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ForĂȘt de Pail

La forĂȘt de Pail est une forĂȘt privĂ©e de 2 737 hectares situĂ©e dans les communes d'Averton (90 %) et Crennes-sur-FraubĂ©e (10 %), dans le dĂ©partement de la Mayenne, Ă  30 km Ă  l'est de la ville de Mayenne. La forĂȘt appartient Ă  la famille de Poix, rĂ©sidant au chĂąteau de Lorgerie situĂ© au cƓur de la forĂȘt.

Massif forestier de Pail
Image illustrative de l’article ForĂȘt de Pail
Localisation
Position Averton
CoordonnĂ©es 48° 22â€Č nord, 0° 13â€Č ouest
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Pays de la Loire
DĂ©partement Mayenne
GĂ©ographie
Superficie 2 737 ha
Longueur 10 km
Altitude
· Maximale
· Minimale

340 m
120 m
Compléments
Protection ZNIEFF 520005878
Essences chĂȘne, conifĂšre
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
ForĂȘt de Pail
GĂ©olocalisation sur la carte : Mayenne
(Voir situation sur carte : Mayenne)
ForĂȘt de Pail
GĂ©olocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
ForĂȘt de Pail

GĂ©ographie

C'est une forĂȘt situĂ©e dans le Nord-Est du dĂ©partement de la Mayenne. Elle est exclue du parc naturel rĂ©gional Normandie-Maine qu'elle jouxte Ă  sa partie centrale sud. Elle se prĂ©sente comme un massif de 2 737 ha, allongĂ© sur 10 km du nord-est au sud-ouest. La partie nord-est se termine par la Corniche de Pail qui, se prolongeant vers le nord, jusqu'Ă  PrĂ©-en-Pail, monte Ă  383 m, rivalisant avec au nord-est le mont des Avaloirs qui culmine Ă  416 m, point le plus haut de l'Ouest de la France. La forĂȘt s'Ă©tend sur deux communes : la plus grande partie sur Averton et le reste sur Crennes-sur-FraubĂ©e. La Corniche de Pail s'Ă©tend sur trois communes qui portent son nom : Villepail, Saint-Cyr-en-Pail et PrĂ©-en-Pail.

Toponymie

Mentions anciennes

Le nom de la forĂȘt est mentionnĂ© sous les formes suivantes : Foresta que vocatur Pail au XIe siĂšcle. (Bibl. nat. , lat. 5.444, f. 492); Sylva que Pal vocatur en 1096 (Cartulaire de Saint-Vincent, ch. 502); Foresta de Pail en 1097 (Histoire de Mayenne, pr. XII); Foresta de Pratis au XIIe s. (Cartulaire de la Couture, p. 196); Foresta nuncupata de Paail en 1374 (Archives nationales X/1a. 45, f. 207); La forĂȘt segrĂ©at de Pail en 1669 (Aveu de Mayenne)[1].

Étymologie

L'étymologie de Pail est obscure et probablement pré-latine[2]. Une hypothÚse récente suggÚre que Pail procÚde de l'indo-européen *pala « montagne »[3], apparenté à la racine indo-européenne *palis, *pales « hauteur rocheuse » à comparer au latin palatinus (« Mont Palatin »)[4] et correspondrait nettement au relief de la corniche de Pail. La principale objection à cette proposition étant le maintien du p- indo-européen initial, car il aurait dû s'effacer en gaulois, *palis ayant en effet donné alis- / ales- « hauteur rocheuse, falaise » que l'on retrouve dans Alizay (Eure); Alise-Sainte-Reine (CÎte-d'Or), etc.[5].

Histoire

À l'Ă©poque de l'indĂ©pendance gauloise toutes ces rĂ©gions Ă©taient couvertes d'une vaste forĂȘt. Elle devait servir de marche frontiĂšre entre les Auleques Diablintes et les Essui et les Sagii. La taille de cette forĂȘt ne reprĂ©sente plus qu'une infime partie de ce qu'elle Ă©tait au dĂ©but du Moyen Âge en occupant un vaste territoire entre la Normandie et le Maine[6].

Le défrichement fut important au XIe siÚcle et XIIe siÚcle [7] - [8]précédé par l'établissement d'ermites, en particulier à Saint-Sulpice-des-ChÚvres (Gesvres) et la Trinité (sancta Trinita de Palea, 1146) (Pré-en-Pail).

La forĂȘt appartint au XIe siĂšcle Ă  Gaultier le Boigne, bienfaiteur du prieurĂ© de d'AssĂ©-le-Boine et en partie de Robert, fils de Viternus de JuillĂ© qui, partant pour JĂ©rusalem, donna au prieur de PrĂ©-en-Pail les dĂźmes et redĂźmes de la forĂȘt, 1096. Guillaume de Doucelle fut hĂ©ritier des Le Boigne en 1244 ; il eut pour successeurs les sieurs de La FertĂ©, seigneurs de ResnĂ© en LigniĂšres-la-Doucelle[1].

En 1364, la forĂȘt passe Ă  AndrĂ© d'Averton, chevalier qui l'acheta aux hĂ©ritiers de la FertĂ© pour 1 024 florins. Il augmenta son domaine par de nouvelles acquisitions sur Jean de Bazeille et Jean d'Usages, confirmĂ©es en 1398, par arrĂȘt du parlement. Les sieurs d'Averton gardĂšrent toujours depuis ce domaine jusqu'au dĂ©cĂšs de la veuve de RenĂ©-Emmanuel d'Averton, en 1706.

Juridiction

La forĂȘt de Pail formait un fief ayant haute, moyenne et basse justice, parfaitement distinct des seigneuries voisines de PrĂ©-en-Pail ou d'Averton, et mouvant de la baronnie de Mayenne, comme le reconnait Jean d'Averton, en 1475[1].

La forĂȘt de Pail dĂ©pendait d'une juridiction spĂ©ciale [9]. Elle comprenait : bailli, procureur, greffier, sergent; ils tenaient leurs assises Ă  CourcitĂ©. En sont baillis :
Jean Mouchet, 1450, 1457;
Julien ChĂ©reau, sieur de la ForĂȘt, Ă©cuyer, 1457 ;
Jean Pitard, 1459;
Jean Blanchet, 1483;
Claude Le Breton, 1625.

Droits d'usages

Un bourgeois de Villaines était tenu « de garder les arcs et artilleries du seigneur et de ses forestiers, et aussi espies et autres ferrements quant on les luy baille à garder en son hostel».

Le commandeur du Grateil, pour son droit d'usage, devait un souper et un dĂźner au seigneur et Ă  sa dame, ses gens, ses chevaux, et ses chiens.

Exploitation

En 1384, il y avait un fermier de la forĂȘt. Jean Lemegissier, curĂ© de Grazay, qui avait fait un marchĂ© avec lui pour mettre en forĂȘt autant de porcs qu'il voudrait, « sans aller au panage », ni faire dĂ©claration, en payant quatre denniers pour les petits et huit pour les gros, se plaignit Ă  l'official qu'on lui eĂ»t saisi, malgrĂ© la convention faite, sa bande de soixante-huit porcs[9] - [10].

En 1785, Mademoiselle de Berthomas, maĂźtre de forges de la GaudiniĂšre, se plaint d'attroupements et de « rĂ©voltes » de ses ouvriers en forĂȘt de Pail ; elle dĂ©nonce les frĂšres Brault, d'Averton, qu'elle considĂšre comme les meneurs. En 1787, les bĂ»cherons Ă©taient en grĂšve et des coups de fusil furent tirĂ©s sur deux « dresseurs de fours » qui voulaient travailler[1].

En 1792, la forĂȘt est dĂ©vastĂ©e, les gardes sont menacĂ©s de mort. GuĂ©rin, maĂźtre des forges de la GaudiniĂšre, veut rĂ©silier son bail, 1793. On y place un cantonnement, [9]. Le , un parti de Chouans s'Ă©tait retirĂ© dans la forĂȘt[1].

Biodiversité

Geofroy d'Averton donne sept chĂȘnes Ă  prendre chaque annĂ©e aux religieux de Beaulieu, 1326. PrĂ©cĂ©demment les seigneurs de Doucelle en avaient donnĂ© le mĂȘme nombre aux moines de Saint-AndrĂ© de Montfort[9].

La forĂȘt de Pail est composĂ©e de prĂšs de 80 % de chĂȘnes et quelques replantations de rĂ©sineux. Elle se situe sur un bloc de quartzites et grĂšs primaires.

ChĂȘnaies acidiphiles. Sur le flanc Est du synclinal de Pail, certains secteurs de la forĂȘt possĂšdent des hĂȘtraies Ă  houx acidiphile et des tourbiĂšres boisĂ©es. (ZNIEFF)

Notes et références

  1. ANGOT (abbé). Dictionnaire Historique de la Mayenne. (1962), t. 3, p. 209-210.
  2. Lucien Beszard, Étude sur l'origine des noms de lieux habitĂ©s du Maine, (1910), p. 330.
  3. GĂ©rard Taverdet, Noms de lieux du Maine, Bonneton, 2003, p. 36.
  4. Jacques Lacroix, Les noms d’origine gauloise : la Gaule des combats, Errance, Paris, 2004, p. 125.
  5. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire Ă©tymologique des noms de riviĂšres et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978, pp. 5 et 8.
  6. MUSSET (René). Le Bas Maine. cf. Carte n°52 (1917), p. 234.
  7. ANGOT (abbé). Dictionnaire Historique de la Mayenne. (1900), t. 1, p. 36-37.
  8. MUSSET (René. Le Bas Maine (1917), p. 239.
  9. ANGOT (abbé). Dictionnaire Historique de la Mayenne. (1962), t. 4, p. 696-697
  10. SENS (Suzanne). Voyage Ă  travers l'histoire de la Mayenne (1985), p. 121.
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