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Frederick Fleet

Frederick Fleet, né le à Liverpool et mort le à Southampton, est un marin britannique. Il est aujourd'hui connu pour être l'homme de veille qui a aperçu le premier l'iceberg qui a causé la perte du Titanic. Ayant survécu au naufrage, Fleet témoigne devant les commissions d'enquête avant de poursuivre sa carrière dans la marine jusqu'en 1936. Après cela, il devient vendeur de journaux dans les rues de Southampton.

Frederick Fleet
Description de l'image Frederick Fleet.gif.
Naissance
Liverpool, Angleterre
Décès (à 77 ans)
Southampton, Angleterre
Nationalité Britannique
Profession
Marin, vendeur de journaux
Conjoint
Eva Ernestine May LeGros (1890 - 1964)

Après avoir perdu sa femme et son foyer, il est retrouvé pendu en janvier 1965. Tout d'abord enterré dans une fosse commune, il repose depuis 1993 dans une tombe à son nom à la suite d'une action de la Titanic Historical Society.

Biographie

Jeunesse

Avant de servir sur le Titanic, Fleet a été marin quatre ans sur l’Oceanic.

Frederick Fleet est né le 15 octobre 1887 à Liverpool. Il n'a jamais connu son père, et sa mère l'abandonne rapidement pour partir avec son nouveau compagnon. Ainsi, il vit ses premières années au sein de diverses familles d'accueil et dans plusieurs orphelinats avant d'embarquer sur un navire de formation à l'âge de douze ans[1].

En 1903, âgé de seize ans, Fleet est engagé comme mousse. Il gravit ensuite les échelons jusqu'à devenir matelot qualifié. Par la suite, engagé par la White Star Line, il sert comme veilleur et marin sur l’Oceanic pendant quatre ans. En 1912, il est affecté au tout nouveau Titanic aux côtés de cinq autres veilleurs[1].

La traversée et la collision

L'un des icebergs soupçonnés d'être celui qu'a aperçu Fleet le soir du naufrage.
La passerelle de navigation du Titanic avec sur la droite le nid-de-pie.

Le Titanic quitte le port de Southampton le , puis fait deux escales, Ă  Cherbourg et Queenstown. Les veilleurs, au nombre de six, se relaient toutes les deux heures par groupes de deux. Ils alternent ainsi deux heures de veille et quatre heures de repos[2].

La traversée est sans histoires jusqu'au dimanche 14 avril. À 22 heures, Fleet et son collègue Reginald Lee prennent la relève des veilleurs Archie Jewell et George Symons. Ces derniers leur font passer les ordres transmis plus tôt par le deuxième officier Charles Lightoller concernant les risques de glaces et l'attention qu'ils doivent y porter[3]. La nuit est calme et sans Lune, ce qui ne facilite pas la recherche des icebergs dans la mesure où il n'y a ni reflets ni vaguelettes pour les rendre plus visibles[4]. De plus, il n'y a pas de jumelles dans le nid-de-pie malgré les demandes répétées des veilleurs : en effet, un changement de dernière minute dans la hiérarchie des officiers a poussé l'un d'entre eux, David Blair, muté sur l’Olympic à quitter le navire sans préciser où se trouvent les jumelles[5]. Selon d'autres versions, Blair a emporté la clé du placard contenant les jumelles, bien que cette clé ait plus probablement été celle du téléphone du nid-de-pie, dont il existe un double à bord[6]. Quoi qu'il en soit, aucune des neuf autres paires présentes à bord n'a été fournie aux vigies, sans qu'aucune explication ne puisse être donnée lors des commissions d'enquête : les jumelles fournies au pilote n'étaient pourtant pas utilisées pendant la traversée[7]. Cependant, certains spécialistes considèrent que les jumelles n'auraient pas permis de voir l'iceberg mais seulement de préciser la forme d'un éventuel obstacle. De plus, les veilleurs des navires de la White Star sont habitués à ne pas se servir de jumelles depuis de nombreuses années[8].

Ă€ 23 h 40, Fleet distingue une forme devant le navire, qui apparaĂ®t rapidement ĂŞtre un iceberg. Afin de signaler la prĂ©sence du bloc de glace, il sonne trois coups de cloche[Note 1], et tĂ©lĂ©phone Ă  la passerelle. Le sixième officier James Paul Moody rĂ©pond Ă  l'appel. Averti de la situation, il rĂ©pond d'un bref « merci Â» avant de prĂ©venir le premier officier William Murdoch[9].

Tandis que le navire commence à tourner, Fleet comprend que la collision est inévitable et pourrait entraîner la chute du mât sur lequel il se trouve. Il ordonne alors à Lee de quitter son poste, mais ce dernier ne bouge pas, pensant probablement ne pas avoir le temps de descendre[10]. Les deux hommes sont légèrement secoués et voient des blocs de glace tomber sur le pont, mais le mât tient[1]. En réalité, la collision est même peu perçue par la plupart des passagers[11].

Le naufrage et ses suites

Le canot no 6, avec Frederick Fleet à son bord (penché à l'avant), approche du Carpathia.

Durant les vingt minutes suivantes, les deux veilleurs restent à leur poste, et sont relevés à minuit par Alfred Evans et George Hogg qui retournent sur le pont vingt minutes plus tard[12] - [13].

Par la suite, Fleet est appelé sur le pont des embarcations et aide à la préparation du canot no 6[2]. Il embarque ensuite à son bord[14] - [15]. Il y est le seul marin avec le quartier-maître Robert Hichens, ce qui pousse Margaret Brown, également à bord, à demander l'embarquement de marins supplémentaires pendant la descente du canot. Arthur Godfrey Peuchen propose son aide et embarque en se laissant glisser le long d'un câble jusqu'au canot[16].

Toute la nuit, le canot cherche Ă  atteindre les feux d'un navire aperçu au loin, sans y arriver[2]. Ce navire est peut-ĂŞtre le Californian ou le Samson[17]. Tandis qu'Hichens tient la barre, Fleet et le major Peuchen manient les avirons[18]. Le quartier-maĂ®tre affiche par ailleurs un comportement hautain durant toute la durĂ©e des Ă©vĂ©nements, ne cessant de « houspiller les rameurs Â» selon Helen Churchill Candee, passagère du canot, et refuse catĂ©goriquement de retourner chercher des survivants[Note 2] - [19]. Le canot atteint finalement le Carpathia Ă  6 heures le matin du [20].

Après le dĂ©sastre du Titanic, Fleet tĂ©moigne auprès des commissions d'enquĂŞte et rĂ©vèle au sĂ©nateur William Alden Smith qui prĂ©side la commission sĂ©natoriale amĂ©ricaine qu'il n'y avait pas de jumelles dans le nid-de-pie. Selon lui, cela aurait permis d'Ă©viter la collision[2]. Devant la commission britannique, il subit un long interrogatoire souvent rĂ©pĂ©titif et ne rĂ©pond donc pas Ă  certaines questions qui lui sont posĂ©es trop souvent. Lord Mersey, prĂ©sident de la commission, conclut ainsi l'entretien : « Je suis votre obligĂ©, je pense que vous avez très bien Ă©noncĂ© votre tĂ©moignage, bien que vous sembliez vous mĂ©fier de nous tous Â», ce Ă  quoi Fleet rĂ©pond un « Merci Â» teintĂ© d'ironie[21].

Fin de vie

Fleet sert ensuite un temps Ă  bord de l’Olympic avant de quitter la White Star Line en aoĂ»t 1912, voyant que les membres d'Ă©quipage rescapĂ©s sont moins bien traitĂ©s par la compagnie qui prĂ©fère oublier tout ce qui se rapporte Ă  l'Ă©vĂ©nement, et ont donc peu de chances d'avancement[Note 3] - [1]. Pendant 24 ans, il navigue pour d'autres compagnies maritimes notamment l'Union-Castle Line. Lorsqu'il quitte la mer en 1936, il est engagĂ© par les chantiers navals Harland & Wolff sur leur site de Southampton[Note 4]. Il sert Ă©galement l'Union-Castle Line sur la terre ferme. Il rĂ©side durant tout ce temps avec son Ă©pouse chez le frère de celle-ci Ă  Southampton[22].

Fleet devient ensuite vendeur de journaux durant sa retraite, traversant une pĂ©riode difficile financièrement[22]. Après le dĂ©cès de sa femme le 28 dĂ©cembre 1964, son beau-frère le chasse de son foyer. Il est retrouvĂ© pendu le 10 janvier 1965 dans le jardin de celui-ci, Ă  l'âge de 77 ans[14] - [23].

D'abord enterré dans une fosse commune, il repose depuis 1993 dans le cimetière de Shirley dans le Hampshire, grâce à l'action de la Titanic Historical Society[24] - [1] - [25] - [22].

Fleet au cinéma

Le rôle de Fleet dans le naufrage du Titanic a rendu son apparition récurrente dans les films traitant du sujet, bien qu'il n'apparaisse généralement qu'un court instant. Dans le film de Roy Ward Baker Atlantique, latitude 41°, il est incarné par Bernard Fox, qui n'est pas crédité pour ce rôle[Note 5] - [26].

Dans le film de James Cameron, Titanic, il est incarné par Scott G. Anderson[27]. Outre la scène de la collision, il apparaît dans une scène coupée montrant Margaret Brown lui apprenant à manier un aviron dans le canot no 6.

Notes et références

Notes

  1. Les trois coups de cloche signalent la présence d'un obstacle droit devant, un coup signalant un obstacle venu de bâbord, et deux coups, de tribord.
  2. Le canot contenant 26 personnes pour une capacitĂ© de 65, il pouvait aisĂ©ment transporter plus de personnes.
  3. Le deuxième officier Charles Lightoller a par la suite fait le même constat et a également quitté la compagnie. De plus, aucun des officiers survivants n'a obtenu de commandement dans la marine marchande.
  4. Les chantiers Harland & Wolff, basés à Belfast, sont également ceux qui ont construit le Titanic, ainsi que la plupart des navires de la White Star Line.
  5. Bernard Fox incarne Ă©galement le colonel Archibald Gracie dans le film Titanic de James Cameron.

Références

  1. (en) « Mr Frederick Fleet Â», Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  2. (en) « Testimony of Frederick Fleet Â», « Titanic Â» Inquiry Project. ConsultĂ© le 8 octobre 2009.
  3. Mark Chirnside 2004, p. 154.
  4. Hugh Brewster et Laurie Coulter 1999, p. 42.
  5. GĂ©rard Piouffre 2009, p. 88.
  6. (en) « Key that could have saved the « Titanic Â», The Telegraph. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  7. GĂ©rard Piouffre 2009, p. 89.
  8. Mark Chirnside 2004, p. 145.
  9. GĂ©rard Piouffre 2009, p. 138.
  10. Mark Chirnside 2004, p. 155.
  11. GĂ©rard Piouffre 2009, p. 149.
  12. (en) « Mr Alfred Frank Evans Â», Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  13. (en) « Mr George Alfred Hogg Â», Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  14. (fr) « Que sont-ils devenus ? ; Frederick Fleet Â», Le Site du « Titanic Â». ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  15. Mark Chirnside 2004, p. 169.
  16. (en) « Major Arthur Godfrey Peuchen Â», Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  17. Mark Chirnside 2004, p. 320.
  18. Mark Chirnside 2004, p. 170.
  19. GĂ©rard Piouffre 2009, p. 169 - 171.
  20. (fr) « Composition du canot no 6 Â», Le Site du « Titanic Â». ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  21. Mark Chirnside 2004, p. 206 - 207.
  22. (en) « Frederick Fleet (1887 - 1965) Â», Maritime Quest. ConsultĂ© le 22 octobre 2009.
  23. (en) « Titanic Â» Lookout Is Dead by Hanging After Wife's Death Â», The New York Times sur Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 8 octobre 2009.
  24. (en) « Frederick Fleet Â», Find a Grave. ConsultĂ© le 4 octobre 2009.
  25. (en) « Fred Fleet's Grave Â», Encyclopedia Titanica. ConsultĂ© le 8 octobre 2009.
  26. (en) « Bernard Fox (I) Â», IMDb. ConsultĂ© le 8 octobre 2009.
  27. (en) « Scott G. Anderson Â», IMDb. ConsultĂ© le 8 octobre 2009.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Hugh Brewster et Laurie Coulter (trad. de l'anglais), Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le « Titanic », Grenoble/Toronto (Ontario), GlĂ©nat, , 96 p. (ISBN 2-7234-2882-6)
  • (en) Mark Chirnside, The Olympic-class ships : « Olympic », « Titanic », « Britannic », Tempus, , 349 p. (ISBN 0-7524-2868-3)
  • GĂ©rard Piouffre, Le « Titanic » ne rĂ©pond plus, Paris, Larousse, , 317 p. (ISBN 978-2-03-584196-4)

Liens externes

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