Eloy Alfaro
José Eloy Alfaro Delgado, né le à Montecristi et mort le à San Francisco de Quito, est un militaire, guérillero et homme d'État équatorien. Il fut le principal dirigeant de l'Équateur de 1895 à 1911, durant la Révolution libérale équatorienne (1895-1912).
Eloy Alfaro | ||
Portrait du maréchal suprême Eloy Alfaro. | ||
Fonctions | ||
---|---|---|
Maréchal suprême à vie d'Équateur | ||
– (5 ans, 11 mois et 6 jours) |
||
Prédécesseur | Lui-même (chef de la Nation) |
|
Successeur | Carlos Freire Zaldumbide (président de la république) |
|
Chef de la Nation Ă©quatorienne | ||
– (4 ans, 4 mois et 15 jours) |
||
Prédécesseur | Lui-même (dirigeant de la révolution libérale) |
|
Successeur | Lui-même (maréchal suprême à vie) |
|
Dirigeant de la Révolution libérale équatorienne | ||
– (6 ans, 2 mois et 9 jours) |
||
Prédécesseur | Luis Cordero Crespo (président de la république) | |
Successeur | Lui-mĂŞme (chef de la Nation) |
|
Biographie | ||
Nom de naissance | José Eloy Alfaro Delgado | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Montecristi, Équateur | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Quito, Équateur | |
Nationalité | Équatorienne | |
Parti politique | Parti radical libéral (parti de la Révolution) | |
Profession | Militaire | |
|
||
|
||
Dirigeants de l'Équateur | ||
Biographie
Jeunesse et premiers engagements politiques
Cinquième des huit enfants de Manuel Alfaro, commerçant espagnol, et de Natividad Delgado, il voyage dès son adolescence au PĂ©rou, en Colombie et en AmĂ©rique centrale pour y vendre des panamas. Dès 1864, opposĂ© au rĂ©gime du conservateur Gabriel GarcĂa Moreno et membre du Parti libĂ©ral Ă©quatorien, mais doit quitter l'Équateur pour Ă©chapper Ă un ordre de capture et se rĂ©fugier au Panamá, pays oĂą il rejoint la Franc-maçonnerie. Il fait fortune au Panama comme commerçant, et finance un soulèvement Ă Montecristi en 1870-1871.
Premières tentatives de prise du pouvoir
Alfaro revient en Équateur en 1876, après l'assassinat de GarcĂa Moreno, participe Ă un soulèvement qui amène au pouvoir le gĂ©nĂ©ral Veintimilla, mais rompt avec ce dernier en 1877 avant de repartir pour le Panama. Après un autre aller-retour en Équateur, il est incarcĂ©rĂ© fin 1878, et reste en prison quelques mois avant d'ĂŞtre libĂ©rĂ© en mars 1879 et de retourner une fois de plus, en mauvaise santĂ©.
Pendant la dictature de Veintimilla (1876-1883), il devient le principal dirigeant du libĂ©ralisme Ă©quatorien. Entre 1880 et 1883, Alfaro dirige des mouvements de guĂ©rilla, parvenant Ă prendre Guayaquil le , s'alliant avec des militaires conservateurs contre la dictature de Veintimilla. Trois gouvernements issus des forces d'opposition Ă Veintimilla se mettent en place alors: un Ă Quito contrĂ´lĂ© par les conservateurs, un Ă Guayaquil dirigĂ© par le libĂ©ral Pedro Carbo et un dans les provinces de ManabĂ et Esmeraldas dirigĂ© par Alfaro. Les trois gouvernements dĂ©cident de lancer conjointement un processus de transition en convoquant une AssemblĂ©e constituante en 1883. NommĂ© au grade de gĂ©nĂ©ral par l'AssemblĂ©e constituante, Alfaro se prĂ©sente Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle qui suit, mais Ă©choue face Ă JosĂ© MarĂa Plácido Caamaño et reprend immĂ©diatement sa lutte de guĂ©rilla. La guĂ©rilla est durement rĂ©primĂ©e et Alfaro quitte de nouveau le pays, voyageant dans de nombreux pays d'AmĂ©rique du Sud et du nord pour y trouver des soutiens, et s'Ă©tablit Ă Managua.
1895-1911 : au pouvoir
RappelĂ© pour prendre la tĂŞte d'un nouveau mouvement rĂ©volutionnaire qui Ă©clate le Ă Guayaquil, il est proclamĂ© "Chef suprĂŞme de la RĂ©publique". Cette date marque le dĂ©but de la RĂ©volution libĂ©rale. Il arrive dans cette ville le 19 juin, et y est reçu triomphalement, proposant de «mettre fin Ă la thĂ©ocratie». Après une bataille dĂ©cisive Ă Gatazo, près de la ville d'Ambato, Alfaro entre victorieusement Ă Quito le 24 septembre 1895, mais y est accueilli froidement. La guerre se termine avec la conquĂŞte du sud et du nord du pays, et Alfaro convoque une AssemblĂ©e constituante en 1896. Les deux prioritĂ©s du nouveau gouvernement sont l'instauration d'un État laĂŻc (exemplifiĂ© par fondation du Instituto Nacional MejĂa en 1897[1]) et la consolidation de l'État national par la construction du chemin de fer de Quito Ă Guayaquil.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Équateur, cette constitution n'invoque pas Dieu dans son prĂ©ambule, et met fin au Concordat avec l'Église catholique instituĂ© par GarcĂa Moreno. Pendant cette pĂ©riode, des prĂŞtres sont incarcĂ©rĂ©s, le palais de l'archevĂŞque de Quito est mis Ă sac. Des guĂ©rillas conservatrices se soulèvent dans le pays au printemps 1896, vaincues rapidement avant un nouveau soulèvement en 1898.
Son premier mandat prĂ©sidentiel se termine en 1901, et l'un de ses gĂ©nĂ©raux, Leonidas Plaza GutiĂ©rrez lui succède, suivi par un autre libĂ©ral, Lizardo GarcĂa, en 1905. Mais Eloy Alfaro parvient Ă reprendre le pouvoir après avoir pris la tĂŞte d'une armĂ©e Ă Riobamba, et convoque une nouvelle assemblĂ©e constituante en 1906, qui proclame la laĂŻcitĂ© de l'État et du système Ă©ducatif, la sĂ©paration de l'Église et de l'État, et introduit la libertĂ© de culte. Il promulgue des dĂ©crets confisquant une partie des biens de l'Église au profit des hĂ´pitaux, des asiles et de l'assistance sociale, et permettant le divorce par consentement mutuel.
Sur le plan politique, la liberté de presse et d'opinion est reconnue ; l'élection présidentielle se fait au suffrage universel direct pour quatre ans avec une clause de non rééligibilité immédiate. Sur le plan social, Alfaro crée des écoles, des collèges, des écoles normales. Il abolit les dimes et impôts sur les propriétés indigènes les plus pauvres, témoignant ainsi d'une préoccupation inédite de l’État pour le sort des indigènes[2].
Ce second mandat est marqué, par l'achèvement du chemin de fer de Quito à Guayaquil, mais également par de nouveaux soulèvements armés aussi bien conservateurs que libéraux. Le libéralisme équatorien se scinde en effet en deux tendances : les modérés, groupés autour de Leónidas Plaza et des notables du parti, veulent mettre un frein aux réformes entreprises par Alfaro; cette tendance se tourne vers les propriétaires terriens, la bourgeoisie d'affaires et le clergé. De l'autre, les radicaux, fidèles à Alfaro, veulent continuer les réformes contre les privilèges subsistant du vieux système patriarcal colonial[2].
Alfaro est finalement renversé en août 1911. Après un nouvel exil à Panamá, il reprend les armes à Guayaquil, mais est cette fois vaincu et emprisonné.
Chute et fin
Alfaro et ses partisans sont transférés de Guayaquil à Quito, par le chemin de fer, et laissés le aux mains d'une foule déchaînée par la propagande haineuse de ses adversaires. Ils sont lynchés, puis trainés au travers de la ville jusqu'à El Ejido, dans les faubourgs, où ils sont incinérés.
Références
- « Los ladrillos de Quito: Colegio Nacional MejĂa », sur Los ladrillos de Quito (consultĂ© le )
- Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, Éditions du Seuil, , p. 178-181
(es) Jorge Salvador Lara, Historia contemporánea del Ecuador, Mexico, Fondo de cultura económica, , 638 p. (ISBN 968-16-4174-4), p. 424-438