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Franz Priking

Franz Priking (né Pricking) est un peintre et lithographe allemand né le à Mülheim (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et mort le [1] à Oppède (Vaucluse).

Franz Priking
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Naissance
Décès
Période d'activité
Nationalité
Allemande
Activité
Maître
Lieu de travail
Mouvement

Biographie

La sensibilité picturale de Franz Priking, né à Mülheim en 1929, est éveillée dès son enfance par l'éducation d'un père ingénieur en métallurgie (mort en 1947) passionné de Renaissance italienne et d'art baroque.

Franz Priking aborde la peinture au terme d'études de philosophie, s'orientant tout d'abord vers une abstraction lyrique « révélatrice d'une sensibilité en quête d'elle même »[2]. Les séjours qu'il fait ensuite au Bauhaus de Weimar (1948) et à l'Académie des arts de Berlin (où il est élève de Max Pechstein entre 1948 et 1950[3] et où Karl Hofer fait l'éloge de ses dessins[4]) lui révèlent, avec l'expressionnisme allemand, une forme d'art plus conforme à son tempérament. C'est durant cette période qu'à Berlin, par l'intermédiaire du peintre Hans Tombrock (de), Priking se rapproche de Bertolt Brecht, vivant dix mois dans la proximité du dramaturge.

En 1950, Franz Priking quitte l'Allemagne pour Paris, où il reste peu de temps, gagnant la Provence et s'arrêtant à Villeneuve-lès-Avignon. Lors de sa première exposition française au musée Réattu d'Arles, en 1952, il rencontre Pablo Picasso et va travailler pendant sept mois sous les conseils du maître à Vallauris :

« J'étais profondément passionné par Picasso, par son principe de structure et d'organisation du tableau, évoque Franz Priking[4]. Le thème m'importait beaucoup moins que le concept rythmique nouveau qu'il m'apprenait. Et surtout, j'abandonnais à ce moment la couleur vive que j'avais retenue de la période expressionniste, l'opposition des couleurs actives employées presque pures, et j'ai commencé à travailler la couleur de façon qu'elle devienne rationnelle… Les teintes sont devenues beaucoup plus terrestres, plus proches de la terre. »

Priking, après ces sept mois, revient dans la région d'Avignon, à Barbentane. C'est l'époque où il épouse Gil, où il vit de travaux alimentaires le jour, peignant la nuit.

En 1953-1954, le détachant d'une courte tentation cubiste initiée par Picasso, apparaissent dans ses tableaux les larges cernes noires dont il va durablement entourer les objets et qui demeurent aujourd'hui la caractéristique la plus connue de son œuvre, interprétées aussi comme la recherche de ce « réalisme nouveau » dans la libre réminiscence des théories de Bertolt Brecht[4] et dont il s'expliquera dans un écrit, Manifeste du nouveau réalisme. Le marchand de tableaux Emmanuel David, rencontré par l'entremise du Dr Bigonnet[5], raconte comment alors, intéressé par Franz Priking, il est venu spécialement de Paris pour frapper à sa porte et entamer une collaboration qui durera jusqu'en 1979[6].

Franz Priking acquiert en 1958 la maison médiévale d'Oppède (no 5, place de la Croix)[7] dont pendant des années il va entreprendre la restauration, « transformant ce vaste cellier en nef gothique[2] », aménageant toutefois son atelier « dans la montagne, à cheval entre la vigne et la pinède[4] », « hors du village, dans une ferme isolée, à demi-ruinée, où il trouve le recueillement et le quasi-dénuement dont il a besoin pour créer[2] ». Une autre relation durable se noue alors avec la galerie de Philippe et Madeleine Ducastel, à Avignon.

En 1970, après une brève période abstraite, une forme de symbolisme s'introduit dans l'œuvre de Franz Priking qui était jusqu'alors de pure représentation (nus, natures mortes, paysages) et qui va se constituer de cavalières ailées à tête d'aigle, de rochers en lévitation, de paysages emprisonnés sur des îlots flottant dans l'espace, les perspectives étant affirmées par des géométries (cercles, lignes droites, rectangles, triangles) s'y superposant, l'artiste reformulant ainsi son « principe d'une conception structurée que l'on obtient par une construction mathématique à l'intérieur d'une pensée précise[4] ».

Franz Priking meurt le , à quelques semaines de son exposition rétrospective faisant la saison estivale du château de Val. Sa toile Le Château de Val, conservée au château, est son dernier tableau[8].

Une vente de plusieurs de ses toiles a eu lieu en à l'hôtel Drouot à Paris[5]. Elle était constituée de l'importante collection du Dr Jean Bigonnet et témoigne de sa longue amitié avec le peintre, rencontré alors que ce dernier était ouvrier chez le décorateur Pochy à Avignon et responsable de la patine de la bibliothèque de Bigonnet, devenu son mécène[5].

Expositions

Expositions particulières

Expositions collectives

RĂ©ception critique

  • « Le monde de Priking semble avoir renoncĂ© Ă  toute lumière, Ă  toute chaleur vivante, maisons sans fenĂŞtres, arbres torturĂ©s, rivages ou campagnes dĂ©serts, cieux sans soleil. Des cernes noirs et gras, un empâtement, un chromatisme brun, vert, gris ; une mise en page somptueuse, des objets disposĂ©s solennellement qui s'immobilisent pour une Ă©ternitĂ© sans amour, tels nous apparaissent ses paysages de Tolède ou de Provence avec leur aspect tragique, ses fleurs graves et Ă©nigmatiques. » ― Henry Galy-Carles[10]
  • « Ce franc-tireur des rythmes et des harmonies fortes Ă©voque le monde qui l'entoure Ă  travers son tempĂ©rament, donnant aux apparences un relief saisissant, une densitĂ© accrue, une prĂ©sence envoĂ»tante. Il ne dĂ©forme pas le rĂ©el, il l'intensifie. Il promène sur la crĂ©ation un regard neuf et pathĂ©tique… Ce qui distingue son style, c'est la tension intime, la spontanĂ©itĂ© du jaillissement chromatique, la concision nerveuse de l'Ă©criture, la beautĂ© de l'enrythmie, la puissance du dialogue entre le visible et l'impĂ©nĂ©trable, l'affirmation sereine de certitudes dĂ©cisives. » ― AndrĂ© Weber[20]
  • « La pâte toujours gĂ©nĂ©reuse est posĂ©e avec une grande sĂ»retĂ©. Sans refuser les sĂ©ductions du dĂ©cor, Priking se soumet très facilement aux lois de la surface plane ; sa vision clairement figurative transparaĂ®t dans une recherche toujours visible du volume de l'espace, des effets de lumière et des sensations de la matière. GĂ©nĂ©ralement grave et statique, la peinture de Priking peut nĂ©anmoins atteindre une violence et un dynamisme qui renouvellent sa vision de la nature. Il suggère alors l'Ă©lan vital de l'olivier par l'Ă©tirement excessif des branches, la nervositĂ© de la touche, la rĂ©alitĂ© palpitante de la matière picturale qui fuse et tournoie, fixant en une mystĂ©rieuse alchimie la fougue irrĂ©sistible de la main. » ― Florence Servas[2]
  • « Priking ! Oui, un des meilleurs peintres de notre Ă©poque… » ― Emmanuel David[6]
  • « Le ton rĂ©servĂ©, l'expressionnisme grave d'un peintre allemand qui, Ă  24 ans, choisit de vivre Ă  Paris et en Provence. Son graphisme solide, mais solidement marquĂ©, ses natures mortes, ses marines et ses paysages purs de tout intellectualisme retiennent le spectateur par une sorte de puissance contenue. » ― GĂ©rald Schurr[21]

RĂ©compenses et distinctions

  • Prix de la Jeune Peinture, 1958.
  • Membre de l'Institut international des arts et lettres de Genève, 1961.
  • Membre honoris causa (mĂ©daille d'argent) de l'AcadĂ©mie internationale Tommaso Campanella, Rome, 1970.
  • Prix de l'Union mĂ©diterranĂ©enne d'art moderne, 1972.

Collections publiques

Chili
États-Unis
France
Italie
Suisse

Collections particulières référencées

Notes et références

  1. Mairie d'Oppède, registres municipaux.
  2. Florence Servas, « De l'abstraction à l'expressionniste, Priking à Oppède-le-Vieux », A.B.C. Décor, .
  3. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001.
  4. Jean-Paul Clébert, Priking, Paris, Éditions RST, 1974.
  5. « Arts modernes et contemporains », Gazette Drouot, . Lire en ligne.
  6. Emmanuel David (galerie Drouant-David, puis galerie Emmanuel David), Le métier de marchand de tableaux, Éditions France-Empire, 1978. Sur Franz Priking, p. 145-148.
  7. André M. Alauzen, « Priking à Oppède », Jardin des arts, Jules Tallandier, Paris, .
  8. René Chabannes, « Priking, été 1979 », in : Quarante ans d'exposition au Château de Val, Artogue, 2014.
  9. Journal de l'amateur d'art, no 199, , p. 6.
  10. Henry Galy-Carles, « Priking Â», Journal de l'amateur d'art, no 242, , p. 9.
  11. Jean-Pierre Hubrecht, « Les galeries à Mareseiile - Werther chez Merenciano », Vision sur les arts, no 31, 1963, p. 29.
  12. L'exposition Franz Priking, hôtel Atrium, Arles, 2003, présentée par sa fille Catherine Caly-Priking.
  13. Contemporary Art Center, La collection Julius Fleischmann, présentation de l'exposition, 1959.
  14. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992, p. 319.
  15. Collectif (sous la direction d'André Flament, Jean-Noël Doutrelen et André Verbiest, La Vie paysanne - Les peintres témoins de leur temps, Les Presses artistiques / Diffusion internationale d'art moderne, Paris / Hachette, Vanves, 1976, p. 70.
  16. Collectif (sous la direction d'André Flament, Roger Bouillot, Dina Carayol, Jean-Noël Doutrelen et André Verbiest), La Fête - Les peintres témoins de leur temps, Les Presses artistiques / Hachette, Vanves, 1977, p. 76.
  17. La collection privée Janet Greenberg sur maxagostini.com.
  18. Musée d'art de Pully, De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki, le fonds d'estampes Cailler, présentation de l'exposition, 2013.
  19. Le Hérault juridique, Focus sur la peinture méridionale à la Galerie Réno, .
  20. André Weber, « Les aquarelles de Franz Priking », A.B.C. Décor, 1962, à propos des expositions Franz Priking aux galeries Martin Caille de Paris et Aix-en-Provence.
  21. GĂ©rald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Ă©ditions de l'amateur, 1981.
  22. Le Lowe Art Museum, Floride.
  23. Musée d'Art de Pully, Fonds et collection.
  24. L'ambassadeur John L. Loeb, collectionneur d'art, biographie

Annexes

Bibliographie

  • Georges Besson, « Franz Priking - Marcel Roche Â», Les Lettres françaises, no 696, , p. 11.
  • GĂ©rald Schurr, « Franz Priking », in : Les chefs de file de la nouvelle Ă©cole figurative, Vallauris, Ă©dition Galerie de la Colombe, 1960.
  • AndrĂ© M. Alauzen, « Priking Ă  Oppède », Jardin des Arts, no 102, Paris, Jules Tallandier, .
  • Jean-Paul ClĂ©bert, Priking, Éditions RST, 1974.
  • Emmanuel David, Le mĂ©tier de marchand de tableaux, entretiens avec HervĂ© Le Boterf, Éditions France-Empire, 1978.
  • Sanjiro Minamikawa, Ces maĂ®tres dans leur atelier, Japon, Asahi Sonorama, 1980.
  • GĂ©rald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 Ă  nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  • Emmanuel BĂ©nĂ©zit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, GrĂĽnd, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001.
  • RenĂ© Chabannes, Quarante ans d'exposition au Château de Val, Artogue, 2014.

Liens externes

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