ForĂȘt d'Ardenne
La forĂȘt d'Ardenne ou forĂȘt ardennaise, est le nom donnĂ© depuis l'AntiquitĂ© Ă un vaste massif forestier primaire Ă cheval sur la France, la Belgique et s'Ă©tendant jusqu'au Luxembourg et Ă l'Allemagne (l'Eifel). Cette forĂȘt est la plus grande de toute la Gaule selon Jules CĂ©sar qui la cite Ă deux reprises[1] dans sa guerre des Gaules. Elle est Ă©galement citĂ©e un peu plus tard par le gĂ©ographe grec Strabon, et apparaĂźt aussi dans des Ćuvres de William Shakespeare, par exemple Comme il vous plaira.
Ătymologie
Le mot Ardenne, Arduenna silva en latin, pourrait dériver du celtique ard, qui signifie « hauteur », c'est aussi le nom d'une déesse celtique Arduenna.
L'ancienne extension de cette forĂȘt pourrait expliquer des toponymes Ă©loignĂ©s des Ardennes actuelles, dont le lieu-dit le « Gond d'Ardenne » dans la vallĂ©e de l'Aa dans le Pas-de-Calais, entre Saint-Omer et ThĂ©rouanne, qui pourrait signifier « pont (ou guĂ©) des ardennes ». Cependant l'existence de l'Abbaye d'Ardenne Ă Caen et d'Ardennes un hameau de la commune de Chavigny-Bailleul, tous deux en Normandie, ainsi que l'Ardenne ou Ardennes, riviĂšre de Bretagne, Lardenne, un quartier toulousain et l'Ardenne Haute, ancien nom d'Ancely, un autre quartier de Toulouse rendent douteuse cette thĂ©orie.
Sources historiques
En 54 av. J.-C., alors qu'une partie significative des forĂȘts d'Europe de l'Ouest est dĂ©jĂ dĂ©frichĂ©e au profit de l'agriculture, Jules CĂ©sar Ă©voque un vaste massif forestier qu'il dĂ©signe par l'expression « Arduenna silva » : « Indutiomaros, au contraire, se mit Ă lever de la cavalerie et de lâinfanterie et Ă prĂ©parer la guerre, cachant dans la forĂȘt d'Ardenne, qui sâĂ©tend sur une immense Ă©tendue, au milieu du territoire des TrĂ©vires, depuis le Rhin jusquâaux frontiĂšres des RĂšmes ceux Ă qui leur Ăąge ne permettait pas de porter les armes (...) ».
Un peu plus loin[2] commentaire de sa guerre des Gaules, il Ă©crit : (...)« Comme les blĂ©s commençaient Ă mĂ»rir, il partit lui-mĂȘme pour la guerre d'Ambiorix, par la forĂȘt d'Ardenne, qui est la plus grande de toute la Gaule, et qui, s'Ă©tendant depuis les rives du Rhin et le pays des TrĂ©vires jusqu'Ă celui des Nerviens, embrasse dans sa longueur un espace de plus de cinq cents milles » (...)[3]. 500 milles romains correspondent Ă environ 700 km, et si la configuration des cartes romaines laisse Ă dĂ©sirer, les distances qui sont stratĂ©giquement vitales pour les armĂ©es et administrations romaines semblent gĂ©nĂ©ralement assez correctement rapportĂ©es.
CĂ©sar distingue bien cette forĂȘt ardennaise de la forĂȘt hercynienne qu'il Ă©voque et dĂ©crit un peu plus tĂŽt dans le mĂȘme livre VI de sa guerre des Gaules. Et par les limites qu'il en donne, il montre qu'il ne la confond pas non plus avec la forĂȘt vosgienne (Vosegus silva pour les romains). Il semblait donc encore exister Ă cette Ă©poque trois vastes massifs forestiers dans l'Europe de l'Ouest actuelle, relique de la forĂȘt prĂ©historique.
Articles connexes
Notes
- Guerre des Gaules, Livre VI
- De bello gallico, Livre VI, 3
- De bello gallico, tome VI, 29)