Gabriel GarcĂa Moreno
Gabriel GarcĂa Moreno y Morán de ButrĂłn (Guayaquil, - Quito, )[1], est un aristocrate, homme d'État, un militaire et un Ă©crivain Ă©quatorien. Conservateur, il prit les pleins pouvoirs en 1859 et renversa le dernier gouvernement rĂ©publicain au profit d'un rĂ©gime autoritaire. Dirigeant l'Équateur de 1859 jusqu'Ă sa mort avec un pouvoir quasi absolu, il rĂ©prime les rĂ©voltes et rĂ©unifie le pays durant la guerre civile qui oppose ses partisans face aux rĂ©publicains. Fervent catholique, il consacra son pays au SacrĂ©-CĹ“ur en 1873 et fut assassinĂ© par des membres de la franc-maçonnerie en 1875.
Gabriel GarcĂa Moreno | |
Portrait du général Moreno. | |
Fonctions | |
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Chef suprĂŞme de la Nation Ă©quatorienne | |
– (15 ans, 11 mois et 27 jours) |
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Vice-président | Mariano Cueva Vallejo Antonio Borrero y Cortázar Rafael Carvajal Pedro José de Arteta Francisco León Franco |
PrĂ©dĂ©cesseur | Francisco Robles GarcĂa (prĂ©sident de la rĂ©publique) |
Successeur | Francisco LeĂłn Franco |
Biographie | |
Nom de naissance | Gabriel Gregorio Fernando JosĂ© MarĂa GarcĂa Moreno y Morán de ButrĂłn |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Guayaquil |
Date de décès | (à 53 ans) |
Lieu de décès | Quito |
Nationalité | Équatorien |
Parti politique | Conservateur |
Conjoint | Mariana del Alcázar |
Religion | Catholique |
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Liste des présidents de l'Équateur | |
Il exerça une influence politique et culturelle en Équateur de 1858 à 1875. En tant que sénateur de la province de Pichincha en 1857, il se démarqua pour avoir demandé l'abolition du tribut aux Indiens. Il a pris le pouvoir à la suite de la crise de 1859, à la guerre déclarée par le Pérou et au blocus de Guayaquil[2].
Il a dĂ©fendu la souverainetĂ© de son pays contre les invasions et les tentatives de division du territoire Ă©quatorien par les gouvernements pĂ©ruviens et colombiens de l'Ă©poque. Il s'est battu contre la rĂ©sistance rĂ©publicaine dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral JosĂ© MarĂa Urbina. Sous son gouvernement, il a menĂ© Ă bien des travaux culturels, scientifiques et Ă©ducatifs tels que la fondation de l' AcadĂ©mie Ă©quatorienne des langues, l'École polytechnique nationale et l'Observatoire astronomique de Quito[3].
Il instaure un régime autocratique, et participe à donner une image internationale à l'Équateur. Autoritaire, il réprime la révolte et met fin à la guerre contre les républicains en 1860, avec la réunification du pays[4].
Assassiné, il mourut en prononçant ces mots : « Dios no muere! » (Dieu ne meurt pas !). Son régime dit « impérialiste » prend fin peu de temps après sa mort[5].
Jeunesse
Gabriel Garcia Moreno naĂ®t Ă Guayaquil le 24 dĂ©cembre 1821, six mois avant la chute du gouvernement espagnol et la proclamation de la rĂ©publique dans cette lointaine colonie des bords du Pacifique. Son père, Gabriel Garcia-YangĂĽas y Gomez de Tama, aristocrate espagnol de Nouvelle-Castille, reste fidèle au gouvernement espagnol et prĂ©fère au parjure les confiscations et la pauvretĂ©. Sa mère, dont il prend le nom, suivant un usage espagnol, Ă la place du deuxième nom de son père, s'appelle dona Mercedes Moreno y Morán de ButrĂłn; elle est la fille d'un aristocrate et magistrat de Guayaquil. Les deux Ă©poux ont huit enfants qu'ils Ă©lèvent dans le catholicisme et le patriotisme, lorsque l'Espagne eut reconnu, par traitĂ©, l'indĂ©pendance de l'Equateur. Gabriel est le huitième enfant de cette famille. Jeune, Moreno milite dans un mouvement rĂ©volutionnaire et participe Ă la rĂ©volution Marcista contre le rĂ©gime du prĂ©sident Juan JosĂ© Flores. Ensuite, il publie des pamphlets acides, dans « Le Fouet », journal qu’il a crĂ©Ă©, qui fustigent la politique anticlĂ©ricale du gouvernement, et prend une part active Ă la lutte qui aboutira en 1845 Ă la chute de Flores. Gabriel GarcĂa Moreno devient alors chargĂ© de faire rentrer les impĂ´ts en retard. Il a alors 24 ans.
Mais le libéral Vicente Ramón Roca, le successeur de Flores, profite rapidement de la situation pour s’enrichir aux dépens de ses compatriotes.
Moreno dénonce les scandales gouvernementaux. Mais lorsque Flores, à la tête d’une armée, monte une expédition pour tenter de reprendre le pouvoir, il préfère concentrer ses critiques sur les dangers qu’impliqueraient son retour.
Roca, impuissant, sollicite l’aide de Moreno, qui rétablit le calme rapidement en récupérant notamment la ville de Guayaquil aux mains de Flores. Mais ne cesse pas pour autant ses saillies contre les dirigeants qui font de l’Équateur « un véritable enfer où le désordre et la confusion paraissent aussi naturalisés que dans le bagne éternel ».
Ascension
Déçu que ses idées ne soient pas entendues au plus haut, il décide de s’expatrier pour l’Europe, au moment même où l’administration Roca s’effondre. Il parcourt l’Allemagne, l’Angleterre et, surtout, la France : là , l’équatorien est marqué par la détermination d’Adolphe Thiers à combattre le socialisme, en s’appuyant sur une Église catholique forte.
À son retour, il rencontre les Jésuites expulsés de Colombie, et soutient leur implantation en Équateur. L'implantation des jésuites pousse le président colombien, José Hilario López(franc maçon) à déclarer la guerre à l'Équateur[6].
Cette lutte d’influences lui vaudra l’exil, lorsque le général Urbina arrive à la tête de l’État. Il parvient toutefois à être élu sénateur par la population de Guayaquil, son « fief », avant de retourner sur le vieux continent – où sa pratique religieuse s’intensifie – dans le but de se préparer à sa future mission nationale dont il est persuadé.
Ses partisans rĂ©clament un rĂ©gime nationaliste, conservateur et catholique, en opposition avec le rĂ©gime rĂ©publicain. Moreno demande la fin de l'ère marcista et de ses idĂ©es libĂ©rales et radicales. Le prĂ©sident Francisco Robles GarcĂa, successeur d'Urbina, mène une politique militariste, anticlĂ©ricale et nationaliste. Il accorda un terrain aux crĂ©anciers britanniques pour annuler la dette et rompit les relations avec le PĂ©rou, qui bloquèrent les cĂ´tes Ă©quatoriennes en 1858[7].
Prise de pouvoir
À son retour en mai 1859, Quito est le théâtre d’un soulèvement populaire, les conservateurs réclament la démission du président.
Moreno prend la tĂŞte de l'opposition et prend rapidement le contrĂ´le de Guayaquil. Le prĂ©sident Robles GarcĂa s'enfuit et prend la route de l'exil. Le gĂ©nĂ©ral Urbina s'oppose Ă l'arrivĂ©e au pouvoir de Moreno, prend les armes et s'installe Ă Quito avec ses partisans rĂ©publicains. Moreno prend les pleins pouvoirs et proclame la « Nation Ă©quatorienne » qui remplace la RĂ©publique.
Après une pĂ©riode d'instabilitĂ© de deux ans marquĂ©e par la cohabitation de plusieurs gouvernements concurrents, Gabriel GarcĂa Moreno, chrĂ©tien et conservateur, rĂ©unifia le pays en 1860, en chassant de Quito le gĂ©nĂ©ral Urbina qui s'exila. C'est la fin de la guerre civile.
Le « Règne »
Au pouvoir, Moreno rétablit l’ordre. Soutenu par l’armée et la population, il met en place une nouvelle constitution.
La nouvelle constitution stipule que la religion catholique est la seule véritable religion, et que tout individu qui appartiendrait à une religion prohibée se verra refuser le droit de vote et l’accès à la fonction publique. S’agissant de l’ordre public, elle détermine des peines sévères en cas de rébellion. Elle accorde surtout à Moreno un réel droit de veto sur les projets de loi.
Moreno met en œuvre la reconstruction nationale du pays. De la création des écoles polytechnique, militaire, des beaux-arts ou de musique à celle de collèges, écoles, observatoires, orphelinats et hôpitaux, les réalisations sont multiples. Les infrastructures s’améliorent.
En menant une politique économique stricte basée sur le développement de l’agriculture et de l’industrie, il en résulte, pour la première fois, l’équilibre des comptes et le remboursement d’une partie de la dette.
Surtout, Moreno s’appuie sur sa foi catholique qu’il affiche en public, donnant ainsi un exemple de piété qui finit par imprégner les institutions.
Il réforme progressivement le pays selon les préceptes de la royauté sociale du Christ-Roi. Moreno parvient à rétablir l'ordre public dans le pays et à améliorer la situation des finances publiques, permettant une période de relative prospérité au pays durant une quinzaine d'années. Il s'appuie pour cela sur l'Église catholique, avec laquelle il signe un concordat dans des termes favorables au clergé équatorien[8].
De nombreux Équatoriens voient en Garcia Moreno un exemple à suivre pour le rétablissement du Christ-Roi dans la Cité ; sa politique est citée en exemple par différents papes. À la suite de sa mort en 1875, le pays renoue avec une période d'instabilité politique jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Eloy Alfaro.
Assassinat
Le 6 aoĂ»t 1875, au sortir de la messe (Ă laquelle il se rendait tous les jours), GarcĂa Moreno est attaquĂ© par quatre hommes armĂ©s de machettes et de pistolets ; il s'agit de Faustino Rayo, Robert Andrade, Abelardo Moncayo et Manuel Cornejo. Après une brève lutte, il succombe. Les assassins Ă©taient pour la plupart issus de la bourgeoisie, de l'armĂ©e, et Moncayo Ă©tait un ancien jĂ©suite. Les motivations du crime restent floues, mĂŞme si Manuel Cornejo se considĂ©rait comme un homme libre se sacrifiant contre un dictateur. Il est exĂ©cutĂ© le 27 aoĂ»t. Le principal meurtrier, Rayo, est un maroquinier et ancien employĂ© du gouvernement de GarcĂa Moreno dans la province du Napo. Rayo aurait discutĂ© du prix d'une selle avec GarcĂa Moreno le matin mĂŞme, et est exĂ©cutĂ© sur le champ[9]. La franc-maçonnerie, interdite par la constitution du pays depuis 1869, a pu jouer un rĂ´le dans l'assassinat de GarcĂa Moreno. Celui-ci Ă©crivait en 1873 Ă propos d'elle : « On m’avertit d’Allemagne que les loges de ce pays ont ordonnĂ© Ă celles d’AmĂ©rique de remuer ciel et terre pour renverser le gouvernement de l’Équateur ; mais si Dieu nous protège et nous couvre de Sa misĂ©ricorde, qu’avons-nous Ă craindre ? »[10]
Un livre sur la question[11], Garcia Moreno y sus asesinos[12] conforte l'hypothèse des partisans de Garcia Moreno d'un assassinat par la maçonnerie internationale avec un financement par l'Allemagne du Kulturkampf et un soutien politique du PĂ©rou mais de nombreux points obscurs, notamment les exĂ©cutions rapides des meurtriers, des inĂ©galitĂ©s de traitement dans la poursuite des personnes impliquĂ©es, laissent la question non Ă©lucidĂ©e. En apprenant son assassinat, Juan Montalvo, polĂ©miste Ă©quatorien auteur du pamphlet « La tyrannie perpĂ©tuelle » contre GarcĂa Moreno, eut une phrase restĂ©e cĂ©lèbre : « Mi pluma lo matĂł » («C'est ma plume qui l'a tué»).
- Exposition du corps de GarcĂa Moreno.
- L'assassinat de Gabriel GarcĂa Moreno vu par Pierre MĂ©janel.
- Tombe de GarcĂa Moreno.
Il laissera son nom Ă la paroisse de GarcĂa Moreno, qui comprend plusieurs communes actuellement gĂ©rĂ©es par le gouvernement autonome de Cotacachi.
Références
- « Gabriel GarcĂa Moreno - EcuRed », sur www.ecured.cu (consultĂ© le )
- « crisis de 1859 », sur lahora.com
- « Gabriel Garcia Moreno, figure emblématique en Equateur », sur Terra Ecuador, (consulté le )
- « Gabriel Garcia Moreno, le héros martyr - Augustin Berthe », sur www.clovis-diffusion.com (consulté le )
- « Le sacrifice du président Garcia Moreno », sur La Contre-Réforme catholique au XXIe siècle (consulté le )
- « Presidencia de Diego Noboa », sur ecured.cu
- « Google Traduction », sur translate.google.com (consulté le )
- Biographie de GarcĂa Moreno par A. Berthe, Ă©ditions Retaux-Bray, 1890.
- FAUSTINO LEMO RAYO, diccionariobiograficoecuador.com
- Lien internet, Vie de Garcia Moreno, Père Auguste BERTHE, http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/18/98/43/histoire/vie-de-garcia-moreno.pdf
- selon DEMÉLAS Marie-Danielle, SAINT-GEOURS Yves, Jérusalem et Babylone : Politique et religion en Amérique du Sud: L'Équateur, XVIII-XIXème, Paris, éditions Recherches sur les Civilisations, 1989
- LOOR Wilfrido, Garcia Moreno y sus asesinos, Quito, 1967
Bibliographie
- Marie-Danièle Demélas, L’Invention politique. Bolivie, Pérou, Équateur au XIXe siècle, Paris, Ed. Recherches sur les civilisations, , 620 p., p. 431-438
- Augustin Berthe, Garcia Moreno, président de l'Équateur, vengeur et martyr du droit chrétien (1821–1875), Paris, Retaux-Bray,
- (es) Severo Gomezjurado Erazo, Vida de GarcĂa Moreno, Cuenca, El Tiempo,
- (es) Enrique Ayala Mora, Gabriel GarcĂa Moreno y la gestaciĂłn del estado nacional en Ecuador, Editorial Siglo XXI,
- (es) Rodolfo Pérez Pimentel, Diccionario biográfico de Ecuador, Guayaquil
- (es) Luis Robalino Dávila, OrĂgenes del Ecuador de hoy, Quito, Editorial Casa de la Cultura Ecuatoriana,
- (es) Diego di Marco et Facundo DĂaz RĂos, El autoritarismo catĂłlico de GarcĂa Moreno
- (es) MarĂa Teresa Romero Palacios et Manuel Romero Palacios, Gobernantes del Ecuador, Cuenca, Romlacio Editor,
- (es) Enrique Ayala Mora, Resumen de Historia del Ecuador, Quito, CorporaciĂłn Editora Nacional, , p. 135-142
- (es) Jorge Núñez Sánchez, El perĂodo de crisis 1859-1860
- (es) Julián Ruiz Rivera, Gabriel GarcĂa Moreno : Dictador ilustrado del Ecuador, Madrid, Anaya, coll. « Biblioteca Iberoamericana », , 128 p. (ISBN 84-207-2953-1)
- (es) Manuel Gálvez, Vida de don Gabriel GarcĂa Moreno, FundaciĂłn JesĂşs de la Misericordia, 2012 (1re Ă©d. 1942), 495 p.
- (en) CĂ©sar Bustos-Videla, Church and State in Ecuador: a History of Politico-Ecclesiastical Relations during the Age of Gabriel GarcĂa Moreno, 1860-1875 (thèse de doctorat), Georgetown University, , 365 p.
- (en) William Martin King, Ecuadorian Church and State Relations Under GarcĂa Moreno, 1859-1863 (thèse de doctorat), Austin, University of Texas, , 402 p.
- (de) Adolf von Berlichingen, Gabriel Garcia Moreno, Präsident der Republik Ecuador. Ein Leben im Dienst des Königtums Jesu Christi, Einsiedeln, Benziger, (rééd. Sanctus Verlag, Dettelbach 2007, (ISBN 978-3-89754-907-4))
- (de) Amara George-Kaufmann, Don Gabriel Garcia Moreno, Präsident der Republik Ecuador. Ein Lebensbild, nach historischen Quellen entworfen, Freiburg, Herder,
- (es) Pilar Ponce, Gabriel Garcia Moreno, Madrid, Editorial Historia, coll. « Protagonistas de América », (ISBN 84-7679-072-4)
- (es) Roberto Andrade, QuiĂ©n mato a GarcĂa Moreno? Autobiografia de un perseguido (deux tomes), Quito, Abya-Yala/Sociedad Amigos de la Genealogia, 1994 & 1995
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Auguste Berthe, « Vie de Garcia Moreno. Édition nouvelle soigneusement revue et corrigée », Paris