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Fonderie G. Peignot & Fils

La Fonderie G. Peignot & Fils est une fonderie française de caractères typographiques, créée en 1898, et disparue entre 1919 et 1923, après une opération de fusion pour devenir la fonderie Deberny & Peignot. Dirigée par Georges Peignot (1872-1915), la fonderie G. Peignot & Fils est l'un des fleurons passés de la typographie française, une « maison d'élite », selon Louis Barthou[1].

Fonderie G. Peignot et fils
logo de Fonderie G. Peignot & Fils
Fonderie de caractères typographiques G. Peignot et fils (1898-1923)

Création 1898
Disparition 1923
Fondateurs Pierre Leclerc, Gustave Peignot
Personnages clés Georges Peignot
Forme juridique Société en commandite
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Directeurs Georges Peignot
Activité Typographie, imprimerie
Produits Caractères typographiques

Histoire

La fonderie G. Peignot & Fils est née en 1898, après absorption de la fonderie Veuve Routier et Peignot (créée en 1867), elle-même issue de la fonderie Veuve Routier (créée en 1865) et de la fonderie de Pierre Leclerc (créée en 1842).

Fonderie de Pierre Leclerc (1842)

En 1842, Pierre Leclerc, artisan mĂ©canicien, crĂ©e une fonderie de blancs d'imprimerie (Ă©lĂ©ments de composition typographique en plomb qui couvrent tous les secteurs non imprimĂ©s de la page). « On peut le considĂ©rer comme le vĂ©ritable crĂ©ateur de la fonderie de blancs », dit de lui la revue La Fonderie typographique, en 1899[2]. Ces « blancs Â» entre les mots et les lignes, aux marges, etc., exigent une grande prĂ©cision (cadratin, interligne, etc.).

Leclerc invente un procédé qui permet, au lieu de couper les blancs, de les couler dans des moules, ce qui accroît leur précision. En 1856[3], à la mort de Pierre Leclerc, la direction de l'entreprise est confiée à une amie de sa veuve, Clémentine Dupont de Vieux Pont, épouse Peignot (1815-1897)[4]. Cette dernière installe alors à côté d'elle son fils, Gustave Peignot (1839-1899), ingénieur des Arts et Métiers.

Fonderie Veuve Routier (1865) puis Veuve Routier et Peignot (1867)

En 1865, la fonderie de Pierre Leclerc est vendue par adjudication aux Peignot. La nouvelle société est baptisée « Veuve Routier », nom de la bailleresse ayant rendu possible l’achat du fonds par Gustave Peignot. En 1867, celle-ci s’associe à Gustave Peignot par un acte où la société prend le nom de « Veuve Routier et Peignot ».


Publicité parue dans L'Imprimerie, en 1883, pour la Fonderie G. Peignot (1875-1898)


En 1869, l'entreprise déménage boulevard de Montrouge (futur boulevard Edgar-Quinet), aux nos 66-68, où un immeuble est construit (en étage pour la famille, au sol pour l'usine)[3]. En 1875, la dette envers la veuve Routier est apurée, et Gustave Peignot devient l'unique propriétaire de l'entreprise et de l'immeuble.

De 1875 Ă  1898, Gustave Peignot continue Ă  dĂ©gager avec la fabrication des blancs d’importantes marges, non amputĂ©es cette fois-ci des remboursements Ă  la veuve Routier. « Dans ce plomb il y a de l’or Â», lui avait dit sa mère en l’engageant[5]. Premier prĂ©sident de la Chambre syndicale des maĂ®tres fondeurs typographes, il est reconnu dans la profession. Époux de Marie Laporte, il est père de 8 enfants.

Fonderie G. Peignot & Fils (1898)

En 1898, Gustave Peignot fait donation de l'entreprise Ă  ses enfants et distribue Ă  chacun des parts Ă©gales dans une sociĂ©tĂ© en commandite, qui prend le nom de « G. Peignot & Fils Â». Georges Peignot, son second fils, est choisi pour lui succĂ©der[3], et est nommĂ© co-gĂ©rant. Gustave Peignot meurt en 1899.

Ă€ partir de 1899, Georges Peignot oriente la fonderie de blancs vers la production de caractères, ce qui provoque une importante croissance du chiffre d'affaires. La qualitĂ© des alphabets met la fonderie G. Peignot & Fils au tout premier plan. En douze ans, Georges Peignot crĂ©e un grand nombre de caractères : Grasset, Auriol, Cochin, Garamond-Peignot, Bellery-Desfontaines, Naudin, Guy-Arnoux. Il publie Ă©galement un SpĂ©cimen, catalogue de caractères encore aujourd’hui très recherchĂ© (600 pages, 2 tomes).

En 1904, pour faire face au développement de ses ventes, la fonderie G. Peignot & Fils construit une nouvelle usine au coin de la rue Cabanis et de la rue Ferrus. En 1911-1912, Georges Peignot envoie ses deux cadets, Lucien et Rémy, en Amérique du Sud chercher des distributeurs[6]. L’entreprise est à son apogée.

Mais la Première Guerre mondiale éclate en 1914. Volontaire pour le front, l’adjudant Georges Peignot est tué d'une balle au front, à la tête de sa section, le , près de Givenchy. Ses quatre autres frères meurent également (dont l'aîné de maladie).

L'héritage de Georges Peignot est pris en otage par des querelles intestines : en 1919, sa propre mère, Marie Laporte-Peignot, impose à ses enfants ou à leurs veuves le versement sous la forme d’augmentation de capital d'une somme importante (1 million de francs) à son concurrent et beau-frère, la fonderie Deberny (fondée par Balzac en 1826), appartenant à Charles Tuleu (héritier d’Alexandre de Berny, et mari de Jane Peignot-Tuleu)[7].

En 1923, la fonderie G. Peignot et Fils disparaĂ®t, victime d'une fusion opĂ©rĂ©e entre la fonderie Deberny (2,6 millions, dont le million de subsides Peignot) et G. Peignot & Fils (4,1 millions). Le nom de la nouvelle entreprise met le nom Peignot au second plan : la nouvelle entitĂ© est en effet baptisĂ©e « Deberny et Peignot Â», mais couramment appelĂ©e « Deberny Â». Contre toute logique (le gĂ©rant est gĂ©nĂ©ralement choisi par l'actionnaire majoritaire), c'est le gĂ©rant du minoritaire Deberny, Robert Girard, sous les ordres duquel la vieille fonderie Deberny avait pĂ©riclitĂ©, qui prend les rĂŞnes de la nouvelle entitĂ©.

Créations typographiques

La Fonderie G. Peignot & Fils est à la source de créations typographiques importantes, parmi lesquelles :

  • le Grasset (dessin au calame : Eugène Grasset, 1898-1901) ;
  • la Française-lĂ©gère, la Française-allongĂ©e, l'Auriol-labeur, l'Auriol-champlevĂ©, et le Robur (dessin au pinceau : George Auriol, 1902-1907) ;
  • le Bellery-Desfontaines-large et le Bellery-Desfontaines-Ă©troit (dessin : Henri Bellery-Desfontaines, 1910-1912) ;
  • le Polyphème (gras) et le CyclopĂ©en (maigre) (dessin anonyme, 1910) ;
  • le Cochin romain et italique, le Nicolas-Cochin romain et italique, gravĂ©s par Charles Malin, le Moreau-le-Jeune, le Fournier-le-Jeune, les vignettes et ornements Fournier (dessin : P. Roy et A. Marty) ;
  • le Garamond romain et italique (gravĂ©s par Henri Parmentier, Ă  partir des empreintes sur papier chiffon du caractère Garamond original, sous le minutieux contrĂ´le de Georges Peignot, 1912-1914 ; lancĂ©s en 1926) ;
  • le Naudin romain, italique et champlevĂ© (dessin : Bernard Naudin, 1909-1914 ; lancĂ©s en 1924) ;
  • le Guy-Arnoux capitales (dessin : Guy Arnoux, 1914).

Bibliographie

  • Centre d’études et de recherches typtographiques (CÉRT, ouvrage collectif), De plomb, d’encre et de lumière. Essai sur la typographie et la communication Ă©crite, Paris, Imprimerie nationale, , 343 p. (ISBN 2-11-080781-4).
  • Jean-Luc Froissart, L’Or, l’âme et les cendres du plomb : L’épopĂ©e des Peignot, 1815-1983, Paris, librairie TekhnĂŞ, , 400 p. (ISBN 2-9522836-0-5).
  • Alan Marshall, Du plomb Ă  la lumière. : La Lumitype-Photon et la naissance des industries graphiques modernes, Paris, Maison des sciences et de l’homme, , 432 p. (ISBN 978-2-7351-1009-4, lire en ligne).
  • Lydia Michalitsianos, Peignot : The Typeface, UMBC Advanced Type Press, (lire en ligne [PDF]).
  • Georges Peignot, Specimen, Paris, Fonderie de G. Peignot et Fils, , In-4 (237 Ă— 156 mm).
  • Gustave Peignot (dir.), SpĂ©cimen, Paris, Fonderie spĂ©ciale de blancs et de filets, , In-8 (245 Ă— 160 mm) ; huit parties : filets, divers, caractères pour le labeur, caractères pour journaux, caractères variĂ©s, fantaisies diverses, vignettes et coins, affiches.

Articles connexes

  • Gazette du Bon Ton, composĂ©e en Cochin.
  • Rue des Quatre-Frères-Peignot Ă  Paris, dans le prolongement de la rue Gutenberg, nommĂ©e ainsi pour faire mĂ©moire Ă  la fratrie de Georges Peignot, quatre frères qui perdirent la vie au cours de la Première Guerre mondiale.

Archives

La Bibliothèque Forney administre le Fonds Peignot qui contient tous les originaux sauvegardĂ©s par la famille (comptes-rendus des assemblĂ©es, journal de Marie Laporte, correspondance des quatre frères AndrĂ©, Lucien et RĂ©my Ă  Georges, etc.).

Liens externes

Notes et références

  1. Louis Barthou, « Lettres à un jeune Français. XXV. La contagion sublime », Les Annales, no 1727,‎ .
  2. « Gustave Peignot », La Fonderie typographique, no 7,‎ .
  3. Jane Tuleu, Souvenirs de famille, Paris, Deberny, , 77 p.
  4. « L'épopée de la famille Peignot », Bulletin de la Société historique & archivistique du XVe arrondissement de Paris, no 28.
  5. Jean-Luc Froissart, L’Or, l’âme et les cendres du plomb : L’épopée des Peignot, 1815-1983, Paris, librairie Tekhnê, , 400 p. (ISBN 2-9522836-0-5).
  6. Marie Laporte-Peignot, Souvenirs, manuscrit, Fonds Peignot, Bibliothèque Forney (Paris).
  7. Marie Laporte-Peignot, op. cit.
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