AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

G-quadruplex

Un G-quadruplex (G4) est une structure secondaire Ă  quatre brins que peuvent adopter les acides nuclĂ©iques (ADN ou ARN) riches en rĂ©sidus de guanine. Cette structure repose sur des appariements de bases de type Hoogsteen formant un plateau de quatre rĂ©sidus de guanine (G), Ă©galement appelĂ© « quartet ». L’empilement parallĂšle et ininterrompu d’au moins deux quartets, intercalĂ©s par un cation monovalent (sodium ou potassium) stabilisant la structure, constitue le G4. Ceci implique une structure primaire d’ADN contenant quatre paires de G pouvant se situer sur la mĂȘme molĂ©cule d’ADN (G4 intramolĂ©culaire) ou sur des molĂ©cules d’ADN diffĂ©rentes (G4 intermolĂ©culaire).

Structure d'un G-quadruplex. Gauche : G-quartet. droite : G-quadruplex intramoléculaire

Le placement et les liaisons pour former des G-quadruplex n'ont rien d'alĂ©atoire et ont des fonctions peu communes. Leur structure est d'autant plus stabilisĂ©e par la prĂ©sence d'un cation, le plus souvent le potassium, qui se trouve dans un canal central entre chaque paire de tĂ©trades[1]. Ils peuvent ĂȘtre formĂ©s d'ADN, d'ARN, de LNA et de PNA, et peuvent ĂȘtre intramolĂ©culaires, bimolĂ©culaires ou tĂ©tramolĂ©culaires[2]. Selon la direction des brins ou des parties d'un brin qui forment les tĂ©trades, les structures peuvent ĂȘtre dĂ©crites comme parallĂšles, antiparallĂšles, ou mixtes. Les structures des G-quadruplex peuvent ĂȘtre prĂ©dites par ordinateur Ă  partir de motifs de sĂ©quences d'ADN ou d'ARN[3] - [4], mais leurs structures rĂ©elles peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©es au sein et entre les motifs, jusqu'Ă  plus de 100 000 par gĂ©nome. Leurs activitĂ©s dans les processus gĂ©nĂ©tiques de base sont un domaine de recherche actif dans les domaines des tĂ©lomĂšres, de l'Ă©pigĂ©nĂ©tique, de la gĂ©nomique fonctionnelle, et de la recherche contre le cancer[5] - [6].

Découverte et caractérisation

Les G-quartets et les G-quadruplex ont Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©s pour la premiĂšre fois en 1962 par diffraction de rayon X[7]. Elles ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es de maniĂšre dĂ©taillĂ©e in vitro, et il a Ă©tĂ© montrĂ© qu’elles se formaient dans des conditions de salinitĂ© et de pH physiologiques[8], et que de nombreuses protĂ©ines Ă©taient capables de fixer, stabiliser, ou au contraire dĂ©rouler ces structures in vitro (pour revue[9]).

Les G-quadruplex existent dans le vivant

Structure 3D d'un G-quadruplex formé par la séquence télomérique humaine (brin G) (PDB 2HY9). Le squelette phosphate est représenté par un tube. Le centre de la structure contient trois empilements successifs de G-quartets. Les liaisons hydrogÚne sont représentées par des lignes bleues.

Outre les tĂ©lomĂšres, des Ă©tudes bioinformatiques ont rĂ©vĂ©lĂ© une forte prĂ©sence de sĂ©quences potentiellement capables de former des G-quadruplex dans tous les gĂ©nomes analysĂ©s jusqu’alors (plus de 270 000 chez l'homme). Ces sĂ©quences sont fortement enrichies Ă  certains loci notamment au niveau des promoteurs, et de l'extrĂ©mitĂ© 5'-UTR des ARN messagers et cela concerne plus particuliĂšrement certaines classes de gĂšnes, alors que d’autres en sont dĂ©pourvus. Ceci suggĂšre un rĂŽle conservĂ© de contrĂŽle transcriptionnel, d’épissage ou de traduction pour ces structures secondaires. Outre ce rĂŽle putatif dans le contrĂŽle de l’expression des gĂšnes, les G4 semblent intervenir dans de nombreux autres processus cellulaires, comme la biogenĂšse des ribosomes et la maturation des ARN ribosomiques, la recombinaison homologue, la rĂ©gulation de la structure des tĂ©lomĂšres, et l’inhibition ou l'initialisation[10] de la rĂ©plication des ADN ribosomiques et des tĂ©lomĂšres. L’implication des G4 dans ces mĂ©canismes oĂč l’ADN est activement ouvert est cohĂ©rente avec l’idĂ©e que le G4 ne peut se former que lorsque l’ADN (ou l’ARN) se trouve sous forme monocatĂ©naire.

Plusieurs Ă©tudes ont rĂ©cemment mis en Ă©vidence, directement ou indirectement, l'existence des G-quadruplex dans les organismes vivant. Chez les ciliĂ©s par visualisation directe Ă  l’aide d’anticorps extrĂȘmement affins des G-quadruplex formĂ©s par les tĂ©lomĂšres de Stylonychia lemnae[11] ainsi que le rĂŽle de deux protĂ©ines tĂ©lomĂ©riques (TEBPα et ß) dans la formation de cette structure dĂ©montrant un rĂŽle important des G-quadruplex dans le mĂ©tabolisme des tĂ©lomĂšres[12]. Chez l'homme, l'existence des G-quadruplex a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e Ă  l'aide de ligands liant spĂ©cifiquement les G-quadruplex tĂ©lomĂ©riques[13] - [14]. Chez la bactĂ©rie, la formation de G-quadruplex au cours de la transcription a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence par microscopie Ă©lectronique chez E. coli[15]. Un champ de l'Ă©tude des G-quadruplex rĂ©side Ă©galement dans leur visualisation en direct dans une cellule vivante, notamment via des mĂ©thodes de spectroscopie[16].

Notes et références

  1. Eric Largy, Jean-Louis Mergny et ValĂ©rie Gabelica, « The Alkali Metal Ions: Their Role in Life », Metal Ions in Life Sciences, Springer, vol. 16,‎ , p. 203–258 (PMID 26860303, DOI 10.1007/978-3-319-21756-7_7, lire en ligne)
  2. Bochman ML, Paeschke K, Zakian VA, « DNA secondary structures: stability and function of G-quadruplex structures », Nature Reviews. Genetics, vol. 13, no 11,‎ , p. 770–80 (PMID 23032257, PMCID 3725559, DOI 10.1038/nrg3296)
  3. Yadav VK, Abraham JK, Mani P, Kulshrestha R, Chowdhury S, « QuadBase: Genome-Wide Database of G4 DNA--occurrence and Conservation in Human, Chimpanzee, Mouse and Rat Promoters and 146 Microbes », Nucleic Acids Research, vol. 36, no Database,‎ , D381‐D385 (PMID 17962308, PMCID 2238983, DOI 10.1093/nar/gkm781)
  4. Dhapola P, Chowdhury S, « QuadBase2: Web Server for Multiplexed Guanine Quadruplex Mining and Visualization », Nucleic Acids Research, vol. 44, no W1,‎ , W277‐W283 (PMID 27185890, PMCID 4987949, DOI 10.1093/nar/gkw425)
  5. ModĂšle:CArticle
  6. Borman S, « Promoter quadruplexes folded DNA structures in gene-activation sites may be useful cancer drug targets », Chemical and Engineering News, vol. 87, no 44,‎ , p. 28–30 (DOI 10.1021/cen-v087n044.p028)
  7. GELLERT M, LIPSETT MN, DAVIES DR. Helix formation by guanylic acid.Proc Natl Acad Sci U S A. 1962 Dec 15;48:2013-8
  8. Parkinson GN, Lee MP, Neidle S. Crystal structure of parallel quadruplexes from human telomeric DNA. Nature. 2002 Jun 20;417(6891):876-80. Epub 2002 May 26.
  9. In vivo veritas: Using yeast to probe the biological functions of G-quadruplexes. Johnson JE, Smith JS, Kozak ML, Johnson FB. Biochimie. 2008 Feb 21
  10. (en) Anne-Laure Valton et al., « G4 motifs affect origin positioning and efficiency in two vertebrate replicators », EMBO J., vol. 33(7),‎ , p. 732-746
  11. Schaffitzel C, Berger I, Postberg J, Hanes J, Lipps HJ, PlĂŒckthun A. In vitro generated antibodies specific for telomeric guanine-quadruplex DNA react with Stylonychia lemnae macronuclei. Proc Natl Acad Sci U S A. 2001 Jul 17;98(15):8572-7
  12. Paeschke K, Simonsson T, Postberg J, Rhodes D, Lipps HJ. Telomere end-binding proteins control the formation of G-quadruplex DNA structures in vivo. Nat Struct Mol Biol. 2005 Oct;12(10):847-54
  13. Gomez D, Paterski R, Lemarteleur T, Shin-ya K, Mergny J.L. and Riou J.F. Interaction of telomestatin with the telomeric single-strand overhang.J Biol Chem. 2004 Oct 1;279(40):41487-94.
  14. (en) Giulia Biffi et al., « Quantitative visualization of DNA G-quadruplex structures in human cells », Nature Chemistry, vol. 5,‎ , p. 182-186
  15. Duquette ML, Handa P, Vincent JA, Taylor AF, Maizels N.Intracellular transcription of G-rich DNAs induces formation of G-loops, novel structures containing G4 DNA.Genes Dev. 2004 Jul 1;18(13):1618-29.
  16. (en) AurĂ©lien Laguerre et al., « Direct visualization of both DNA and RNA quadruplexes in human cells via an uncommon spectroscopic method », Scientific Reports, vol. 6 : 32141,‎

Bibliographie

Communiqués de presse académiques

Sites internet dédiés aux G-quadruplex

Outils de prédiction de G-quadruplex

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.