagne, à Bad Homburg, puis à Francfort-sur-le-Main, où Gabrielle Wittkop vivra jusqu'à sa mort.

Elle commence à tenter de vivre de la bibliophilie en illustrant d'aquarelles des exemplaires uniques. Elle publie ses premières nouvelles entre 1945 et 1946 dans le magazine féminin Claudine[3]. Même si elle continue d'écrire en français, elle collabore à divers journaux allemands, dont entre autres le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Soutenue et encouragée par son mari, historien et essayiste, elle développe son écriture en langue allemande, et publie plusieurs œuvres en allemand (notamment une biographie d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann), qui n'étaient, en 2001, toujours pas traduites en français[2].

Désireuse d'intégrer le monde de l'édition littéraire française, elle donne en l'espace de cinq années (1964-1969) sept traductions de romans pour Gallimard dont le premier roman de Peter Handke, Le colporteur, ainsi qu'un roman d'Uwe Johnson. Elle abandonne ensuite la traduction pour l'écriture de son œuvre et publie en 1972, à 52 ans, son premier texte, Le Nécrophile, aux éditions Régine Deforges. L'époque permet l'éclosion de nouvelles autrices renouvelant le genre érotique comme Annie Le Brun, Jeanne de Berg, Grisélidis Real[4].

Son mari se suicide en 1986, alors qu'il est atteint de la maladie de Parkinson. Gabrielle Wittkop affirmera : « Je l'y ai encouragé. J'ai raconté ça dans Hemlock[2] ». Atteinte d'un cancer du poumon[1], elle choisit la mort à 82 ans, en se suicidant le . C'est du moins la version la plus répandue car des proches de l'écrivaine expliquent plutôt que la mort a devancé le suicide sans doute programmé.

Sur la 4e de couverture des éditions posthumes : « J'ai voulu mourir comme j'ai vécu : en homme libre ».

Ĺ’uvres

Son œuvre est presque intégralement publiée aux éditions Verticales, depuis 2001.

  • Le NĂ©crophile , Éditions RĂ©gine Deforges, 1972 ; La Musardine, 1998 ; Verticales, 2001 (ISBN 2-84335-110-3)
  • La Mort de C. suivi de Le puritain passionnĂ©, première Ă©dition 1975 ; Éditions Verticales, 2001 (ISBN 2-84335-017-4)
  • Madame Tussaud, Éditions France-Empire, 1976
  • Les Holocaustes, Éditions Henri Veyrier, 1976
  • Almanach perpĂ©tuel des Harpies, L'Éther Vague-Patrice Thierry Ă©diteur, 1995 ; rĂ©Ă©dition en 2002 (ISBN 978-2-904620-57-7).
  • SĂ©rĂ©nissime Assassinat, Éditions Verticales, 2001 (ISBN 2-02-053057-0)
  • Les Rajahs blancs, Éditions Presses de la Renaissance, 1986 (ISBN 2-85616-372-6), 2009 Éditions Verticales : (ISBN 978-2-07-012578-4)
  • Hemlock ou les poisons, Éditions Presses de la Renaissance, 1988 ; changement de titre Hemlock : Ă  travers les meurtrières , Quidam Éditeur, 2020
  • Le Sommeil de la raison, Éditions Verticales, 2003 (ISBN 2-84335-108-1)
  • La Marchande d'enfants, Éditions Verticales, 2003 (ISBN 2-84335-111-1)
  • Chaque jour est un arbre qui tombe, Éditions Verticales, 2006 (ISBN 978-2-07-077680-1); 2007 (Ă©d. de poche Folio, 2007)
  • Carnets d'Asie, Éditions Verticales, 2010 (ISBN 978-2-07-013094-8)
  • Les DĂ©parts exemplaires, Éditions Verticales, 1995, 2012 (rĂ©Ă©dition augmentĂ©e de deux textes inĂ©dits) (ISBN 978-2-07-013826-5)
  • Litanies pour une amante funèbre, prĂ©face d'Éric Dussert, Le Vampire Actif Éditions, 2017 (rĂ©Ă©dition du texte Ă  l'occasion des 40 ans de sa première publication, accompagnĂ© de collages inĂ©dits de l'auteur[5])
  • Usages de faux, Éditions Verticales, 2018
  • Les HĂ©ritages, Éditions Christian Bourgois, 2020

Autres Ă©crits

  • Paris, photographies de Fred Meyer, texte de Gabrielle Wittkop ; Atlantis, 1975.
  • Paris, histoire illustrĂ©e, avec Justus Franz Wittkop ; Atlantis, 1978.
  • Grand Guignol, avec François Rivière ; Éditions Henri Veyrier, 1979.
  • Jo Lansley & Helen Bendon, photographies, texte de Gabrielle Wittkop ; Arles : Éditions Actes Sud ; Paris, Fondation CCF pour la photographie, 2001. (ISBN 9782742733033)

Traductions

  • Les Estuaires de la mort / Hermann Lins, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1964.
  • La nuit du feu / Peter Faecke, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1966.
  • Voyage nocturne / Wolfgang Hildesheimer, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1967.
  • Deux points de vue / Uwe Johnson, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1968.
  • Le milan rouge / Peter Faecke, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1968.
  • L'oiseau Toc / Wolfgang Hildesheimer, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1969.
  • Le Colporteur / Peter Handke, trad. de l'allemand, Éditions Gallimard, 1969.

Citations extraites de l’œuvre

  • Le NĂ©crophile :

Page 15 : « 19... Fête des morts. Jour faste. Le cimetière Montparnasse était ce matin une admirable grisaille. L'immense foule endeuillée se pressait dans les allées, parmi des gloires de chrysanthèmes, et l'air avait la saveur amère, enivrante de l'amour. Eros et Thanatos. Tous ces sexes sous la terre, y pense-t-on jamais ? »

  • SĂ©rĂ©nissime assassinat :

« — Ne peut-on lire sans être dérangé à tout bout de champ ? Debout devant lui, la Rosetta tortille son tablier : — C'est que, Signore... votre femme est morte... — Encore ?! »

Notes et références

  1. Josyane Savigneau, « Gabrielle Wittkop », Le Monde, .
  2. « Gabrielle Wittkop, sulfureuse et convenable », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Eric Dussert, « Danse macabre », Le Matricule des anges,‎ novembre décembre 2020, p. 17 (ISSN 1241-7696).
  4. Eric Dussert, « Danse Macabre », Le Matricule des anges,‎ novembre décembre 2020, p. 18 (ISSN 1241-7696).
  5. « Litanies pour une amante funèbre Gabrielle WITTKOP », sur Vampire Actif édition (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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